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L'Homme qui plantait des arbres

Publié le par Rosalie210

Frédéric Back (1987)

L'Homme qui plantait des arbres

"L'Homme qui plantait des arbres" est un très beau film d'animation du réalisateur québécois Frédéric Back réalisé il y a près de 40 ans mais qui n'a jamais autant paru d'actualité. D'une certaine manière, il fait écho aux préoccupations écologiques et pacifistes des premiers films de Hayao MIYAZAKI qui lui sont contemporains mais sans le fantastique. Encore que le livre de Jean Giono publié en 1953 dont le film est l'adaptation se demande si le modeste berger Elzéar Bouffier n'a pas accompli l'oeuvre de dieu alors que quatre ans plus tard Maurice Druon révèle que Tistou qui grâce à ses pouces verts peut faire pousser les plantes en un clin d'oeil est un ange. Quant aux Totoro qui ont ce même pouvoir, ce sont des esprits de la forêt que seuls les enfants peuvent voir. Ce petit dialogue entre les oeuvres et les cultures me semble fructueux par le fait de relier enfance, nature, spiritualité et animation. Celle de "L'Homme qui plantait des arbres" réalisée au crayon fait penser à une suite de croquis, d'abord monochromes pour évoquer le désert, la mort, la désolation et les passions tristes pour terminer par une explosion de couleurs évoquant la peinture impressionniste lorsque tout renaît. La critique du monde industriel et du bellicisme se lit en creux dans l'attitude de Elzéar Bouffier qui sème des glands dans le désert pendant des décennies jusqu'à reboiser son environnement en se tenant à l'écart des vicissitudes du monde, frappé par deux guerres mondiales successives. "L'Homme qui plantait des arbres" est donc une oeuvre de reconstruction par la reconnexion avec la nature qui n'est pas sans rappeler un autre film, "L'homme qui murmurait a l'oreille des chevaux". (1998)

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Lupin: dans l'ombre d'Arsène

Publié le par Rosalie210

George Kay (2020)

Lupin: dans l'ombre d'Arsène

Je regarde peu de séries mais j'avais adoré "Sherlock" (2010) alors pourquoi pas une transposition à notre époque d'un autre mythe littéraire, Arsène Lupin? (qui d'ailleurs croise le détective anglais dans l'oeuvre de Maurice Leblanc) On ne pourra jamais assez louer les vertus de cette démarche qui permet de transmettre aux jeunes générations une oeuvre patrimoniale, encourage à lire et donne envie de fréquenter la salle de lecture Labrouste de la BNF dont la section Lupin dans la série finit par se retrouver surpeuplée par des fans pour la plupart étudiants! Et puis, coup de génie qui se traduit dans le succès international de la série, le fait d'avoir non seulement donné un coup de jeune à l'histoire et de l'avoir située dans les plus beaux lieux de Paris mais d'avoir confié le rôle principal à Omar SY qui est une star de renommée mondiale. "Lupin" a donc réussi l'exploit d'abattre nombre de barrières: générationnelles, linguistiques, culturelles mais aussi ethniques ce qui donne à la série une portée universelle en phase avec les idéaux des Lumière. C'est peu ou prou le même cocktail qui avait fait de la cérémonie d'ouverture des JO en 2024 un événement marquant à la résonance également mondiale. On voit donc qu'à l'inverse du cinéma hexagonal très frileux quand il s'agit de s'ouvrir à la diversité, les productions culturelles françaises conçues pour le marché mondial ("Lupin" est distribué par Netflix qui est présente dans plus de 190 pays!) mettent sur le devant de la scène leurs stars d'origine immigrée. Par un effet boomerang, la population française issue de la diversité peut s'identifier à des héros ou des lieux dépeints à l'origine comme "blancs" mais qui en réalité sont universels.

