Overblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Jeunes mères (La maison maternelle)

Publié le par Rosalie210

Luc et Jean-Pierre Dardenne (2025)

Jeunes mères (La maison maternelle)

J'ai aimé le dernier né des frères Dardenne. Un film choral tournant autour d'une poignée d'adolescentes enceintes ou ayant accouché récemment prises en charge par une maison maternelle. Les objectifs de cette institution sont énoncés au cours du film: soit aider la jeune mère à garder son enfant, soit lui trouver une famille d'accueil. Bien qu'étant au nombre de cinq au départ, le film expédie très vite l'une des ados, Naïma qui est sur le point de quitter la maison maternelle avec son bébé après avoir trouvé le boulot de ses rêves pour se concentrer sur quatre "cas sociaux" beaucoup plus épineux. Julie, Ariane, Perla et Jessica ont en commun de ne pas avoir de père. Quant à la mère, lorsqu'elle existe, elle est plus un problème qu'une solution. Les carences, les maltraitances sont très profondes et c'est sur cet aspect là qu'appuient le plus les frères Dardenne. Perla par exemple délaisse son bébé parce qu'elle s'accroche comme une désespérée au père délinquant, tout aussi jeune, tout aussi paumé qui n'a aucune envie de construire d'une famille. Perla mendie de l'amour et une situation qu'il est incapable de lui donner. Jessica qui a été abandonnée par sa mère n'arrive pas non plus à investir le bébé et recherche elle aussi désespérément à susciter l'intérêt de cette mère (jouée par India HAIR) qui la rejette. Le cas d'Ariane est différent, elle possède au contraire une mère envahissante mais irresponsable dont les addictions (à l'alcool et aux hommes toxiques) font régner l'insécurité dans la maison. Ariane qui est la seule des jeunes filles dont l'âge est précisé n'a que 15 ans mais apparaît beaucoup plus mature que sa mère qu'elle ne juge pas mais dont elle a du mal à s'extraire pour protéger sa fille (dont elle se soucie, contrairement à Perla et Jessica qui sont dans la négligence). Enfin Julie dont le terrible passé familial est révélé au cours du film est toxicomane et ancienne SDF. Heureusement, elle peut compter sur le père du bébé lui aussi ex-SDF qui est présent et cherche à s'en sortir. On comprend que pour eux, trouver un toit est bien plus qu'une question matérielle. Malgré le fait que le temps dévolu à chacune est compté, on s'intéresse vraiment à ces parcours cabossés qui sont finement caractérisés et aussi aux espoirs de résilience qui finissent par émerger, souvent sous la forme d'un suspense dont les frères Dardenne sont coutumiers. Jessica parviendra-t-elle a établir un contact avec sa mère biologique? Perla pourra-t-elle compter sur le seul membre de sa famille qui lui reste, sa grande soeur? Julie réussira-t-elle à tourner le dos à la drogue? Ariane ira-t-elle jusqu'au bout de son cho

Voir les commentaires

Le Guépard (Il Gattopardo)

Publié le par Rosalie210

Luchino Visconti (1963)

Le Guépard (Il Gattopardo)

