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Articles avec #jane austen tag

Jane Austen a gâché ma vie

Publié le par Rosalie210

Laura Piani (2025)

Jane Austen a gâché ma vie

C'est un film "à la manière de". A la manière des comédies romantiques british avec ou sans Hugh GRANT mais sans son grain de folie, qu'il soit petit ("Coup de foudre a Notting Hill") (1999) ou énorme ("Tamara Drewe") (2009). A la manière de WONG Kar-Wai avec la séquence du restau chinois qui pastiche "In the Mood for Love" (2000) mais sans sa classe (contrairement au film de Xavier DOLAN, "Les Amours imaginaires" qui réussissait une superbe évocation) (2010). A la manière des romans de Jane Austen enfin avec son titre, son bal en costumes d'époque, son avatar de Darcy du genre le gars qu'on déteste d'emblée avant de découvrir sa réelle personnalité. Tout cela forme un ensemble hétéroclite et désuet qui semble plaqué artificiellement sur la jeunesse française d'aujourd'hui. Les quelques touches d'humour tombent à plat et aucun personnage ne parvient à réellement exister. Soit ils font tapisserie, soit ils sont enfermés dans un cliché. Seule Camille RUTHERFORD sort son épingle du jeu mais le film n'en est pas moins désespérément plat et cousu de fil blanc.

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Mansfield Park (Lettres de Mansfield Park)

Publié le par Rosalie210

Patricia Rozema (1999)

Mansfield Park (Lettres de Mansfield Park)

Contrairement à "Orgueil et Préjugés", "Raisons et Sentiments" ou "Emma", je n'ai pas lu "Mansfield Park" donc je ne peux comparer le film avec le roman d'origine. Mais il est important de rappeler le contexte dans lequel a été réalisé le film de Patricia ROZEMA: celui de "l'Austenmania" de la seconde moitié des années 1990. Pour s'en convaincre, il suffit de souligner que le film est co-produit par la BBC après le succès de sa mini-série "Orgueil et Prejuges" (1995) avec Colin FIRTH dans le rôle de Darcy et par la Miramax, la société de Harvey WEINSTEIN alors en pleine exploitation du filon "films littéraires en costume" et qui était derrière le catastrophique "Emma, l'entremetteuse" (1996) avec Gwyneth PALTROW.

Le résultat de ce mariage de la carpe et du lapin bien que pas désagréable est donc un peu bancal. On reconnaît certes l'univers de Jane Austen, sa peinture satirique de la gentry de province à travers les yeux d'une héroïne suffisamment déclassée pour porter un regard critique sur elle mais pas suffisamment pour ne pas y avoir ses entrées et ne pas y appliquer ses codes. Cependant, Fanny Price provient d'une famille vraiment misérable, on se croirait presque dans "The Quiet Girl" (2022) avec sa crasse, sa vermine et ses trop nombreux enfants. Le fossé social avec les Bertram chez qui elle est accueillie par charité apparaît énorme ce qui pose la question de sa place dans la famille qui dans sa majorité la méprise ouvertement. Or, si Fanny apparaît au début timide et effacée, elle prend par la suite une assurance et une importance qui n'est pas amenée de manière très habile ni très naturelle. J'ai lu que pour lui donner plus de caractère, la réalisatrice, Patricia ROZEMA lui avait prêté les traits de Jane Austen mais j'ai trouvé que cela ne fonctionnait pas très bien. Autre problème, toujours dans une volonté de modernisation, plusieurs aspects du roman relatifs à la sexualité déviante ou taboue sont traités avec une frontalité peu compatible avec les mentalités de ce temps et de ce milieu au point que par moments, on a l'impression que le film s'égare dans une autre dimension spatio-temporelle. Enfin, il y a tant de personnages qu'on a du mal à saisir qui ils sont, certains étant d'ailleurs réduits à faire de la figuration. Une fois de plus, à l'exception du film de Ang LEE, je trouve que les romans de Jane Austen se prêtent davantage au format de la mini-série qu'à celui du long-métrage de cinéma.

