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Articles avec #science-fiction tag

Les Enfants de la pluie

Publié le par Rosalie210

Philippe Leclerc (2003)

Les Enfants de la pluie

"Les enfants de la pluie" aurait dû être le quatrième long-métrage de René Laloux. Il commença son adaptation au début des années 80 à partir du roman de Serge Brussollo "A l'image du dragon". Mais il ne trouva aucun producteur pour le financer durant plus d'une décennie. Et lorsqu'enfin il trouva l'argent, ses collaborateurs décédèrent ce qui lui fit abandonner définitivement le projet. Celui-ci fut repris et modifié par deux autres membres de l'équipe de "Gandahar": Philippe Caza (dessinateur et scénariste) et Philippe Leclerc (animateur et réalisateur) qui réussissent à le mener à bien en faisant sous-traiter l'animation en Corée du sud. En vingt ans, le paysage de l'animation mondiale s'était modifié et l'influence de la japanimation et du manga sur le film est palpable.

Film se déroulant dans un univers d'héroIc-fantasy, "Les enfants de la pluie" est surtout une fable politique dont les résonances sont très contemporaines. Elle est basée sur une légende d'inspiration asiatique où l'unité, symbolisée par le dragon cosmique porteur de l'union du ying et du yang est brisée par un monstre malfaisant surnommé le voleur d'âmes. Celui-ci est en effet un vampire qui se nourrit de la division et de la haine pour mieux assoir son emprise. Les deux faces contraire du dragon, feu (peuple Pyross) et eau (peuple Hydross) se font désormais la guerre. Le schéma de départ du film semble manichéen car il nous donne le point de vue de jeunes Pyross manipulés par la version officielle de la "guerre sainte". Cependant des éléments de dissidence (et de dissonance) se font entendre très vite et remettent en cause cette version de l'histoire pour l'abattre définitivement au cours du récit. Il n'y a bien qu'un peuple artificiellement divisé et victime du même génie maléfique qui manipule et tyrannise Pyross et cherche à s'emparer des âmes des Hydross.

Récit haletant (pas un seul temps mort), splendide graphiquement et qui fait réfléchir, "Les enfants de la pluie" est un film d'animation qui sort des sentiers battus même si la fin très semblable à celle du "Cinquième élément" peut sembler convenue.

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Le Géant de fer (The Iron Giant)

Publié le par Rosalie210

Brad Bird (1999)

Le Géant de fer (The Iron Giant)

"Le Géant de fer" est le premier long-métrage d'animation de Brad Bird. En 1999, celui-ci ne travaillait pas encore chez Pixar mais l'intelligence du propos, les différents niveaux de lecture et le soin apporté à la réalisation annoncent "Les Indestructibles et "Ratatouille". Cependant à l'époque les studios Warner qui souhaitaient fermer leur branche animation ont sabordé la carrière du film en salles. Avant que celui-ci ne prenne une revanche éclatante et méritée en devenant un film-culte au fil des années. Le Géant de fer est d'ailleurs une des guest star les plus mises en avant dans le dernier Spielberg "Ready Player One".

La peur de la guerre atomique et par extension de l'URSS a engendré dans les années 50 une paranoIa anticommuniste qui s'est traduite entre autre par le maccarthysme et la construction d'abris antiatomiques. Sur le plan de la culture populaire, des quantités phénoménales d'oeuvres de science-fiction évoquant l'invasion d'extra-terrestres supérieurs technologiquement et hostiles à l'homme sont apparues, le plus souvent sous forme de comics ou de films de série B (voire Z). Parmi elles, citons la "Guerre des mondes" de Byron Haskin en 1953, "L'invasion des profanateurs de sépulture" de Don Siegel en 1956 qui imaginent le grand remplacement des hommes par les aliens. Ces films et comics ont été génialement parodiés dans le premier volet de "Retour vers le futur". Cependant, dès cette époque, des films à contre-courant de la pensée dominante apparaissent comme "Le jour où la Terre s'arrêta" de Robert Wise sorti en 1951 où l'extraterrestre et le robot sont porteur d'un message pacifiste.