Fastueuse fresque historique de près de trois heures racontant l'unification italienne et le triomphe de la bourgeoisie du point de vue d'un grand aristocrate sicilien, "Le Guépard" n'est pas parfait, sans doute trop long et trop chargé mais comporte son lot de fulgurances. La première scène du film m'a semblé particulièrement réussie. Elle montre le rituel religieux sans doute ancestral auquel s'adonne la famille Salina perturbé par l'irruption d'un soldat qui meurt dans leur jardin. Un événement d'abord suggéré hors-champ par des cris et des clameurs que tente de couvrir la voix du prêtre et l'impassibilité du patriarche mais qui finit par envahir l'image. Tout est dit en une scène: vouloir nier le vent de l'histoire (c'est à dire du changement) qui souffle aux fenêtres et fait s'envoler les rideaux est une entreprise vouée à l'échec. La deuxième réussite du film est l'écriture du personnage du prince Salina et son interprétation par un impérial Burt LANCASTER (brillant transformiste du cinéma particulièrement à l'aise dans les rôles d'autorité). A l'inverse de nombre d'aristocrates européens (anglais notamment), il s'avère être un prince éclairé et pragmatique qui fait des compromis avec le nouveau monde pour assurer l'avenir de son clan ce que résume bien l'une des phrases clés du film "Il faut que tout change pour que rien ne change". Sa décision de marier son fougueux neveu Tancrède (Alain DELON) à la fille du maire de la résidence d'été des Salina plutôt qu'à sa propre fille Concetta en est l'illustration la plus éclatante avec celle de se rallier à l'unité italienne. A l'endogamie porteuse de déclin (tant sur le plan génétique que sur celui des finances, deux aspects évoqués par Salina), il préfère la richesse et le sang neuf. C'est pourquoi le choix de Claudia CARDINALE qui incarne Angelica est particulièrement pertinent. La scène où elle éclate de rire lors d'un repas met bien en valeur sa fraicheur et son naturel par contraste avec une assemblée qui semble composée de morts-vivants. Cependant, le prince Salina apparaît aussi comme un homme en fin de course, hanté par la mort et mélancolique du monde qu'il a perdu, celui qui advient étant montré comme particulièrement vulgaire (la fameuse phrase évoquant les lions et les guépards remplacés par des chacals et des hyènes, une comparaison discutable évidemment, liée à la personnalité de Luchino VISCONTI mais que l'on retrouve chez d'autres cinéastes italiens alors que la France n'a pas cette nostalgie de l'Ancien Régime et pour cause).

Voir les commentaires

Les Pétroleuses

Publié le par Rosalie210

Christian-Jacque (1971)

Les Pétroleuses

S'il n'y avait pas Brigitte BARDOT et surtout Claudia CARDINALE, il ne resterait rien de "Les Petroleuses" (1971) tant c'est mauvais. Et encore, "BB" paraît quand même limitée alors que sa compatriote s'amuse comme une petite folle sur un terrain de jeu fait pour elle. Ce film éclaire en effet particulièrement bien le côté garçon manqué de Claudia CARDINALE qui mène ses quatre frères "Dalton" à la baguette, est comme un poisson dans l'eau sur un cheval, braque les trains et ne craint pas la bagarre. Seulement, Claudia CARDINALE a fait tant de beaux films, y compris dans le genre du western qu'on peut tout à fait se dispenser de celui-là, sauf éventuellement pour ceux qui voudraient se rincer l'oeil (bien que centré sur des cow-girls, c'est un monument de male gaze, notamment sur les décolletés plongeants, des poitrines généreuses ou des fesses rebondies). Pour le reste, l'intrigue est anémique, la plupart des acteurs jouent en roue libre et l'humour tombe complètement à plat: "Bougival junction" qui repose sur l'idée de transplanter la France rurale avec son beaujolais, sa baguette, ses courses cyclistes, ses coiffes bretonnes ou alsaciennes en Arizona ça ne marche jamais. CHRISTIAN-JAQUE qui est arrivé en cours de route sur le tournage n'a pas réussi à redresser la barre et pour cause: j'ai retrouvé dans ce film la désinvolture, la vacuité, le ton infantile et le regard lubrique déjà présents dans "Fanfan la Tulipe" (1951).

Voir les commentaires

Claudia Cardinale, La Créature du Secret

Publié le par Rosalie210

Erwan Bizeul et Emmanuelle Nobecourt (2019)

