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Articles avec #huston (john) tag

Reflets dans un oeil d'or (Reflections in a Golden Eye)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1967)

Reflets dans un oeil d'or (Reflections in a Golden Eye)

L'un des meilleurs films de John Huston. Un décor unique, celui d'une caserne et des maisons d'officiers qui l'entourent. Une ambiance unique, étouffante, moite et irréelle magnifiée par le prisme lumineux du fameux "œil d'or", celui qui révèle les fantasmes cachés derrière l'apparence lisse et feutrée des soirées entre amis, des jeux de carte au coin du feu, des promenades à cheval et de la discipline stricte qui règne dans la caserne.

Il y a quelque chose de "Blue Velvet" dans "Reflets dans un œil d'or". Derrière le rideau des convenances, c'est un festival de désirs frustrés, d'impuissance sexuelle, de pulsions meurtrières, de tromperies, d'obsessions qui ne demandent qu'à s'exprimer. Plus on avance dans le film, plus la tension augmente et plus la pression s'intensifie jusqu'à l'explosion finale. La question de la virilité, symbolisée par le milieu militaire mais aussi par les chevaux y est centrale. La liste des névroses sexuelles est impressionnante: le soldat Williams, voyeur et fétichiste prend du plaisir à chevaucher nu en forêt et à s'introduire dans la chambre de Leonora, la femme du colonel Penderton pour la regarder dormir et renifler ses dessous. Cette dernière est une nymphomane dominatrice qui écrase son mari fétichiste, impuissant et homosexuel refoulé de tout son mépris. Dans les rôles de Leonora et du major Weldon Penderton, Elizabeth Taylor et Marlon Brando n'ont pas volé leur réputation de "monstres sacrés". Ce sont deux bêtes de scène et de sexe qui électrisent tout ce qu'ils touchent. A ces trois personnages centraux qui forment un triangle amoureux incomplet (Williams est attiré par Leonora et Weldon par Williams) il faut ajouter trois autres personnages: le lieutenant-colonel Langdon qui entretient une liaison avec Leonora, sa femme dépressive Alison et le serviteur de cette dernière, l'efféminé Anacleto qui représente tout ce que les militaires ont en horreur. Mettez tous ces personnages dans un huis-clos et vous obtenez un cocktail explosif que Huston parvient à retenir, entretenant une atmosphère délétère, malsaine jusqu'à la toute dernière scène où il lâche sa caméra en même temps que les pulsions de ses personnages.

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L'Odyssée de l'African Queen (The African Queen)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1951)

L'Odyssée de l'African Queen (The African Queen)

African Queen est un film magique parce que c'est un film qui a de la substance. Il y a le cadre bien sûr. Huston tenait à filmer en Afrique sans doute à cause de son tempérament d'aventurier mais aussi par souci d'authenticité. Il savait que ce que dégageraient les acteurs confrontés à la chaleur moite, aux moustiques et autres réjouissances locales n'aurait rien à voir avec ce qu'ils auraient produit dans leur zone de confort habituelle (même si certaines séquences ont été tournées en studio). Et puis Huston a eu l'intelligence de nourrir le film de la relation complice qui se nouait entre Bogart et Hepburn, n'hésitant pas à l'infléchir vers la comédie alors qu'au départ, conformément au roman de C.S Forester, il devait être un drame sérieux se finissant en tragédie. Huston a d'ailleurs également infléchi sa propre tendance au pessimisme au point de la retourner en optimisme. Bogart et Hepburn jouent tous deux au départ des personnages marginaux et solitaires. Le premier est à l'image de son bateau, négligé et usé jusqu'à la corde. Sa seule compagne est sa caisse de gin. Il se complaît dans sa petite routine et ne veut pas prendre de risques. La seconde est selon les termes du premier "une vieille fille confite en dévotions et laissée pour compte." Leur voyage, véritable parcours initiatique semé d'embûches va leur permettre de se révéler et de grandir. Ils vont découvrir l'amour et ensemble, vont mener une véritable action héroïque contre l'ennemi allemand (le film se déroule pendant la guerre de 14-18). Le tout, en dépit des épreuves, dans la joie et la bonne humeur. Tous deux sont confondants de naturel et rayonnants.

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Le vent de la plaine (The Unforgiven)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1960)

Le vent de la plaine (The Unforgiven)

"Le vent de la plaine" où une petite indienne est enlevée après le massacre de sa tribu pour être élevée par des blancs est en quelque sorte le reflet inversé de "La prisonnière du désert" où une petite blanche était enlevée après le massacre de sa famille pour être élevée par des indiens. La proximité de ces deux films s'explique par le fait qu'il s'agit d'adaptations de romans du même auteur, Alan le May.

