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Articles avec #finkiel (emmanuel) tag

La chambre de Mariana

Publié le par Rosalie210

Emmanuel Finkiel (2025)

La chambre de Mariana

Ayant entendu de bonnes critiques au sujet de "La chambre de Mariana", je suis allée le voir. Mais je n'ai pas du tout adhéré au film tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, je l'ai trouvé beaucoup trop long pour ce qu'il raconte, un défaut contemporain qui entraîne un délayage du récit qui plus est, malheureusement prévisible et un manque patent de rythme. Les souvenirs et "hallucinations" de Hugo qui viennent de temps à autre interrompre la monotonie de son existence de reclus ne lui donnent pas d'élan pour autant. Sur le fond, si Melanie THIERRY porte en grande partie le film sur les épaules (son engagement est à peu près la seule chose que je sauverai), son jeune partenaire n'est pas à la hauteur. On ne ressent pas le passage du temps et les transformations physiques et psychologiques de Hugo durant les trois années cruciales durant lesquelles il est caché par Mariana dans des conditions plus que précaires et qui correspondent à son entrée dans l'adolescence dans des conditions terribles: le froid, la faim, la peur, les visions d'horreur dont il est le témoin et le climat d'hypersexualisation dans lequel il grandit auraient dû bouleverser son apparence. Même après être sorti de sa cachette, Hugo continue à subir passivement les événements. Son apathie créé une distance qui fait obstacle à l'émotion. Mais l'aspect du film qui m'a le plus posé problème, c'est le climat incestueux qui y règne. La situation scabreuse dès le départ s'y prêtait mais l'attitude équivoque de Mariana vis à vis de son protégé la renforce, nous menant jusqu'à une fin suggestive qui n'est pas interrogée, dont les conséquences sur l'avenir de Hugo ne sont pas montrées (contrairement par exemple à "Fish tank" (2009) qui fait preuve d'une hauteur de vue que celui-ci n'a pas). Bref, durant tout le film, j'ai oscillé entre ennui et malaise. Un peu plus d'esprit critique, de sensibilité et un meilleur casting n'auraient pas fait de mal.

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De battre mon coeur s'est arrêté

Publié le par Rosalie210

Jacques Audiard (2005)

De battre mon coeur s'est arrêté

La musique adoucit-elle vraiment les moeurs? Il est permis d'en douter en visionnant le quatrième film de Jacques AUDIARD qui bien avant "Emilia Perez" (2024) s'essayait à alterner les genres. "De battre mon coeur s'est arrêté" est le remake d'un film américain scorsesien, "Melodie pour un tueur" (1978) réalisé par James TOBACK avec Harvey KEITEL dans un rôle lui allant comme un gant (et ce bien avant "La Lecon de piano) (1993). Dans le film français, c'est Romain DURIS qui joue le rôle de Tom, englué dans une vie de combines et de violence qui ne le satisfait pas et dont il s'évade par la musique. Ce faisant, il tente d'échapper à l'emprise de son père qui l'utilise pour recouvrir ses créances par la méthode forte, lui-même n'étant plus en mesure de s'imposer dans le milieu d'escrocs qu'il fréquente. Ce père déchu et condamné fait figure d'anti-modèle pour Tom, mais il est néanmoins pris entre sa loyauté envers lui et le désir de suivre les pas de sa mère décédée qui était pianiste de concert. On se demande bien quel a été le ciment de cet étrange couple si dissemblable. On peut d'ailleurs contester le fait que l'art soit rattaché aux femmes et l'argent (facile) aux hommes (tout comme la beauté et la violence). La réalité est évidemment bien plus complexe. L'art n'échappe pas aux enjeux de pouvoir et d'argent et reste largement dominé par les hommes. Toujours est-il que Tom cristallise son désir d'évasion (et également ses besoins de beauté, de rédemption, d'idéal...) sur le piano et se met à le travailler avec acharnement dans le but de passer une audition en compagnie d'une immigrée chinoise ne parlant pas français, histoire de lui couper la chique autant que les poings. Le problème est qu'il ne rompt pas pour autant avec ses activités de marchand de biens aux méthodes peu scrupuleuses ni avec "l'honneur" familial qui lui commande de venger son père. Tom se prend donc les pieds dans des contradictions insurmontables à force de ne pas vouloir choisir. Un problème d'adolescent attardé qui n'est pas complètement résolu à la fin du film, même si Tom a eu l'intelligence de s'effacer au profit de sa professeure, bien plus prête que lui à intégrer le milieu des concertistes français. Le premier acte mature et autonome de sa vie d'adulte?

