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L'Aigle s'est envolé (The Eagle Has Landed)

Publié le par Rosalie210

John Sturges (1976)

L'Aigle s'est envolé (The Eagle Has Landed)

Des acteurs anglo-saxons jouent des nazis qui se font passer pour des parachutistes polonais, vous suivez? Il vaut mieux parce qu'en plus le commando kamikaze dirigé par le lieutenant-colonel Kurt Steiner (Michael CAINE) obéit au code d'honneur de la chevalerie et non à l'idéologie nazie. Concrètement, cela signifie qu'il fait passer la protection de la veuve et l'orphelin avant d'accomplir sa délicate mission, y compris quand ils sont juifs. Aucun ne semble être au courant en 1943 de "la solution finale" car le film qui date de 1976 et adapte un roman de 1975 épouse la théorie des gentils soldats de la Wehrmacht contre les méchants SS. Enfin, ils ne sont pas si gentils que ça puisque leur mission consiste tout de même à enlever voire assassiner Winston Churchill. C'est paraît-il tiré d'une histoire vraie et je ne doute pas que des tentatives aient eu lieu en ce sens pendant la guerre mais les circonstances semblent ici farfelues car cette poignée d'hommes en territoire ennemi n'a clairement pas les moyens de ses ambitions en dépit de quelques alliés eux aussi joués par des acteurs improbables (Donald SUTHERLAND en irlandais par exemple). On soulignera également la présence du futur "JR" de "Dallas" (1978) alias Larry HAGMAN avec son unité de cowboys dans le rôle d'un commandant peu efficace. Ceci étant, si on oublie ce scénario invraisemblable (pour ne pas dire grotesque) et ce micmac de nationalités, on passe plutôt un bon moment, le film est divertissant et le casting est étincelant. Dernière incongruité cependant pourquoi avoir traduit par "L'aigle s'est envolé" un titre en VO qui semble dire exactement le contraire?

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Sirat

Publié le par Rosalie210

Oliver Laxe (2025)

Sirat

"Sirat" est une grande expérience de cinéma. Pour une fois, l'immersion sensorielle, pourtant poussée à l'extrême ne se fait pas au détriment du propos, lui aussi très fort. Pas étonnant que le film divise et que des gens aient quitté la salle avant la fin. Le film repose sur des ruptures radicales que l'on ne voit pas venir et qui déstabilisent, choquent, émeuvent, interrogent. Ruptures qui se combinent avec un aspect indéniablement contemplatif: "Sirat" raconte une traversée du désert. Une épreuve matérielle, spirituelle et religieuse qui implique de se dépouiller de tout pour espérer en ressortir vivant. Vivant mais transformé à jamais. Cette transformation se produit par deux fois dans le film. Quand Luis (grandiose Sergi LOPEZ) père de famille sédentaire roulant dans un van inadapté se fond dans la petite communauté de raveurs qu'il suivait jusque là à distance. Il se fond en elle comme il se fond dans le désert lors d'une scène déchirante. Et enfin quand après une ultime traversée, plus rien ne distingue les raveurs des autochtones de la région. D'ailleurs "Sirat" est un mot arabe qui signifie "chemin" et dans la tradition coranique, il constitue la dernière barrière avant le paradis, un pont glissant et épineux érigé au-dessus de l'enfer.

Brouillant volontairement le cadre spatio-temporel, le film se situe dans une dimension dystopique voire post-apocalyptique lié à l'évocation d'une guerre qui rôde et l'omniprésence de la mort qui frappe au hasard. Le contexte n'est pas le même qu'à l'époque du tournage du premier "Mad Max" (1979) mais la similitude des imaginaires frappe l'esprit, tout comme avec "Gerry" (2002) et sa déclinaison "Daft Punk's Electroma" (2006). Enfin, on est saisi par la présence d'un panel de "gueules" que l'on ne voit jamais au cinéma, une communauté de marginaux marqués dans leur corps et leur visage, rompu à l'âpreté de leur environnement et qui nous fait partager un peu de leur monde. L'un d'eux arbore un T-Shirt sans équivoque: ce sont les "Freaks - La monstrueuse parade" (1931) des temps modernes: les éclaireurs de notre futur.

