Valmont
Milos Forman (1989)
Versatiles critiques! A sa sortie, "Valmont" s'était fait étriller par la presse au profit de la version de Stephen FREARS sortie quelques mois plus tôt. Aujourd'hui, "Valmont" est réhabilité, voire considéré comme supérieur au film de Stephen FREARS. En fait c'est assez débile de les comparer. Le film de Stephen FREARS est beaucoup plus fidèle à l'esprit du roman épistolaire de Choderlos de Laclos que celui de Milos FORMAN mais cela n'a jamais été le souci de ce dernier. Il était d'ailleurs le premier à dire qu'il ne comprenait pas le roman. Il propose donc autre chose de plus léger, plus frais, plus divertissant, plus primesautier et moins théâtral* qui paradoxalement débouche sur autant sinon plus de cynisme et de cruauté. En dépit des costumes XVIII° siècle, les acteurs se meuvent avec beaucoup de naturel. Il faut dire qu'ils sont beaucoup plus jeunes que dans la version de Frears et cela, c'est en revanche fidèle à Choderlos de Laclos et à l'époque. Une époque où les jeunes filles de la noblesse étaient sorties du couvent à peine pubères pour être mariées (vendues?) vierges à des hommes beaucoup plus âgés nantis d'une "belle situation". Voir Fairuza BALK avec ses joues poupines de gamine de 15 ans être pervertie par Mme de Merteuil (Annette BENING), se faire dépuceler et engrosser par Valmont (Colin FIRTH) puis être mariée à un homme ayant trois fois son âge et beaucoup plus grand en taille (Jeffrey JONES) distille un malaise très... moderne. Il en va un peu de même pour son soupirant, Danceny (joué par le Elliott de E.T., Henry THOMAS) qui perd lui aussi son innocence dans les bras de la Merteuil. Mme de Tourvel (Meg TILLY) apparaît également comme une victime résignée du système. A l'inverse Milos FORMAN tente de donner un sens politique au libertinage de Mme de Merteuil et de Valmont en faisant de la première une féministe et du second, un subversif qui tente de remettre en cause les conventions sociales en faisant triompher l'amour au prix de sa vie. Cet aspect n'est pas convaincant car il rentre frontalement en contradiction avec l'état d'esprit de jouisseurs sans scrupules de l'infernal duo. Et les acteurs n'ont pas vraiment le profil de révolutionnaires en puissance. Le résultat est donc très plaisant, soigné, intéressant mais un peu bancal.
* La version de Stephen FREARS est l'adaptation de la pièce de théâtre que Christopher HAMPTON avait tirée du roman d'origine.
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