Mais si la haine raciale et l'intolérance jouent un rôle important dans le film, ce n'est pas son sujet principal. Avec "Le vent de la plaine", Huston a réalisé dans des conditions difficiles un grand western psychanalytique. Celui-ci est en effet centré sur la famille et surtout sur le secret de famille. Tant que celui-ci n'est pas révélé, le film l'exprime par des symboles: la vache sur le toit (quelque chose "pèse" comme un couvercle sur cette maison), le cheval fougueux apprivoisé par Rachel (Audrey Hepburn) puis par Portugal (John Saxon) qui a en commun avec elle des origines obscures, les apparitions surréalistes d'Abe Kelsey (Joseph Wiseman) qui, tel un "retour du refoulé" vient lâcher sa bombe et semer la zizanie pour se venger, les moments où Ben (Burt Lancaster) ne peut maîtriser sa jalousie et sa peine lorsque sa petite sœur est courtisée alors que son frère Cash (Audie Murphy, éruptif et inquiétant à la ville comme à la scène) exprime une haine vis à vis des indiens aux confins de la démence. Tous deux nagent en effet en plein brouillard puisque seule la mère (Lilian Gish) connaît la vérité.

Après la révélation du secret, lorsque la famille se retranche dans sa maison assiégée par les indiens le film perd en puissance et souffre de longueurs. C'est dans cette partie que les mutilations que la production a infligé au film se font ressentir, notamment avec la réduction au montage du rôle de Portugal qui était un des personnages les plus intéressants. Il n'en reste pas moins que la mise en scène est superbe de bout en bout avec un plan final de toute beauté sur la famille réconciliée contemplant un horizon retrouvé dans le vol des oies sauvages.

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La Nuit de l'Iguane (The Night of the Ignana)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1964)

La Nuit de l'Iguane (The Night of the Ignana)

L'iguane, animal reptilien comme le serpent peut symboliser les désirs refoulés de l'être humain et notamment sa peur de la sexualité. Tennessee Williams, l'auteur de la pièce est hanté par ce thème. Il met donc en scène des personnages tourmentés par leurs désirs et leurs frustrations qui se rencontrent en un même lieu pour une nuit de catharsis émotionnelle: un pasteur défroqué s'accrochant d'une main à sa croix et de l'autre à sa bouteille pour ne pas sombrer dans le désespoir (Richard Burton), l'adolescente tentatrice qui le harcèle de ses avances (Sue "Lolita" Lyon, deux ans après le film de Kubrick), son chaperon, une vieille fille bigote qui refoule ses tendances lesbiennes (Grayson Hall), la patronne de l'hôtel qui cache ses fêlures sous des dehors gouailleurs et libérés (Ava GARDNER) et enfin une cliente atypique, sorte de bonne sœur laïque qui parcourt le monde (ou plutôt le fuit?) avec son grand-père poète à qui elle a consacré sa vie (Deborah Kerr).

La réussite de ce film outre l'interprétation exceptionnelle des acteurs, j'y reviendrai est liée à la manière dont le solaire John Huston tempère les propos très noirs de Williams. Il y a d'abord le soleil et la chaleur du cadre mexicain dans lequel se déroule l'histoire, le choix d'un hôtel surplombant la mer faisant figure de paradis sur terre, une sensualité hédoniste qui rayonne lors des scènes de plage (Maxine-Ava et ses beach boys prenant un bain de minuit, le fessier de Sue Lyon filmé en gros plan tandis qu'elle se déhanche avec ces mêmes boys), des passages burlesques (notamment une irrésistible bagarre au son des maracas).

Mais surtout il y a la façon dont le réalisateur met en confiance ses acteurs, les magnifie et fait ressortir ce qu'ils ont de plus vrai en eux. Burton et Gardner irradient de sensualité et d'intensité, Deborah Kerr est grave, digne et sensible. La confession qu'elle livre à Burton lors de la fameuse nuit est le moment le plus fort du film à savoir la façon dont elle a pu trouver la paix intérieure en dépit de sa vie amoureuse ratée. On entrevoit d'ailleurs à travers son récit un plaidoyer pour la différence qui reflète la personnalité de Tennessee Williams qui était homosexuel: le plus important est de trouver un foyer et de ne pas être seul même si le cœur dans lequel on fait son nid n'est pas conforme aux attentes de la société.

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