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La Tour de glace

Publié le par Rosalie210

Lucile Hadzihalilovic (2025)

La Tour de glace

A l'image de son affiche, l'esthétique de la "Tour de glace" est somptueuse. Pas seulement en ce qui concerne le travail sur les atmosphères montagnardes hivernales grises et bleutées mais aussi sur le clair-obscur. Tous les plans montrant des chemins plongés dans l'obscurité et bordés de lampadaires brillants sont puissamment oniriques et d'après ce que j'ai pu lire, ils sont récurrents dans l'oeuvre de Lucile HADZIHALILOVIC. On pourrait en dire de même des étoffes, des miroirs, des surfaces vitrées, des cristaux qui réfléchissent une lumière chaude en opposition avec la tonalité générale du film. Tout ce travail formel s'avère hélas un peu gâché par un scénario maladroit et inutilement alambiqué. Transposer un conte de nos jours sans l'affadir est une opération délicate. Certaines réussites éclatantes montrent que c'est possible comme "Les Chaussons rouges" (1947) (évidemment cités dans le film) "Le Roi et l'Oiseau" (1979) ou "Peau d'ane" (1970). Hélas, il ne suffit pas de donner à Marion COTILLARD la coiffure et l'allure de Delphine SEYRIG pour que la magie opère. La mise en abyme (au lieu de plonger dans le conte d'Andersen, on se retrouve sur le plateau de tournage de son adaptation cinématographique) est de ce point de vue un choix rebattu en festival et particulièrement rédhibitoire. Surtout que derrière le décor, il n'y a pas des personnalités mais encore des images archétypales: celle d'une diva qui se cherche un second souffle en vampirisant une jeunette (une allusion à "Les Levres rouges" (1970) là encore avec Delphine SEYRIG?) Et celle d'une adolescente orpheline toujours sur le point de tomber dans le gueule du grand méchant loup mais qui passe la majeure partie du film à observer et à attendre, les bras ballants et les yeux écarquillés. Tout cela manque de substance, de vie, d'un peu de légèreté (l'art du clair-obscur c'est aussi celui de savoir varier le ton!) et aussi de simplicité. Tel quel, le film plombant et glacial est dévoré par son dispositif.

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Le Voyage imaginaire

Publié le par Rosalie210

René Clair (1925)

Le Voyage imaginaire

Quatrième film de Rene CLAIR, "Le Voyage imaginaire" est un assemblage hétéroclite de séquences fantastiques reliées par une trame réaliste: un employé de banque lunaire amoureux d'une dactylo courtisée par deux collègues et par le patron ne parvient pas à s'imposer (ce que symbolise la belle séquence des fleurs qui passent de main en main). Il s'échappe alors dans le rêve ou plutôt dans les rêves. Une ficelle aujourd'hui usée jusqu'à la corde mais qui ne l'était sans doute pas il y a 100 ans! En tout cas, même si on a l'impression de suivre un film à sketches, les séquences oniriques sont remarquables dans leur créativité et leur diversité. Tout en rendant hommage à Lewis Carroll, aux trucages de Georges MELIES et à Charles CHAPLIN (plus précisément à "Une Vie de chien" (1918) et "Le Gosse") (1921), Rene CLAIR appose sa marque lors d'une séquence située sur les hauteurs de Notre-Dame qui fait aussitôt penser à son deuxième film, "Paris qui dort" (1925). Par ailleurs d'autres séquences font penser à des films ultérieurs tels que "Le Magicien d'Oz" (1938) (un monde imaginaire reconstitué en studio avec bonne et mauvaise fée), "La Nuit au musee" (2006) (avec les statues de cire du musée Grévin qui prennent vie après la fermeture) ou encore certains passages animés dans les films de Wes ANDERSON (les personnages qui glissent dans le tunnel). Par ailleurs Lucie, Jean et ses deux rivaux apparaissent dans toutes les séquences, parfois métamorphosés en animal (souris, chien) ou privés de leurs vêtements par un crocodile facétieux. En bref, c'est décousu mais charmant et inventif et ce n'est sans doute pas un hasard si la Cinémathèque à demandé à Michel GONDRY d'écrire le commentaire.

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La Voie Royale

Publié le par Rosalie210

Frédéric Mermoud (2022)

