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Articles avec #eastwood (clint) tag

Chasseur blanc, coeur noir (White Hunter, Black Heart)

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1990)

Chasseur blanc, coeur noir (White Hunter, Black Heart)

En 1950 Peter Viertel avait collaboré au film « African Queen » de John Huston, qui voyait s’affronter Humphrey Bogart (Charlie Allnutt) et Katharine Hepburn (Rose Sayer). De cette expérience, il a tiré un livre « White Hunter, Black Heart », chronique partielle et romancée du tournage où John Huston devenait John Wilson, un cinéaste excentrique que seul intéresse la mise à mort d’un éléphant.

C’est ce roman que Clint Eastwood a porté à l’écran avec le même Peter Viertel comme coscénariste. La reconstitution est convaincante: en tant que cinéphile, on a plaisir à reconnaître les paysages africains du film ainsi que les personnages, joués par des acteurs aussi proches que possible des interprètes originaux.

Mais en réalité, le roman est plutôt un prétexte. Eastwood parle surtout de lui dans ce film. Le cinéaste qu'il interprète est exigeant, entêté, en conflit ouvert avec le système hollywoodien, ses conventions et ses préoccupations mercantiles. Eastwood intente même au-delà un procès à la civilisation occidentale présentée comme antisémite, raciste, vaniteuse et prédatrice. Tout se passe comme s'il avait des comptes à régler avec son passé d'acteur jouant des rôles un peu fascistes sur les bords. Avec les mots, avec les poings et à travers son obsession meurtrière (tuer un éléphant revient à commettre un crime contre l'Afrique et le prix à payer pour cette folie sera une culpabilité à vie), il n'en finit plus de tuer Harry, encore et encore jusqu'à se purger de lui et à renaître dans la peau d'un autre homme.

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J. Edgar

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (2011)

J. Edgar

Je n'avais pas envie de voir ce film pour deux raisons: je ne suis pas spécialement fascinée par les hommes de pouvoir et je n'aime pas particulièrement Léonardo Dicaprio. Mais en dépit de sa photographie très (trop) sombre, ce film est en réalité une bonne surprise grâce au regard intelligent du réalisateur. Loin d'être une reconstitution poussiéreuse et désincarnée, le film est intimiste et dissèque avec une humanité inattendue une psychologie particulièrement torturée, celle de J. Edgar Hoover, inamovible patron du FBI durant près d'un demi-siècle. Paranoïaque obsédé par la peur de la contamination (des rouges, des truands, des roses, puis des noirs), éternel petit garçon bégayant sous la coupe d'une mère castratrice (Judi Dench), Hoover possède de nombreux démons intérieurs qui expliquent d'autant mieux son autoritarisme, son besoin de contrôle et sa mythomanie. Son homosexualité refoulée (toujours d'après le film à cause de sa mère qui ne supporte pas qu'il soit "de la jaquette") le contraint à vivre une relation aussi forte qu'entravée avec son adjoint Tolson. Paradoxalement les plus belles scènes du film émanent de cet amour (réel ou extrapolé, la nature de la relation entre les deux hommes n'ayant jamais été tirée au clair). Ainsi on voit cet homme qui ne supporte pas que l'on touche aux scènes de crime et qui s'essuie la main après l'avoir serrée, se tamponner le visage avec un mouchoir tenu un instant auparavant par Tolson puis réclamer toujours plus de proximité avec lui tout en se dérobant sans cesse. Cette contradiction donne lieu à une deuxième lecture assez bouleversante de la lettre révélant les amours saphiques d'Eleanor Roosevelt.

