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Articles avec #wang (wayne) tag

Brooklyn Boogie (Blue in the Face)

Publié le par Rosalie210

Wayne Wang et Paul Auster (1995)

Brooklyn Boogie (Blue in the Face)

"Brooklyn Boogie" est un prolongement de "Smoke" (1994), il a d'ailleurs été tourné dans la foulée. Il se compose d'une série de sketches se déroulant dans ou près de la boutique d'Auggie (Harvey KEITEL) plus que jamais LE spot incontournable du quartier, "the best place to be" pour refaire le monde, discuter avec des amis, faire un boeuf, se taper des délires etc. Visiblement Wayne WANG et Paul AUSTER ont eu envie de faire durer le plaisir. Sauf qu'au lieu d'inviter des personnages de fiction, ils ont cette fois ouvert les portes de la boutique à des habitants anonymes du quartier qui témoignent de sa diversité ethnique et culturelle mais aussi à leurs potes célèbres. Avec un bonheur inégal. L'aspect documentaire n'est qu'une toile de fond assez peu exploitée alors qu'en revanche les séquences plus ou moins improvisées avec les VIP se taillent la part du lion. Si les monologues (fumeux) face caméra de Lou REED m'ont plutôt amusée et que l'on voit naître l'esquisse de "Coffee and cigarettes" (2004) avec l'échange sur "la der et der" (cigarette ^^^^) que Jim JARMUSCH a décidé de fumer chez Auggie, j'ai trouvé certains passages lourds voire vulgaires. Tout ce qui concerne les femmes est raté mais ce n'était déjà pas le point fort de "Smoke" (1994). Cependant, celui-ci évitait le mauvais goût. Dans "Brooklyn Boogie", il s'y vautre en faisant de Auggie un irrésistible étalon (Harvey KEITEL a certes beaucoup de charme mais à 55 ans quand même, il n'était déjà plus de la première fraîcheur) que rêvent de "monter" les femmes du quartier, des "chaudasses" prêtes à enlever le haut (Mel GORHAM en roue libre) ou le bas (MADONNA dans une apparition éclair singeant le télégramme chantant de "Brazil" (1985)), ou les deux (Roseanne BARR qui fait des propositions indécentes à Auggie). Mais le passage avec Michael J. FOX nous apporte une grande révélation avec des questions aussi pertinentes à Giancarlo ESPOSITO que: "est-ce que tu regardes l'intérieur de la cuvette avant de tirer la chasse?" ou "Est-ce que tu es content de la taille de ton zizi?" Bref, les moments sympas entre amis tournent quelque peu au vinaigre phallocrate et la boutique de cigares finit par sentir la testostérone avariée, brisant la chaleureuse convivialité qui prévalait jusque-là.

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Smoke

Publié le par Rosalie210

Wayne Wang (1995)

Smoke

Je me demandais ce que je ressentirais en revoyant "Smoke" 25 ans après sa sortie en salles. Aurait-il fané ou bien conservé son charme intact? J'avais gardé le souvenir d'un film chaleureux, un film humain, un film qui faisait du bien à une époque où on ne vendait pas encore le concept de "feel good movie". J'ai retrouvé un film chaleureux, un film humain, un film qui fait du bien comme s'il n'avait pas pris une seule ride. Les personnages de "Smoke" sont tous un peu fêlés, tous un peu éclopés, tous un peu bluffeurs. Ils se tiennent chaud et tiennent chaud au spectateur. Il faut dire qu'ils ont une sacré paire d'anges gardiens qui veillent sur eux. Tout d'abord Auggie (Harvey KEITEL) qui tient un petit bureau de tabac à Brooklyn tantôt transformé en café du commerce, tantôt en bureau des pleurs. Auggie semble bourru en surface mais en fait il est plutôt du genre à tendre la main à tous les paumés qui passent le pas de sa porte. Ensuite son ami, l'écrivain dépressif Paul Benjamin (William HURT) inspiré de Paul AUSTER qui a écrit le scénario du film. D'ailleurs Paul finit par écrire l'histoire que Auggie lui raconte puis le réalisateur Wayne WANG la filme. Auggie n'est d'ailleurs pas seulement conteur, il est aussi photographe et enregistre jour après jour la mémoire de son petit bout de quartier. Toutes ces histoires filmées, racontées, photographiées ou écrites ne finissent plus qu'en former une seule tout comme l'ensemble hétéroclite de personnages devient harmonieux en tissant des liens de filiation élective basés sur un "roman familial" imaginaire bien plus que sur la réalité biologique. Ainsi Thomas (Harold PERRINEAU) sauve la vie de Paul, s'incruste chez lui puis finit par se présenter sous son nom à son véritable père (Forest WHITAKER). Auggie s'invite chez une vieille dame en se faisant passer pour son petit fils. Ruby, une ex d'Auggie (Stockard CHANNING) lui fait croire qu'il a une fille prénommée Félicity qui va elle-même avoir un bébé. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'une solidarité se tisse entre tous ces êtres qui pourtant se sont rencontrés sur des mensonges, de même que les objets et l'argent au départ volés circulent de main en main jusqu'à trouver un heureux propriétaire qui en fera bon usage. "Smoke" est un petit concentré d'humanité qui fait chaud au coeur.

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