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Articles avec #animation tag

Le château des singes

Publié le par Rosalie210

Jean-François Laguionie (1999)

Le château des singes

"Le château des singes" est le deuxième long-métrage de Jean-François LAGUIONIE réalisé dans le cadre de sa société de production cévenole La Fabrique fondée en 1979 (surnommée ainsi en raison du fait qu'il s'agissait à l'origine d'un atelier de bobinage de fils de soie). La filiation artisanale est assurée par le fait que le film a été réalisé entièrement à la main (le DVD ne lui rend d'ailleurs pas justice avec sa jaquette cheap). Il est le fruit d'un compromis réussi entre l'œuvre d'auteur et la recherche d'une adhésion populaire (de l'aveu même de Jean-François LAGUIONIE, c'est la première fois qu'il a réalisé un film en pensant aux enfants). Si bien que tout en étant un récit initiatique classique peuplé de figures archétypales issues des contes (le roi, la princesse, le méchant, le héros sans parler des chansons qui peuvent évoquer les classiques Disney), "Le château des singes" est une fable philosophique qui porte la marque de son réalisateur. Il préfigure "Le Tableau" (2011) en ce qu'il met en scène les préjugés que des peuples pourtant issus de la même origine entretiennent les uns vis à vis des autres. Ici pas de "Toupins" et de "Pasfinis" mais deux tribus de singes séparées autrefois par un cataclysme, l'une, les Woonkos vivant dans la canopée et l'autre, les Laankos vivant sur le plancher des vaches. La première vit quasiment à l'état sauvage alors que la seconde évoque plutôt la civilisation de la Renaissance, sa sophistication étant contrebalancée par de sombres complots politiques qui se situent entre Hamlet et le tsar Ivan, Shakespeare et Sergei M. EISENSTEIN étant explicitement cités, le second non seulement pour "Ivan le Terrible" (1943) mais aussi pour "Alexandre Nevski" (1938) avec la séquence sur le lac gelé. Jean-François LAGUIONIE met en scène Kom, un jeune Woonko curieux et impertinent qui à l'inverse de ses congénères remet en cause l'enseignement binaire qu'il reçoit du prétendu sage de la tribu pour qui "tout ce qui vient d'en haut est bon et tout ce qui vient d'en bas est mauvais". Jean-François LAGUIONIE égratigne ainsi le bourrage de crâne, les idées toutes faites et le manichéisme. Kom débarque donc logiquement chez les Laankos dont l'enseignement fait l'objet d'une critique tout aussi pertinente. Maître Flavius (doublé par Michael LONSDALE) est présenté comme un vieux "singe savant" incapable de naturel et d'esprit critique. Lorsqu'il explique la géographie verticale de la hiérarchie sociale (calquée sur "Metropolis" (1926) et sur "Le Roi et l'Oiseau (1979) du maître de Jean-François LAGUIONIE, Paul GRIMAULT) à Kom en lui disant que les singes supérieurs vivent en haut de la tour, Kom lui répond que les Woonkos sont logiquement supérieurs à eux puisqu'ils vivent dans la canopée, très au-dessus d'eux ce qui a pour effet de donner d'autant plus de relief ironique à la chanson "Assimiler pour être civilisé" où Kom s'interroge sur son identité hybride. L'intrigue m'a fait penser par ailleurs à un récit d'héroïc-fantasy écrit par Georges-Olivier Châteaureynaud et publié en 1991 dans le magazine "Je Bouquine". Intitulé "Le combat d'Odiri", il décrit deux peuples humains, l'un évolué, vivant dans les airs mais se faisant la guerre et l'autre, primitif, vivant dans la forêt et aux prises avec de dangereuses créatures et raconte l'histoire d'un transfuge primitif dans le monde évolué.

