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Articles avec #drame tag

Si loin, si proche! (In weiter Ferne, so nah!)

Publié le par Rosalie210

Wim Wenders (1993)

Si loin, si proche! (In weiter Ferne, so nah!)

Si loin si proche est la suite des Ailes du désir. Wenders a voulu faire un dyptique avant/après la chute du mur. Peut-être parce qu'elle ne bénéficie pas de l'effet de surprise du premier film, cette suite a été moins bien accueillie bien qu'elle ait quand même remporté à Cannes le grand prix du jury ce qui n'est pas rien! Elle est surtout pénalisée par le fait d'être peu diffusée depuis sa sortie cinéma. Le film est en effet introuvable en DVD zone 2 (il existe seulement en DVD zone 1.)

Si le premier film se concentrait sur Damiel et son désir d'embrasser la condition humaine, le second fait la part belle à Cassiel que son désir de sauver les gens finit également par transformer en humain. Mais contrairement à Peter Falk qui a trouvé sa voie dans l'art ou à Damiel qui s'est construit une famille et une vie dans le milieu alternatif berlinois entre l'association où sa femme et sa fille font du trapèze et sa pizzeria la "casa della angelo" (j'adore!) la vie terrestre de Cassiel tourne au tragique. Il est traqué par Emit Flesti c'est à dire "Time itself" (Daniel Defoe), un ange noir qui veut raccourcir sa vie pour le punir de sa désertion. Sa naïveté se conjugue à la malchance: il accumule les mauvaises rencontres et expériences jusqu'à tremper dans un trafic sordide qu'il finit par démanteler avec d'aide des amis trapézistes de Marion.

Malgré l'aspect maudit du destin de Cassiel, les passages drôles et poétiques ne manquent pas dans ce second volet. Poésie des dialogues (j'aime particulièrement le "petit klaxon de ton oreille" par lequel Doria définit la présence de l'ange Cassiel auprès de son père Damiel) des images (les trapézistes en apesanteur qui se balancent au plafond tout en se faisant passer les caisses d'armes et de vidéos dérobées au trafiquant Tony Baker ou encore le bateau de l'amicale des ex-anges l'Alekhan, allusion au directeur de la photographie) et de la musique (avec un nouveau ex-ange artiste jouant son propre rôle: Lou Reed). Passages ludico-comiques aussi avec Tony Baker les pieds dans une bassine de ciment en voie de solidification et Karl Engel (l'identité terrestre de Cassiel amusante allusion à son statut d'ex-ange tout autant qu'hommage aux pères fondateurs du socialisme) qui le sauve dans la tradition du film noir.

Le parcours de Cassiel croise (comme dans le premier film) celui de la grande Histoire. Gorbatchev fait une apparition au début du film et Cassiel est mêlé à l'histoire d'une famille qui résume celle de l'Allemagne.

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Vol au-dessus d'un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest)

Publié le par Rosalie210

Milos Forman (1975)

Vol au-dessus d'un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest)

Hymne à la liberté et à la résistance, grand film humaniste qui n'a pas pris une seule ride en 41 ans et qui garde intacte toute sa puissance émotionnelle et son caractère de brûlot politique. Le film possède d'ailleurs plusieurs niveaux de lecture (comme souvent avec les bons films).

Sur le plan historique tout d'abord, la métaphore politique est limpide. Le film date de 1975 (guerre froide) et son réalisateur, Milos Forman a fui la Tchécoslovaquie juste après le printemps de Prague réprimé dans le sang par les soviétiques. L'hôpital psychiatrique aux allures de camp de concentration c'est la Tchécoslovaquie et Mildred Ratched l'infirmière tyrannique personnifie le pouvoir communiste. Quant à McMurphy (Jack Nicholson) c'est bien sûr Milos Forman lui-même, un résistant et un rebelle qui tente par tous les moyens de s'évader et de faire évader ses camarades soumis (le peuple tchécoslovaque), tente de leur redonner le goût de la vie et de la liberté avec à chaque escapade un retour de bâton plus terrifiant que le précédent. L'hôpital psychiatrique était d'ailleurs largement utilisé par l'URSS pour enfermer et détruire la personnalité des opposants à coup de médicaments, d'électrochocs et de lobotomies (ce qui arrive finalement à McMurphy).

