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Divines

Publié le par Rosalie210

Houda Benyamina (2016)

Divines

Ce qui m'a le plus gêné dans ce film c'est son manque de simplicité et de rigueur. Il y a plein de fulgurances poétiques (la scène de la Ferrari suggérée par les mouvements de caméra et le son, la scène où Djigui et Dounia tourbillonnent dans le magasin...) mais il y a aussi des maladresses et des longueurs. Un manque d'émotion aussi. Car ce que la caméra filme, c'est surtout un "ego trip", celui de Dounia qui parce qu'elle part de très bas se rêve au sommet de la puissance et de la richesse façon clip de rappeur bling-bling (son slogan préféré? "Money, money, money!"). La séquence où elle humilie sa prof de lycée pro en montant sur la table est particulièrement révélatrice de ses rêves de pouvoir et de grandeur. Des rêves qui prennent pourtant corps dans les bas-fonds du trafic de drogue et de la prostitution. Pour donner du lyrisme à sa mise en scène et rendre ce personnage moins étriqué, la réalisatrice imagine une autre porte de sortie possible pour Dounia: l'art et de façon plus générale, la spiritualité (d'où la grande musique et les chants religieux omniprésents). Seulement, cela ne marche pas vraiment. Dounia reste à la porte de ce monde comme elle reste à la porte de la mosquée ou à la surface de l'église. De plus, la réalisatrice abuse pour conforter son propos des plans de plongée et contre-plongée si bien que la danse de Djigui fait plus penser au serpent tatoué sur son dos qui rampe au sol qu'à un ballet aérien. Ce n'est pas très gracieux. Enfin si j'ai omis de parler de Maimouna c'est à dessein. En dépit du titre pluriel très trompeur, elle n'est que le faire-valoir de sa copine. C'est le personnage le plus sacrifié du film (au sens propre comme au sens figuré) et c'est bien dommage car c'est celui que je trouvais le plus intéressant. Seulement les grandes gueules ont souvent le dessus, au cinéma comme dans la vie.

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