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Emma.

Publié le par Rosalie210

Autumn de Wilde (2020)

Emma.

"Emma." est la dernière adaptation en date du livre de Jane Austen "Emma l'entremetteuse", la deuxième pour le cinéma après "Emma, l'entremetteuse" (1996) avec Gwyneth PALTROW. Si la réalisatrice, Autumn DE WILDE dont c'est le premier film tente d'apporter une touche visuelle plus contemporaine et si Anya TAYLOR-JOY (connue notamment pour ses collaborations avec M. Night SHYAMALAN et pour avoir joué le rôle principal dans "Le Jeu de la dame") (2019) est charismatique dans le rôle principal, le reste du casting est assez fade et se compose pour l'essentiel d'acteurs interchangeables ou sous-exploités (Bill NIGHY dans le rôle du père) ce qui n'aide pas à rendre l'intrigue lisible. Cette version du livre de Jane Austen n'est pas désagréable à voir mais reste en surface, manque d'enjeux et est nettement en deça de la mini-série réalisée pour la BBC qui donnait du relief à la plupart des personnages et les rendaient mémorables contrairement à cette version qui lisse toutes les aspérités, même celles de l'ami de Emma, Knightley, loin de la rugosité de l'oeuvre d'origine. On sent que la forme a primé sur le fond. Joli mais parfaitement anecdotique comme l'était déjà la version de Douglas McGRATH.

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Le choix de Jane (Miss Austen Regrets)

Publié le par Rosalie210

Jeremy Lovering (2008)

Le choix de Jane (Miss Austen Regrets)

Dans "Une chambre à soi", Virginia Woolf énumérait les raisons pour lesquelles les femmes ne parvenaient pas à produire une oeuvre littéraire et qui se résumaient dans leur dépendance vis à vis des hommes, détenteurs du pouvoir financier mais également des normes culturelles infériorisant les femmes en les cantonnant au rôle d'épouse et de mère et en les privant des conditions nécessaires à la liberté créatrice ("de l'argent et une chambre à soi"). C'est exactement ce que démontre de manière convaincante "Le choix de Jane". Pour avoir bravé les conventions de son époque en refusant de se marier par intérêt à un homme riche, Jane Austen se retrouve dans une situation si difficile qu'elle n'est sans doute pas étrangère à son décès prématuré. Le téléfilm de Jeremy LOVERING évoque en effet les dernières années de l'écrivaine alors âgée d'une quarantaine d'années et confrontée aux conséquences douloureuses de ses choix. Si ses romans débouchent sur un mariage heureux en guise de consolation/compensation, Jane tout comme sa soeur Cassandra et tout comme 1/4 des femmes de cette époque a opté pour le célibat. Soit comme je le disais plus haut par refus de se vendre à un homme riche, soit parce que sa situation financière ne lui permettait pas de s'unir à un homme pauvre (ou dépendant d'un tuteur riche décidant pour lui). On le constate, le mariage à cette époque est une affaire d'argent qui domine d'ailleurs tous ses romans. Et l'argent appartient aux hommes puisque les femmes de la gentry britannique du début du XIX° siècle n'ont pas accès à l'emploi ni à l'héritage. Lorsqu'un homme chasse une dot, il s'unit en réalité à un autre homme, celui qui la détient, la femme n'étant qu'un instrument de la transaction financière. Lorsque cette dot n'existe pas, comme dans le cas de Jane et sa soeur, le mariage relève de la prostitution, donner son corps et sa liberté en échange d'un toit et d'une place à table. En le refusant, Jane se met dans la précarité ainsi que sa mère et sa soeur (le révérend Austen, mort en 1905 les a laissées sur la paille). Elle dépend de fait de ses frères dont deux seulement sont présentés dans le film qui la soutiennent, l'un en négociant les droits de vente de ses romans et l'autre en mettant à sa disposition son cottage pour écrire. Mais parce qu'ils sont écrits par une femme, ils sont dévalués et les droits du frère sur le cottage sont attaqués ce qui contribue un peu plus à l'usure prématurée de Jane. "Un peu plus" car tout dans son quotidien lui rappelle qu'elle n'est pas dans la norme, que ce soit les reproches de sa nièce Fanny pour qui elle s'improvise marieuse (comme son héroïne "Emma") ou ses anciens flirts ou encore sa mère. Olivia WILLIAMS est très convaincante dans le rôle-titre et le film, éclairant sur la réalité de la condition féminine à cette époque.