C'est exactement à l'intersection de ces deux courants que se situe le "Géant de fer". Tout comme ses deux illustres précédesseurs, "Le Roi et l'oiseau" de Paul Grimault (1980) et "Le Château dans le ciel" d'Hayao Miyazaki (1986), il met en scène un robot géant ambivalent, à la fois arme de destruction massive et protecteur de la nature. "Le Géant de fer" évoque aussi de manière très puissante "E.T. L'extra-terrestre" de Spielberg. Celui-ci a posé un regard bienveillant sur "l'Autre" dès "Rencontre du troisième type" en 1977, établissant via François Truffaut un parallèle entre l'alien et l'enfant. L'amitié entre le Géant et Hogarth est proche de celle d'E.T. et Elliott. Ce dernier vit dans une famille monoparentale, est en mal d'affection, cherche à protéger son ami dans une grange et dans la forêt, est en lutte contre les autorités qui veulent le manipuler pour mettre la main sur l'extra-terrestre.

Mais Brad Bird approfondit plus la question du père que Spielberg. Dans le "Géant de fer", Hogarth Hughes se retrouve face à plusieurs figures paternelles. Il y a son père biologique qui est aviateur comme Howard Hughes (la proximité du patronyme n'est pas un hasard). Hogarth le considère comme un modèle car il porte souvent un casque de pilote sur la tête mais ce père est tragiquement absent. Il y a ensuite Kent Mansley l'agent du gouvernement hystérique et parano qui représente un repoussoir absolu. Sa folie autodestructrice échappant à tout contrôle n'est pas sans rappeler celle du général Jack D. Ripper dans "Docteur Folamour". Et enfin il y a Dean, un beatnik vivant en marge de la société comme sculpteur-ferrailleur et qui va s'avérer être le père idéal pour sauvegarder l'enfant et son ami géant. Le fait qu'il remplace le père disparu est suffisament subversif pour être souligné.

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L'île aux chiens (Isle of Dogs)

Publié le par Rosalie210

Wes Anderson (2018)

L'île aux chiens (Isle of Dogs)

"L'île aux chiens" est le deuxième film d'animation en stop motion de Wes Anderson après "Fantastic M. Fox". Mais 10 ans ont passé et Anderson a étendu et approfondi son univers. Je suis d'accord avec l'article de Robin Canonne publié le 12/04 dans le Figaro.fr: "On pouvait reprocher aux premiers films de Wes Anderson une certaine froideur. Depuis Moonrise Kingdom, le réalisateur a semble-t-il trouvé cette petite chose qui manquait à son cinéma." Comme le résume Jérôme d'Estais pour la Septième Obsession, ce "conte ancien et moderne, éternel, dresse un pont entre le cinéma insulaire d'Anderson qui menaçait un jour d'être englouti et le monde extérieur, celui d'un public ébloui et reconnaissant".

"L'île aux chiens" est une fable politique mordante doublé d'un récit d'aventures SF prenant et d'un hommage éblouissant au Japon. Les amoureux de cette culture (dont je fait partie) seront comblés. Les tambours japonais, le sumo, les haïkus, les estampes, le théâtre kabuki, le cinéma de Kurosawa, le wasabi et les sushis, les cerisiers en fleurs ainsi que la langue sont particulièrement mis à l'honneur. La BO d'Alexandre Desplat s'avère particulièrement inspirée et le doublage (dont le casting en VO et en VF a été choisi par Wes Anderson) est particulièrement soigné. Les chiens s'expriment dans la langue du spectateur et les hommes en japonais (le plus souvent non traduit). L'animation est somptueuse, les plans sont riches visuellement et fourmillent de détails. Cependant, le film n'est pas avare de moments contemplatifs sortis tout droit de l'œuvre de Miyazaki (qui est à l'animation ce que Kurosawa est au live: un géant du cinéma). Il a fallu deux ans pour réaliser le film et le perfectionnisme maniaque de Wes Anderson se ressent partout. Mais l'exigence est la marque des grands.

Le Japon de Wes Anderson est à la fois éternel et dystopique. Rétrofuturiste en somme. Le Japon contemporain se devine dans l'importance accordé aux drones et aux robots canins mais aussi dans les déchets de l'île-poubelle. Le parc d'attraction désaffecté fait penser au "Voyage de Chihiro" et les centrales nucléaires éventrées à la catastrophe de Fukushima. Quant aux déchets compactés, ils rappellent les cubes de "Wall-E" et son vibrant plaidoyer écologiste. Car l'île-poubelle est aujourd'hui une vision post-apocalyptique terriblement réelle. Même s'il s'agit aussi de rendre hommage à "Akira". Le laboratoire caché de l'île où les chiens avant d'être pestiférés étaient soumis à des expériences fait penser à l'œuvre d'Otomo et ses cobayes humains.

