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Articles avec #fantastique tag

Le Palais des mille et une nuits

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1905)

Le Palais des mille et une nuits

Selon les goûts et les couleurs de chacun, certains préfèreront "Le Royaume des fées" (1903) à ce "Palais des mille et une nuits" en raison de la faiblesse de son scénario. Mais personnellement, j'ai une préférence pour celui-ci. D'abord parce que c'est une splendeur visuelle de tous les instants. Les décors et les effets spéciaux sont juste fabuleux. Paradoxalement, sa restauration très inégale (certains passages sont très abîmés et en noir et blanc, d'autres colorisés, d'autres d'une excellente qualité dans les deux registres) n'est pas un obstacle au fait que je le trouve beaucoup plus moderne que "Le Royaume des fées" (1903). Les costumes et décors orientaux d'une grande richesse de détails y sont sans doute pour quelque chose mais pas seulement. C'est l'un des films dans lesquels l'influence que Georges MÉLIÈS a eu sur Terry GILLIAM et Tim BURTON me saute le plus aux yeux. Dans le premier cas, toute l'oeuvre animée de l'ancien membre des Monty Python s'y réfère mais aussi les effets spéciaux de ses films live, la citation la plus directe se trouvant dans le voyage lunaire de "Les Aventures du baron de Münchausen" (1988) sur le fond mais aussi et surtout, sur la forme. Dans le second cas, la scène des squelettes m'a tout de suite fait penser à une scène similaire (bien sûr pas avec la même technologie!) de "Miss Peregrine et les enfants particuliers" (2015).

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Le Royaume des fées

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1903)

Le Royaume des fées

L'un des meilleurs films de Georges MÉLIÈS d'une beauté visuelle et d'une richesse qui rivalise voire surpasse pour certains "Le Voyage dans la Lune" (1902) mais qui hélas ne bénéficie pas de la même notoriété. Inspiré d'une féérie (pièce de théâtre fondée sur le merveilleux et la magie) qui se donnait alors au Théâtre du Châtelet, il s'agit d'un film de 32 tableaux (plans fixes), racontant une histoire dont le début fait penser à "La Belle au bois dormant" puis "Raiponce" puis "Jonas et la baleine". On remarque la sophistication et la beauté des décors (environ une vingtaine) ainsi que la variété des costumes très connotés XIX° en dépit du caractère censé être intemporel de l'histoire. Certains passages sont saisissants pour l'époque, jouant sur la profondeur de champ, faisant appel à des effets pyrotechniques spectaculaires, des chausse-trappes, des effets ingénieux comme celui consistant à filmer à travers un véritable aquarium pour les scènes sous-marines sans parler des nombreux trucages (fondus-enchaînés, apparitions-disparitions). Les films de cette durée bénéficiaient d'un commentaire oral qui à l'époque était déclamé par un bonimenteur et aujourd'hui est enregistré. Enfin comme beaucoup de films de Georges MÉLIÈS, "Le Royaume des fées" a été entièrement colorisé à la main ce qui participe à renforcer son climat féérique en dépit de la détérioration de la pellicule.

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La Sirène

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1904)

La Sirène

"La Sirène" fait partie des très nombreux courts-métrages en forme de numéro de prestidigitation améliorés par les trucages cinématographiques que Georges MÉLIÈS a réalisé au début du cinéma parlant qui était encore considéré comme un art forain et traité en tant que tel (projection sous tente et non dans des salles dédiées, films-spectacles plus que films-récits etc). Toutefois si le procédé peut sembler répétitif, il comporte toutes sortes d'expérimentations qui ont été ensuite reprises dans des films ultérieurs, à commencer par les courts métrages de Max LINDER, beaucoup plus élaborés narrativement.

"La Sirène" propose ainsi plusieurs petites originalités: des poissons tantôt véritables et tantôt en papiers découpés et surtout le pseudo-zoom déjà utilisé dans "L Homme à la tête de caoutchouc" (1901) où l'aquarium s'approche de la caméra à l'aide d'un chariot monté sur rails quand on passe du cadre de la scène de spectacle à l'intérieur de l'aquarium où se déroule la seconde partie du numéro.

