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Articles avec #stefan zweig tag

La peur (La paura)

Publié le par Rosalie210

Roberto Rossellini (1954)

La peur (La paura)

Un film étouffant, tranchant, d'une froideur clinique qui s'apparente à une dissection des rapports conjugaux, l'amant étant relégué à la marge du film, contrairement à d'autres versions comme celle de Viktor TOURJANSKY. En revanche l'ex de l'amant payée par le mari pour faire chanter sa femme occupe une place prépondérante. Celle-ci, harcelée, acculée par un mari qui joue avec elle comme avec les cobayes de son laboratoire d'entreprise pharmaceutique finit par rechercher un ultime échappatoire dans la mort. Ingrid BERGMAN se retrouve pour la énième fois dans la peau d'une épouse victime d'un mari qui veut la détruire. Les fautes morales de son personnage (infidélité, mensonge) ne justifient pas la torture psychologique qu'elle subit. On retrouve ce déséquilibre au niveau de leurs enfants dans une scène éloquente où la petite fille frustrée par son cadeau cache celui de son frère et est punie par son père avant d'obtenir son pardon. Néanmoins cette version se singularise par son absence d'émotions. Le mari affiche un masque froid en toutes circonstances, la maître-chanteuse également sauf à la fin et même la victime réagit avec une froide détermination (la voix de Ingrid BERGMAN prend par moments des accents de couperet) qui l'éloigne quelque peu de l'esprit de la nouvelle de Stefan Zweig. Si ce film est le moins connu de la collaboration entre Roberto ROSSELLINI et Ingrid BERGMAN c'est qu'on sent qu'elle a tourné au vinaigre et qu'elle sent désormais le sapin. De fait ce sera le dernier film qu'ils tourneront ensemble et leur relation prendra également fin. Et ce n'est pas le ridicule happy end en contradiction avec le reste du film y qui changera quoi que ce soit.

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Une nuit seulement (Only yesterday)

Publié le par Rosalie210

John M. Stahl (1933)

Une nuit seulement (Only yesterday)

J'étais curieuse de découvrir l'adaptation officieuse de "Lettre d'une inconnue", la nouvelle de Stefan Zweig par John M. STAHL, quinze ans avant celle, beaucoup plus célèbre -et assumée celle-là- de Max OPHULS. A condition d'oublier les dernières minutes, une concession au "happy end" de mise dans le cinéma hollywoodien, le film de John M. STAHL est une réussite. Astucieusement transposée dans le contexte alors récent de l'histoire mouvementée des USA de la première guerre mondiale au krach boursier de 1929, l'intrigue n'en reste pas moins fidèle à l'esprit de l'oeuvre originale (si l'on excepte encore une fois le dénouement). Elle offre un écrin à l'interprétation absolument remarquable de Margaret SULLAVAN dont c'était le premier grand rôle. Contrairement à tant de films (y compris récents) où l'on ne ressent pas le passage du temps, elle fait subtilement évoluer son personnage progressivement gagné par la mélancolie au fil de la perte de ses illusions. Néanmoins sa lettre n'est "pas seulement" le terrible récit d'une amante de l'ombre se consumant d'amour pour un homme qui l'ignore. C'est aussi une femme moderne qui décide de prendre son destin en main en allant vivre avec son fils chez une tante aux moeurs progressistes dans le contexte de l'émancipation féminine des roaring twenties. Et puis comme souvent chez John M. STAHL, quelques touches d'humour bien placées viennent alléger ce que l'intrigue a de mélodramatique.

