Minuscule 2: les mandibules du bout du monde
Hélène Giraud et Thomas Szabo (2019)
Le premier film "Minuscule - La Vallée des fourmis perdues" (2013) était excellent, celui-ci en reprend tous les fondamentaux en les surpassant. Hélène GIRAUD et Thomas SZABO élargissent et approfondissent leur univers qui apparaît plus ample et plus diversifié que celui du premier volet sur plusieurs plans:
- Géographique: le parc national du Mercantour n'est cette fois-ci plus que le point de départ de l'histoire. La crème de marron permet d'aller partout dans le monde contrairement à la boîte de sucre. Finalement la petite coccinelle (fils de celle du premier volet) se retrouve en partance pour la destination verte et ensoleillée de la Guadeloupe alors que les fourmis rouges, ennemies des fourmis noires prennent à leur corps défendant la destination d'un restaurant de Pékin (qui apparaît durant le générique de fin). A la fin du film, un lien pérenne s'est créé entre la famille de coccinelles du Mercantour et celle de l'île tropicale.
- Dans les rapports d'échelle. Le premier volet se concentrait sur quelques familles d'insectes de taille comparable: coccinelles, fourmis et mouches ainsi qu'une petite araignée. Le second élargit le bestiaire à des prédateurs bien plus grands et diversifiés: mante religieuse, crabes, mygale, requin et surtout êtres humains. Quasi-absents en 2013, ces derniers sont beaucoup plus nombreux et leurs interactions avec les insectes, bien plus poussées. Dans le premier volet les dégâts environnementaux apparaissaient par le biais des déchets récupérés par les insectes pour leur combat final. Dans le deuxième, la confrontation est frontale. Un promoteur veut s'approprier une plage paradisiaque pour la bétonner (en bafouant la loi littoral au passage) ce qui constitue une menace pour tout l'écosystème. L'aide (fantastique à tous les sens du terme) apportée par des chenilles urticantes aux pouvoirs extrasensoriels montre la revanche de la nature sur l'homme qui entretemps a renoncé au DTT.
- Dans les genres abordés: outre le documentaire, le récit épique et les passages burlesques liés au fait qu'il s'agit d'un film sans la moindre parole (bien que toujours aussi rempli de bruitages ingénieux), on a donc en plus un récit d'aventures picaresque mâtiné d'une touche de fantastique. Le voyage à bord d'un galion volant à l'aide de ballons gonflés à l'hélium permet à Hélène GIRAUD et Thomas SZABO de rendre un hommage aux autres princes de l'animation, que ce soit les studios Pixar avec "Là-haut" (2008), les studios Disney de l'âge d'or avec "Peter Pan" (1953) (on peut penser aussi à une saga qui se déroule dans les Caraïbes et qui est née d'une attraction dans le parc Disneyland mais ce n'est pas de l'animation) ou l'œuvre de Hayao MIYAZAKI (les engins volants et les préoccupations écologiques). Les grands yeux aux pupilles rondes et brillantes des coccinelles lors des scènes d'émotion peuvent même être vues comme un hommage à l'animation japonaise en général.