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Articles avec #imbert (patrick) tag

Le Sommet des dieux

Publié le par Rosalie210

Patrick Imbert (2021)

Le Sommet des dieux

"Le Sommet des dieux" est l'un des mangas de Jiro Taniguchi que je préfère. Un chef-d'oeuvre mystique et grandiose adapté d'un roman de Baku Yumemakura (pas encore traduit en français mais la sortie du film va peut-être changer la donne comme pour "Le château de Hurle" qui a servi de base au "Château ambulant"). Au Japon, "Le Sommet des dieux" a bénéficié d'une adaptation en prises de vues réelles en 2016. Le film d'animation est en revanche d'origine française. Il y avait déjà eu des précédents mais en prises de vues réelles: "Quartier lointain" (2008) et "Un Ciel Radieux" (2016). Jiro Taniguchi est en effet particulièrement apprécié en France et bénéficie d'un lectorat plus large que celui des habitués des mangas en raison notamment de la profondeur de ses histoires et de son style très européen. Cependant, oser l'adapter en animation reste un défi, le genre étant loin d'être aussi banalisé auprès des adultes qu'au Japon. C'est le deuxième film d'animation de Patrick IMBERT après le très remarqué "Le Grand Méchant Renard et Autres Contes (2016). Et le résultat est à la hauteur: absolument magnifique. Au niveau de l'histoire d'abord qui est tellement intelligemment condensée qu'on ne voit pas la différence entre les cinq tomes du manga et les 1h30 du film. Au niveau du graphisme et de la bande-son qui donnent vie à ce terrible duel entre l'homme et les forces de la nature avec un réalisme confondant. Au niveau de son questionnement philosophique enfin. Les alpinistes du manga de Taniguchi sont tous des êtres épris d'absolu, brûlés de l'intérieur par leur désir de conquêtes d'espaces vierges, une quête passionnée, obsessionnelle qui ressemble à une drogue dure. De celles dont on ne revient pas. Suprême paradoxe: c'est en défiant (ou venant chercher) la mort que ces hommes parviennent à se sentir vivants et à donner un sens à leur existence. Entre eux aussi c'est le paradoxe: ils sont en rivalité, font semblant de s'ignorer mais pourtant sont reliés les uns aux autres par un fil à la fois matériel et spirituel. Le film évoque autant leurs épreuves physiques que leurs tourments psychiques avec des scènes oniriques particulièrement impressionnantes.

 

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Le grand méchant renard et autres contes

Publié le par Rosalie210

Benjamin Renner et Patrick Imbert (2017)

Le grand méchant renard et autres contes

Comment faire pour élever trois poussins quand on est un renard? Comment un canard, un lapin et un cochon peuvent-ils livrer un bébé/des cadeaux alors qu'aucun d'eux ne vole comme une cigogne/ le père Noël dont c'est normalement le boulot?

C'est cet art du décalage et du brouillage des identités que cultive la petite ferme de Benjamin Renner dont les animaux-acteurs nous présentent 3 contes de 26 minutes chacun: "Un bébé à livrer"; "Le grand méchant renard" et "Il faut sauver Noël". Les influences sont nombreuses des fables de La Fontaine à la comédie américaine de Billy Wilder en passant par Les contes du chat perché de Marcel Aymé et Tex Avery.

Les plus jeunes se tordront de rire devant les nombreux gags burlesques déclenchés par le duo pas fûte-fûte du canard et du lapin qui ne comprennent pas que le loup prépare la soupe pour les mettre dedans, se portent au secours d'un père Noël en plastique qu'ils croient vrai, démarrent une camionnette en marche arrière, intervertissent les paquets, s'apprêtent à catapulter le bébé etc. Les adultes eux seront plus sensibles aux messages cachés dans les contes, particulièrement dans le deuxième, "Le grand méchant renard" qui donne son titre au film et qui est le plus audacieux. Il pose en effet la problématique des nouvelles familles: monoparentalité (un renard élève seul 3 poussins), adoption (2 espèces à priori incompatibles s'apprivoisent), question de genre (les poussins considèrent le renard comme leur maman), établissement d'une garde alternée entre le parent biologique (la poule qui a retrouvé sa progéniture) et le parent adoptif... Ce qui facilite les choses c'est que ces animaux transgressent les caractères qui leur sont assignés: le renard est un gros froussard qui rêve de pantoufler à la ferme, les poussins se prennent pour des renardeaux et agressent leurs congénères, les poules pratiquent le self-défense et terrassent le loup, le chien et la cigogne sont de gros paresseux qui se dérobent à leurs missions.

C'est drôle, fin, délicat, sensible, original, c'est une animation intelligente qui fait du bien. Et qui n'a pas de frontières, le clin d'œil à Totoro le montre.

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