Mais le film de par son caractère universel symbolise la résistance à toutes les oppressions y compris occidentales. Ainsi les malades mentaux sont en réalité plutôt des hommes en souffrance qui n'arrivent pas à se conformer aux normes sociales. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Danny de Vito et Christopher Lloyd qui débutaient au cinéma ont ensuite fait des films avec Zemeckis (A la poursuite du diamant vert pour le premier, Qui veut la peau de Roger Rabbit et la trilogie Retour vers le futur pour le second). Zemeckis développe une thématique autour de la normalité et de la folie dans son oeuvre et cite directement le film de Forman au début de la mort vous va si bien. Quant au personnage de Big Chief, il incarne le sort du peuple indien tout entier, aliéné et muselé par la domination des blancs (y compris McMurphy) à laquelle il oppose une farouche résistance passive. L'évolution de McMurphy qui passe au cours du film du petit voyou égoïste au leader charismatique et manipulateur en lutte frontale avec Ratched puis à la figure christique sacrificielle altruiste permet au final un miracle, celui de libérer l'indien (en lui? Sa part la plus noble sans doute...)

Enfin l'hôpital psychiatrique incarne également l'abus parental. Mildred Ratched a tout de la mère castratrice qui abuse de son pouvoir, culpabilise et infantilise ses patients "pour leur bien" (pour reprendre l'expression d'Alice Miller.) D'ailleurs elle finit par se confondre avec la mère de l'un des patients, Billy qui interdit à son fils de devenir un homme. On peut rajouter que si sa confrontation avec McMurphy révèle de profondes similitudes entre eux (le narcissisme, la quête de pouvoir et d'attention, le rapport déréglé à la sexualité) on ne peut pas les mettre sur le même plan. Ratched joue sur les sentiments négatifs de ses patients pour mieux les contrôler alors que McMurphy joue sur leurs sentiments positifs et après avoir occupé le centre de la scène accepte au final de s'effacer du tableau (on peut y voir une attitude réflexive de l'artiste sur lui-même).

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La Jetée

Publié le par Rosalie210

Chris Marker (1963)

La Jetée

Œuvre singulière par sa durée (30 minutes), sa forme (une succession de photos fixes retravaillées pour former un effet cinématographique à l'exception d'un plan filmé doté du mouvement), son genre (à mi-chemin du film d'anticipation et de l'oeuvre mystique portée par des chants liturgiques orthodoxes russes) la Jetée est un film-phare, une œuvre forte qui a inspiré de nombreuses œuvres ultérieures (dont un clip de David Bowie et le film-remake de Terry Gilliam 12 Monkeys).

Le scénario de la Jetée de Chris Marker a été écrit pendant le contexte de la crise de Cuba où le monde a failli basculer dans la guerre nucléaire mondiale. La jetée d'Orly qui venait d'être construite dans les années 60 était un symbole de progrès, celui des trente glorieuses. Il s'agissait d'un lieu de promenade dominical pour les familles qui regardaient décoller les avions. Marker, grand voyageur très marqué par la lecture de Jules Verne brise cet élan en montrant un homme mourir puis en dévastant la terre avec la "la troisième guerre mondiale", nucléaire bien sûr. Les rares survivants doivent se cacher sous terre, comme des rats et sont victimes d'une effroyable oppression. L'un d'entre eux qui a été témoin enfant de la mort de l'homme sur la jetée d'Orly devient un cobaye contraint d'effectuer sous la torture des voyages dans le temps, le passé et le futur étant le seul moyen de sauver l'humanité du présent.

La Jetée est également une relecture du Vertigo de Hitchcock, l'un des cinéastes qui a le plus influencé la nouvelle vague française. La séquence du séquoia est reprise à l'identique ainsi qu'une femme à la présence irréelle et fascinante dotée d'un chignon. Marker introduit ainsi une variation sur l'impossibilité d'échapper au temps (ce que Scottie voulait faire en ressuscitant une morte, Vertigo étant adapté d'un roman de Boileau-Narcejac D'entre les morts).

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Passion d'amour (Passione d'amore)

Publié le par Rosalie210

Ettore Scola (1981)

Passion d'amour (Passione d'amore)

Adapté de Fosca, le roman d'Iginio Ugo Tarchetti (disponible en France aux éditions du sonneur) le film sous-estimé du regretté Ettore Scola sur la laideur et la beauté s'avère passionnant et intense, remarquablement interprété de surcroît par Valeria d'Obici (enlaidie pour l'occasion) et Bernard Giraudeau (qui lui est au summum de sa beauté).

