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Articles avec #studios pixar tag

Wall-E

Publié le par Rosalie210

Andrew Stanton (2008)

Wall-E

Wall-E qui fut assez controversé à sa sortie est un des meilleurs Pixar. A titre personnel, c'est mon préféré, à égalité avec Vice Versa. C'est une prouesse technologique et narrative qui parvient à offrir un univers riche, doté de plusieurs niveaux de lecture. A bien des égards, il est à contre-courant de la production contemporaine, notamment en matière de dessins animés. Par peur sans doute d'ennuyer, les films d'animation occidentaux grand public ont tendance à être hystériques avec des péripéties incessantes, des dialogues mitraillettes et une image remplie à ras bord. Peu importe que l'on atteigne l'indigestion, peu importe que le scénario et les personnages soient indigents, peu importe que l'on n'en retienne rien, il faut gaver les spectateurs à tout prix.

Wall-E en parfaite cohérence avec son discours critique sur la surconsommation est pour l'essentiel contemplatif et privé de dialogues. L'hommage aux films de Chaplin et Buster Keaton dont la mélancolie ressemble à celle de Wall-E n'est pas loin. Mais hommage à Kubrick aussi (Wall-E est bourré de clins d'oeil à 2001 l'Odyssée de l'espace) et à Miyazaki (allusions à Nausicaa et sa planète toxique). Riche de toutes ces références, Wall-E sollicite le spectateur autrement qu'en l'abrutissant. Le travail sur l'image (que de poésie dans le ballet spatial des deux robots par exemple) et sur le son (par exemple sur les intonations variées avec lesquelles sont prononcés Wall-E et Eve) oblige celui-ci à être actif ou à rejeter un film qui ne se "donne pas" de lui-même. Tati si incompris en France a été reçu 5 sur 5 aux USA tant sur la forme que sur le fond. Ainsi Playtime, descendant des Temps Modernes et du Mecano de la General où Chaplin et Keaton "déréglaient" la machine est à son tour pris pour référence dans Wall-E où ce dernier en nouveau M. Hulot désordonne le monde aseptisé de l'AXIOM.

Néanmoins Wall-E reste parfaitement accessible aux enfants à cause de l'incroyable travail d'humanisation effectué sur Wall-E et à un degré moindre sur Eve. Là encore, la critique sous-jacente tape dans le mille. Ces robots sont mille fois plus humains que les humains du film déshumanisés par leur dépendance à la technologie...et que tant et tant de comédiens insipides qui ressemblent eux à de vrais robots.

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Le monde de Dory (Finding Dory)

Publié le par Rosalie210

Andrew Stanton (2016)

Le monde de Dory (Finding Dory)

Le monde de Dory est la suite du monde de Némo sorti en 2003. Marin et son fils Némo qui étaient les personnages principaux du premier film deviennent les personnages secondaires du second alors que pour Dory c'est l'inverse. Ce deuxième film est à la hauteur du premier. Il se situe dans sa continuité tout en offrant une variation intéressante du thème de l'imperfection/vulnérabilité/handicap et de la nécessité de l'accepter pour le surmonter. Dans le premier film on se souvient que Némo souffrait d'une nageoire atrophiée et d'un père particulièrement angoissé. Dans le second se sont les défaillances de la mémoire immédiate de Dory et les tentatives de ses parents pour lui donner les outils de l'autonomie en dépit de sa différence et de leurs inquiétudes qui ouvrent le film. Heureusement car Dory perd très tôt ses parents de vue et se retrouve seule et perdue. Son handicap ne lui permet pas de trouver de l'aide puisqu'elle ne se souvient pas de ce qu'elle cherche. Et pourtant elle survit et s'adapte en rencontrant d'autres poissons déficients comme Marin et Némo mais aussi Destinée un requin-baleine myope, Bailey un Béluga qui fait un blocage psychosomatique ou Hank un poulpe caméléon à 7 branches (il a perdu la huitième). Avec eux elle part à la recherche de ses parents biologiques (dont elle finit par se souvenir).