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Emma

Publié le par Rosalie210

Jim O'Hanlon (2009)

Emma

A l'exception de "Raison et Sentiment" (2008) qui souffre de sa comparaison avec le film de Ang LEE scénarisé et interprété par la divine Emma THOMPSON, j'ai systématiquement préféré les adaptations des romans de Jane Austen en mini-série pour la BBC aux déclinaisons cinématographiques de ces mêmes romans. Je n'avais pas aimé l'adaptation sans relief de "Emma" réalisée par Douglas McGRATH avec Gwyneth PALTROW dans le rôle-titre qui correspondait à un filon commercial exploité par la Weinstein et cie dans les années 90. Rien à voir avec la mini-série en quatre épisodes scénarisée par Sandy WELCH déjà à l'oeuvre sur la formidable adaptation de "Jane Eyre" (2006) réalisée par Susanna WHITE. Le résultat est d'une grande fidélité au roman tout en maintenant l'intérêt du spectateur sur la durée. "Emma" est comme la plupart des livres de Jane Austen un récit initiatique de passage à l'âge adulte mais d'un point de vue féminin. Les contraintes qui pèsent sur les jeunes filles de la gentry (petite noblesse rurale, milieu social auquel elle appartenait) ont une très grande importance. Comme dans "Jane Eyre" autre récit initiatique au féminin (mais plus sauvage, Charlotte Brontë considérait les romans de sa consoeur comme un jardin trop bien ordonné), l'héroïne compense l'impossibilité d'apprendre en se déplaçant par un voyage intérieur. Jane s'évadait dans les livres, Emma se fait des films à partir des gens qui l'entourent, imaginant des intrigues amoureuses entre les uns et les autres qu'elle aide à se concrétiser afin d'avoir un rôle actif et valorisant. Mais sans expérience de la vie et nourrie de préjugés de classe, Emma manque de discernement et multiplie les maladresses et les bévues au point de compromettre sa propre situation à force d'aveuglement. Ce que j'ai aimé dans la série, c'est le regard bienveillant sur Emma (très bien interprétée par Romola GARAI) qui agace certes au début ("la petite fille gâtée qui croit mieux savoir ce qui est bon pour les autres qu'eux") mais évolue très vite. Bien que ses agissements relèvent de la manipulation, elle est trop naïve pour maîtriser les tenants et aboutissants de ses actes et c'est elle qui finalement devient une victime (d'elle-même mais aussi de prétendants plus aguerris). A cela s'ajoute le fait qu'après la mort de sa mère et les mariages de sa soeur et de sa gouvernante, elle se retrouve seule à tenir compagnie à un père particulièrement anxieux qui n'aime pas qu'elle s'éloigne de lui (Michael GAMBON, le Albus Dumbledore de la saga Harry Potter à partir de l'épisode 3). Heureusement, elle a un ami et mentor en la personne de son voisin et beau-frère, George Knightley (Jonny LEE MILLER), plus âgé qu'elle et ayant une meilleure connaissance des codes sociaux et du coeur des hommes mais qui contrairement à Frank Churchill ou à Mr. Elton ne cherche pas à profiter d'elle mais à lui ouvrir les yeux sur ses erreurs. Pour un spectateur qui ne connaît pas le roman et qui donc va s'identifier à Emma, il n'est pas si simple de démêler le vrai du faux et donc de comprendre ce qui se trame vraiment entre les uns et les autres. Et pour celui qui le connaît, il peut une fois de plus admirer la profondeur de l'étude de moeurs de Jane Austen qui nous met face à une galerie de personnages écrasés par leur condition sociale qui dicte souvent leurs actes ce qui fait penser à la phrase de Jean RENOIR, "chacun a ses raisons".

