Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #wax (john) tag

En tongs au pied de l'Himalaya

Publié le par Rosalie210

John Wax (2024)

En tongs au pied de l'Himalaya

"En tongs au pied de l'Himalaya" n'a rien de révolutionnaire même s'il démonte quelques clichés sur les autistes, à commencer par celui de l'autiste surdoué. Tiré du one woman show autobiographique de Marie-Odile WEISS qui joue le rôle d'une directrice de la maternelle un peu effacée, le film a le mérite de nous plonger dans le quotidien d'une famille (presque) ordinaire devant gérer les troubles de leur fils. Comme souvent en pareil cas, la révélation du handicap fait éclater le couple. Audrey LAMY est plutôt convaincante dans le rôle de Pauline, une mère dépassée mais aimante qui se bat pour que son enfant ne soit pas rejeté par l'école mais qui a tendance à se noyer face à ses problèmes, lesquels ne sont pas édulcorés (l'intolérance aux bruits, les troubles cognitifs, les stéréotypies et crises d'anxiété face aux changements, la faible tolérance à la frustration etc.) Pour ne rien arranger, Pauline dont la vie est plutôt déréglée et qui peine à joindre les deux bouts est entourée d'hommes adultes immatures, notamment son frère paumé vivant encore dans un appartement appartenant à leur père, lequel semble plus préoccupé par ses chats que par sa famille à qui il n'accorde pas d'attention réelle. Les déficiences de l'institution scolaire vis à vis de l'inclusion se réduisent au cas individuel d'une institutrice hypocrite (Tatiana GOUSSEFF) tandis que les différents dispositifs d'aide existants (AESH, groupes de parole, référente MDPH etc.) s'avèrent un poil idéalisés. La question du sous-financement et du manque d'AESH n'est par exemple pas posée. Plus embêtant, le film fait porter toute la responsabilité de l'éducation d'Andréa et toutes les défaillances à la mère. Aucune scène ne montre comment se débrouille le père qui semble n'avoir aucun problème dans la gestion de son enfant. Cette inégalité de traitement interroge. En bonus, l'apparition de Jean-Pascal ZADI qui depuis "Tout simplement noir" (2019) (film que John WAX avait co-réalisé avec lui) a fait de son réalignement dentaire un running gag, le film étant avant tout une comédie sympa au premier abord mais réactionnaire au bout du compte.

Voir les commentaires

Tout simplement noir

Publié le par Rosalie210

Jean-Pascal Zadi et John Wax (2020)

Tout simplement noir

"Tout simplement noir", vraiment? Le film aurait pu s'intituler "50 nuances de noir" ou bien "La communauté noire, combien de divisions?" ou bien encore "Qu'est ce que la négritude aujourd'hui en France?" et "comment est-elle représentée dans les médias?". Une question simple pour une réponse complexe. D'ailleurs le film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Fonctionnant sur le modèle du faux documentaire et du film à sketchs, patchwork inégal et souffrant de fréquentes baisses de rythme, le film est aussi un conte voltairien dans lequel JP, comédien aussi raté que candide (Jean-Pascal Zadi) qui veut organiser une marche de la fierté noire et un cynique (Fary) qui lui ouvre les portes du show biz découvrent que les noirs qu'ils rencontrent n'entrent pas dans la définition stéréotypée et restrictive que JP donne de "ce qui est noir" à savoir des critères physiques (peau foncée, cheveux crépus), de genre (être un homme) et généalogiques (descendre d'esclaves). Il se retrouve bien embêté face à l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo qui est d'origine indienne et a les cheveux lisses puis face à Eric Judor qui est métis à la peau claire et met d'abord en avant ses origine autrichiennes. Évidemment les afro-féministes entrent rapidement en lice pour protester contre l'absence des "soeurs" à la fête. D'autres obstacles se dressent sur la route du grand dadais naïf aux dents proéminentes qui a l'art de se mettre tout le monde à dos: les intellos qui lui reprochent le choix de la date estimant qu'elle correspond à l'histoire des blancs, les autres minorités (arabes et juifs) qui veulent faire entendre leurs voix, ceux qui préfèrent être définis par leurs compétences plutôt que par la couleur de leur peau, ceux qui s'accusent mutuellement de faire des films de bounty c'est à dire trahissant la cause noire (désopilante séquence entre les réalisateurs Lucien Jean-Baptiste et Fabrice Eboué). Et puis il y à les clichés qui collent aux basques des noirs à qui on propose toujours les mêmes types de rôles. La palme va à la séquence très politiquement incorrecte où Mathieu Kassovitz qui cherche un "vrai noir" (sous entendu un sauvage africain et non un lascar des banlieues) va jusqu'à mesurer l'écartement des narines de JP, geste de sinistre mémoire. Zadi dégomme par l'absurde aussi bien l'essentialisation raciste que le communautarisme tout en faisant preuve ainsi que ses camarades people d'une bonne dose d'autodérision (Soprano qualifié de "rappeur des collèges", Fary et son opportuniste film "Black Love" pompé sur "Moonlight" (2016) etc.) Plus profondément encore, c'est la part noire de l'identité française, occultée par l'histoire officielle que restaure Jean-Pascal Zadi qui bâtit une œuvre bien plus civique que celle des programmes scolaires. On lui pardonne d'autant plus aisément les maladresses de forme de son film.

Voir les commentaires