Claudia Cardinale, La Créature du Secret

Ce qu'elle était chouette, Claudia CARDINALE me suis-je dit après avoir vu le documentaire. Pour reprendre les propos de Marcello MASTROIANNI, "La seule fille simple et saine dans ce milieu de névrosés et d’hypocrites". Que ce soit dans les films ou les images d'archives dans lesquelles elle répond aux entretiens, elle déborde de naturel, elle irradie. Il faut dire que tout en elle est atypique et qu'il est difficile de la situer (tant mieux): garçon manqué d'une renversante beauté sauvage, un timbre rauque unique masqué dans ses premiers films par un doublage ridicule (c'est Federico FELLINI qui lui a rendu sa voix), une identité italienne fabriquée de toutes pièces (d'une famille d'origine sicilienne certes mais élevée en Tunisie alors sous protectorat français ce qui fait du français sa langue maternelle), une réelle modestie qui explique en partie son peu d'attirance initial pour le cinéma et ses mirages. Quant au "secret" en question, il n'est pas tant de son fait que celui d'une époque "névrosée et hypocrite" où avoir un enfant hors mariage était une tare qu'il fallait dissimuler à tout prix. Si le titre me paraît donc plutôt mal choisi, le parcours de Claudia CARDINALE est quant à lui limpide. Elle passe d'une sujétion totale aux hommes (enceinte à la suite d'un viol puis "protégée" d'un homme influent auquel elle doit en partie les plus belles années de sa carrière mais tyrannique) à l'émancipation, y compris vis à vis du monde du cinéma. Comme d'autres actrices de cette époque (le film cite Brigitte BARDOT à laquelle elle a été comparée sans doute pour son côté "sauvageonne" et avec qui elle a tourné mais j'ai pensé personnellement à Delphine SEYRIG), Claudia CARDINALE est passée du statut de muse à celui d'actrice de son destin. Le personnage de Jill dans "Il Etait une Fois dans l'Ouest" (1968) qui est à mon avis l'un de ses plus grands rôles lui ressemle, elle qui telle le roseau a pu faire semblant de plier mais n'a jamais rompu et a finit par triompher. Luchino VISCONTI avait raison lorsqu'il disait d'elle "Elle a l'air d'une chatte qu'on caresse, mais elle se transformera en tigresse".

Voir les commentaires

Josey Wales, hors-la-loi (The Outlaw : Josey Wales)

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1976)

Josey Wales, hors-la-loi (The Outlaw : Josey Wales)

Un western magistral qui aurait dû adouber dès ce cinquième film Clint EASTWOOD comme un grand cinéaste si les préjugés de l'époque n'avaient pas aveuglés les critiques. Il y a eu tout de même une célèbre exception, Orson WELLES, pas vraiment un manchot en matière de réalisation qui à juste titre a dit que Clint EASTWOOD était le cinéaste le plus sous-estimé du monde. Il n'a pas vu le temps lui faire justice. En attendant, "Josey Wales hors-la-loi" qui renoue avec brio avec le western classique alors moribond est une odyssée qui part de la pire déchirure qu'aient connus les USA à savoir la guerre de Sécession (dont on découvre à cette occasion les ramifications complexes et peu ragoûtantes) pour recoudre peu à peu le tissu national en y intégrant toutes ses composantes. Mais nul aspect ronflant ou démonstratif, ce travail de reconstruction s'effectue au travers du parcours d'un individu, Josey Wales qui à la suite du massacre de sa famille se transforme en un impitoyable vengeur insaisissable et quasi-invincible. Sauf que sur son parcours et plutôt malgré lui toute une galerie de personnages hauts en couleur viennent se greffer, qu'ils soient esseulés ou en mauvaise posture si bien que le solitaire farouche se retrouve à la tête d'une petite communauté qui le moment venu vient lui prêter main-forte: Josey Wales n'a plus à jouer les super-héros, il n'est plus seul et on pense alors à Howard HAWKS et à son formidable "Rio Bravo" (1959) sauf qu'il y a des femmes de tous âges et des indiens autour de lui, et même un chien pas rancunier, au vu des nombreux jets de chique qu'il se prend dans le museau (l'un des gimmicks qui rend Josey Wales inoubliable). On pense aussi à John FORD pour la beauté époustouflante des paysages traversés et pour la réflexion humaniste (sur la place des indiens notamment - eux aussi avec leurs traumatismes historiques - et la possibilité d'une réconciliation). Mais avec une touche seventies et personnelle que ce soit sur les cicatrices de la guerre du Vietnam (les politiques en prennent pour leur grade, les charlatans aussi) ou sur le statut des femmes qui ne jouent pas les utilités mais sont de véritables protagonistes.