Giorgio et Fosca forment un couple profondément subversif
Fosca est l'antithèse de la jeune fille de bonne famille du XIX° siècle. La jeune fille idéale du XIX° c'est un visage d'ange sur un corps de madone. Au moral, elle doit être douce, soumise et sage. Dans tous les cas, elle doit être belle. Fosca n'est rien de tout cela. "Monstre", "vampire", "ver", "mouche", "tentacules glacés" etc. c'est en ces termes qu'elle est définie par les personnages du film. Non seulement son humanité est niée mais les créatures auxquelles elle est comparée appartiennent au monde des ténèbres et de la mort. Fosca détonne d'abord par un visage sorti tout droit d'un film d'épouvante, celui du Nosferatu de Murnau en l'occurrence: teint verdâtre, extrême maigreur, début de calvitie, yeux et bouche trop grands, nez trop long. Le corps est à l'image de ce visage: si maigre qu'il est plus proche du squelette que d'autre chose. Mais ce qui anime ce corps malade en est d'autant plus fascinant, plus brûlant. Fosca n'est absolument pas sage, douce et soumise. Son intelligence est acérée, sa sensibilité extrême, son ironie mordante et sa lucidité extrême. Sa révolte s'incarne dans de spectaculaires crises d'hystérie qui la font ressembler au Cri de Munch. Le désir qui s'empare d'elle jusqu'à la consumer entièrement est justement celui d'être une fois au moins dans sa vie pleinement vivante, reconnue et aimée comme une femme par-delà son apparence. Pour vivre cet amour absolu, elle est prête à sacrifier sa vie, déjà chancelante.

Giorgio est quant à lui un homme insolite dans son époque et dans son milieu. L'objet de sa passion est à priori tout ce qu'elle n'est pas. Giorgio est au début du film une sorte "d'imbécile heureux": jeune, beau, solaire, fringant. Il est de surcroît passionnément épris d'une jeune femme mariée tout aussi belle que lui et qui l'aime en retour tendrement. Sa rencontre avec Fosca l'obscure va le mettre en contact avec des zones d'ombre en lui qu'il ne connaît pas et qui lui font peur. Car Fosca a repéré deux anomalies en lui: sa beauté et sa sensibilité, deux caractéristiques profondément féminines indésirables chez un homme de ce temps et de ce milieu: "Vous êtes beau et sensible, vous êtes le type d'homme que Fosca pourrait aimer. Malheur à ceux qui naissent avec ce péché originel". En dépit de ses sentiments ambivalents faits de répulsion et d'attraction, Giorgio va subir une telle pression physique et psychologique de la part de la jeune femme qu'il va finir par sortir de sa médiocrité, de sa banalité, de sa vacuité et accéder à une autre dimension, plus riche et plus profonde. Le tout dans l'opprobre ("J'aime Fosca! C'est contre-nature?") et au prix de son identité, de son équilibre, de son bonheur, de sa santé et de sa beauté.


La seule nuit d'amour entre Fosca et Giorgio met en jeu les peurs les plus enfouies et les plus primitives au sujet de la sexualité. Pour Giorgio, il s'agit de l'achèvement d'un processus de vampirisation qui aboutit à sa totale absorption dans le monde féminin de Fosca. Le lendemain, il fait sa première crise d'hystérie, expression de la répression de la sexualité féminine chez la femme mais désormais aussi chez l'homme. Du côté de Fosca, sexualité et mort sont indissolublement liés. En effet avant cette nuit-là, la jeune femme était restée vierge. Et son état de santé lui interdit d'avoir des rapports sexuels. Mais elle passe outre...et meurt. La Belle au bois dormant déjà se piquait le doigt à un fuseau...et mourrait.

Petit détail significatif Fosca (l'obscure) n'apparaît pas sur les affiches et photos ou bien son visage est caché. 4 fois sur 5 Giorgio est montré en compagnie de Clara sa maîtresse mariée qui n'est pourtant pas du tout importante dans le film...

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Paris, Texas

Publié le par Rosalie210

Wim Wenders (1984)

Paris, Texas

"C'est l'histoire d'un homme né dans un paysage trop petit pour lui." Né en 1945 dans une Allemagne coupée en deux par la guerre froide, Wim Wenders décide d'élargir son horizon en réalisant son rêve américain. Mieux que cela même, son désir incendie la mythologie du grand ouest. Les paysages majestueux du désert mojave et les accords devenus mythiques de Ry Cooder qui ouvrent le film mettent tout simplement le frisson. Et tout petit dans cet immensité, un homme erre. On apprend bien plus tard qu'il a des doutes sur son origine. A-t-il été conçu au beau milieu du désert à Paris dans le Texas ou bien dans la capitale française? En tout cas ce doute fait le pont entre l'origine européenne du film et son ancrage américain.