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Vertige d'un soir/La Peur

Publié le par Rosalie210

Viktor Tourjansky (1936)

Vertige d'un soir/La Peur

"La Peur" également connu sous le titre "Vertige d'un soir" est une adaptation française de la nouvelle de Stefan Zweig 18 ans avant celle de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman. Viktor Tourjansky le réalisateur d'origine ukrainienne fait partie des nombreux cinéastes ayant fui la Russie pour la France après la Révolution d'octobre 1917. Sa version, scénarisée par Joseph Kessel offre une esthétique typique des années 30 qui n'est pas sans rappeler par sa sophistication et ses intérieurs art déco le raffinement d'un Ernst Lubitsch. Ce rapprochement avec le cinéma d'Hollywood concerne aussi les acteurs, en particulier Charles Vanel dans le rôle du mari avocat à qui je trouve dans ce film des airs de Spencer Tracy. En revanche, Suzy Prim qui joue les maître-chanteuses possède une gouaille typiquement parisienne qui s'oppose en tout points à la classe bourgeoise de Gaby Morlay dans le rôle de l'épouse adultère terrorisée.

Le film, fidèle au livre, dissèque l'usure du couple dont l'épouse paye au prix fort sa passade en s'enfonçant dans le mensonge. Elle ne parvient plus à se dépêtrer de son amant qui la poursuit de ses assiduités et de sa logorrhée sentimentale puis tombe sous la coupe de la prétendue petite amie de celui-ci qui se met à la faire chanter. Tiraillée entre la peur et la culpabilité, prise au piège de sa condition sociale, de ses devoirs conjugaux et familiaux, Irène perd pied dans une mécanique infernale qui fait penser quelques décennies plus tard à celle de "La Victime". La fin dévoile les ressorts cachés de l'emprise qu'elle a subi et donne le vertige.

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24 heures de la vie d'une femme

Publié le par Rosalie210

Laurent Bouhnik (2003)

24 heures de la vie d'une femme

Film inégal en raison de sa construction bancale. Sans doute que Laurent BOUHNIK a pensé que la nouvelle de Stefan Zweig ne suffirait pas à remplir un long-métrage et que son aspect daté allait donner au film un cachet suranné. Il en a conclu qu'il fallait donc ajouter une strate contemporaine à celles qui existaient déjà dans la nouvelle de Stefan Zweig. Seulement, ça ne marche pas aussi bien que dans "The Grand Budapest Hotel" (2014), hommage revendiqué de Wes ANDERSON à l'auteur de "Le Monde d'hier". Certes, le réalisateur-scénariste tente de tisser un système d'échos entre les différentes époques, à commencer par le lieu unique de l'histoire, Monte-Carlo, sa plage, son hôtel et son casino, la pluie qui s'abat sur les personnages et les trempe, un motif décoratif que l'on revoit etc. Le problème, c'est qu'il échoue sur l'essentiel: donner du sens à ce qu'il a rajouté. Le contraste est donc saisissant entre les scènes où jouent Michel SERRAULT et Berenice BEJO qui apparaissent artificielles, laborieuses et confuses et celles qui proviennent directement du texte de Zweig qui semblent couler de source et tiennent en haleine. A ce jeu des comparaisons, c'est Agnes JAOUI qui se taille la part du lion dans le rôle de Marie Collins Brown. "24 heures de la vie d'une femme" est l'histoire d'une double passion destructrice, l'une pour le jeu et l'autre pour le joueur. La description des symptômes de l'addiction à la roulette relève de la haute-couture et il en va de même des effets délétères de la folle passion que Marie se met à éprouver pour Anton qu'elle veut sauver à tout prix et malgré lui. Elle y perdra tout, comme au jeu. Entre les deux récits, celui de la Belle Epoque et celui du début des années 2000 vient se glisser celui de l'adultère et de sa condamnation morale et sociale qui provoque la confession de Marie en 1935 et dont Laurent BOUHNIK ne sait visiblement pas quoi faire. C'est ce segment-là qu'il aurait fallu étoffer en conservant l'idée des injonctions qui pèsent sur les femmes tout en les réactualisant peut-être quitte à déplacer temporellement toute l'histoire plutôt que de vouloir surcharger inutilement la barque avec une prose très mal inspirée.