Voir les commentaires

Le salaire de la peur

Publié le par Rosalie210

Henri-Georges Clouzot (1953)

Le salaire de la peur

En le revoyant, j'ai été frappée par les similitudes entre la première heure de "Le salaire de la peur" et le début de "Le Trésor de la Sierra Madre" (1947) avec son échantillon d'épaves occidentales croupissant dans un bled paumé et poisseux d'Amérique latine*. Sauf que la sortie de secours (ou plutôt son simulacre) n'est pas la quête d'un filon aurifère au coeur de la montagne mais une grosse somme d'argent à empocher au terme d'une mission-suicide pour une compagnie pétrolière américaine tenue par un homme véreux. Elle consiste à acheminer sur de mauvaises routes pleines de chausse-trappe des camions remplis de bidons de nitroglycérine prêts à exploser à tout moment. Cette construction faisant se succéder l'aventure, l'action et le thriller en lieu et place de l'immobilisme en huis-clos n'a rien d'une libération et tout d'une descente aux enfers avec des pièges mortels à chaque pas. Il y a quelque chose d'absurde dans le destin des personnages, tous des morts en sursis qui pourtant n'ont pas hésité à écraser plus faibles qu'eux pour obtenir le job au terme d'une séquence de darwinisme social impitoyable. Tout cela pour tomber sous le joug d'une domination plus grande encore, celle de la colonisation américaine. Que l'on pense par exemple à Luigi, le cimentier calabrais aux poumons rongés par la silicose et qui choisit la mission kamikaze plutôt que la mort à petit feu. Son compagnon de route, Bimba a fui le nazisme pour se retrouver dans un trou à rats. Monsieur Jo (Charles Vanel) est un truand en cavale vieillissant qui veut prouver qu'il est encore le caïd sauf qu'il se révèle lâche et pathétique, tombant sous l'emprise de Mario (Yves Montand dans son premier grand rôle) que l'épreuve révèle courageux, déterminé mais également implacable et cruel. Contrairement à Luigi et Bimba qui ont des relations égalitaires, ceux de Jo et Mario faits de renversements de domination et de sujétion à la "The Servant" (1962) se teintent d'un sado-masochisme trouble, à connotation homosexuelle, surtout après la traversée très organique de la mare de pétrole. Chaque nouvel obstacle à franchir, véritable morceau de bravoure filmé avec un suspense haletant dépouille en effet un peu plus les personnages de leurs faux-semblants et le chemin de croix finit par acquérir une dimension existentielle que la fin, tragique et si possible plus absurde encore que le reste ne fait que confirmer.

*Et je me demande également si le film de Henri-Georges CLOUZOT n'a pas inspiré l'image introductive des insectes pris au piège de "La Horde sauvage" (1969).

Voir les commentaires

Monsieur Hire

Publié le par Rosalie210

Patrice Leconte (1989)

Monsieur Hire

Intéressante relecture du livre de Georges Simenon, "Les fiançailles de Monsieur Hire" qui avait déjà été porté à l'écran par Julien DUVIVIER en 1946 sous le titre "Panique" (1946) avec Michel SIMON. Intéressante en ce que Patrice LECONTE prend acte de la mue effectuée par Michel BLANC vers des rôles dramatiques voire ici tragiques. Par rapport au roman de Simenon ou au film de Julien DUVIVIER, l'aspect social de l'intrigue est négligé au profit de l'aspect intimiste. Certes, on sait que M. Hire est un asocial qui subit une aversion généralisée mais il n'y a par exemple pas de scène de lynchage: voisins, commerçants et passants ne sont finalement que des témoins quasi muets du drame. Peut-être est-ce une conséquence du contexte: "Panique" (1946) avait été réalisé dans l'immédiat après-guerre où la minorité à laquelle appartient Hire avait été persécutée (par contre en 1946, la plupart des français ne savaient pas qu'elle avait été victime d'un génocide, le mot ayant d'ailleurs été inventé seulement en 1944). Quant au roman de Simenon, il date de 1933, année de l'arrivée de Hitler au pouvoir. En 1989, le temps a suffisamment passé pour que Hire soit dépeint non comme un membre d'une communauté honnie mais comme un homme inadapté ce qui correspond aussi à l'évolution d'une société plus individualiste. Le film repose donc en grande partie sur l'extraordinaire interprétation de Michel BLANC qui arrive à nous émouvoir à partir d'un personnage pourtant assez peu défendable. Misanthrope, désagréable, psychorigide, voyeuriste, vêtu entièrement de noir avec un visage blafard, il n'a vraiment rien pour plaire. Et pourtant, au détour de quelques scènes, il laisse voir un autre aspect de lui, plus humain. Alice en revanche (jouée par Sandrine BONNAIRE) reste un peu trop traitée en surface, celui de la garce prête à tout pour protéger son "homme" (on se demande bien pourquoi d'ailleurs elle couvre ce criminel?). Heureusement, le trouble qui s'installe entre elle et Hire au détour de quelques scènes sensuelles rebat quelque peu les cartes. La mise en scène met bien en lumière la vie ritualisée de cet homme avec notamment un usage marquant de la musique de Brahms revisitée par Michael NYMAN et distille un vrai malaise entre Alfred HITCHCOCK et Roman POLANSKI.

