La rose de Versailles (Versailles no Bara)
Ai Yoshimura (2025)
Comme Silvia Stucchi et son livre-hommage "La Dame au ruban bleu: cinquante années avec Oscar", le studio MAPPA célèbre avec trois ans de retard l'anniversaire du chef d'oeuvre de Riyoko IKEDA en produisant une nouvelle adaptation sous forme d'un long-métrage d'animation d'environ deux heures. Celui-ci est un condensé des 10 volumes du manga s'appuyant également sur les adaptations du Takarazuka, revue théâtrale japonaise 100% féminine produisant des spectacles musicaux. Le film comporte donc de nombreux passages chantés. Il bénéficie également des techniques et des graphismes les plus modernes en terme d'animation. Clairement, ce remake, sorti sur Netflix le 30 avril 2025 cherche à séduire la nouvelle génération. Pourtant il n'arrive pas à la cheville de la deuxième partie de la série de 1979 produite par le studio TMS et réalisée par Osamu DEZAKI qui donnait à l'histoire une profondeur tragique et une esthétique cinématographique avec un travail incroyable sur la lumière et le regard (et ce avec les moyens limités d'une diffusion TV) sans parler de la mise en valeur du graphisme du merveilleux duo Shingo ARAKI/Michi HIMENO. Le numéro 250 d'Animeland qui vient de sortir leur consacre à tous de copieux articles à la hauteur de leurs talents conjugués. Le film du studio MAPPA reste quant à lui à la surface des personnages qui sont édulcorés: il n'y a plus de suicide, plus de mariage forcé, plus de tentative de viol, plus d'infanticides, plus de climat incestueux, plus d'ambiguïté sexuelle, plus de maladie mortelle. La grande Histoire est presque complètement escamotée alors qu'elle est dans le manga et dans la série un ressort essentiel de l'intrigue. Celle-ci, découpée à la hache et dépouillée de sa charge politique et de ses personnages secondaires est réduite aux relations sentimentales et aux fanfreluches. Seuls les questionnements et la révolte d'Oscar, reflet de la personnalité de Riyoko IKEDA donne un peu de substance à un contenu certes soigné mais inoffensif.