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L'Homme mouche

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1902)

L'Homme mouche

Non il ne s'agit pas du super vilain ni du cascadeur masqué estampillé Marvel et encore moins d'un ancêtre du film de David CRONENBERG. Dans ce court-métrage, l'un des premiers colorisés à la main, Georges MÉLIÈS s'essaie à un trucage qui sera mainte fois repris ensuite, par exemple chez Max LINDER: défier la gravité en marchant et virevoltant à 90° le long des murs. Evidemment le fameux mur est en réalité un sol mais grâce à la position de la caméra, on y voit que du feu. Simple et efficace. Une fois de plus, Georges MÉLIÈS prouve que le cinéma est un art qui rend possible ce qui ne l'est pas dans la réalité et d'une manière plus spectaculaire qu'au théâtre

Georges MÉLIÈS a réalisé plus de 500 films de 1896 à 1913 mais démodé, dépassé par la production cinématographique en voie d'industrialisation, ruiné et oublié après la guerre, il vendit ou détruisit la quasi totalité de son oeuvre qu'il ne savait plus où conserver (il a été exproprié du théâtre Robert Houdin et a dû vendre son studio de Montreuil pour payer ses créanciers). Heureusement, une nouvelle génération de cinéastes et de cinéphiles le redécouvrent dès la fin des années vingt (dont Henri Langlois) et des copies de près de 200 de ses films sont retrouvés un peu partout dans le monde au fur et à mesure des décennies, plus ou moins complètes et de bonne qualité. Surtout, un lot de 80 négatifs originaux est retrouvé aux USA alors qu'ils sont censés être partis en fumée en 1923. On découvre alors que Georges MÉLIÈS a mis au point un dispositif permettant de produire simultanément deux négatifs originaux identiques du même film, l'un destiné à la France, l'autre à sa succursale aux USA, tenue par son frère, Gaston. Ce sont ces négatifs, d'une excellente qualité d'origine qui sont en train d'être restaurés par les équipes de Lobster Films en lien avec le CNC et la bibliothèque du Congrès aux États-Unis, un chantier qui s'étalera encore sur plusieurs années.

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Le Locataire diabolique

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1909)

Le Locataire diabolique

Décidemment, les tours de magie de Georges MÉLIÈS me font penser à l'univers de Harry Potter. Déjà dans "Les Affiches en goguette" (1906), les portraits prenaient vie et s'amusaient à se rendre visite. Dans "Le Locataire diabolique" qui est plus tardif (1909), un peu plus long et élaboré (6 minutes, deux décors) et de surcroît colorisé à la main, image par image, c'est le principe du sac et de la malle sans fond qui est exploré. Sac que Méliès a ensuite revendu à "Mary Poppins" (1964) avant qu'il ne termine dans la chaussette d'Hermione en version miniaturisée. C'est fascinant de voir comment une idée joue ainsi à saute-mouton avec les générations de film en film, d'oeuvre en oeuvre jusqu'à nos jours.

Par ailleurs, on remarque que dans "Le Locataire diabolique", il n'y a pas que le bagage qui est magique, les meubles le sont aussi et à un moment du film, se mettent à danser pour faire tourner en bourrique le propriétaire comme trois ans plus tard ceux de "Entente cordiale" (1912) de Max LINDER. Enfin le bagage magique ne sert pas seulement à transporter l'ameublement complet d'un appartement (que par le biais des trucages, Georges MÉLIÈS transforme en cartons pliables au moment de les ranger dans le sac). Il sert aussi à déménager à la cloche de bois quand le moment de payer le loyer est arrivé. Celui-ci se débarrasse des fâcheux en les faisant disparaître (ou en disparaissant lui-même!) avant de laisser derrière lui en partant un dernier meuble enchanté pour qu'il leur joue un dernier bon tour, libre comme l'air.

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Les Affiches en goguette

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1906)

Les Affiches en goguette

Connaissez-vous le principe des portraits qui s'animent et interagissent les uns avec les autres en se rendant visite par exemple? Et bien cela existait avant Harry Potter et avant "Toy Story" (1995) grâce à la magie du cinéma de Méliès. Le film qui date de 1906 donne à voir un mur recouvert par sept affiches publicitaires aux noms délicieusement désuets (Jean-Pierre JEUNET en a fait d'ailleurs un élément de sa propre poésie urbaine), successivement pour « Les Extraits de Bidoche Poirot », la « Poudre des Fées », « La Trouillotine », « Le Tripaulin », « Le Nouveau Dépôt », « Le Quinquina au Caca O » et les « Corsets Mignon ». Un cadre vide, initialement rempli de graffitis (« Mort aux flics »), accueille bientôt une huitième affiche : « Parisiana, l’amour à crédit ». Après cette présentation, les affiches s’animent et les personnages qui les composent deviennent des acteurs « en chair et en os » comme dans "Les Cartes vivantes" (1905) qui non seulement s'amusent entre eux mais également avec les flics qui longent le mur, jusqu'à renverser les rôles dans un final assez savoureux. Outre la performance technique (pour l'époque) et la féérie qui se dégage du procédé, on comprend que Georges MÉLIÈS n'aime guère les forces de l'ordre (de nos jours, il serait montré du doigt par toute une partie de la société pour cela) puisqu'il s'amuse à les "mettre en boîte" après les avoir enfarinés ^^. A l'inverse ses personnages de papier eux sortent des cadres dans lesquels on les a placés, séparés les uns des autres pour se rejoindre et faire la fête ensemble.