La Voie Royale

Après "Premiere annee" (2018), "La voie royale" est le deuxième film que je découvre à propos d'un sujet que je connais bien, celui de la difficulté des jeunes issus des classes sociales défavorisées, même brillants intellectuellement à se faire une place au sein des études supérieures d'élite. La question est très vaste et le film de Frederic MERMOUD l'aborde avec un regard plein d'acuité sur le déterminisme social, les biais cognitifs ou encore l'hypocrisie d'un système qui prétend donner aux jeunes les clés pour changer le monde (la devise de Polytechnique) alors qu'il ne fait que le reproduire. Les CPGE prestigieuses en prennent pour leur grade avec leur darwinisme social alimenté par la compétition acharnée qu'elle se livrent entre elles et leur allergie à la mixité sociale, géographique et de genre. Mais là où le film tape le plus fort, c'est lorsqu'il montre comment Sophie Vasseur, brillante élève de terminale issue d'une famille d'agriculteurs loin d'épanouir son potentiel, navigue de déception en déception et dépérit à petit feu dans le micro-climat de sa prépa. Ses expériences les plus douloureuses, elle les connait avec ses camarades. Une fille d'abord, charismatique et surdouée avec laquelle elle entretient une relation fusionnelle jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il ne s'agit que d'une illusion. Un garçon ensuite, moins autocentré, plus ouvert mais issu d'une famille de la grande bourgeoisie qui la place dans la même catégorie que celle des jeunes d'origine immigrée, celle de la "diversité". A chaque fois, la violence du rejet, de l'humiliation qui s'ajoute au fait de ne pas maîtriser les codes et d'avoir d'autres préoccupations en tête que les autres. Car Sophie garde un pied ancré dans son milieu familial étranglé par les difficultés financières, lâché par l'UE et en première ligne dans le mouvement des gilets jaunes. Bref dans ce film, la prépa est montrée comme une sorte de piège toxique qui élimine impitoyablement ceux qui ne parviennent pas à s'y adapter. Et encore, le film s'arrête au seuil de Polytechnique et ne montre pas l'après ce qui aurait été également très instructif sur les réelles possibilités d'ascension sociale de Sophie. De même que la déconstruction de la supposée "égalité des chances" alors que les stratégies scolaires des milieux les mieux informés (c'est à dire les plus privilégiés) se mettent en place dès le berceau, à compétence égale, comment rivaliser? Alors oui, il y a des professeurs qui parfois comme dans le film jouent les conseillers d'orientation mais cela reste au petit bonheur la chance et ça ne remplacera jamais la solidité du réseau.

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Subway

Publié le par Rosalie210

Luc Besson (1984)

Subway

Depuis que j'ai commencé à écrire sur ce site (près d'une décennie), je n'avais jamais revu le moindre film de Luc BESSON. Les événements récents n'ont rien arrangé mais je n'ai jamais été très fan de son univers. Finalement je me suis décidé à revoir "Subway", son deuxième long-métrage réalisé au milieu des années 80 et qui est parfaitement représentatif d'un courant que l'on a appelé "le cinéma du look". Concrètement, ce sont des films d'atmosphère qui partagent de nombreux points communs avec l'univers de la publicité et du clip qui étaient alors en plein essor. Par exemple Isabelle ADJANI a rejoint le casting après que Luc BESSON l'ait dirigée dans "Pull Marine", le passage où l'on entend la chanson "It's Only Mystery" fait penser à un clip ainsi que d'autres comme la première apparition du commissaire Gesberg et sa brigade. Si l'esthétique eighties a mal vieilli (à l'image de couloirs du métro et du RER parisien très anxiogènes, notamment du côté d'Auber), la force de "Subway", c'est l'utilisation de son unité de lieu, les entrailles du métro, dépeint comme un univers labyrinthique grouillant d'une faune étrange. De quoi faire la part belle aux seconds rôles. Michel GALABRU et sa réplique culte police-menottes-prison. Son adjoint, Batman alias Jean-Pierre BACRI alors au début de sa carrière. Jean BOUISE qui n'a qu'une poignée de répliques et qui est délicieusement ironique. Richard BOHRINGER et Jean-Hugues ANGLADE qui se sont illustrés chez un autre cinéaste représentatif du genre, Jean-Jacques BEINEIX. Jean RENO qui ne décroche pas trois mots et préfère faire des "tagada-tagada" avec ses baguettes (le début d'une longue série de rôles peu loquaces et peu expressifs). Pour le reste, c'est un film au scénario nébuleux (on ne saura jamais ce que contiennent les papiers dérobés par Fred, ils disparaissent en cours de route et tout est à l'avenant) avec des rôles principaux d'adolescents un peu écervelés dans des corps d'adulte. Entre Fred (Christophe LAMBERT qui arbore la coiffure de STING pressenti à l'origine pour le rôle) qui est menacé de mort mais ne pense qu'à faire exploser des coffres, monter un groupe et draguer Héléna et cette dernière (Isabelle ADJANI) en bourgeoise qui fait sa rebelle en tombant amoureuse d'un voyou et en arborant une coiffure de porc-épic, on patauge jusqu'au cou dans les clichés ou plutôt le syndrome de Stockholm!