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En Thérapie, saison 2

Publié le par Rosalie210

Eric Toledano, Olivier Nakache, Agnès Jaoui, Arnaud Desplechin, Emmanuelle Bercot, Emmanuel Finkiel (2022)

En Thérapie, saison 2

La deuxième saison de la série "En Thérapie" qui avait créé l'événement l'année dernière et que je viens de terminer en seulement cinq jours est une éclatante réussite. Elle est même supérieure à la première saison qui était déjà d'un niveau remarquable mais qui présentait quelques défauts qui ont disparu de cette nouvelle saison. Je pense en particulier à l'intérêt très inégal des différents patients que recevait le docteur Dayan. Le succès de la première saison a sans doute libéré le champ des possibilités d'enquête intérieure (car qu'est ce que l'analyse sinon une enquête sur soi afin que l'éclairage des zones d'ombre de sa personnalité et de son histoire vienne apaiser les souffrances, rendre compréhensible ses actes et son cheminement et ainsi permette de vivre plus en harmonie avec soi, les siens et le monde) car les scénaristes du tandem Philippe TOLEDANO et Olivier NAKACHE osent aller beaucoup plus loin et affronter le tabou de la mort ainsi que s'approcher au plus près de la véracité d'un travail analytique (actes et paroles manquées, interprétation des rêves etc.). L'intervention du psychiatre et psychanalyste Serge Hefez dans l'écriture du scénario se ressent. Exit donc les affaires de coeur et autres dissensions de couple qui polluaient la première saison à la manière d'une rengaine sentimentale un peu éculée. Le penchant du docteur Dayan (Frédéric PIERROT, extraordinaire dans sa capacité à exprimer par le moindre de ses regards, de ses expressions, par les postures de son corps tous les états d'âme de son personnage) à sortir de son rôle pour jouer les sauveurs et sa profonde culpabilité liée au fait de ne pas y parvenir sont ici profondément questionnés:

- Au travers des fantômes de la saison 1 (dont les événements sont situés cinq ans avant la saison 2 qui s'ouvre au sortir du premier confinement de l'ère covid) qui reviennent le hanter, la mort de Adel Chibane (Reda KATEB) s'étant muée en procédure judiciaire aboutissant sur un procès dans lequel intervient Esther (Carole BOUQUET), l'ancienne superviseuse de Philippe.
- Au travers de sa propre enfance et adolescence qu'il affronte avec l'aide d'une nouvelle superviseuse qui devient au fil du temps une égale et presque un miroir de lui-même, forte et fragile à la fois, remarquablement interprétée par Charlotte GAINSBOURG (qui avait déjà joué sous la direction de Philippe TOLEDANO et Olivier NAKACHE dans "Samba") (2014). Le titre de son livre est programmatique du sens de la série comme de ce qu'elle apporte à Dayan: "la psychanalyse réenchantée".
- Au travers de ses nouveaux patients qui sont tous à un titre ou à un autre en danger de mort (physique, symbolique, filiale ou sociale): l'avortement, le suicide, le cancer, le cyberharcèlement, la dénutrition poussent le docteur Dayan dans ses retranchements tandis que les acteurs qui les interprètent, tous brillants, offrent des compositions subtiles et complexes. On mesure une fois de plus le talent de Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE à faire travailler harmonieusement des gens d'horizons très différents voire opposés et à sortir le meilleur d'eux-mêmes que ce soit au niveau des différents réalisateurs des épisodes (Agnès JAOUI qui a également un petit rôle dans la série, Arnaud DESPLECHIN dont je me suis rappelé qu'il avait déjà abordé la psychanalyse dans "Jimmy P. (Psychothérapie d un Indien des Plaines)" (2013), Emmanuelle BERCOT, Emmanuel FINKIEL) ou bien au niveau des acteurs (Eye HAÏDARA qu'ils avaient d'ailleurs révélé dans "Le Sens de la fête" (2016), le jeune Aliocha Delmotte dont le rôle est autrement plus intéressant et touchant que celui de ses parents dans la saison 1, Suzanne LINDON, fille de qui affirme une présence forte bien à elle et enfin le grand Jacques WEBER que l'on est plus habitué à voir au théâtre et dont l'intensité des échanges, non-verbaux surtout avec Frédéric PIERROT atteint des sommets).

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