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Les Cartes vivantes

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1905)

Les Cartes vivantes

Georges MÉLIÈS est en ce moment à l'honneur sur Arte dont le replay propose plusieurs de ses courts-métrages sous le thème de la fantaisie et du rêve. Et j'ajouterai, de la magie. Car "Les cartes vivantes" comme beaucoup de ses films est un numéro d'illusionnisme "boosté" par les moyens du cinéma. Georges MÉLIÈS n'est pas le père des effets spéciaux pour rien. Il a compris le premier que le cinéma permettait de transcender les limites physiques et de rendre possible l'impossible en ouvrant un espace imaginaire illimité. Il est parfaitement logique qu'il ait donc pu aller sur la lune bien avant Neil Armstrong comme un chaînon manquant entre la littérature de Jules Verne et la technologie qui a rendu cet exploit réalisable dans le réel. Cependant il n'existe encore aucun moyen de devenir invisible, de traverser les obstacles sans leur causer de dommage ou bien de transformer un objet inanimé en une personne vivante. Il s'en donne donc donc à coeur joie avec ce tour de cartes durant lequel celles-ci changent de taille, de nature en finissant même par lui jouer un bon tour! les trucages artisanaux lui permettent d'apparaître et de disparaître à volonté, d'escamoter des objets, de les transformer ou bien de se dupliquer à l'écran. L'essence même du cinéma est mise en abyme quand la reine de coeur et le roi de trèfle passent du statut d'images inanimées en deux dimensions à celui d'image animée (toujours en deux dimensions certes, époque oblige) d'une personne vivante évoluant dans un espace qui lui est en trois dimensions, préfigurant ainsi l'avenir des effets spéciaux.

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La Forêt d'Emeraude (The Emerald Forest)

Publié le par Rosalie210

John Boorman (1985)

La Forêt d'Emeraude (The Emerald Forest)

"La Forêt d'Emeraude" est le premier film de John BOORMAN que j'ai vu alors que j'étais encore très jeune. Il m'a beaucoup marqué et force est de constater qu'il était avant-gardiste à une époque où les préoccupations écologistes étaient parquées dans des réserves. C'est toujours le cas d'ailleurs en dépit des apparences. Depuis près de 530 ans c'est à dire depuis que les occidentaux ont posé le pied en Amérique, ils n'ont cessé de la conquérir, de la dominer et de l'exploiter sous prétexte "d'aménagement du territoire" et autre "mise en valeur" au détriment de ses premiers habitants dont le territoire ne cesse de se rétrécir comme peau de chagrin. Avec eux, c'est la nature qui recule, cette nature dont nous dépendons nous aussi mais que notre idéologie s'acharne à nier comme elle nie tout ce qui la dépasse, y compris la nature humaine. Le géographe François Terrasson disait que notre civilisation bétonnait la nature comme elle bétonnait nos émotions. Par conséquent, elle ne peut qu'enlaidir et tuer tout ce qu'elle touche, faisant de l'homme un sinistre prédateur insatiable, compensant ses besoins primaires insatisfaits par le cercle vicieux de l'accumulation capitaliste (ce que dans un tout autre style, Hayao MIYAZAKI montre si bien dans "Le Voyage de Chihiro" (2001) avec le sans-visage). Ce n'est pas par hasard que les indiens surnomme celui des blancs "le monde mort". Il l'est effectivement. C'est parce qu'ils veulent l'arracher à la mort qu'ils enlèvent donc le petit Tommy qui s'est égaré "au bord du monde" comme ils le disent.

John BOORMAN, qui a réalisé d'autres films remarquables sur le choc des cultures ("Délivrance" (1971), "Leo the Last") (1970) réalise un film majestueux et engagé dans lequel il revisite les grands mythes américains en les déconstruisant. L'univers de la tribu dépeint comme un paradis terrestre sur le point d'être perdu m'a fait penser à "Tabou" (1929) de Friedrich Wilhelm MURNAU. L'intrigue fait penser quant à elle à celle d'un western et plus précisément à "La Prisonnière du désert" (1956). Mais les enjeux sont évidemment bien différents. Le père biologique de Tommy en veut à la tribu d'avoir enlevé son fils mais il ne manifeste jamais de racisme à leur égard et Tommy reste dans sa culture d'adoption. C'est même lui qui dans un renversement des rôles lui donne une leçon de vie. Car si Bill veut l'aider, il compte sur la technologie alors que Tommy fait quant à lui appel aux forces de la nature via le chamanisme. Avec toutes les conclusions qui s'imposent.