Il en va de même de la fable politique du film. Elle évoque aussi bien le nazisme (qui avant d'exterminer les juifs songeait à les déporter sur l'île de Madagascar) que les politiques actuelles d'exclusion et de parcage des migrants dans des conditions inhumaines. L'île de Megasaki est dirigée par un tyran qui manipule la population à coups de propagande, de censure et d'élections truquées. Celui-ci désigne à la foule un bouc-émissaire qu'il a lui-même créé (le chien contaminé par ses soins) et qui est porteur de tous les maux. Cet ennemi sanitaire est banni, déporté, enfermé, soumis à des conditions de vie misérables dans l'attente d'être exterminé. Les "dissidents" sont officiellement tolérés mais en réalité persécutés et assassinés. Les élites sont corrompues ou éliminées. Seuls quelques jeunes refusent d'admettre la disparition du meilleur ami de l'homme (c'est à dire leur propre deshumanisation) et décident de résister. Le principal d'entre eux est le neveu adoptif du maire de Megazaki qui part en expédition sur l'ile-poubelle afin de retrouver son chien, aidé par cinq de ses congénères, quatre anciens chiens domestiques et un chien errant quelque peu asocial et décalé mais qui va s'avérer être central dans l'intrigue.

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Paprika (Papurika)

Publié le par Rosalie210

Satoshi Kon (2006)

Paprika (Papurika)

Les films de Satoshi Kon inspirent les cinéastes américains. Son premier long métrage "Perfect Blue" a fourni à Darren Aronofsky la trame de "Black Swan". Son quatrième "Paprika" a inspiré à Christopher Nolan son film "Inception". Dans l'un comme dans l'autre, on navigue (chez Kon on peut même dire qu'on flotte) entre plusieurs niveaux de rêves et de réalité comme dans un millefeuille. Le film de Kon nous présente une galerie de personnages mal dans leur peau. Tokita, un scientifique obèse et boulimique, sa collègue thérapeute Atsuko Chiba stricte et cérébrale et son patient, le détective Konakawa qui est traumatisé par une scène de meurtre. Tokita a mis au point la DC Mini, un appareil qui permet d'entrer dans l'esprit d'un patient malade pour sonder son inconscient et enregistrer ses rêves. Atsuko y évolue sous la forme d'un avatar aux antipodes de sa personnalité, Paprika. Mais un jour plusieurs de ces appareils sont dérobés permettant de pirater le psychisme d'un nombre croissant de personnes comme un virus informatique.

Le monde des rêves et celui, virtuel du numérique se confondent. Il en est de même entre les rêves et le cinéma. Le détective est un cinéaste raté qui voyage dans ses rêves comme dans les genres cinématographiques. La scène de l'ascenseur (reprise par Nolan) le montre en Tarzan, en héros romantique, en victime d'un meurtrier dans un polar... La DC Mini est une caméra qui enregistre l'activité onirique comme si celle-ci était un film projetable sur un écran.

La débauche visuelle autour des séquences oniriques est impressionnante. Et ce sans que le spectateur ne se perde car chaque personnage a un rêve récurrent et interfère dans celui des autres. Celui du voleur est central, il s'agit d'un défilé de symboles culturels et d'objets de consommation hétéroclites dans lequel ses victimes sont embarquées. Cette parade délirante et cauchemardesque symbolise le "viol des foules" contemporain lié au matraquage publicitaire (et plus largement médiatique). Le détective rêve qu'il se tue lui-même à cause de ses ambitions artistiques avortées. Morio Osanai, un scientifique corrompu rêve que son corps est absorbé par celui du président de la société qui est le cerveau du vol des appareils (et à qui il a vendu son âme). Il éprouve également du désir pour Atsuko ce qui débouche sur une séquence suggérant un viol assez éprouvante. Quant à Atsuko, elle se rêve délurée et libre de ses désirs. Ceux-ci la portent vers son énorme collègue prisonnier de son corps qu'elle veut sortir de sa cage.