Un des aspects les plus jouissifs de la série aux accents de revanche sociale est d'ailleurs la manière dont Assane Diop joue de son identité (elle-même multiple puisqu'il est un transfuge de classe comme son interprète) en exploitant les préjugés de la société française pour les retourner à son avantage. Par exemple on le voit à plusieurs reprises se déguiser en agent d'entretien, préposé au vestiaire, jardinier ou livreur pour infiltrer les lieux à voler, tous fréquentés ou détenus par la haute société qui ne fait pas attention à lui: "on me voit mais on ne me regarde pas". Dans le dernier épisode de la saison 3 où il dupe un colonel en se faisant passer pour son ancien guide au Tchad, il ironise sur le fait qu'il ne le reconnaît pas en citant ses propos "vous avez dit vous-même qu'ils se ressemblent tous" et avec sa mère sur le fait qu'il y a plus invisible encore qu'un homme noir de 40 ans, une femme noire de 60 ans. Ce n'est pas le seul épisode qui égratigne la France, celui dans lequel un de ses complices infiltré au sein de la BRI (Pierre LOTTIN) dit qu'empêcher le vol de la perle noire est une question d'honneur pour la France entre en résonance avec le récent vol de bijoux au Louvre qui a été perçu comme une humiliation nationale.

Au final, la série, très divertissante, pleine d'allant et de charme se suit avec un grand plaisir. Le casting d'ailleurs a eu l'air de se régaler (même Ludivine SAGNIER retrouve un peu son espièglerie passée) même si question vraisemblance il faut avaler d'énormes couleuvres et même si j'ai trouvé la troisième saison plus faible que les deux premières, centrées sur une vengeance à la Monte-Cristo. D'autre part l'alternance systématique du présent et de flashbacks sur la jeunesse du héros, sa formation et ses motivations (venger son père puis sauver sa mère) deviennent assez lourdes à la longue.

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L'Etranger

Publié le par Rosalie210

François Ozon (2025)

L'Etranger

Peut-être un peu contradictoire, cette adaptation de "L'Etranger" par Francois OZON mais comme le désir et la mort cheminent souvent ensemble, mettre l'accent sur le premier fait d'autant plus ressortir la seconde. La somptueuse photographie noir et blanc aide bien à unifier l'ensemble. Elle érotise les corps, fétichise le passé tout en faisant ressortir la minéralité implacable, écrasante, aveuglante du paysage algérien. La scène du crime est donc filmée comme une scène de désir avec des plans très rapprochés sur la peau en sueur du jeune homme arabe avant que celui-ci ne sorte la lame fatale chauffée à blanc dont les ondes parviennent jusqu'à Meursault (Benjamin VOISIN). Celui-ci apparaît finalement moins froid que désarmé face à ces forces qui le dépassent (celle du désir comme celle de la mort). "C'est la faute au soleil" dira-t-il pour justifier les cinq balles dans le corps de l'arabe; "J'étais fatigué" dira-t-il pour justifier son absence de larmes devant le cercueil de sa mère. Si j'ai trouvé que la fin du film dans laquelle Meursault est confronté à la justice et à l'Eglise est plus didactique et datée, même si elle est utile pour comprendre les raisons profondes de la condamnation d'un personnage qui refuse d'entrer dans le jeu que l'on exige de lui, l'environnement colonial dans lequel il évolue apparaît aux yeux d'un spectateur d'aujourd'hui dans toute sa violence raciste. Néanmoins si le film prend parfois des airs de reconstitution des années 30 (on songe à "Pepe le Moko") (1937), le contexte contemporain de la réalisation du film se fait sentir à travers la place accordée aux arabes qui acquièrent une identité et une voix propre à la différence du roman. La chanson de Cure, "Killing an Arab", elle aussi adaptée du livre d'Albert Camus vient clore en beauté cette adaptation plutôt réussie même si à l'image du roman, elle ne me touche guère. Excellente interprétation.

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This is Orson Welles

Publié le par Rosalie210

Clara Kuperberg, Julia Kuperberg (2015)