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Coup de foudre à Bollywood (Bride and Prejudice)

Publié le par Rosalie210

Gurinder Chadha (2004)

Coup de foudre à Bollywood (Bride and Prejudice)

"Orgueil et Préjugés" à la sauce bollywoodienne revue et corrigée par Hollywood et la réalisatrice de "Joue-la comme Beckham" (2002) cela donne un film chatoyant et entraînant dans lequel on ne s'ennuie pas une seconde. Le livre de Jane Austen renommé en VO "Bride and Prejudice" est astucieusement transposé de nos jours entre personnes de la très bonne société certes mais issues de deux cultures différentes ce qui épice pas mal la sauce. Outre les chassés croisés dans les différents pays des protagonistes (l'Inde, le Royaume-Uni et les USA) on retrouve l'esprit melting-pot dans des chorégraphies qui évoquent autant Bollywood que Broadway. Les acteurs indiens sont globalement très bons avec une mention spéciale pour l'héroïne, Lalita. Aishwarya RAI est d'une beauté à couper le souffle (elle a été miss monde dix ans avant de jouer dans le film) et a beaucoup d'esprit et de caractère, bref elle est parfaite en Elizabeth indienne. L'autre acteur épatant, c'est Nitin Chandra Ganatra qui joue un M. Kohli (Mr. Collins) beaucoup plus sympathique que dans le roman, ridicule certes mais tendre. Il est clair que le film n'est pas une satire sociale comme peut l'être le roman d'origine, tout est fait pour faire rêver et divertir le spectateur à la manière des soap opera donc on ne parle pas des choses qui fâchent et on reste léger. Il n'empêche que le charme opère et que le film opte pour une direction clairement féministe. Les personnages masculins sont en effet pâlots à côté des filles de la famille Bakshi, y compris le pauvre Darcy joué par un bellâtre quelconque. C'est dommage mais le personnage est souvent sacrifié dans les adaptations au profit d'Elizabeth.

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Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice)

Publié le par Rosalie210

Joe Wright (2006)

Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice)

Cette version de "Orgueil et préjugés" qui est la plus connue à l'international est moins convaincante à mes yeux que celle de Simon LANGTON pour la BBC. Et ce n'est pas une question de format car la scénariste du film de Joe WRIGHT réussit plutôt habilement à condenser le roman de Jane Austen. L'autre aspect que je trouve réussi dans le film, c'est son atmosphère. Il y a un vrai travail impressionniste sur le climat et la lumière qui se ressent dans plusieurs scènes-clés comme la première déclaration de Darcy sous la pluie et la deuxième où il émerge de la brume matinale avant que le soleil ne se lève sur les amoureux. Le lac qui borde la maison des Bennett est particulièrement photogénique.

Mais que ce soit dû à l'écriture des personnages ou à l'interprétation des acteurs, le film ne retranscrit pas suffisamment l'esprit du roman et arrondit tous les angles. Le caractère incisif du personnage d'Elizabeth (Keira KNIGHTLEY) par rapport à la société de son époque n'est pas vraiment mis en valeur, pas plus que les divisons qui traversent la famille Bennet. Dans le film, celle-ci s'entend bien avec sa mère et n'est pas plus choquée que cela par le comportement de ses sœurs ce qui jure avec le texte de Jane Austen. Le caractère frondeur de Elizabeth est souligné en mode individualiste pour en faire une jeune fille moderne je suppose à laquelle les spectatrices peuvent s'identifier. Les inégalités de classe et de sexe qui sont au cœur de la machinerie sociale dans laquelle elle est plongée ne sont montrés que d'une manière superficielle alors qu'ils sont au cœur du roman qui est d'abord une satire sociale avant d'être une rêverie romantique. Mais l'interprétation la plus problématique est celle de Matthew MacFADYEN qui ne retranscrit pas du tout la morgue aristocratique de Darcy. Celui-ci apparaît seulement timide, emprunté voire dépressif, bref c'est "the boy next door" même s'il vit dans un grand château ^^^^. Décontextualiser à ce point l'œuvre de Jane Austen c'est donner corps aux préjugés de tous ceux qui pensent que c'est juste de la littérature Harlequin pour les filles en mal de romantisme de gare et c'est vraiment dommage