Wenders choisit d'adapter un roman de Sam Shepard, Motel chronicles et de filmer l'itinéraire de cet homme perdu, privé de mémoire et de langage. Pourtant grâce à l'obstination de son frère Walt, le bien-nommé Travis (travel signifie voyager) revient parmi les hommes. Son voyage se transforme alors en quête pour renouer les liens familiaux brisés par sa faute. Il a en effet abandonné sa femme et son fils dans sa fuite. Il découvre que Jane a disparu et que le petit Hunter a été recueilli par son frère et sa belle-soeur qui l'élèvent comme leur propre fils.

Travis se donne alors pour mission rédemptrice de reprendre sa place de père auprès de Hunter, de retrouver sa mère et de les réunir. S'ouvre alors l'une des séquences les plus fortes du film, celle du Peep show où Travis et Jane monologuent puis dialoguent à travers un miroir sans tain comme à l'intérieur d'un confessionnal.

Les acteurs sont tous en état de grâce. Après une centaine de films dans des seconds rôles, Henry Dean Stanton trouve le rôle de sa vie, Nastasia Kinsky au faîte de sa jeunesse et de sa beauté est sublime, Dean Stockwell et Aurore Clément sont émouvants dans leur détresse de beaux-parents dépassés par la situation. Enfin Hunter Carson à l'époque âgé de 7 ans est d'une maturité bien au-dessus de son âge.

Paris-Texas est un road-movie d'une grande beauté et d'une grande densité émotionnelle. A mon avis le meilleur film de Wim Wenders, à égalité avec Les Ailes du désir.

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Les ailes du désir (Der Himmel über Berlin)

Publié le par Rosalie210

Wim Wenders (1987)

Les ailes du désir (Der Himmel über Berlin)

Le début annonce la couleur si j'ose m'exprimer ainsi. Une plume écrit le poème "chanson sur l'enfance" de Peter Handke pendant que la voix de Bruno Ganz récite les premiers vers "Als das kind kind war (lorsque l'enfant était enfant)..." Les Ailes du désir n'est pas qu'un film, c'est un véritable poème cinématographique. La caméra de Wenders en apesanteur épouse le point de vue des anges et survole dans le noir et blanc sublimé d'Henri Alekan Berlin et ses stigmates. Les anges traversent les murs (on est en 1987, deux ans avant la chute du mur de Berlin) et écoutent les pensées des gens avec bienveillance. Ils tentent de leur redonner espoir. Bien sûr seuls les enfants peuvent voir les anges. Les adultes peuvent tout au plus ressentir leur présence.

Mais les anges ont une autre fonction, celle de conservateur de mémoire. Depuis des temps immémoriaux, ils notent et conservent jour après jour les faits et gestes qui leur paraissent significatifs. La bibliothèque de la ville est leur repaire ainsi que celui du conteur, lui aussi mémoire de la ville, Homère.

Le film est également une magnifique fable humaniste. L'incroyable présence des deux acteurs qui jouent les anges (Damiel alias Bruno Ganz et Cassiel alias Otto Sander) y est pour beaucoup ainsi que Peter Falk dans son propre rôle. Peter Falk dont le rôle emblématique de Columbo est sans cesse rappelé dans le film. Il est de passage à Berlin pour tourner un film sur la seconde guerre mondiale dont l'ombre pèse sur la ville au moins autant que son mur. Si Homère est le conteur, Peter Falk, acteur et ancien ange est le passeur, celui qui invite ses "companeros" à rejoindre le monde des humains en leur dépeignant les petites joies de l'existence (fumer, boire un café, se frotter les mains etc.)

Le désir permet en effet à l'ange de devenir humain. Damiel tombe amoureux de Marion, une trapéziste fan du chanteur Nick Cave et s'incarne en homme. Une nouvelle expérience commence pour lui avec un monde en couleurs, des sensations inconnues mais aussi les soucis matériels (temps, argent...)

A noter que 6 ans plus tard, Wenders tournera une suite tout aussi belle aux Ailes du désir, Si loin si proche dictée par la nécessité de rendre compte de la chute du mur et de ses conséquences.