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The Connection

Publié le par Rosalie210

Shirley Clarke (1961)

The Connection

Avant de voir "Connection", je pensais qu'il n'y avait que deux réalisatrices américaines en activité à cette époque: Ida LUPINO et Dorothy ARZNER. Comme quoi, en grattant un peu, on en trouve d'autres. C'est sûr qu'en voyant "The Connection" on en déduit que Shirley CLARKE est une cinéaste de la marge au sein même du cinéma indépendant new-yorkais.

"The Connection", son premier film est politiquement incorrect mais passionnant. Huis-clos dans un loft aux airs de squat de Greenwich Village, le film est tiré d'une pièce de théâtre à la trame très simple. Huit toxicomanes attendent non pas Godot mais leur dealer surnommé "Cowboy" et pour passer le temps, quatre d'entre eux parlent (beaucoup) pendant que les quatre autres qui sont au contraire mutiques improvisent des airs de jazz. La caméra, au centre de la pièce passe d'un personnage à l'autre en rythme avec le tempo des paroles et de la musique. Le tout donne une impression de dynamisme doublé d'un sens de l'humour certain avec la séquence de la salutiste, une vieille bigote esseulée complètement décalée dans ce contexte. Surtout, le film est fondé sur une mise en abyme: les junkies acceptent contre rémunération d'être filmés par un cameraman (que l'on ne voit qu'en reflet) et ne cessent de s'adresser au metteur en scène Jim Dunn dans un dispositif de mise à distance du "cinéma vérité".

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La Terreur des Batignolles

Publié le par Rosalie210

Henri-Georges Clouzot (1931)

La Terreur des Batignolles

Premier film de Henri-Georges CLOUZOT, "La Terreur des Batignolles" est un court-métrage d'une quinzaine de minutes réalisé au début du parlant et qui fut longtemps porté disparu. La parole tarde à venir d'ailleurs puisque dans un premier temps, le cambrioleur (surnommé non sans ironie au vu de la suite du film "la Terreur des Batignolles") opère seul. L'intrigue est une amusante variante de l'arroseur arrosé considéré comme la première fiction et la première comédie du cinéma. Arroseur arrosé combiné avec l'habit qui ne fait pas le moine: la terreur autoproclamée se dégonfle comme un ballon de baudruche alors que le couple de mondains "désespéré" qui le surprend et qu'il prend pour les propriétaires s'avère en réalité plus malin que lui. Si le jeu des acteurs est théâtral (Louis-Jacques BOUCOT a rodé son rôle de boute-en-train maladroit au music-hall), la mise en scène de Henri-Georges CLOUZOT est soignée avec des effets d'ambiance expressionnistes et des gags visuels et il est bien entouré avec notamment Jacques de BARONCELLI au scénario et Marguerite HOULLE (la compagne de Jean RENOIR) au montage. Le touche à tout de la société des films Osso était promis à un brillant avenir...

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Outsiders

Publié le par Rosalie210

Francis Ford Coppola (1983)

Outsiders

Autant "Rusty James" (1983) m'a laissé une impression mitigée malgré sa magnificence formelle (ou peut-être justement à cause d'elle tant ce bel objet arty se contemple à distance), autant j'ai aimé sans réserve son film jumeau* injustement mésestimé dans la carrière de Francis Ford COPPOLA. Formidable pépinière de talents (c'est l'un des premiers films de Patrick SWAYZE, Rob LOWE et Tom CRUISE), le film qui se déroule à l'époque de James DEAN s'appuie sur une intrigue proche de celle de "West Side Story" (1960) à savoir la rivalité de deux bandes, les greasers et les socs qui n'est pas fondée sur l'origine ethnique mais sur les inégalités de classe. Logiquement, le scénario s'intéresse beaucoup plus au gang de jeunes issu de milieux défavorisés, les greasers (surnommés ainsi parce qu'ils gominent leurs cheveux qu'ils portent plutôt longs) et contient une question sous-jacente relevant de la sociologie: à milieu égal, quels sont les facteurs qui font qu'on s'en sort ou pas? La réponse réside dans le fait que la pauvreté n'est qu'un paramètre parmi d'autres tout aussi déterminants dont la famille, l'un des thèmes privilégiés de Francis Ford COPPOLA. Johnny et Ponyboy qui s'aiment comme deux frères ont sensiblement le même âge (13-14 ans), la même origine sociale, la même sensibilité littéraire aussi. L'un veut lire dans le texte "Autant en emporte le vent", l'autre récite des poèmes. Tous deux, à l'image de Jim et Pluto dans "La Fureur de vivre" (1955) sont sensibles à la beauté du monde qu'ils contemplent non dans un planétarium mais directement sous les étoiles. Seulement Johnny n'a nulle part où aller, son foyer étant un enfer de violence et d'alcoolisme dont il s'extrait le plus souvent possible. La seule chose qui le rattache au monde, c'est la bande à laquelle il appartient et en particulier cet ami qui lorsqu'on s'attaque à lui l'amène à commettre l'irréparable. Ponyboy a la chance d'être protégé, non seulement par Johnny mais par sa fratrie dont il est le cadet et qui est dominée par la figure de Darry (Patrick SWAYZE avait déjà 30 ans au moment du tournage). Même si celle-ci n'est pas à l'abri de tensions et d'errements, la solidarité et l'amour qui circule entre les trois frères orphelins est remarquablement mise en scène. Mais on s'attache tout autant à Johnny (joué par Ralph MACCHIO), bouleversant lors d'un acte de rédemption qui lui brûlera les ailes. Même Dallas, le chef de bande dur à cuire tout juste sorti de prison (joué par Matt DILLON) est montré comme un être cherchant désespérément à sortir de son impuissance et de son enfermement. La bande originale est superbe

