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Articles avec #johnson (rian) tag

Looper

Publié le par Rosalie210

Rian Johnson (2012)

Looper

"Looper", troisième film de Rian JOHNSON a finalement la même qualité que son film le plus connu, le huitième épisode de la saga Star Wars: il se démarque dans un genre très balisé en offrant une proposition réellement originale (voire dans le cas de Star Wars, iconoclaste ce qui a fait grincer quelques dents). Même si ce n'est jamais avoué explicitement, il est évident que le choix de Bruce WILLIS pour jouer le rôle d'un voyageur temporel qui se rencontre lui-même plus jeune (d'où le titre, en référence à l'idée de boucle temporelle) est un hommage à "L Armée des douze singes" (1995) de Terry GILLIAM, lui-même inspiré par "La Jetée" (1963) de Chris MARKER lui-même inspiré par " Vertigo" (1958) de Alfred HITCHCOCK. Il s'inscrit donc dans une filiation. Et en même temps, il s'en démarque de par la confrontation qui s'ensuit entre les deux versions du même individu qui n'ont pas du tout les mêmes motivations et donc, pas la même influence sur le futur, y compris le leur.

Le point de départ de toute l'histoire se situe en 2044. Joe, âgé d'une trentaine d'années (et joué par Joseph GORDON-LEVITT dont le visage a subi quelques modifications hasardeuses pour tenter de le faire ressembler à Bruce WILLIS) est un tueur à gages dont les seules motivations semblent être la drogue et le fric qu'il souhaite accumuler pour refaire sa vie en France. L'herbe y semble plus verte que la société dystopique de 2044 dans laquelle il vit où la violence est endémique et dans laquelle la mafia a remplacé l'Etat voire les parents (et qui ressemble à s'y méprendre à celle de "Les Fils de l homme") (2006). Sa particularité est d'être un looper c'est à dire qu'il est chargé d'éliminer aussitôt arrivées en 2044 des personnes envoyées depuis 2074 (trente ans dans le futur) dans une machine à voyager dans le temps. Celle-ci n'existe pas en 2044 alors qu'en 2074, la mafia s'est emparée de cette technologie (déclarée illégale) pour nettoyer son linge sale car il est devenu impossible de tuer sans être repéré. Elle en particulier décidé sous la direction d'un mystérieux tyran de faire éliminer tous ses loopers par la version jeune d'eux-mêmes.

Sauf que d'être confronté à sa propre mort grippe évidemment toute la machine et fait ressurgir les sentiments humains, à l'origine par essence de comportements imprévisibles. L'introduction avec le terrible sort réservé à Seth (Paul DANO), le collègue de Joe qui parvient à se reconnaître malgré les précautions prises par la mafia pour camoufler l'identité de la victime à tuer le démontre d'emblée. Le film devient alors l'illustration de la maxime selon laquelle son pire ennemi, c'est soi-même. Alors que le Joe sexagénaire, aveuglé par sa soif de vengeance ne se rend pas compte qu'en voulant massacrer les innocents de 2044 pour empêcher son funeste futur d'advenir il va contribuer à le réaliser, le Joe trentenaire lui se penche sur les raisons qui l'ont transformé en tueur et décide de protéger la mère et l'enfant qui dans le futur est censé devenir le tyran (et dont on sait qu'il a vu sa mère mourir sous ses yeux) car il s'identifie à lui. Son objectif: arrêter l'infernale spirale de violence pour changer l'avenir. On voit donc comment un même individu avec le même objectif (empêcher les drames humains du futur) obtient des résultats diamétralement opposés selon les choix qu'il fait. Le fait qu'un même personnage puisse se rencontrer (ou bien être évoqué pour le spectateur) à différents âges de sa vie permet aussi de comprendre qu'un bourreau peut aussi être ou avoir été une victime et vice-versa. De quoi amplement nourrir la réflexion et ce n'est pas la moindre des qualités de ce film que l'on a souvent comparé à "Inception" (2009).

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Star Wars Les derniers Jedi (Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi)

Publié le par Rosalie210

Rian Johnson (2017)

Star Wars Les derniers Jedi (Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi)

J'ai trouvé cet épisode (comme le précédent) assez inégal. Les boulets de l'épisode VII à savoir les transparents Rey et Finn n'évoluent guère et leurs acteurs sont toujours aussi insipides. L'aspect politiquement correct "United colors of Benetton" de la nouvelle trilogie est même renforcé par l'ajout d'un personnage asiatique. Il ne manque plus qu'un handicapé et le contrat sera rempli même s'il ne s'agit que de coquilles vides. À cela il faut ajouter des scènes inutiles à l'intrigue (toute la séquence sur la planète casino par exemple) qui alourdissent un film déjà trop long.

Heureusement il y a dans cet épisode la volonté de dépoussiérer la saga et de la faire coller à notre époque d'incertitudes et de remises en question. Et cela passe par la déconstruction des mythes n'en déplaisent à certains fans. Faire porter au héros de la trilogie fondatrice cette mission est un coup de génie. Mark Hamill a confessé avoir été déboussolé par le comportement de Luke pourtant il n'a jamais été aussi bon. Impérial je dirais même. Vieilli, désabusé, il mesure toute la vanité, le caractère dérisoire de l'héroïsme Jedi à qui il tourne le dos en multipliant les gestes iconoclastes. Il rejoint en cela l'autre personnage majeur du film, Kylo Ren (joué avec intensité par Adam Driver) qui lui aussi souhaite dépasser l'antagonisme stérile Jedi-Sith. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a plus de bien et de mal, leur duel (magnifique) en témoigne. Alors que la bande-son et la couleur du sol et du sabre suggèrent un Kylo Ren toujours submergé par la rage (et le trouble identitaire de Ben "fils de"), il a face à lui une pure force mentale d'une concentration si absolue qu'elle finit même par quitter son enveloppe terrestre.

Enfin il y a deux femmes de caractère à qui le film offre un rôle étendu de commandement. Léia la générale (Carrie Fisher qui aura joué ce rôle jusqu'à la mort) fait usage pour la première fois de la force dans une scène aussi transcendantale que celle de la dématérialisation de son frère. Et la vice-amirale Holdo, jouée par Laura Dern accomplit un sacrifice qui réussit le miracle de nous plonger quelques instants dans le silence du vide spatial. Toutes deux témoignent de l'accès des femmes aux postes à responsabilité et savent remettre vertement à leur place les petits macho trop impulsifs.

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