This is Orson Welles

Documentaire réalisé par les soeurs Kuperberg, spécialistes du cinéma hollywoodien des origines aux années 60, "This is Orson Welles" est un bon cru. Le film explore le paradoxe d'un réalisateur adulé par ses pairs mais dont la carrière en tant que cinéaste fut une suite d'échecs. Orson WELLES fut davantage apprécié du grand public comme acteur que comme metteur en scène. Son génie visionnaire ne fut pas compris aux USA, entraînant la perte de contrôle sur ses films, souvent mutilés par les studios hollywoodiens sans parler de ses projets inachevés. Artiste polyvalent, Orson WELLES fut également illusionniste, metteur en scène de théâtre et une grande voix de la radio. Même si la prétendue frayeur déclenchée par son récit de "La guerre des mondes" relève plus de la légende que de la réalité, elle le rendit célèbre et lui ouvrit les portes des studios. Cet aspect de sa personnalité se retrouve en interview où il prédit à sa fille qu'il sera adoré après sa mort. L'une des raisons de la réussite du documentaire est le panel resserré d'intervenants, qui ont tous connu le cinéaste à l'exception de Martin SCORSESE. On découvre avec une certaine surprise qu'aujourd'hui encore, Orson WELLES véhicule une image négative aux USA, celle d'un loser se fourvoyant dans des boulots alimentaires à la télévision alors qu'en Europe il est vénéré. Nul n'est prophète en son pays.

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Citizen Kane

Publié le par Rosalie210

Orson Welles (1940)

Citizen Kane

"Citizen Kane" est un film quelque peu écrasé sous le poids de sa propre légende. Proclamé, "plus grand film de tous les temps", il constitue une mine d'or en matière d'innovations dans le langage cinématographique, que ce soit dans la composition des plans, les éclairages, l'utilisation des archives ou dans la structure narrative non linéaire. Cette composition s'avère particulièrement adaptée pour tenter de cerner la personnalité de Charles Foster Kane, magnat de la presse milliardaire dont la folie des grandeurs contraste avec le vide absolu de sa vie et de son oeuvre. Le palais "Xanadu" est un parfait concentré architectural des contradictions de Kane: démesuré, grandiose mais jamais achevé et creux à l'intérieur. L'incapacité de Kane à entrer en relation avec autrui se lit ainsi à travers son obsession pour les collections d'objets et en particulier les statues, la profondeur de champ qui établit une distance considérable entre les personnages et fait paraître Kane très distant, très lointain, les contre-plongées qui lui donnent une dimension écrasante (et donc une fois de plus, pas à taille humaine), des éclairages expressionnistes qui tendent vers l'abstraction ou bien les miroirs qui renvoient à Kane sa seule image. Par conséquent il n'y a rien à trouver dans la vie de Kane et c'est pourquoi le journaliste qui cherche le sens de ses derniers mots, "Rosebud" en interrogeant les personnes qui l'ont connu termine avec un puzzle incomplet. "Rosebud" c'est le manque qui ronge Kane, une miniature de Xanadu, une boule de verre contenant un paysage figé dans un hiver éternel à l'image de la scène matricielle dans laquelle des adultes décident de sa vie tout en l'excluant. Logique qu'en devenant adulte à son tour, Kane échafaude des plans sur les autres sans tenir compte de leur ressenti, finissant à chaque fois plus seul et plus "pauvre" dans toute son opulente richesse qui apparaît soudain pour ce qu'elle est: dérisoire.

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Natalie Portman, de l'enfant-star à l'actrice iconique (Natalie Portman - Vom Kinderstar zur Hollywood-Ikone Public)

Publié le par Rosalie210

Achim Scheunert (2025)

Natalie Portman, de l'enfant-star à l'actrice iconique (Natalie Portman - Vom Kinderstar zur Hollywood-Ikone Public)

Un portrait de Natalie PORTMAN qui n'apporte pas grand-chose à ce que l'on savait déjà. Est-ce dû à une actrice qui a bien eu du mal elle-même à s'extirper d'une image trop lisse ou bien au manque d'imagination de l'équipe du documentaire qui n'exprime guère de point de vue? Bien sûr il fallait parler du film problématique qui a lancé sa carrière, mais s'il avait été contextualisé, cela aurait eu plus de sens. En effet dans les années 90, la sexualisation des pré-adolescentes était banalisée comme le démontre la désormais célèbre émission de "Apostrophe" avec Gabriel Matzneff tournée en 1990. Il est plus que probable qu'un film comme "Leon" (1993) ne pourrait plus sortir aujourd'hui. Cette platitude se retrouve dans le reste du documentaire qui aligne les films (en oubliant d'en citer pas mal d'ailleurs) en se contentant de souligner la volonté de Natalie PORTMAN de ne pas se laisser façonner, ni enfermer, notamment dans son image d'actrice sage et intello, forgée en réaction à "Léon", même si elle correspond à une certaine réalité (le film rappelle qu'elle a décroché une licence de psychologie à Harvard). Il aurait été d'ailleurs judicieux de davantage développer son enfance et son milieu d'origine. Par exemple si le film évoque d'autres activités de l'actrice, comme égérie de grande marques, réalisatrice et aujourd'hui productrice il ne parle pas étrangement de sa formation de danseuse classique qui lui a été pourtant si utile pour "Black Swan" (2010). En résumé, l'approche est trop superficielle.