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Angry Birds: Copains comme cochons (The Angry Birds Movie 2)

Publié le par Rosalie210

Thurop Van Orman (2019)

Angry Birds: Copains comme cochons (The Angry Birds Movie 2)

"Angry Birds: copains comme cochons" est un film d'animation très sympa qui se situe dans la lignée du premier volet. Il n'a d'autre prétention que de divertir et il y parvient très bien. L'intrigue (une alliance entre oiseaux et cochons contre un troisième ennemi) n'a pas grand intérêt, l'aspect visuel est basique et la morale est toujours aussi convenue (grosso modo l'union fait la force et vive l'esprit d'équipe) mais il est bien construit et bien rythmé. La musique pop est certes envahissante mais ne se compose pas seulement de gros tubes lourdingues puisque David Bowie et son "Space Oddity" s'invitent de façon marquante à la fête comme le faisait Stanley KUBRICK dans le premier volet. L'alternance entre les aventures des bébés (oiseaux et cochons) et celle des adultes fonctionne très bien, d'autant qu'elles se rejoignent à la fin. Au sein des adultes, les personnages féminins se taillent une vraie place. Il est particulièrement bien vu d'avoir fait de la "méchante" de l'histoire l'ex-fiancée (aigrie) "d'Aigle vaillant" dont on sait depuis le premier volet qu'il s'agit d'un lâche. La baudruche patriarcale continue donc de se dégonfler pour notre plus grand plaisir. Il y a d'ailleurs dans le film un panorama assez bien vu des comportements amoureux et modèles familiaux modernes, du speed dating jusqu'aux familles monoparentales en passant par les femmes instruites et émancipées qui veulent être traitées d'égale à égale avec leurs homologues masculins.

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Louise en hiver

Publié le par Rosalie210

Jean-François Laguionie (2016)

Louise en hiver

Parce que je suis une fervente admiratrice et défenseure du (bon) cinéma d'animation que je considère comme une branche du cinéma égale aux autres et non comme un genre à part et "inférieur", je ne peux que souscrire aux propos de Jean-Michel Frodon dans le magazine en ligne Slate. Dans l'article consacré à "Louise en hiver" du 24 novembre 2016 où il avoue pourtant son peu d'inclination pour le cinéma d'animation, il ajoute " Sans esbroufe 3D ni gadgets , avec de l’aquarelle, des crayons de couleurs et de la gouache — et un admirable travail sur les sons, Louise en hiver est pourtant bien un film de cinéma. Puisque cela arrive aussi parfois en animation, disons sans remonter jusqu’à MacLaren ou Trnka, avec Miyazaki et Norstein, ou sur la planète Wall-E, chaque fois grâce à des procédures différentes."

Jean-François LAGUIONIE est en effet un prince du cinéma d'animation formé à l'école de Paul GRIMAULT (qui a produit ses premiers courts-métrages). Il réalise des films depuis plus de 50 ans (dont cinq longs-métrages à ce jour) mais ceux-ci ne sont pas commerciaux et ne sont pas destinés aux enfants (donc très peu distribués ce qui signifie très peu visibles). Voilà sans doute la raison pour laquelle il est méconnu du grand public, y compris dans son pays, la France.

Bien que se situant dans un cadre réaliste, l'histoire de "Louise en hiver" est surtout onirique et métaphorique. Louise qui possède une maison de vacances quelque part dans une station balnéaire normande se tient à l'écart des vacanciers qui s'y trouvent. Elle est tellement déphasée qu'elle rate même le dernier train de la saison et se retrouve isolée dans la station comme si elle était sur une île déserte. Celle-ci n'est plus qu'une ville abandonnée, une ville fantôme. Les horloges se sont arrêtées et les saisons également car Louise qui s'est installée dans une cabane au bord de la plage et se douche en plein air ne semble pas souffrir du froid ni des intempéries (quasi inexistantes, le temps est presque toujours au beau fixe). Son changement d'habitat est logique car puisqu'elle a été exclue de la communauté des hommes, elle se rapproche des autres formes de vie qui s'épanouissent quand les humains s'en vont (plantes, oiseaux, crabes etc.) A la manière de Robinson, elle survit en autarcie, se parle à elle-même et prend un confident en la "personne" de Pépère, un vieux chien. Ses souvenirs lui tiennent également compagnie et on découvre qu'elle a une longue expérience de la solitude puisque son principal confident pendant la guerre était un squelette de parachutiste américain qu'elle animait par la seule puissance de son imagination (ce qui est l'essence de l'animation, donner une anima à ce qui n'en a pas). Louise se demande ce qu'elle a bien pu faire pour être ainsi mise au ban de la société et considérée comme un déchet à l'image de la décharge sauvage ou elle passe une partie de son temps.

