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Articles avec #honore (christophe) tag

Marcello Mio

Publié le par Rosalie210

Christophe Honoré (2023)

Marcello Mio

Rêverie autour du mythe de Marcello MASTROIANNI réincarné par sa fille Chiara MASTROIANNI, "Marcello Mio" aurait pu être un beau film. Mais il sonne creux. Il s'agit d'un cinéma de niche qui ne parlera qu'à ceux qui connaissent sur le bout des doigts la filmographie de l'acteur italien. Les autres se sentiront exclus de cette suite de scénettes pour initiés quelque peu prétentieuses et bourrées de références collées les unes aux autres sans véritable souci de continuité. On ne voit pas très bien où Christophe HONORE veut en venir tellement ça part dans tous les sens. L'impression dominante est qu'il a voulu se faire plaisir en superposant une imagerie gay/transgenre sur une icône du cinéma à qui on avait collé une image de "latin lover". Il n'y avait pas besoin de le faire façon "Jean-Paul Gaultier". Marcello MASTROIANNI était autrement plus troublant que les militaires que la caméra gourmande de Christophe HONORE passe en revue endormis dans des poses alanguies et cela vaut aussi pour les reconstitutions des films dans lesquels il a joué: ils font plus que pâle figure avec l'original. Et s'il est plaisant de revoir Stefania SANDRELLI, on se passerait bien de l'autofiction narcissique autour des membres starifiés de la famille du défunt n'ayant pas de rapport direct avec lui (Melvil POUPAUD et Benjamin BIOLAY) ou ne représentant qu'une petite période de sa vie (Catherine DENEUVE). Ce n'est pas la seule faute de goût dans le film. Faire pousser la chansonnette à des acteurs ou actrices ayant une voix de crécelle donne envie de se boucher les oreilles. Et la scène où Catherine DENEUVE se montre grossière face au nouveau propriétaire de l'appartement où elle a vécu, sans raison apparente, donne du showbiz une image odieuse.

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Plaire, aimer et courir vite

Publié le par Rosalie210

Christophe Honoré (2018)

Plaire, aimer et courir vite

J'avais juré de ne plus jamais remettre les pieds dans le cinéma de Christophe Honoré, l'un des réalisateurs parmi les plus affectés du cinéma français actuel dont j'ai détesté chacun des films que j'ai pu voir. Mais le passage de "Plaire, aimer et courir vite" sur Arte m'a donné quand même envie de le voir à cause des deux acteurs principaux que j'aime beaucoup: Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste. Le fait est qu'ils sont impeccables, chacun dans leur registre et qu'ils vont bien ensemble. Il y a aussi incontestablement un caractère intimiste et personnel dans ce film qui convoque les fantômes d'un grand nombre d'artistes morts du sida (ou trop jeunes et admirés par Christophe Honoré) dans les années 80 qui seraient autant de "Jacques" (l'écrivain déclinant joué par Pierre Deladonchamps) que pourrait enfin rencontrer le jeune "Arthur" (l'étudiant breton joué par Vincent Lacoste, étoile montante vraisemblablement un double de Christophe Honoré au même âge). La maîtrise technique (cadrages, lumière, mouvements de caméra) se combine à une bande sonore magnifique. J'ai beaucoup écouté Cocteau Twins à une époque, Ariodante à une autre et la scène qui l'accompagne est particulièrement belle. Quand aux "gens qui doutent" de Anne Sylvestre, c'est une chanson sublime et elle accompagne également une très belle scène intimiste dans laquelle Jacques est en proie à des sentiments contradictoires qui le font souffrir.

