Twixt
Francis Ford Coppola (2011)
Film romantico-gothique (la filiation avec Dracula est évidente) où le réalisateur accomplit un remarquable travail sur l'espace-temps, la mémoire, les symboles et le processus créatif. La petite bourgade californienne où se déroule l'histoire ressemble à une ville-fantôme burtonienne-hichcokienne avec sa forêt brumeuse, son beffroi aux 7 cadrans indiquant 7 heures différentes son hôtel hanté et son lac où campent quelques jeunes motards gothiques que les habitants du village (des personnages grotesques sortis tout droit des films des frères Coen) accusent de satanisme.
Comme tous les repères temporels sont brouillés, plusieurs temporalités se superposent et aussi plusieurs niveaux de réalité. La jeune fille suppliciée de l'histoire c'est Virginia, l'une des victimes du pasteur de la ville qui assassina dans l'hôtel 13 enfants dans les années 50. Soi-disant pour sauver leur âme (des tentations du satanisme) en réalité parce que lui même était torturé par des désirs inavouables pour Virginia, la plus grande des enfants (la scène où il l'emmure vivante est explicite). Mais Virginia c'est aussi Vicky, la fille de l'écrivain en panne d'inspiration venu vendre sa camelote dans la ville. Vicky morte adolescente dans un accident de bateau et qui hante Hall Baltimore est une allusion à la mort dans les mêmes circonstances de Gian Carlo, le fils de Coppola. Virginia et Vicky s'incarnent enfin dans une troisième jeune fille morte avec un pieu dans le coeur et qui inspire à Baltimore une histoire de vampire qui s'écrit/se filme sous nos yeux façon palimpseste. Le tout sous le signe de la grande littérature du XIXe siècle: Poe, Dickens, Whitman, Hawthorne et Baudelaire qui insufflent leur âme à un écrivain sans génie (une sorte de sous-Stephen King).
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