A cette question, le film apporte deux réponses, toutes en douceur, délicatesse et subtilité comme ses teintes pastel. La première est liée à l'âge. Louise est une vieille dame et le film fait ressentir ce que cela représente. A ce titre, il m'a fait penser à "Le Château ambulant" (2005) qui explore également les sensations et émotions d'une personne âgée (même si son grand âge est dû à un mauvais sort). Jean-François LAGUIONIE et Hayao MIYAZAKI savent de quoi ils parlent, tous deux ayant atteint un âge vénérable et on peut également les rapprocher (comme le font les Inrocks) par leur perfectionnisme artisanal et leur virtuosité technique qui leur a permis à tous deux de percer le secret du mouvement humain. Mais dans ses souvenirs, Louise était déjà une enfant sauvage, solitaire et désaffiliée. Elle vivait pendant la guerre avec sa grand-mère et a refusé de retourner chez sa mère lorsque celle-ci a cherché à la reprendre. On remarque aussi l'absence du père, l'homme se tenant derrière la mère n'étant qu'une ombre (un inconnu ou bien un disparu). Louise semble par ailleurs avoir vécu à côté de sa vie, n'ayant tissé de liens affectifs ni avec ses maris, ni avec ses enfants et petits-enfants. Son isolement symbolise aussi son désert affectif. Mais Louise est aussi un personnage sensuel, qui aime jouer avec la vie et la mort certes mais aussi lorsqu'elle était jeune, avec les garçons. Agée, elle sait apprécier les petits bonheurs simples de la vie et son aventure lui redonne même une santé qu'elle croyait disparue. Car le revers de la solitude, c'est la liberté.

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L'Extraordinaire voyage de Marona (Marona's fantastic tale)

Publié le par Rosalie210

Anca Damian (2019)

L'Extraordinaire voyage de Marona (Marona's fantastic tale)

Dévoilé en compétition au 43° festival d'Annecy, "L'extraordinaire voyage de Marona" a fait l'ouverture de la programmation "jeune public" de la Cinémathèque en attendant sa sortie nationale prévue le 8 janvier 2020. Anca DAMIAN avait déjà réalisé des films d'animation mais plutôt pour adultes ("Le Voyage de Monsieur Crulic" qui avait été primé à Annecy (2011) et "La montagne magique") (2015). "L'extraordinaire voyage de Marona" se distingue par sa splendeur visuelle, fruit du travail de trois artistes: la norvégienne Gina Thortensen, l'italienne Sarah Mazetti et l'auteur de BD belge Brecht Evans. Le cosmopolitisme de l'œuvre est présent aussi dans la production, partagée entre trois pays (France, Roumanie et Belgique). Anca DAMIAN est roumaine et le compositeur Pablo PICO est français. Tous ces talents se conjuguent pour donner un film luxuriant très sensoriel et expressif, chaque maître de la petite chienne distillant son propre univers (tout en apesanteur, changements d'échelles, verticalité et arabesques pour l'acrobate rouge et or, cubiste et horizontal pour l'ouvrier en bâtiment, fauve pour l'intérieur de la maison de Solange).

Sur le plan du scénario, c'est en revanche nettement moins convaincant. Celui-ci est lourd, assénant ses idées humanistes plutôt qu'en les suggérant ("Je suis la preuve vivante que l’amour est aveugle et se fiche des races"; "chez les chiens, le bonheur, c’est l’inverse de celui des hommes : nous voulons que les choses restent exactement comme elles sont tandis que les hommes veulent toujours autre chose. Ils appellent cela rêver, moi j’appelle ça ne pas savoir être heureux") et tirant le film vers le pathos. Il insiste beaucoup plus sur les maltraitances et abandons successifs de Marona que sur les moments de joie passé auprès de ses maîtres (surtout dans la troisième histoire) et peut-être parce qu'il s'agit d'un chien dont le sens de l'existence est conditionné au fait d'être au service d'un humain, il n'imagine pas d'autre voie que celle de la quête d'amour/dépendance affective qui est vouée au malheur.

