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Shining (The Shining)

Publié le par Rosalie210

Stanley Kubrick (1980)

Shining (The Shining)

Je ne suis pas d'accord avec tous ceux qui pensent que Shining n'est pas un film effrayant. En 1980, il faut croire qu'il n'existait aucun filtrage des bandes-annonces en fonction du public ciblé. Car c'est juste avant la projection de "Blanche-Neige et les 7 nains" que j'ai eu tout à coup cette vision traumatique qui m'a poursuivie pendant des années: celle d'une pièce se remplissant de sang. J'ai gardé de cette expérience une répulsion pour les motifs et couleurs seventies (l'orange et le marron surtout) ainsi que pour les longs couloirs.

En dehors des grimaces outrancières de Nicholson (que l'on peut diversement apprécier mais qui sont caractéristiques du "masque kubrickien" que l'on retrouve dans "Orange mécanique" ou "Full Metal Jacket"), l'horreur n'est pas démonstrative, elle est plutôt tapie dans l'ombre ce qui crée un climat de tension troué de temps à autre par des images subliminales d'horreur pure. La comparaison de l'hôtel avec un cerveau malade s'impose d'autant plus que l'on passe l'essentiel du temps à en suivre les méandres labyrinthiques avec une répétition obsessionnelle (à l'image de la phrase unique que Jack écrit à longueur de journée sur sa machine).Le surgissement brusque de flots d'hémoglobine dans le dédale de couloirs et de pièces froidement géométriques peut s'interpréter de plusieurs façons. On peut y voir le triomphe des pulsions sur la rationnalité mais aussi l'expression d'un inconscient refoulé fait de crimes. L'hôtel Overlook est en effet un lieu maudit dès l'origine puisque le site a été volé aux indiens. Par conséquent il n'est guère étonnant que son gardien se mue en criminel autodestructeur. Enfin et paradoxalement, le sang représente aussi la vie. Jack s'est en quelque sorte enterré vivant avec sa femme et son fils dans le huis-clos de l'hôtel coupé du monde. Mais le petit Danny possède le shining, la lueur intérieure qui lui permet de briser son isolement en communiquant avec le passé, le futur et les autres êtres ayant le même don. Dont le chef cuisinier de l'hôtel, un "nègre" pour reprendre l'expression du précédent gardien, Grady que l'on devine profondément raciste. C'est pour empêcher l'intrus -l'altérité- de pénétrer son foyer (l'Amérique blanche) que Jack bascule dans la folie meurtrière tentant par tous les moyens d'empêcher sa femme et son fils de s'échapper. Peine perdue, il rejoindra les fantômes pour l'éternité mais seul.

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