On retrouve l'humour et la beauté des décors aquatiques du premier film ainsi qu'une efficacité redoutable dans la mise en scène des scènes d'action. L'impact de l'homme sur le milieu est également souligné au travers de la pollution mais aussi du centre aquatique. Ce centre est censé aider, soigner et relâcher les poissons dans leur milieu naturel mais ce que le film montre c'est que les poissons sont surtout exhibés comme des phénomènes de foire et utilisés comme des jouets de stands de fête foraine. Pas étonnant que leur vraie libération soit celle qui les délivre de la main de l'homme.

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Vice-Versa (Inside Out)

Publié le par Rosalie210

Pete Docter (2015)

Vice-Versa (Inside Out)

Un film d'animation totalement original, réussissant à inventer un univers traduisant de façon compréhensible l'univers psychique d'une pré-adolescente confrontée à un bouleversement majeur.

Cet univers possède un QG gouverné par de petits toons colorés incarnant les 5 émotions primaires: la joie (jaune en forme d'étoile), la tristesse (bleue en forme de larme inversée), la colère (rouge en forme de brique pour taper sur tout ce qui bouge), la peur (violet en forme de nerf) et le dégoût (vert en forme de brocolis, le légume détesté par Riley).

Les souvenirs de l'héroïne se matérialisent sous la forme de boules colorées par l'émotion dominante ressentie. De sa naissance à ses 11 ans, l'émotion reine de Riley est celle de l'enfance heureuse c'est à dire la joie. Les souvenirs sont donc à dominante jaune et les plus importants occupent la mémoire centrale. Il s'agit des principales sources de joie de Riley et leurs rayons donnent vie aux îles de la personnalité, des pôles d'équilibre psychique: famille, amies, hockey (la passion de Riley), bêtises...

Mais ce bel équilibre s'effondre à la suite d'un déménagement qui se passe mal. Riley perd tous ses repères et se laisse gagner par la colère et le dégoût. Car pour faire plaisir à ses parents elle refoule sa tristesse qui tout comme la joie est expulsée du quartier général et envoyée dans des zones inconnues de son cerveau. On découvre le train de la pensée, la bibliothèque de la mémoire à long terme, le studio des rêves, l'inconscient... dans une atmosphère de plus en plus sombre. Joie découvre alors le rôle essentiel de Tristesse dans l'équilibre de la personnalité de Riley. Si elle ne peut l'exprimer, elle risque de perdre le contact avec toutes ses émotions et de sombrer dans la dépression.

D'une inventivité formelle remarquable pour donner corps à des concepts abstraits, le film se double d'une analyse subtile du passage de l'enfance à l'adolescence et de la difficulté de grandir. Il montre que la perte et le deuil sont indispensables (celle de l'ami imaginaire par exemple) pour que d'autres choses puissent renaître (de nouvelles îles de la personnalité plus ado comme celle des boys band!) Il montre aussi que toutes les émotions sont nécessaires à l'équilibre d'une personne y compris celles que l'on considère comme indésirables. La peur assure la sécurité, le dégoût est un anti-poison tout comme la tristesse qui permet d'expulser son chagrin ou la colère (un personnage hilarant) qui défend la justice. Inversement la joie sans mélange mène à une impasse.
C'est pourquoi les émotions adolescentes et adultes deviennent hybrides (les souvenirs de la mémoire centrale deviennent bi ou tricolores). La joie n'est plus l'élément central comme on peut le voir avec les plongées dans l'esprit des parents.

Ne pas rater le générique de fin qui offre un supplément délectable!

Le film est transgénérationnel mais il est trop complexe pour les plus jeunes. Mieux vaut le découvrir vers 7-8 ans (mais c'est aussi l'âge indiqué pour la plupart des Harry Potter et d'autres oeuvres estampillées "jeunesse" qui sont aussi transgénérationnelles).

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