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Le Conte de la princesse Kaguya (Kaguya-hime no monogatari)

Publié le par Rosalie210

Isao Takahata (2013)

Le Conte de la princesse Kaguya  (Kaguya-hime no monogatari)

"Le conte de la princesse Kaguya" est le dernier film de Isao TAKAHATA qui a terminé sa carrière en apothéose avec ce qui est l'un de ses plus beaux films. Tiré du folklore japonais (plus exactement d'un conte du dixième siècle transmis oralement), l'histoire de la princesse née dans un bambou venue de la lune (comme notre Cyrano) a été adaptée sous de multiples formes (dont un ballet "Kaguyahime" représenté il y a une dizaine d'années à l'Opéra Bastille). Celle de Isao TAKAHATA se distingue d'abord par sa forme, éblouissante. Le film est une succession d'estampes animées plus ou moins détaillées. Si l'aquarelle domine le paysage, certaines scènes parmi les plus marquantes relèvent de l'art de l'esquisse. Tout cela au service d'un récit fort dont le caractère fantastique et onirique se combine avec une grande volonté de réalisme (visible notamment dans l'animation de Kaguya bébé). Bien que se déroulant dans le Japon médiéval, les thèmes abordés sont d'actualité que ce soit le statut de la femme et sa soif de liberté face au patriarcat ou l'opposition entre nature édenique, réceptacle d'une vie authentique faite de joies simples et culture urbaine rigide et castratrice. La scène de fuite éperdue de Kaguya hors de la ville et de la réalité rappelle sur un mode fantasmatique celle du premier épisode de "Heidi" (1974) (série sur laquelle Isao TAKAHATA et Hayao MIYAZAKI ont travaillé) où celle-ci se dépouillait de ses couches de vêtements superposés en arrivant dans les Alpes. On retrouve en effet dans ce film la touche Isao TAKAHATA, mélancolique et fataliste. Comme dans "Le Tombeau des lucioles" (1988) auquel on pense beaucoup, le sort de la princesse est scellé dès l'origine et ses explosions de bonheur au contact de la nature (et de l'homme qu'elle aime, un simple charbonnier qu'elle a côtoyé enfant avant d'être séparée de lui pour mener une vie de princesse qui ne lui apporte pas le bonheur) ont d'autant plus d'intensité que l'on connaît à l'avance son destin tragique.

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Le Mystère des Pingouins (Pengin Haiwei)

Publié le par Rosalie210

Hiroyasu Ishida (2019)

Le Mystère des Pingouins (Pengin Haiwei)

Excellent premier film d'un réalisateur (Hiroyasu Ishida) et d'un studio (Colorido) à suivre, "Le mystère des pingouins" confirme la très bonne santé du cinéma d'animation japonais. Je ne serais pas étonnée si ce film faisait l'objet d'un remake américain tant il m'a fait penser à "Inception" (2009) de Christopher NOLAN (lui-même largement inspiré par le film d'animation "Paprika" (2006) de Satoshi KON). Le réel et le fantastique s'y imbriquent de telle façon que l'on a du mal parfois à distinguer les différents niveaux de réalité (comme souvent dans le cinéma d'animation japonais). Le résultat est splendidement surréaliste avec des images à la Magritte (la sphère qui lévite dans la prairie, la pluie de pingouins sur la ville, l'inversion du haut et du bas etc.)

L'histoire recèle également son lot d'originalité et de mystère. La trame est hyper classique (les premiers émois de l'adolescence sur fond apocalyptique, le trio héros-héroïne-faire-valoir face au trio du méchant et de ses deux suiveurs) mais le traitement lui ne l'est pas. Car le héros n'a rien de stéréotypé. C'est un petit garçon de 10 ans, Aoyama, passionné par les sciences et qui veut devenir adulte le plus vite possible. Il a déjà programmé sa vie, note toutes ses observations dans un carnet, fait des expériences, travaille sans arrêt, est très imbu de lui-même. Bref, il serait imbuvable s'il n'y avait pas une très grosse part d'irrationnel dans son comportement lié à son attirance quelque peu sulfureuse pour son assistante dentaire, jeune mais adulte et surtout dotée d'une poitrine généreuse qui l'obsède (comme le montre cette scène si symbolique où il mange ce qu'il appelle lui-même un "gâteau-nichon"!). Ce thème de l'éveil du désir (incontrôlable par essence) perturbe ses plans et tout le film est basé sur la confrontation entre science et magie, rationnel et fantastique. Car la jeune femme est un alien, à tous les sens du terme et elle invite le héros -tout comme nous- à explorer de nouvelles voies (la métaphore dentaire peut être mise en parallèle avec celle de la sphère trou noir, les dents étant une porte d'entrée pour les corps étrangers).