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Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair)

Publié le par Rosalie210

Joseph Losey (1948)

Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair)

Premier film de Joseph LOSEY, "Le Garçon aux cheveux verts" n'a rien perdu de son actualité. Le contexte a changé, le jugement social sur les petits garçons aux cheveux différents de la norme non. Par exemple, les cheveux longs et bouclés qui ne semblent pas poser problème quand ils sont portés par des petites filles deviennent étonnamment suspects quand ils le sont par des petits garçons, surtout à partir de l'entrée à l'école. Outre le trouble sur le genre qu'ils induisent et qui dérange on les accuse de transmettre des poux et on agite alors la menace de la tondeuse. Et c'est ainsi que la pression sociale normative continue à s'exercer en toute impunité dans une société dite "moderne".

Peter (Dean STOCKWELL alors enfant-acteur à la présence déjà remarquable) n'a pas les cheveux longs mais un matin, il découvre qu'ils sont devenus naturellement verts. Cette simple différence de couleur lui vaut la curiosité malsaine puis l'ostracisme et enfin l'hostilité de la petite ville américaine dans laquelle cet orphelin de guerre (le film date de 1948) pensait avoir trouvé un foyer. Outre sa beauté et sa mélancolie, le film offre un édifiant portrait de la gent humaine qui renvoie aux comportements racistes et antisémites observés pendant la seconde guerre mondiale. Le harcèlement vécu par Peter à l'école, les pressions exercées par le laitier qui craint que le changement de couleur des cheveux du garçon ne soit associé à son lait et ne lui fasse mettre la clé sous la porte, la docilité servile du coiffeur ou encore la lâche trahison du tuteur de Peter d'apparence si tolérant et qui plus est magicien. Rien de tel que la confrontation avec la différence pour révéler les tricheurs de tous bords, y compris ceux qui se drapent dans des oripeaux de vertu ou d'ouverture d'esprit.

Mais le film n'est pas qu'une fable sur la différence car celle-ci est signifiante. Peter porte bien malgré lui la mémoire de tous les enfants victimes de la guerre et la couleur de ses cheveux qui le rend visible est un moyen d'obliger les adultes à ne pas se dérober à leurs responsabilités présentes et futures pour que cela ne recommence jamais. Le film de Joseph LOSEY est donc humaniste et engagé et plus dérangeant que convenu en dépit des apparences. D'ailleurs celui-ci et ses collaborateurs subiront le sort de Peter en étant blacklisté par Hollywood au moment de la chasse aux sorcières.

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Rosemary's Baby

Publié le par Rosalie210

Roman Polanski (1968)

Rosemary's Baby

On pourrait longtemps méditer avec un tel film sur le fait que l'on échappe pas à ses démons où que l'on aille, que la prétendue rationalité de l'homme moderne n'est qu'une pellicule qui dissimule les instincts les plus barbares ou bien que la vieille Europe et ses croyances les plus archaïques se sont exportées jusqu'au coeur du Manhattan le plus futuriste. Bref "Rosemary's Baby" qui appartient à la trilogie des appartements maléfiques de Roman POLANSKI (entre "Répulsion" (1965) et "Le Locataire") (1976) est tout simplement une allégorie de l'enfer. Son succès se situe au croisement des tourments personnels et récurrents du réalisateur et de ceux de l'Amérique qui connaît à partir de la fin des années 60 une vague de désenchantement et de paranoïa dont le cinéma se fait l'écho. On y voit une jeune femme d'apparence tout à fait équilibrée, Rosemary (Mia FARROW) basculer dans un monde parallèle cauchemardesque à partir de ce qui semble être la prise d'une drogue administrée par ses voisins dont les attentions se transforment rapidement en intrusion puis en possession, le tout avec la complicité d'un mari dont tout indique qu'il a vendu son âme au diable (John CASSAVETES). Bien entendu, l'ambiguïté sur la nature du mal qui ronge Rosemary reste entière tout au long du film: est-elle victime d'un complot organisé par une obscure secte sataniste qui veut s'emparer de son enfant pour ses rituels sanglants ou bien rejette-elle tout simplement son bébé à naître? Quelle que soit la réponse, il est frappant de constater combien la mise en scène distille l'angoisse et suggère un paranormal ancestral tout en établissant un parallèle éclairant avec les démons contemporains des USA. Les potions de sorciers du Moyen-Age renvoient aux drogues hallucinogènes qui faisaient alors fureur, l'attitude de Guy qui se dit athée (alors que Rosemary fait figure de madone catholique) renvoie au démon de la réussite (ou comment devenir un winner en signant un pacte méphistophélique), les satanistes peuvent renvoyer aux communistes mais ils font surtout penser aux nazis qui ont été généreusement accueillis sur le sol américain dans l'après-guerre et se sont joint à leurs copains du Ku Klux Klan, eux aussi amateurs de paganisme identitaire et de rituels sanglants aux relents parfois occultes.

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