Voir les commentaires

Nos plus belles années (The Way We Were)

Publié le par Rosalie210

Sydney Pollack (1973)

Nos plus belles années (The Way We Were)

"Nos plus belles années" témoigne de l'éclectisme de Sydney POLLACK aussi à l'aise avec le western et le thriller qu'avec la comédie et le mélodrame. Néanmoins, on peut relever deux constantes chez lui: Robert REDFORD avec qui il a tourné sept fois et un regard critique sur l'Amérique dont il déconstruit les mythes tout en restant fidèles aux genres de l'âge d'or de son cinéma et à ses grandes stars glamour. C'est sans doute ce qui a conduit à le classer comme un cinéaste de l'entre-deux: entre classicisme hollywoodien et Nouvel Hollywood. "Nos plus belles années" est ainsi un mélodrame digne de la tradition des années 50 et 60 (on pense aux maîtres du genre et en premier lieu à Douglas SIRK) mais avec un arrière-plan aux airs de pamphlet politique puisque Sydney POLLACK tente d'articuler petite et grande histoire: celle de son couple antinomique aux grandes convulsions ayant agité l'Amérique de 1937 à 1950: la crise, la guerre et le maccarthysme. Mais je trouve le résultat personnellement trop tiède, surtout si je le compare à des oeuvres plus frontalement engagées comme "Les 3 Jours du Condor" (1975) ou "Jeremiah Johnson" (1972). C'est en grande partie lié à l'écriture du personnage de Hubbell, vraiment trop lisse. Sans doute pour ne pas trop égratigner l'image de Robert REDFORD, il apparaît comme mou, indécis, sans caractère si bien qu'en dehors de sa beauté (et de son talent d'écrivain dont on ne peut guère se rendre compte, celui-ci ne transperçant pas l'écran), on se demande ce que Katie peut lui trouver. Car contrairement à lui, pur rejeton de la classe dominante WASP, Katie qui est juive, communiste et issue d'un milieu modeste est une passionaria qui ne rend jamais les armes. On sait dès le départ que ce mariage de la carpe et du lapin est voué à l'échec mais force est de constater que Robert REDFORD et Barbra STREISAND irradient à l'écran. Sur la longueur cependant, le film s'essouffle là où il devrait s'enflammer: dans la description des ravages du maccarthysme sur le milieu du cinéma hollywoodien. On ne ressent pas suffisamment ses effets sur le couple, même si Hubbell est prêt à faire des compromis(sions) sur ses scénarios, on ne sait pas lesquelles. On ne voit pas non plus assez à quel point quitter New-York pour Los Angeles représente une perte de sens pour Katie, un traumatisme comparable à celui d'un déracinement. Au contraire, elle est montrée comme celle qui s'accroche dans le couple, qui lui sacrifie tout alors que Hubbell, plus froid et distancié est prêt à s'en détacher à tout moment. En dehors de quelques scènes où Katie jette un froid dans les réunions des amis de Hubbell où elle ne trouve pas sa place, on reste dans un flou artistique savant qui rend la chute abrupte, presque gratuite là où elle devrait paraître évidente.