Bref, tant visuellement que scénaristiquement, "Paprika" est une oeuvre complexe et nuancée. Plusieurs visionnages sont nécessaires pour en apprécier toute la richesse.

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Blade Runner 2049

Publié le par Rosalie210

Denis Villeneuve (2017)

Blade Runner 2049

Cela été dit un peu partout, cette suite de "Blade Runner" pèche par son scénario brouillon et inabouti. La première heure se tient à peu près puis plus on avance, plus le film révèle ses failles. Sous prétexte de surprendre le spectateur, le scénario brouille les pistes et se perd dans les sables. L'erreur fatale est de saborder en cours de route le personnage principal, K (Ryan Gosling) pour disperser les enjeux de l'histoire sur toute une série de personnages secondaires bâclés qui font de la figuration: Deckard bien sûr qui n'apparaît qu'au bout d'une heure trente (et que Harrison Ford qui semble au bout du rouleau n'arrive pas à faire exister), des réplicants rebelles que l'on voit trois secondes et puis au-revoir, la supérieure de K (jouée par Robin Wright) dont la bienveillance vis à vis de K n'est pas expliquée ni exploitée, le directeur Wallace (joué par Jared Leto) totalement transparent et son androïde tueuse (Sylvia Hoeks) dont on ne saura jamais pourquoi elle s'appelle Luv et est très spéciale. Quant au docteur Ana Stelline (Carla Juri) c'est un personnage parfaitement incohérent: il n'y a pas de raccord possible entre son enfance d'orpheline maltraitée et exploitée dans une déchetterie et son personnage adulte de grande scientifique obligée de vivre dans une chambre stérile!

Il n'y a pas que les personnages qui sont mal écrits (et mal pensés), le film soulève des questions auxquelles il n'apporte aucune réponse. La nature de Deckard (ambiguë dans le film d'origine) est évacuée on ne sait pas pourquoi. Il en est de même pour Rachel (réplicante évoluée ignorante de sa propre nature ce qui en fait peut-être le miroir de Deckard). C'est quand même dommage puisque ce couple est le seul non humain (du moins à 100%) à avoir réussi à enfanter. Un "miracle" à la façon des "Fils de l'homme" de Cuaron. Par quel mystère, on ne le saura pas plus, pas plus que le pourquoi de la nature de l'enfant (que l'on pense logiquement au moins hybride et qui s'avère 100% humain!)

La conséquence malheureuse de tous ces choix, c'est que le personnage principal, K ne s'avère être qu'une machine ce qui rend le film vain et froid. Et la prestation toujours aussi inexpressive de Gosling n'arrange rien. Il y a bien sa douce et compréhensive compagne Joi joué par Ana De Armas mais elle est aussi virtuelle que Samantha, l'ordinateur auquel Scarlett Johansonn prête sa voix dans "Her". Dans "Blade Runner 2049" il n'y a même pas de Ghost dans le Shell. On est dans la vacuité totale. Alors oui il reste l'emballage hyper soigné mais qui n'est que la copie conforme (progrès technologique en plus) de l'original, musique comprise. Quel en est l'intérêt? Aucun.

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Ready Player One

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2018)

Ready Player One

Orgie rétro-futuriste, "Ready Player One" nous en met plein la vue mais il n'est certainement pas qu'un catalogue de références. Celles-ci débordent d'ailleurs le seul domaine de la pop culture. Même si celle-ci est centrale, le film met sur le même plan une sous-culture longtemps méprisée (le jeu vidéo, la japanimation, la musique pop, les séries TV, le cinéma populaire) et des références cinéphiliques plus pointues ("Excalibur" de John Boorman, "Citizen Kane" d'Orson Welles, "Sacré Graal" des Monty Pythons, "2001, l'odyssée de l'espace" et "Shining" de Kubrick). Le point commun de toutes ces références étant leur statut d'œuvre culte ayant marqué une ou plusieurs générations y compris d'artistes. Je pense en particulier au graffeur et mosaïste Invader, dont l'atelier ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de James Halliday avec des Game boy, jeux d'Arcade et autres masques de Tortue Ninja.