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The Garden of Words (Koto no ha no niwa)

Publié le par Rosalie210

Makoto Shinkai (2013)

The Garden of Words (Koto no ha no niwa)

"The Garden of words" ("Le jardin des mots" en VF) m'a fait penser à "L'homme qui marche" de Jiro Taniguchi de par son caractère contemplatif, sa lenteur et la poésie mélancolique de ses images d'un réalisme sidérant. La pluie, comme un rideau protecteur créé une bulle de temps suspendu à l'écart de la frénésie de la ville. Elle invite à la contemplation. De fait elle provoque une rencontre entre deux solitudes vivant un peu en marge de la société. Un lycéen de 15 ans qui sèche les cours les matinées pluvieuses en poursuivant son rêve de devenir cordonnier. Et une mystérieuse jeune femme qui ne parvient plus à se rendre au travail. Le lycéen s'installe sous un petit pavillon dans le parc de Shinjuku Gyoen pour dessiner des chaussures, la femme pour manger du chocolat et boire de la bière. Ce rituel se répète chaque matinée pluvieuse. Takao et la jeune femme, Yukino sans chercher à nouer un lien se retrouvent en effet au même endroit et au même moment si bien qu'ils finissent par mieux se connaître. Takao propose même à Yukino de lui fabriquer une paire de chaussures. Ce qui est pour elle qui traverse une crise existentielle comme une planche de salut. Néanmoins, la réalité finit par rattraper les personnages avec la fin de la saison des pluies. On sort alors du domaine de l'art et de la contemplation pour entrer dans celui plus terre-à-terre des relations sociales. Les situations respectives de Takao et de Yukino (différence d'âge et de statut) ne permettent pas à ceux-ci de continuer sur le même mode que leurs tête à tête dans le jardin. L'un doit se construire et l'autre se reconstruire et chacun doit le faire de son côté. On aurait aimé que le personnage de Yukino souffrant du syndrome de l'imposteur soit davantage développé mais en 45 minutes, on doit se contenter d'un aperçu. De toutes manières, en dépit de son titre, ce ne sont pas les mots qui comptent le plus dans le film mais les silences et les non-dits ainsi que le plaisir de ce petit espace de liberté hors du temps dans un monde de contraintes et d'impossibilités.

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Suzume (Suzume no tojimari)

Publié le par Rosalie210

Makoto Shinkai (2021)

Suzume (Suzume no tojimari)