* "Outsiders" a été réalisé conjointement à "Rusty James" avec la même équipe, au même endroit (Tulsa dans l"Oklahoma) et est l'adaptation d'un roman de la même autrice, Susan Eloise Hinton qui a participé au scénario.

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Rusty James

Publié le par Rosalie210

Francis Ford Coppola (1983)

Rusty James

"Rusty James" est l'un des deux volets du diptyque que Francis Ford COPPOLA a consacré à l'adolescence au début des années 1980 à partir de deux romans de Susan E. Hinton (qui a participé à l'écriture du scénario) en conservant la même équipe et les mêmes lieux de tournage à Tulsa dans l'Oklahoma. D'ailleurs les films ont été réalisés en même temps. Mais si "Outsiders" (1983) est classique dans sa forme, "Rusty James" relève plutôt du cinéma expérimental. Tourné dans un noir et blanc expressionniste, "Rusty James" contient plusieurs trouvailles formelles, notamment celles qui se rapportent au dérèglement sensoriel de son grand frère surnommé "Motorcycle boy". Alors qu'on nous présente ce dernier comme un dangereux chef de gang dont le nom s'affiche sur tous les murs et dont l'aura est d'autant plus grande qu'il a disparu de la circulation pour une virée au soleil de la Californie, le voilà qui réapparaît, bien différent de la réputation qui l'accompagne. C'est sa vision du monde que le film épouse: privée de couleurs (il est daltonien) à l'exception de celles des poissons d'aquarium, les "rumble fish" du titre en VO à qui il souhaite rendre leur liberté*, et déréglée sur le plan sonore en référence à sa surdité. Lui-même parle avec une voix extrêmement douce qui est presque un murmure. Surtout, "Motorcycle boy" ne revient pas pour reprendre son rôle de gangster mais pour protéger et aider son petit frère à échapper à la fatalité à laquelle lui-même semble condamné (fatalité incarnée par le personnage du flic) dans une sorte de pulsion sacrificielle. Pour rajouter une couche de mythification, tout chez "Motorcycle boy" rappelle le Marlon BRANDO de "L'Equipee sauvage" (1953) et celui-ci est incarné par un Mickey ROURKE au visage alors magnétique, à la fois beau et désabusé. Rusty James, dont le patronyme est prononcé comme un mantra tout au long du film évoque quant à lui le James DEAN de "La Fureur de vivre" (1955) et est incarné par Matt DILLON. Au petit jeu des références, la première bagarre évoque très fortement "West Side Story" (1960) et les scènes de billard préfigurent "L'Impasse" (1993). Sans parler du père alcoolique des deux garçons, joué par Dennis HOPPER.

Mais derrière la forme travaillée d'un film qui ressemble à un songe mais frôle trop souvent l'exercice de style maniériste, on reconnaît les leitmotiv du cinéma de Francis Ford COPPOLA: la marginalité, la violence ou encore le désir d'échapper au déterminisme familial et/ou social. Francis Ford COPPOLA aime d'ailleurs faire tourner des acteurs appartenant à des familles de cinéma, à commencer par la sienne propre: son neveu, Nicolas CAGE tient un rôle secondaire dans le film tout comme Chris PENN, le frère de Sean PENN.

* Une métaphore limpide, à l'image du "Fish tank" (2009) de Andrea ARNOLD.

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