Avec Spielberg aux manettes, il n'y avait aucun risque que cet empilement de références ne tourne à la bouillie indigeste comme dans "Lego Batman". Outre son savoir-faire, il injecte une âme au film qui n'est autre que la sienne. James Halliday, le créateur du monde virtuel Oasis est en effet la clé de la réussite de "Ready Player One". On retrouve en lui un mélange d'homme d'affaires, de créateur visionnaire et de geek-otaku éternellement enfant qui peut s'appliquer à Spielberg, même si la référence dans le film est plutôt Steve Jobs. C'est la compréhension de sa psyché qui permet au jeune Wade de résoudre les énigmes du jeu qu'il a instauré au sein d'Oasis pour désigner son successeur. Or ces énigmes prennent la forme d'un voyage dans des moments clés du passé (il s'agit de trouver des clés justement), ceux où Halliday a raté sa vie et s'est réfugié dans le virtuel. Evidemment celui qui en triomphera ne devra pas faire les mêmes erreurs que lui. Ce va et vient entre futur et passé explique d'ailleurs en partie la place prépondérante qu'occupent "Retour vers le futur" et "Shining" dans le film. En partie seulement car leur présence est aussi un hommage aux liens que Spielberg a avec Zemeckis et Kubrick. Il a mis le pied à l'étrier du premier et réalisé un projet du second ("A.I., Intelligence Artificielle").

Film extrêmement ludique titillant la fibre nostalgique du spectateur, il n'en reste pas moins que "Ready Player One" est aussi un film d'anticipation qui s'interroge sur la place du virtuel dans nos vies et la capacité de l'homme à répondre aux défis que lui pose la réalité d'une société hyper-technologique (et très peu développement durable en dépit des intentions affichées). Comme l'ont fait avant lui "Matrix", "Summer Wars" ou encore "Wall-E".

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La prisonnière

Publié le par Rosalie210

René Laloux (1985)

La prisonnière

René Laloux, Philippe Caza (auteur de la BD dont est inspiré le court-métrage) et Gabriel Yared avaient été déçus par l'animation et la mise en scène de la "Prisonnière" réalisé en 1985 alors que le projet de leur long métrage "Gandahar" était en suspens. A juste titre car ce n'est effectivement pas par son animation très sommaire que ce court-métrage brille mais par son atmosphère surréaliste, le mélange de mythologie, de SF et d'érotisme propre à Caza ainsi que la limpidité de sa fable aussi poétique que politique.

Deux enfants fuient la guerre et la mort sur une mer de cendres. Pas besoin de faire un dessin (il n'y en a pas d'ailleurs à ce sujet). Ils arrivent dans une cité monastique qui leur impose le silence. Une cité totalitaire d'hommes repliés sur eux-mêmes qui refusent le bruit créateur de chaos et de tumulte mais également l'altérité. La seule femme visible est prisonnière dans la plus haute tour de la cité. Jusqu'à ce que la vie déferle sous la forme d'une baleine dans laquelle se cachent des femmes nues aux formes opulentes typiques de Caza. Un épisode visiblement inspiré du cheval de Troie. Elles laissent la mer (l'élément féminin) pénétrer dans la cité et la prisonnière embarque avec les enfants pour continuer le voyage. "L'ordre et le bâillon ne gagnent pas toujours."

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Gandahar

Publié le par Rosalie210

René Laloux (1988)

Gandahar

Au milieu des années 80, j'ai été très marquée par le tout premier récit du magazine "Je Bouquine" (qui a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire en 1985, une récompense justifiée au vu de la qualité de l'histoire). Ecrit par Robert Escarpit, il s'intitulait "L'enfant qui venait de l'espace" et mettait en scène la rencontre entre Isaac Asimov et son personnage, Suzan Calvin qui lui raconte une histoire sur elle qu'il ignorait. La créature qui échappe à son créateur est un thème archi-rebattu mais cette variante est particulièrement réjouissante. Dans les récits d'Asimov, Suzan est une vieille fille coincée et froide qui éprouve plus de sentiments pour les robots que pour les hommes. Dans ce récit, non seulement Asimov découvre qu'elle a une sexualité et une famille mais les dessins qui accompagnent le récit créés par Philippe Caza sont d'une très grande sensualité. Suzan amoureuse y apparaît très peu habillée et dotée de formes plantureuses.