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Emma l'entremetteuse (Emma)

Publié le par Rosalie210

Douglas McGrath (1996)

Emma l'entremetteuse (Emma)


"Emma l'entremetteuse" est une adaptation américaine du roman de Jane Austen "Emma" surfant sur la austenmania de la seconde moitié des années 1990. Il y a d'ailleurs un clin d'œil appuyé à "Orgueil et Préjugés" (1995), la mini-série de la BBC avec la reprise à l'identique d'une musique et d'une danse de bal mettant en relation Emma et l'homme qu'elle aime sans le savoir. Il est par ailleurs assez évident que le film lorgne du côté de celui de Ang LEE qui avait réussi une superbe adaptation de "Raison et sentiments" (1995) en collaboration avec Emma Thompson.

Néanmoins le film de Douglas McGRATH fait pâle figure aux côtés de ces références. Le roman de Jane Austen n'offre certes guère de faits saillants et se concentre sur une étude de mœurs et sur l'évolution intérieure des protagonistes principaux. Il faut donc de la subtilité pour accrocher l'intérêt du spectateur. Or je me suis ennuyée pendant les 3/4 du film qui se contente d'une restitution plate et littérale donc superficielle du roman. Et le casting n'aide pas. Gwyneth PALTROW était alors à la mode mais son jeu limité transforme Emma en caricature. Elle ne donne jamais corps à ce personnage peu sympathique au départ (snob, hypocrite, immature, intrusif voire manipulateur) mais qui est censé évoluer. Il lui sert de prétexte à exhiber ses éternels tics de jeu (sourire charmeur, moue et froncement de sourcil). Face à elle, Jeremy NORTHAM est bien meilleur, il est même le seul à m'avoir sortie de ma torpeur mais il n'a pas l'âge du rôle ce qui ne permet pas de saisir en quoi il pallie les déficiences éducatives de Emma en jouant un rôle de père de substitution auprès d'elle. Dans les deux cas les considérations économiques ont clairement prévalu (offrir des acteurs bankables à tout prix même s'ils étaient trop jeunes, non british etc.) Il en va de même
pour les autres personnages. Ils sont tout simplement inexistants car peu mis en valeur, mal caractérisés et donc eux aussi caricaturaux. Harriet Smith, l'indécise influençable jouée par Toni COLLETTE (aussi peu british que sa partenaire de jeu) devient juste une grosse gourde, le séducteur Frank Churchill est ridiculisé par la perruque que semble porter Ewan McGREGOR sur la tête et il faut attendre les 2/3 du film pour comprendre qu'Elton le chasseur de dot est vicaire.

 

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Jane (Becoming Jane)

Publié le par Rosalie210

Julian Jarrold (2007)

Jane (Becoming Jane)