Voir les commentaires

Jeremiah Johnson

Publié le par Rosalie210

Sydney Pollack (1972)

Jeremiah Johnson

"Jeremiah Johnson", le deuxième film du tandem Sydney POLLACK/Robert REDFORD est magnifique, à la fois beau et cruel. Il dissipe les illusions du "retour à la nature" comme solution à la violence de la société. Si l'on pense au contexte dans lequel le film a été réalisé, on ne peut y voir qu'une parabole contre la guerre du Vietnam. Sauf que le film de Sydney POLLACK à travers le périple de Jeremiah, un ancien soldat devenu trappeur dans les Rocheuses montre que les alternatives recherchées par les tenants de la contre-culture sont des chimères. La guerre qu'il fuit (vraisemblablement celle du Mexique au milieu du XIX° siècle) en partant vivre en solitaire au coeur des montagnes, il va la revivre bien malgré lui. Jeremiah fait des rencontres dont celle d'un vieux trappeur qui lui apprend les rudiments de la survie en milieu hostile, reçoit sans l'avoir demandé une femme et un enfant eux aussi privés de liens et croit pouvoir avec eux refonder une famille et repartir à zéro. Mais il est vite rattrapé par la guerre entre colons et indiens et par les rivalités entre tribus. Le fait de ne pas parvenir à se soustraire à son appartenance d'origine et son hubris l'amène à commettre un acte sacrilège qui lui vaut un terrible retour de bâton. Il plonge alors dans l'enfer d'une vengeance sans merci contre les indiens Crow qui d'après la légende lui aurait valu son surnom de "mangeur de foie". Sauf peut-être dans la superbe scène de conclusion où après avoir hésité à brandir son fusil, Jeremiah rend son salut à l'indien qu'il croise. Un fragile espoir de guérison pour cet homme des montagnes condamné à l'errance et à la violence perpétuelle.

Voir les commentaires

Propriété interdite (This Property Is Condemned)

Publié le par Rosalie210

Sydney Pollack (1966)

Propriété interdite (This Property Is Condemned)

Deuxième film de Sydney POLLACK, "Propriété interdite" marque aussi sa première collaboration avec celui qui deviendra son acteur fétiche, Robert REDFORD. Le film est l'habile adaptation d'une pièce en un acte de Tennessee Williams. Habile parce qu'on ne sent pas trop les origines théâtrales du film grâce au travail sur le scénario effectué notamment par un tout jeune Francis COPPOLA et grâce à une superbe photographie de James WONG HOWE (le cousin de la célèbre actrice sino-américaine Anna May WONG) qui fait ressentir l'ambiance étouffante et poisseuse de la bourgade du Mississipi où se déroule la majeure partie de l'intrigue. Celle-ci ressemble quelque peu à celle du film "Titanic". Sauf qu'au lieu du paquebot qui coule à pic, on voit des trains à l'arrêt en raison du naufrage de la crise des années 30 qui met les cheminots au chômage. Dans ces situations où les hommes s'absentent, il y a des mères aux abois qui utilisent le corps de leur fille comme appât pour la maquer au plus offrant. Un vieux riche, M. Johnson est sur les rangs mais aussi l'amant de la mère (joué par Charles BRONSON). Mais c'est un mystérieux jeune étranger blond aux yeux bleus qui rafle la mise. Il faut dire qu'il a la belle gueule de Robert REDFORD. Logiquement, il tape dans l'oeil de Alva, la fille que tous les cheminots s'arrachent mais qui ne rêve que de fuir cette existence sans issue. Alva est jouée par Natalie WOOD au firmament de sa beauté qui forme donc un couple diablement séduisant avec Owen, même si le fait de le fréquenter entraîne des représailles de la part de la communauté comme de celui de la mère, Hazel. Car Alva qui vit dans ses rêves mais utilise des armes de séduction tout ce qu'il y a de plus charnel découvre une réalité bien éloignée de ce qu'elle s'était imaginé. Le prince charmant est un employé envoyé par la compagnie ferroviaire pour licencier du personnel, un homme rugueux qui fait son boulot sans états d'âme et ne ménage guère cette poupée "un peu poule un peu fleur (bleue)". Même quand il s'adoucit et que les deux amants se rejoignent à la Nouvelle-Orléans, Alva est bien obligée de constater que sa soif de liberté n'est qu'une illusion et que la réalité de sa sujétion (à sa mère et aux hommes ce qui rapproche terriblement le personnage du destin de l'actrice) la rattrapera toujours.

Voir les commentaires