Néanmoins ce qui me déplaît dans le cinéma de Christophe Honoré n'a pas disparu comme par magie. En particulier le côté verbeux-prétentieux. Autant les scènes musicales ou simplement chorégraphiées sont réussies, autant les scènes dialoguées brisent le charme par leur caractère souvent péremptoire, poseur, ampoulé et condescendant. C'est censé refléter le caractère de diva du dandy qu'est Jacques (et son métier, écrivain) sauf que cela revient de film en film comme une signature, celle de Christophe Honoré. Ainsi grâce à lui, on saura que manger des BN au petit déjeuner c'est un truc de plouc (ça c'est dans "Métamorphoses"), que les hôtels bon marché puent l'eau de javel (ça c'est dans "Plaire, aimer et courir vite") et que nous, pauvres spectateurs de la plèbe ne sommes "pas des Lumières" (ça c'est dans "Les Malheurs de Sophie"). L'indélicatesse paradoxale d'un monsieur se définissant comme raffiné et érudit se révèle de temps à autre ainsi, au détour de ces petites phrases méprisantes, à l'image d'un personnage écrit pour une partition de mélodrame mais dont l'ego surdimensionné et le caractère dominateur font obstacle à toute forme d'empathie, particulièrement lorsqu'il prend la parole. Goujat avec les femmes, classant ses amants en catégories comme des étalons de concours (mais à partir de références littéraires, histoire d'étaler sa science en prime), se livrant à des ébats sexuels excluant son meilleur ami devenu trop vieux (Denis Podalydès, remarquable, comme ses deux partenaires)*, se querellant avec un ex en phase terminale devant son fils de 9 ans et faisant la leçon à tout le monde, Jacques a beau être gay et malade, jamais Christophe Honoré ne laisse ce versant prendre le dessus sur celui du mâle dominant version intello-bobo-macho qui contrôle et manipule à qui mieux mieux. Heureusement que Pierre Deladonchamps (ultra talentueux, je ne le répèterai jamais assez!) parvient grâce à son jeu sensible à faire passer un peu d'humanité dans le personnage. Christophe Honoré devrait par exemple apprendre outre la simplicité et l'humilité l'art du silence, comme Ada dans "La Leçon de Piano" à qui il rend un drôle d'hommage dont on ne sait si c'est de l'art ou du cochon ^^.

* L'affiche du film où l'on voit trois hommes hilares dans un lit est purement et simplement MENSONGERE. Et j'ai en horreur le mensonge.

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Les malheurs de Sophie

Publié le par Rosalie210

Christophe Honoré (2016)

Les malheurs de Sophie

Grosse déception que ce film. L'oeuvre de la Comtesse de Ségur passée à la moulinette du cinéma boboïsant de Christophe Honoré en ressort défigurée. Passe encore les nombreux anachronismes (à commencer par les cheveux courts d'actrices adultes et enfants) mais RIEN ne justifie l'incapacité d'une partie du casting enfant à articuler correctement surtout quand on prétend faire "naturel" et qu'on leur colle des répliques qui ne le sont pas. Pauvre public qui capte un mot sur dix des répliques de la petite Marguerite, sacrifiée par le scénario au même titre que Camille, Madeleine ou Paul. Il n'y en a que pour Sophie. Certes la petite actrice est mignonne mais elle n'est pas aussi espiègle qu'on aurait pu l'espérer et le récit de ses aventures (dont une partie a pourtant été coupée lors de l'adaptation) manque terriblement de rythme et d'enjeu. Il faut dire que le choix de montrer sa mère comme une dépressive neurasthénique qui finit par ne plus parler n'aide pas (et n'est pas du tout conforme au personnage original d'ailleurs). De même Camille et Madeleine n'ont rien de petites filles modèles et rien ne demeure de l'esprit du XIX° siècle, à ce point c'est bien dommage. N'est pas Sophia Coppola qui veut! Quant à Madame Fichini alias Muriel Robin elle n'est pas assez cruelle même si elle joue de façon très pro elle au moins. Bref tout cela est bien mou, décousu, inabouti, plein de tics (ah ce format d'image à l'ancienne totalement gratuit, ces ridicules monologues face caméra de Baptistin puis Mme de Fleurville, cette idée qu'il suffit de se tremper pour paraître libre et qui se répète 3 fois au moins, cette caméra "virevoltante" dixit Télérama qui tourne au procédé!!) Le film manque de simplicité et ne sait pas filmer à hauteur d'enfant. Les quelques bonnes idées qui surnagent (par exemple le fait de faire figurer des animaux en animation ou le naufrage en peinture) ne suffisent pas à sauver ce film prétentieux et ennuyeux. Les fans d'un certain jeune cinéma français (celui des précédents films d'Honoré, de Valérie Donzelli ou de Justine Triet par exemple) y trouveront sans doute leur compte. Pas le grand public qu'il soit enfant (les miens ont détesté, ceux qui étaient dans la salle parlaient, s'agitaient...) ou adulte. Comme le dit la critique des fiches du cinéma "le projet théorique passe avant le plaisir du spectateur." Et aussi visiblement le besoin éperdu de reconnaissance d'Honoré face au milieu bourgeois parisien (le complexe du petit breton a encore frappé, pour le pire hélas...)

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