C'est à ce niveau que ce situe le lien avec le troisième (et dernier) long-métrage de René Laloux, "Gandahar" réalisé à la même époque. Lorsque je l'ai vu, j'ai tout de suite su que les graphismes du film étaient de Philippe Caza: prédominance des couleurs froides bleues-roses-violettes y compris pour les teintes de la peau, hypersexualisation des personnages, formes généreuses, beaucoup de nudité ou de quasi-nudité (une mode à l'époque dans l'univers de la SF graphique car on pense également à "Cobra", le manga de Buichi Terasawa adapté en animé par Osamu Dezaki et où les femmes sont sexy et très peu vêtues.)

Le tout est associé à un brillant récit poétique, politique et philosophique (tiré d'un roman de Jean-Pierre Andrevon) dans lequel on reconnaît les thèmes fétiches de René Laloux: boucle spatio-temporelle, embrigadement totalitaire (hommes-oiseaux des "Maîtres du temps", hommes-machines de "Gandahar"), dangers de la technologie, droit à la différence (les transformés issus de mutations génétiques ratées sont des parias qui cependant vont jouer un rôle fondamental dans le sauvetage de "Gandahar" de ses propres dérives).

A noter que pour des questions d'argent, la production s'est effectuée en... Corée du nord! L'animation n'en a pas souffert, elle est sans doute la plus réussie des trois films de René Laloux. Mais en avance sur son temps, son génie n'a pas été reconnu à sa juste mesure. A l'époque, les esprits étaient particulièrement bornés en France en ce qui concernait l'animation. Les décideurs avaient décidé qu'elle devait être réservée aux enfants. Comme l'œuvre de Laloux n'entrait pas dans la case, ils lui ont coupé les vivres, nous privant sans doute de bien d'autres films magnifiques. 

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Contact

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (1997)

Contact

"Contact" est un chef d'oeuvre de la hard science-fiction. Comme "2001, l'Odyssée de l'espace" de Kubrick et "Interstellar" de Nolan, autres must du genre, il s'appuie sur des bases scientifiques solides. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de l'astronome américain Carl Sagan qui a collaboré à l'élaboration du programme SETI (recherche d'émissions intelligentes avec un réseau de radio-télescopes) dont il est question dans le film.

Mais livre et film se distinguent des autres œuvres du genre par le fait de reposer entièrement sur les épaules d'une héroïne dont l'histoire personnelle se confond avec son obsession: capter un message venu du fin fond de l'espace. Brillante astrophysicienne, Ellie Arroway (Jodie Foster) est aussi une femme seule au monde. Pas seulement parce qu'elle est orpheline (elle a perdu sa mère à la naissance et son père à l'âge de 9 ans), mais aussi parce qu'elle est une femme dans un monde d'hommes et une idéaliste se débattant au sein d'un milieu corrompu par l'argent et le pouvoir. Son supérieur, Dave Drumlin (Tom Skerritt) machiste bouffi, "conseiller de deux présidents" et "membre honoraire à vie de l'académie nationale des sciences" incarne l'un et l'autre et n'a de cesse que de lui couper l'herbe sous le pied ou de s'accaparer ses découvertes. C'est lui que l'on voit dans les médias, lui qui apparaît au côté du président, lui qui est désigné pour effectuer le voyage vers Vega.

Mais Ellie a "dieu" (John Hurt, milliardaire excentrique et omniscient qui vit dans l'espace) avec elle. La confrontation entre la religion et la science est l'autre grand thème du film. Les découvertes d'Ellie suscitent l'hostilité des créationnistes qui tentent de saboter la mission. Elle-même en est écartée parce qu'elle n'a pas la foi, or selon le comité chargé de la sélection de l'astronaute chargé d'aller sur Vega, l'élu doit être croyant pour représenter 95% de l'humanité (j'ai du mal à croire qu'il n'y ait que 5% d'athées dans le monde mais bon...) Enfin son histoire d'amour compliquée et contrariée avec le fervent chrétien Palmer Joss (Matthew McCONAUGHEY) symbolise ce qui sépare foi et science mais aussi ce qui les réunit: la recherche d'un sens à l'existence.