Le titre est mensonger. Il ne s'agit pas d'un biopic sur Jane Austen mais d'une fiction autour des quelques éléments biographiques que nous connaissons d'elle. "Jane" fait partie d'une mode commerciale qui consistait alors à broder des histoires d'amour (superficielles) autour d'écrivains célèbres dont nous ne connaissons finalement que peu de choses. Pour attirer le client-spectateur, on met donc l'accent sur la romance à partir de la trame (revue et maladroitement corrigée) de "Orgueil et Préjugés" et le tour est joué. S'il ne peut y avoir de happy end (car nous savons que Jane Austen ne s'est jamais mariée), le scénario s'abstient de trop insister sur le milieu et l'époque dans lesquels vit Jane Austen. Et pour cause. L'amour, présent dans ses romans sert de compensation au fait que dans la réalité il était cruellement absent. La réalité pour les femmes de cette époque et de ce milieu était glaçante. Dépourvues de moyens de subsistance propre, dépendantes par conséquent de leurs parents et époux, infériorisées juridiquement, elles étaient traitées comme des marchandises à vendre au plus offrant. Cette forme de prostitution implicite s'appelle le mariage forcé (Virginia Woolf parle du fait que pour faire céder les filles, leurs parents les enfermaient, les frappaient et les traînaient dans leur chambre) ou le mariage arrangé/négocié dans le moins pire des cas c'est à dire avec le consentement de la jeune femme. Mais avec un tel déséquilibre de statut entre les sexes, même le meilleur des hommes finissait par se transformer en tyran domestique alors que le viol conjugal était la règle. Dans ces conditions, rester célibataire et vivre de sa plume était le seul moyen d'échapper à cet esclavage. 

Tout cela, le film n'en parle pas puisqu'il confond la fiction et la réalité historique. Certes il montre en arrière-plan le maquignonnage matrimonial, réfléchit par moments au statut compliqué de la femme écrivain mais cela reste du saupoudrage. Cette fantaisie divertissante est néanmoins plaisante à regarder grâce à sa belle photographie et son interprétation soignée. Anne HATHAWAY est trop sentimentale et pas assez (pas du tout même) caustique mais James McAVOY réussit à sortir son personnage des sentiers battus, c'est déjà ça.

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Persuasion

Publié le par Rosalie210

Adrian Shergold (2007)

Persuasion

Il y a beaucoup de maladresses dans ce téléfilm produit et diffusé par la BBC en 2007 qui semble avoir été réalisé avec des bouts de ficelle. Des maladresses scénaristiques tout d'abord avec une histoire qui fait la part belle au couple principal en laissant trop dans l'ombre les intrigues secondaires au point qu'on a du mal à identifier de nombreux personnages. Ceux-ci sont à peine esquissés alors qu'un vrai travail de fond permet toujours de rehausser le niveau d'ensemble. En découle un ton mélancolique voire amer assez monocorde qui peine à maintenir l'intérêt. Ensuite, la mise en scène qui manque d'élégance abuse des gros plans. Le gros plan, ça peut être merveilleux quand il s'agit de traquer des émotions sur le visage d'un personnage, dévoiler des vérités intimes dans les échanges. Mais là, cela devient un procédé systématique, vide de sens et donc lassant. Sans parler de la qualité d'image qui laisse à désirer (elle est granuleuse et tremblotante). Et que dire de la fin, trop longue, où l'héroïne court à droite et à gauche avec une caméra à l'épaule qui ne sait pas trop ou se placer (un procédé qui revient plusieurs fois et dont le rendu est particulièrement laid et brouillon). L'interprétation n'est pas non plus très convaincante, voire pas du tout, celle de Sally Hawkins excepté. C'est le premier film où je l'ai vue jouer et j'ai tout de suite été touchée par sa fragilité et sa sensibilité. Hélas, son costume et sa coiffure ne la mettent pas en valeur. Il ressort donc du visionnage du film une impression de travail bâclé à tous les niveaux. C'est dommage car "Persuasion", le dernier roman de Jane Austen, moins connu que "Orgueil et Préjugés" et "Raison et Sentiments" et bien que de tonalité plus grave que ces deux derniers méritait une adaptation plus soignée qui permette de mieux le découvrir. Ainsi Anne, l'héroïne peut être considérée à certains égards comme une lointaine cousine du Bingley de "Orgueil et Préjugés". Elle manque en effet de caractère et de "fermeté" d'âme" et de ce fait, se laisse influencer par les autres (d'où le titre "Persuasion") ce qui compromet ses chances de bonheur.

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