L'oeuvre de Makoto SHINKAI est hantée par la catastrophe du 11 mars 2011 et ses conséquences. Mais contrairement à "Your name." (2016) où celle-ci restait suggérée, elle est nommée explicitement dans "Suzume". Ce titre fait référence à l'héroïne, une adolescente de 16 ans dont on découvre à l'aide de flashbacks qu'elle est une survivante de la catastrophe. Ce passé est montré dès les premières images où l'on voit une petite fille de quatre ans appeler sa mère dans ce qu'on découvre être des ruines. Suzume a conservé un vestige de cette époque qui est une chaise d'enfant fabriquée par sa mère dont il manque un pied. A l'image de cette chaise, la vie de Suzume, élevée par sa tante surprotectrice qui lui a tout sacrifié est restée bancale. Sa rencontre avec un jeune homme du nom de Sota va tout bouleverser. Comme dans ses précédents films, Makoto SHINKAI a recourt au fantastique pour évoquer les tourments de son pays. Sota est un verrouilleur: il parcourt le pays pour refermer les portes cachées dans les ruines. Ces ruines et ces portes constituent autant de symboles d'anciennes catastrophes: l'une d'elles est dissimulée dans un parc d'attractions abandonné, comme dans "Le Voyage de Chihiro" (2001). Une autre, située au fond d'un tunnel menace de faire revivre à Tokyo le traumatisme du séisme du Kanto. Seules des forces surnaturelles, les "pierres de voûte" peuvent maintenir ces portes fermées. Lorsqu'elles font défaut, la porte s'ouvre, libérant un ver géant en forme de colonne de fumée qui menace de s'abattre au sol, provoquant une nouvelle catastrophe. Suzume sans le savoir libère une pierre de voûte qui prend la forme d'un petit chat qui s'enfuit après avoir jeté un sort à Sota, l'enfermant dans la chaise à trois pieds de Suzume. Celle-ci munie de sa chaise désormais vivante se lance alors dans un périple à travers le Japon pour rattraper le chat qui veut "libérer" d'autres portes. Un récit à deux dimensions se met alors en place. D'un côté, un récit d'apprentissage et d'émancipation en forme de road-movie. De l'autre, une "recherche du temps perdu" où il s'agit de se souvenir du traumatisme enfoui dans le trou noir des pages caviardées d'un journal intime. Se souvenir pour consoler, réparer et repartir de l'avant. Un miroir tendu à un Japon plutôt désireux d'enfouir les mauvais souvenirs que de s'y confronter.

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Arco

Publié le par Rosalie210

Ugo Bienvenu (2025)

Arco

Premier film de Ugo BIENVENU, "Arco" a remporté le cristal du meilleur long-métrage au festival d'Annecy et confirme la vitalité du cinéma d'animation français. La SF est un genre particulièrement pertinent lorsqu'il s'agit de sonder les craintes et les espoirs de notre futur. Or celui-ci paraît plus incertain que jamais si bien que Ugo BIENVENU en créé deux pour le prix d'un! Un futur lointain désirable dans lequel les humains auraient appris de leurs erreurs et auraient construit un univers dans lequel ils cohabiteraient harmonieusement avec la nature. Sans surprise, ce futur-là ressemble beaucoup à "Le Chateau dans le ciel" (1986) de Hayao MIYAZAKI avec ses plateformes-jardins perchées dans les nuages où l'écologie et la mythologie auraient remplacé la technologie. La pierre bleue magique, identique à celle de Sheeta ou encore de "Nadia et le secret de l'eau bleue" ne fait plus léviter mais carrément voyager dans le temps. Elle diffracte la lumière, permettant à son possesseur détenteur en prime d'une cape irisée de voler en laissant des traînées arcs-en-ciel derrière lui comme autant de ponts entre les époques. C'est par une classique transgression que Arco qui n'a pas encore l'âge de s'envoler mais ne supporte pas d'être mis à l'écart du reste de sa famille s'empare de ces objets magiques. Comme il ne les maîtrise pas, il se retrouve non là où il le voulait (à l'époque des dinosaures) mais dans ce qui est pour nous un futur proche: 2075. Logiquement, celui-ci est une extrapolation de ce qui nous attend avec le choix du tout-technologique. Le réchauffement climatique produit des catastrophes "naturelles" à la chaîne dont l'homme se détourne en vivant hors-sol dans une bulle de verre comme dans le roman "Globalia" de Jean-Christophe Rufin et en détournant le regard avec des lunettes de réalité virtuelle comme dans "Wall-E" (2008). L'homme s'est également détourné des liens sociaux et familiaux en confiant notamment l'éducation des enfants à des robots. Cela réserve son lot de surprises (la "salle des profs" ressemble au clip de "Another brick in the wall" des Pink Floyd) mais c'est moins anxiogène que comique. En effet le film s'adresse à tous les publics, y compris les enfants et le rire est parfois plus efficace pour faire passer des messages que la peur. On a donc un univers certes dystopique mais saturé de couleurs pop dans lequel les jeunes livrés à eux-mêmes s'avèrent intrépides et débrouillards ou à l'inverse, très gauches comme les trois impayables pieds nickelés qui traquent Arco. Quant aux robots, Ugo BIENVENU a encore une fois bien retenu les ambivalences que Hayao MIYAZAKI a illustré dans ses films à propos de la technologie et on peut même remonter jusqu'à Osamu TEZUKA. Arco se déplace comme Astro et l'androïde domestique d'Iris, Mikki m'a fait penser par son design, son comportement et ses avaries à ceux de "Metropolis" (2001) (et le principe du robot-nounou à "L'enfant qui venait de l'espace", une nouvelle de Robert Escarpit qui rendait hommage à Isaac Asimov, le père des questionnements éthiques posées par les IA). D'ailleurs Ugo BIENVENU a imaginé une scène très forte digne de Paul GRIMAULT dans laquelle, celui-ci, réfugié avec les enfants dans une grotte pour échapper à un méga-feu dessine sur les parois, envoyant ainsi un message aux hommes du futur. Il n'y a guère que dans "2001 : l'odyssee de l'espace" (1968) que l'on voit une telle collision temporelle entre la préhistoire et la SF (on oubliera aisément "Lucy" (2014) du plagiaire qu'est Luc BESSON). Evidemment ce n'est que l'un des ponts que le film dresse entre les deux futurs de l'humanité, le proche et le lointain, reliés aussi par une catastrophe ultime (pas les sept jours de feu ayant fait éclore la vallée du vent et la forêt toxique de Nausicaa mais la grande jachère de l'eau qui a conduit les hommes à se percher dans le ciel) et par un final à la "Interstellar" (2013). On le voit, les références sont nombreuses, puisées dans notre imaginaire collectif et dans plusieurs cultures (et je ne les ai pas toutes citées, loin de là!) mais le résultat obtenu est quant à lui grandiose, original et harmonieux.