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Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman)

Publié le par Rosalie210

Max Ophüls (1948)

Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman)

Il y a deux façons de passer à côté de la vie: soit par l'abstinence, soit par la débauche. Deux facettes d'une même pièce. Dans les deux cas, le refus de l'engagement aboutit au même vide existentiel. Ces stratégies culturellement plutôt masculines (puisque le monde émotionnel considéré comme féminin est considéré comme incompatible avec la monstration de la virilité) rencontrent bien souvent leur pendant féminin, à savoir la femme sacrificielle éduquée pour se dévouer corps et âme à un homme sans être payée en retour. Le comportement de ces femmes repose sur une illusion car elles sont convaincues que la force de leur amour finira par transformer l'homme qu'elles aiment. D'un côté "les femmes qui aiment trop" et de l'autre "les hommes qui n'aiment pas assez", deux facettes là aussi d'une même pièce, typiquement façonnée par la société patriarcale d'hier mais encore aussi d'aujourd'hui.

Stefan Zweig, peintre délicat des moindres mouvements de l'âme humaine analyse avec une finesse d'orfèvre le type de relation qui échoue à se nouer entre un homme égoïste et une femme altruiste qui fait toute sa vie une fixation obsessionnelle sur lui dans son court roman "Lettre d'une inconnue" daté de 1922. Durant sa période américaine, Max Ophüls en fit une très élégante adaptation avec Joan Fontaine et Louis Jourdan. Qu'on ne s'y trompe pas. Ce n'est pas l'amour qui est au coeur de l'histoire mais au contraire l'échec de l'amour. Et la manière compartimentée dont Max Ophüls filme ses protagonistes souligne la solitude foncière de chacun d'eux. Comme dans "Accords et désaccords" de Woody Allen, la sécheresse de coeur de Stefan Brand finit par se répercuter sur son talent de musicien (invention du cinéaste, chez Zweig il est écrivain) et il passe sur ce plan là aussi à côté de tout accomplissement. Dès l'ouverture, on comprend que la vie de ce personnage n'a été qu'un tourbillon de plaisirs (le motif de la circularité est une obsession chez Ophüls) et une fuite devant les responsabilités. La lecture dégrisante de la lettre d'outre-tombe provoque davantage que dans le roman une vive émotion, la prise de conscience de la vacuité de sa vie et peut-être pour la première fois, la décision de l'affronter en face. Le sacrifice de Lisa n'aura peut-être pas été vain même si pour un regard contemporain, il est pénible de voir ainsi une femme gâcher sa vie pour un homme qui la traite comme une passade aussitôt consommée aussitôt oubliée. Mais en voyant comment celle-ci se construit depuis l'adolescence uniquement dans l'objectif de lui plaire, comme la seule possibilité d'évasion qu'elle peut s'offrir sans jamais se soucier de se construire elle, on se dit qu'aliénation des femmes et privation d'identité vont de pair.

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La Confusion des sentiments

Publié le par Rosalie210

Etienne Périer (1979)

La Confusion des sentiments

"La Confusion des sentiments" est une adaptation télévisuelle datant de la fin des années 70 de la célèbre nouvelle (que l'on qualifie aussi de court roman) de Stefan Zweig. Celle-ci dépeint avec une rare justesse les tourments d'une passion interdite alimentée par des désirs aussi violents que refoulés qui entretiennent une atmosphère d'érotisme électrique. Si l'image a beaucoup vieilli et aurait eu besoin d'une restauration lors de son transfert en DVD, force est de constater que Etienne PÉRIER a rendu justice à l'écriture d'orfèvre de Stefan Zweig tout en modernisant quelque peu son oeuvre. Il est amusant que certains aient cru bon de préciser dans leur critique qu'il ne s'agissait pas d'un film gay. Pourtant en dépit du personnage frustré et provocant de la femme du professeur c'est bien le désir homosexuel qui est au coeur du film aussi bien au niveau des dialogues que des images. La caméra devient l'œil et l'âme du professeur qui se pâme devant la musculature supposée d'Hamlet qu'il ne peut imaginer "gras" ou les statues de jeunes éphèbes grecs semblables au corps de l'élève qu'il désire, qu'il ne peut s'empêcher d'entrevoir ou d'imaginer nu ou demi-nu et dont il n'est séparé que par une fragile porte qu'il espère de toutes ses forces voir s'ouvrir. Il en va de même avec des lignes de dialogues dont le contenu est sans ambiguïté ("Je n'ai rien contre les mauvais sujets, au contraire"; "Quand l'amitié atteint ce degré d'exaltation, est-ce encore de l'amitié?"; "Je vais vous faire apporter un lit où le professeur viendra vous border"). Comme dans le livre, chaque élan est suivi d'un retour de bâton plongeant l'élève un peu plus dans la confusion, le professeur soufflant le chaud et le froid, non parce qu'il joue avec lui mais parce qu'il est déchiré entre ce qu'il voudrait désirer (une communion d'esprit avec Roland, une amitié qui serait socialement acceptable) et ce qu'il désire réellement (une fusion charnelle). Et que dire de l'interprétation! Michel PICCOLI comme Stefan Zweig épouse les moindres frémissements de son personnage dévoré par les tourments de sa passion impossible « Il faut revenir à des sentiments de chair, de passion, de vie ! Il n’y a plus de belles histoires que l’on raconte. Et, La Confusion des sentiments en est une justement. Avec trois personnages, d’une intégrité, d’une pureté, d’une rigueur, d’une intensité de vie exceptionnelle (…) c’est la beauté des sentiments.» (Michel PICCOLI à propos de "la Confusion des sentiments".)