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Minuit dans le jardin du bien et du mal (Midnight in the Garden of Good and Evil)

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1997)

Minuit dans le jardin du bien et du mal (Midnight in the Garden of Good and Evil)

C'est un film qui m'a marquée, non pour son histoire assez confuse mais pour l'étrangeté de son atmosphère, un "Autant en emporte le vent sous mescaline" pour reprendre l'expression du seul personnage extérieur de l'histoire, John Kelso joué par John Cusack. Celui-ci est un journaliste new-yorkais des plus rationnels qui va se laisser envoûter par la moiteur sudiste de la ville de Savannah et l'ambivalence romanesque et haute en couleurs de ses habitants. Lui-même en effet est double puisque sa vocation de romancier va revenir le titiller au contact de cet univers plein de mystère où les contraires se côtoient pour le meilleur et pour le pire. Les vivants communiquent avec les morts, le raffinement des mœurs cache une violence sauvage alors que les normes sexuelles et genrées sont profondément bousculées. Jim Williams (joué par Kevin Spacey) est un notable qui cache son homosexualité jusqu'à ce que celle-ci ne sorte du placard ou plutôt de l'horloge de façon fracassante. Son amant Billy (joué par Jude Law) est une petite frappe entretenue prête à tout faire exploser sur son passage. Lady Chablis, connaissance de Billy est une drag-queen aussi extravagante et irrévérencieuse que touchante. Et enfin Minerva est une sorte de prêtresse vaudou dont le talent occulte permet à John Kelso de se frayer un chemin dans un maquis de mensonges, demi-vérités et désillusions.

Film d'atmosphère et étude d'un milieu quasi ethnographique, le film n'en est pas moins tiré de faits réels qui furent par la suite romancés. S'il est un peu trop long, sa profonde originalité mérite le détour.

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Un monde parfait (A Perfect World)

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1993)

Un monde parfait (A Perfect World)

" Un soldat, jeune, bouche ouverte, tête nue/ Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,/ Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue/ Pâle dans son lit vert où la lumière pleut."

C'est par cette scène rimbaldienne à la fois tragique et paisible que s'ouvre et se clôt "Un monde parfait", road-movie qui mêle indistinctement récit de cavale et récit d'apprentissage. Réalisé juste après "Impitoyable", "Un monde parfait" fait partie des nombreux récits de transmission mis en scène par Eastwood où un vieux briscard (Eastwood himself) tend la main aux parias de l'Amérique pour leur donner une seconde chance. Néanmoins la tonalité d'"Un monde parfait" est plutôt amère et désenchantée. Eastwood joue un flic (pour changer) qui dans le passé a pris une mauvaise décision: il a envoyé un jeune délinquant récidiviste dans une maison de redressement pour l'arracher aux griffes de son père maltraitant ce qui a achevé de le faire plonger dans la criminalité. Devenu adulte, Butch Haynes (Kevin COSTNER dans l'un de ses meilleurs rôles) s'évade de prison et prend en otage un petit garçon de 8 ans, Phillip (T.J Lowther) en qui il se reconnaît aussitôt, au point de se mettre immédiatement à sa hauteur. L'enfant n'a pas de père et il est emprisonné dans une éducation rigide qui le met à l'écart des autres enfants et le prive de la plupart des plaisirs de son âge. Butch rêve de réparer le passé en retrouvant son père en Alaska tout en se donnant un avenir en éduquant Phillip. Mais son destin est à l'image des routes inachevées du Texas profond, il se termine en cul de sac. Notamment parce que la maltraitance infligée aux enfants déclenche chez lui une violence incontrôlable et que Phillip qui trouve en Butch un père de substitution va répéter les actes de celui-ci enfant.

Le caractère fataliste du film est également souligné par les scènes satiriques grinçantes servant de contrepoint à l'odyssée tragique de l'anti-héros. Par exemple un père de famille qui semble davantage se soucier de sa voiture que de ses enfants, un magasin où les employées sont payées pour sourire, des forces de l'ordre surarmées dont la gâchette facile va de pair avec la bêtise abyssale, une course-poursuite grotesque en caravane de luxe laquelle devait servir de QG au gouverneur pour la visite de Kennedy au Texas (dont on connaît l'issue fatale) etc.

Néanmoins ce qui l'emporte n'est ni la tristesse, ni l'amertume mais l'espoir. Les petites graines semées par la révolte de l'enfant blessé qu'a été Butch dans l'urgence et parfois la violence porteront-elles leurs fruits? La fin ouverte laisse la réponse en suspens.

 

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