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Le Tableau

Publié le par Rosalie210

Jean-François Laguionie (2011)

Le Tableau

Ce film est un bijou de beauté et d'intelligence qui se situe dans la lignée de Paul Grimault, Jacques Prévert et Michel Ocelot. Il nous rappelle au passage que la France est le troisième pays du monde pour le cinéma d'animation après les USA et le Japon et que le trop méconnu Jean-François Laguionie est un maître en la matière. 

Comme son titre l'indique, le film est tout d'abord une réflexion sur la création au travers de l'art du cadre ou plutôt du cadre dans le cadre. L'écran de cinéma est redoublé par le cadre du tableau dans lequel se situe une partie de l'histoire. Mais ce tableau est animé et même si l'image de synthèse est en 2D, il y a des effets de relief et de profondeur de champ qui transforment la peinture en image de cinéma. Cette réflexion sur l'interaction entre les deux arts se prolonge lorsque les personnages échappés du tableau se rendent dans l'atelier du peintre qui n'est autre que le réalisateur du film, Jean-François Laguionie. Ils se retrouvent alors face à une scène de Genèse qui prend la forme de trois tableaux. Pas n'importe lesquels. Un autoportrait du peintre/réalisateur âgé, un grand nu féminin répondant au nom de Garance dans le style de Matisse et entre eux un Arlequin Picasso période bleue. Un homme, une femme, un enfant. Un peintre, sa muse et son œuvre. Mais avec l'envers du décor: les toiles semblent abandonnées, les personnages ne peuvent s'en échapper et les photos et dessins déchirés dans l'atelier suggère une rupture et/ou une panne d'inspiration. 

Mais "Le Tableau" a une autre signification tout aussi riche. A la fin du film, l'un des personnages, Lola l'exploratrice ^^, la pionnière qui a osé s'aventurer hors de son tableau puis passer de tableau en tableau et y entraîner les autres finit par rencontrer son créateur en chair et en os (ou plutôt 
sa représentation, Jean-François Laguionie jouant son propre rôle déguisé en peintre). Le film associe alors animation et prises de vues réelles. Celui-ci lui dit qu'il n'y a pas de barrières et qu'elle peut aller jusqu'à la mer (l'origine ^^). En effet il n'y a pas de barrières dans le film entre les arts, la réalité et la fiction, la créature et son créateur mais aussi entre les créatures elles-mêmes. Sinon celles que s'inventent les êtres bornés dans les sociétés hiérarchisées. "Le Tableau" dépeint une société à la "Metropolis" (1926) où la hiérarchie sociale s'établit selon le degré d'achèvement des personnages. Les maîtres sont les Toupins (les tous-peints), les parias les pafinis (pas entièrement colorés) et les esclaves sont les reufs (les esquisses). Génialement, le film montre l'envers du décor avec des possibilités d'émancipation, de découverte et d'inventivité des deux dernières catégories capables de se terminer eux-mêmes très supérieures aux premiers qui ont été prédéfinis jusqu'au moindre détail.

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Wonderland, le royaume sans pluie (Bāsudē Wandārando)

Publié le par Rosalie210

Wonderland, le royaume sans pluie (Bāsudē Wandārando)