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The Grand Budapest Hôtel

Publié le par Rosalie210

Wes Anderson (2014)

The Grand Budapest Hôtel

"Avant 1914 (...) il n'y avait pas de permis, pas de visas, pas de mesures tracassières (...) C'est seulement après la guerre que le national-socialisme se mit à bouleverser le monde, et le premier phénomène visible par lequel se manifesta cette épidémie morale de notre siècle fut la xénophobie: la haine ou tout au moins, la crainte de l'autre. Partout on se défendait contre l'étranger, partout on l'écartait." (Stéphan Zweig, Le monde d'hier, référence revendiquée ainsi que le reste de son œuvre par Wes Anderson comme source d'inspiration majeure pour "The Grand Budapest Hôtel.")

M. Gustave (Ralph Fiennes) un "homme d'hier", concierge au Grand Budapest Hôtel dans les années 30 refuse d'admettre que son monde s'est écroulé. Face aux distinctions de classe, à la montée du nationalisme et de la violence totalitaire, il tente de dresser les remparts dérisoires de ses manières distinguées, symbolisées par son parfum, "l'air de panache". Mais dans Le monde d'hier, Zweig constate avec désespoir l'échec de la civilisation (échec prédit par son ami Freud) face à la barbarie. M. Gustave ne peut pas gagner face à des soldats armés jusqu'aux dents qui persécutent son protégé d'origine immigrée, Zéro Mustapha dont les papiers ne sont pas en règle. L'ironie de l'histoire étant que Zéro Mustapha prendra la place de son mentor et deviendra à son tour un homme d'hier, tentant de préserver un peu du lustre passé de l'hôtel, dépouillé de son luxe et vidé de ses clients sous l'ère soviétique.

M. Gustave/Zéro Mustapha, c'est en quelque sorte Wes Anderson lui-même. Son film traverse toutes les guerres d'anéantissement du XXeme siècle et se situe dans l'un de ses épicentres: l'Europe centrale et orientale, entre "Rhin et Danube". Mais il tente de s'en protéger par toutes sortes d'illusions: décor d'opérette, style de vignettes de BD ligne claire à la Hergé (on est pas loin de la Syldavie), effets cartoon à gogo, situations décalées et burlesques, tout est fait pour nous distraire et nous faire oublier la noirceur du propos. Jusqu'à ce que les personnages finissent assassinés ou meurent sans descendance, Et qu'il ne reste plus rien de l'hôtel, lui aussi anéanti. Alors on se rappelle le sort de l'un des plus grands écrivains du XXeme siècle qui vécut et s'épanouit dans une Vienne cosmopolite avant de voir son monde s'écrouler sous la botte nazie et qui finit suicidé quelque part à Petropolis en 1942. Sans descendance.

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