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L'Attachement

Publié le par Rosalie210

Carine Tardieu (2025)

L'Attachement

J'ai davantage regardé "L'Attachement" par curiosité que par envie, à force d'en entendre dire du bien. Je ne suis pas fan du jeu de Valeria BRUNI-TEDESCHI et de Pio MARMAI (le souvenir désagréable de "La Fracture" (2020) qui m'avait tapé sur les nerfs n'y est pas étranger) mais j'avais bien aimé "Du vent dans mes mollets" (2011) de Carine TARDIEU la réalisatrice de "L'Attachement". J'ai beaucoup aimé d'ailleurs les scènes impliquant les enfants, toujours très justes et j'aurais aimé qu'elles prennent encore plus de place dans le film, celui-ci s'éparpillant parfois dans des scènes inutiles. Valeria BRUNI-TEDESCHI est d'ailleurs rayonnante dans ces scènes. De plus, de judicieuses questions sont abordées autour de la nature des liens qui rassemblent les membres d'une même famille alors que celle-ci ne cesse d'évoluer et de se complexifier. Dans le cas de celle du film, soumise à de multiples ruptures et recompositions, règne la confusion des places là où dans les familles traditionnelles, celles-ci étaient standardisées mais très claires. C'est particulièrement frappant au travers du personnage d'Alex joué par Pio MARMAI qui peut se définir par ses échecs à construire une famille entrant dans la norme. La première famille que l'on aperçoit autour de lui semble l'être mais ce n'est qu'un mensonge, dissipé par Elliot (un hommage indirect à "E.T. L'extra-terrestre" (1982)?) après la disparition de sa mère Cécile lorsqu'il s'en choisit une autre en la personne de Sandra, une voisine de palier, célibataire coriace (Carine TARDIEU a peut-être pensé à "Gloria" (1980)?) et révèle au passage que Alex n'est pas son père mais son beau-père. Alex tente de faire entrer Sandra (Valeria BRUNI-TEDESCHI) dans le moule mais celle-ci est définitivement allergique à la norme et donc inassimilable. Il se tourne alors vers Emilia (Vimala PONS) plus jeune et très désireuse de se fondre dans le rôle de la bonne épouse et bonne mère dont pourtant la première apparition souligne un caractère autocentré et un manque de connexion envers les enfants que la suite ne viendra que confirmer. Toutes les solutions envisagées par Alex s'avèrent donc bancales et finissent par s'écrouler. Mais la réalisatrice montre au final que ce n'est pas si important. Les mères respectives de Sandra et de Cécile (Marie-Christine BARRAULT et Catherine MOUCHET) et le père biologique d'Elliot (Raphael QUENARD) étant là pour le confirmer.

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