Ellie Arroway est une héroïne profondément zemeckienne: indépendante, passionnée, intègre, perfectionniste, obstinée. Comme Doc dans la saga "Retour vers le futur", c'est une scientifique géniale mais en marge du système. Elle est le prolongement à l'ère contemporaine de Clara Clayton dans "Retour vers le futur III": le père de la hard science-fiction n'est autre que Jules Verne, figure tutélaire de Doc et de Clara.

Mais "Contact" n'est pas seulement passionnant sur le fond, il l'est aussi dans sa forme. Zemeckis multiplie des morceaux de bravoure technique qui ont fait date. L'introduction de 3 minutes, magistral travelling arrière partant de la terre jusqu'aux confins de l'univers est accompagné d'une bande-son qui suggère la remontée du temps: les années 90,80,70,60,50,40 et enfin 30 ou plus exactement 36, date de la première retransmission d'un événement (les Jeux Olympiques de Berlin) dans l'espace et qui 60 ans après a été capté sur Vega. On ne peut mieux suggérer la distorsion de l'espace-temps qui est centrale dans tout film sur les voyages spatiaux. Zemeckis nous fait également le coup des images d'archives falsifiées comme dans "Forrest Gump", la Warner a d'ailleurs reçu par la suite un avertissement de la Maison Blanche pour avoir utilisé sans autorisation des images de Bill Clinton, insérées de manière bluffante dans le film. Depuis 20 ans, les cinéphiles sont fascinés par l'incroyable trucage du plan séquence du miroir où Ellie enfant (Jena Malone) découvre son père décédé au bas des escaliers. Lorsqu'elle repart au premier étage chercher son médicament, la caméra "traverse" le miroir de la salle de bain et tout est vu en reflet inversé. Enfin lorsque Ellie découvre Vega, son ravissement est si total et si profond que Zemeckis utilise la technique du morphing pour nous montrer brièvement le visage de l'enfant qu'elle était se superposer à son visage adulte

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Les maîtres du temps

Publié le par Rosalie210

René Laloux (1982)

Les maîtres du temps

A titre personnel, "Les Maîtres du temps", deuxième réalisation de René Laloux 10 ans après "La planète sauvage" (toujours d'après un roman SF de Stephan Wul) me fait penser à un mélange de "Nausicaa de la vallée du vent" d'Hayao Miyazaki et de la série de Nina Wolmark "Les Mondes engloutis". "Nausicaa de la vallée du vent" est l'exact contemporain des "Maîtres du temps" et la similitude des décors est frappante. On sait qu'Hayao Miyazaki s'est beaucoup inspiré des œuvres de Jean Giraud (alias Moebius) pour réaliser son film. Or c'est Moebius qui a co-écrit le scénario et réalisé les dessins du film de René Laloux. En revanche question fluidité de l'animation, on est plus proche des standards d'une série TV que d'un film long-métrage pour le cinéma. La parenté avec "Les Mondes engloutis" se retrouve également dans les graphismes, certaines créatures (les ornithorynques), certains plans (celui de l'affiche notamment).

Le principal défaut des "Maîtres du temps" provient de sa production hasardeuse en Hongrie. Le film semble être un patchwork de scènes mal raccordées entre elles où l'animation (pauvre) est inégale et le comportement des personnages pas toujours cohérent. Mais peu importe car ce n'est pas essentiel. Ce qui est essentiel, ce sont les fulgurances visuelles (par exemple l'image de synthèse finale) et l'histoire, étrange, fascinante, complexe avec toute la réflexion philosophique qui l'accompagne. A travers la relation par micro interposé d'un enfant perdu (la planète "Perdide" est proche phonétiquement de la Perdita de "Un conte d'hiver" de Shakespeare) et de l'équipage d'un vaisseau issu d'un autre espace-temps (dont un vieux "loup de mer", Silbad proche phonétiquement de "Simbad"), le film évoque le cycle de la vie à ses deux extrémités: l'enfance et la vieillesse. Le film s'adresse de façon particulièrement mature aux enfants car il confronte son petit Robinson à la mort, à la solitude et à la fuite du temps. Et en même temps il s'adresse à l'enfant qui sommeille en chaque adulte et qui n'attend que d'être réveillé. Il y a également une réflexion sur le totalitarisme et le libre-arbitre propre à un film engagé réalisé pendant la guerre froide.

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