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Jamais plus toujours

Publié le par Rosalie210

Yannick Bellon (1976)

Jamais plus toujours

A l'hôtel Drouot, dans la salle des ventes, Claire, une jeune femme triste déambule mélancoliquement au milieu des piles d'objets. Elle reconnaît ça et là ceux qui appartenaient à Agathe, son amie disparue. A l'inverse un fringant jeune couple vient acheter des meubles pour équiper l'appartement dans lequel ils viennent de s'installer. Ils arrêtent leur choix sur un paravent de miroirs qui appartenait justement à Agathe. Car sans le savoir ils partagent avec elle un goût pour le style japonisant. Claire achète également quelques objets témoignant de son passé commun avec Agathe. Elle retrouve à Drouot un ancien ami perdu de vue depuis dix ans Mathieu...

Ce film délicat et sensible est un joyau pour ceux qui aiment les univers contemplatifs, les réflexions nostalgiques sur le temps qui passe, l'éphémère de toute chose, la mémoire qui en conserve des traces et la mue perpétuelle de toute existence (sentiments, lieux, êtres et objets). Les lieux et les objets, omniprésents, sont des interfaces entre le passé, le présent et l'avenir et aussi entre les vivants et les morts. Historiquement et historiographiquement, le film est également important. Il témoigne des transformations de la ville de Paris et fait émerger l'histoire des mentalités, "celle où la vie d'un petit porteur d'eau a autant d'importance que celle de Louis XIII". L'historien Pierre Nora apporte d'ailleurs un éclairage passionnant sur le film dans les suppléments du DVD.

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Si tu tends l'oreille (Mimi o sumaseba)

Publié le par Rosalie210

Yoshifumi Kondo  (1995)

Si tu tends l'oreille (Mimi o sumaseba)

Un petit bijou plein de finesse hélas sorti directement en DVD en France. Il s'agit de l'unique film de Yoshifumi Kondo qui aurait du prendre la succession de Miyazaki s'il n'avait pas trouvé la mort peu après la sortie du film. Celui-ci est tout en délicatesse et sensibilité. Il dépeint par petites touches l'éveil d'une adolescente à l'amour et à elle-même. Il montre son quotidien morose (la banlieue dortoir de Tama, l'appartement exigu dans lequel elle vit)et comment par la lecture, les rencontres et l'écriture elle va peu à peu y échapper. A noter la première apparition du baron, le chat habillé en gentleman qui fera son retour dans le Royaume des chats (film très en dessous de celui-ci).

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La deuxième femme (Die Zweite Frau)

Publié le par Rosalie210

Hans Steinbichler (2008)

La deuxième femme (Die Zweite Frau)
Un téléfilm centré sur un trio: le fils Erwin, un vieux garçon introverti, sa mère envahissante qui a un contrôle absolu sur lui et la jeune Irina qui a bien du mal à briser ce couple et à trouver sa place.
 
La transformation d'Erwin est au coeur du film. Une fois libéré de l'emprise de sa mère, il se prend en main et en quelques jours, quelques semaines, il accomplit le parcours que d'autres mettent des années à effectuer. La scène la plus symbolique à cet égard est celle où il retourne en Roumanie à la fin du film pour ramener Irina en Allemagne. Cette fois, il s'y rend de son propre chef et non sous l'injonction de sa mère, il est au volant de son véhicule au lieu d'être dans la position du passager et surtout, il gagne son bras de fer avec la directrice de l'agence matrimoniale qui refuse de lui donner l'adresse d'Irina.
 
Ce dernier obstacle "maternel" surmonté, il peut enfin fonder une nouvelle famille avec Irina.
 
Irina est l'héroïne type de ce genre de film. Elle représente en apparence l'antithèse d'Erwin: elle est jeune, belle, moderne, émancipée, urbaine, délurée etc. Son couple avec Erwin ressemble à celui de la carpe et du lapin ou de la belle et de la bête. Ses failles se révèlent progressivement. Elle est soupçonnée de vouloir profiter d'Erwin ce qui est caractéristique du regard que les européens de l'ouest posent sur les immigré(e)s. Surtout elle cache son statut de mère célibataire qui la fragilise dans son entreprise. Tiraillée entre le désir de dire la vérité et la peur d'être rejetée, elle finit par s'enfuir mais Erwin la retrouve et l'oblige à se dévoiler ce qui rétablit l'équilibre entre eux.
 

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