Après "Le Voyage de Chihiro", voici la deuxième adaptation d'un roman de l'auteur pour la jeunesse Sachiko Kashiwaba (qu'il faudrait un jour songer à éditer en France!). Keiichi Hara s'adresse à un public nettement plus jeune que celui de ses précédentes réalisations (le terrible "Colorful" (2010) et le passionnant "Miss Hokusai") (2015) L'histoire est archétypale (le film est en partie une commande), de ce point de vue, on est sur un territoire bien balisé (le conte de fées, le roman initiatique). Cependant la richesse visuelle du film est remarquable avec une grande variété de mondes traversés (l'auteur définit son film comme un "road-movie dans un monde merveilleux") et une très belle utilisation de la couleur. Avec un peu plus d'audace, Keichii Hara aurait pu mieux tirer parti de ses personnages car il avait un carré d'as en main avec deux duos qui rappellent un peu ceux des comédies de Shakespeare du type "Beaucoup de bruit pour rien". Au premier plan, celui des héros on ne peut plus lisses et classiques (le prince et Akané, la déesse du vent vert), au second, celui des "comiques" qui pimentent le scénario avec l'alchimiste Hippocrate dont l'attitude guindée et "prétentieuse" est dézinguée par la tante d'Akané, Chii, personnage d'antiquaire haut en couleurs, avatar de la sorcière bonimenteuse, indélicate et "langue de vipère". Mais ces pistes, tout comme les personnages ne sont pas assez creusés pour permettre au long-métrage de se démarquer. Il en va de même du message écologique: le monde parallèle est censé l'être davantage que le nôtre parce qu'il en est resté à l'ère du charbon mais le charbon est l'énergie fossile qui pollue le plus, même si les mondes dépeints sont essentiellement ruraux.

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La Légende de Mor'du (The Legend of Mor'du)

Publié le par Rosalie210

Brian Larsen (2012)

La Légende de Mor'du (The Legend of Mor'du)

Complémentaire du film "Rebelle", "La Légende de Mor'du" réussit l'exploit de tirer encore vers le bas un long-métrage que je considère comme l'un des moins intéressants (et personnels surtout) du studio à la lampe. Personne n'est dupe, la réalisation du court-métrage est bâclée et semble relever davantage du recyclage de story board que d'un film d'animation. Quant à l'histoire, elle enfonce le clou du message rétrograde de "Rebelle": quatre frères dont un méchant qui, mécontent de ne pas hériter de la totalité du royaume bascule dans la haine fratricide et y entraîne le royaume avec lui. On peut résumer ainsi la moralité destinée à l'édification des jeunes: "Employer la force n'entraîne que des malheurs, voyez ce qui arrive quand on choisit de poursuivre un but égoïste plutôt que de réparer les liens familiaux. Suivez plutôt l'exemple de Mérida". Bref on nage en pleine leçon moralisatrice Disney bien infantilisante à une époque où-celui ci exerçait une telle emprise sur le studio Pixar qu'il avait racheté qu'il menaçait jusqu'à son identité et sa créativité pour en tirer un maximum de bénéfices à court-terme (ce qui passait notamment par le "consensus mou"). Heureusement des pépites comme "Vice-Versa" ou "Coco" réalisées récemment ont démontré que les studios Pixar n'avaient pas dit leur dernier mot et heureusement car il s'agit d'un vivier créatif parmi les plus stimulants de ces trente dernières années.

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QG de soirée (Party Central)

Publié le par Rosalie210

Kelsey Mann (2014)

QG de soirée (Party Central)

L'idée de "Party Central" devait à l'origine être incluse dans le film "Monstres Academy" mais finalement elle devint un court-métrage à part entière projeté juste avant "Operation Muppets" de Disney (un détail éloquent qui souligne à quel point dans la première moitié des années 2010 les studios Pixar étaient menacés dans leur identité par l'influence de la firme Disney, une influence se faisant ressentir à plusieurs niveaux: scénarios convenus de "Rebelle" ou "Le Voyage d'Arlo", multiplication des suites et des produits dérivés jusqu'à l'overdose comme pour "Cars" etc.). Réalisé par Kelsey Mann, l'un des scénaristes de "Monstres Academy" il combine l'univers estudiantin du film avec le franchissement des portails de "Monstres et Cie" pour un résultat inventif de bout en bout, très amusant et parfaitement rythmé (et que je trouve meilleur que "Monstres Academy" lui-même!). Les Oozmaa Kappa organisent une fête d'intégration pour Bob et Sulli mais personne ne vient. Ces derniers montent alors un plan pour "transférer" ni vu ni connu les étudiants partis faire la fête dans un endroit branché jusque dans leur salon à l'aide de deux portails et de divers stratagèmes pour les attirer. L'espace entre les deux portails donnant sur une chambre parentale, les réactions de ces derniers aux incursions de plus en plus bruyantes des monstres constituent un élément comique majeur du film. Ils finissent par être replongés en enfance quand les monstres étaient sous leur lit.

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