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Articles avec #sheridan (jim) tag

My Left Foot (My Left Foot: The Story of Christy Brown)

Publié le par Rosalie210

Jim Sheridan (1989)

My Left Foot (My Left Foot: The Story of Christy Brown)

"Miracle en Alabama" (1962) était l'adaptation de l'autobiographie de Helen Keller qui parvint grâce à son éducatrice à surmonter sa cécité, sa surdité et son mutisme pour entreprendre des études supérieures, décrocher son diplôme, écrire des articles et des livres, en d'autres termes, mener une vie accomplie en dépit de son triple handicap. Christy Brown est un autre de ces miraculés. Comme dans le cas de Helen Keller, la paralysie cérébrale qui le prive presque entièrement de l'usage de ses membres et rend son élocution difficile a laissé son intelligence intacte. Il a eu également la chance de bénéficier des soins du professeur Collins, une pédiatre qui l'a aidé à utiliser à la perfection les seules parties mobiles de son corps: les orteils de son pied gauche et son visage, incluant des séances d'orthophonie qui lui ont permis de s'exprimer oralement d'une façon suffisamment claire pour être compris. Mais ce que le film de Jim SHERIDAN met surtout en avant, c'est d'une part le rôle joué par sa famille dans son épanouissement et de l'autre, le combat pugnace de Christy Brown pour être reconnu comme un homme à part entière. Christy Brown a grandi dans une famille de catholiques irlandais nombreuse et pauvre mais également aimante et inclusive. De surcroît la mère (Brenda FRICKER) a eu l'intuition de l'intelligence de son fils et a tout fait pour l'éveiller. Le lien qui les unit est souligné à plusieurs reprises, notamment dans celle où Christ adolescent (joué par un déjà très impressionnant Hugh O'CONOR) parvient à tracer son premier mot à la craie avec son pied gauche: "maman" suscitant la fierté du père qui reconnaît ainsi pleinement Christy comme un membre de la famille. Devenu adulte sous les traits d'un Daniel DAY-LEWIS prodigieux qui n'a pas volé son Oscar du meilleur acteur, Christy Brown est devenu un peintre et un écrivain talentueux qui rend au centuple ce que sa famille lui a donné. Mais surtout, il s'agit d'un homme plein de colère et de frustration qui se bat avec rage pour être considéré comme un homme à part entière et non comme un "pauvre infirme". Il refuse en particulier d'être infantilisé et lors d'une scène à la fois terrible et drôle, il injurie l'amour platonique qui est le seul qu'on lui propose, rappelant ainsi qu'il a un corps et des désirs, quand bien même ce corps est presque totalement paralysé. En cela son combat est toujours d'actualité, la sexualité des handicapés étant un sujet encore très tabou. Comme l'a dit Daniel DAY-LEWIS en 1989 "Le piège n'est pas le fauteuil roulant ou les afflictions mais notre attitude envers les personnes handicapées".

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Au Nom du Père (In the Name of the Father)

Publié le par Rosalie210

Jim Sheridan (1993)

Au Nom du Père (In the Name of the Father)

"Au nom du père" que je n'avais pas revu depuis très longtemps fait partie de ces films qui vous prennent aux tripes et ne vous lâchent plus jusqu'à la dernière seconde. Le titre a une double signification, politique et religieuse d'une part (des innocents crucifiés sur l'autel de la raison d'Etat), intime de l'autre (la relation très forte d'un père et d'un fils victimes de la même erreur judiciaire).

Le film raconte l'histoire vraie de Gerry Conlon qui parce qu'il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et qu'il avait un profil de coupable idéal (irlandais et délinquant) se retrouve condamné avec une partie de sa famille à une lourde peine de prison pour un attentat qu'il n'a pas commis. Bien que se situant dans le contexte du conflit en Irlande du nord dans les années 70, le film est très actuel en ce qu'il expose les fragilités de toutes les démocraties confrontées au terrorisme. Face à la pression populaire qui exige des coupables et une politique sécuritaire, l'Etat réagit en prenant des mesures d'exception qui bafouent les libertés individuelles et facilitent les erreurs judiciaires (il est rappelé dans le film que les gardes à vue avaient été prolongées à sept jours sans la présence d'un avocat ce qui donnait aux policiers toute latitude pour abuser de leur pouvoir. C'est de cette manière qu'ils parviennent à extorquer de prétendus aveux à Gerry). Quant à la suite de l'affaire, c'est à dire la dissimulation de preuves pouvant innocenter Gerry et les siens et le refus de rouvrir le dossier en dépit de l'arrestation et des aveux du vrai coupable, elle relève d'un scandale d'Etat digne de l'Affaire Dreyfus. Pour des raisons d'efficacité narrative, la machine judiciaire est incarnée par un seul homme, Dixon (Corin REDGRAVE) mais Jim SHERIDAN rappelle à plusieurs reprises que s'il est mouillé jusqu'au cou dans cette sale affaire, il bénéficie de l'appui de tout l'appareil d'Etat. Par ailleurs, l'adversaire de l'Etat britannique, l'IRA n'est pas davantage épargné par le réalisateur, sa violence terroriste (y compris envers les siens lorsqu'ils compromettent ses actions) et ses méthodes mafieuses étant également soulignées. Ce qui est remarquable, c'est que cet affrontement à grande échelle se double de celui qui se joue entre un père et son fils qui en dépit de leur communauté de destin, de leur nature fondamentalement semblable et d'un amour filial très fort sont séparés par un abîme d'incompréhension. Gerry apparaît longtemps comme un adolescent rebelle et immature qui juge son père faible et sermonneur. Pourtant c'est la peur que l'on s'en prenne à lui qui le fait craquer et sa nature profondément non-violente le fera finalement revenir vers lui pour l'aider dans son combat judiciaire pour faire reconnaître leur innocence avec l'aide d'une avocate intègre pugnace, Gareth Peirce (Emma THOMPSON). Daniel DAY-LEWIS et Pete POSTLETHWAITE sont tous deux remarquables.

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