Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #dhont (lukas) tag

Corps perdu

Publié le par Rosalie210

Lukas Dhont (2012)

Corps perdu

"Corps perdu" est le premier film réalisé par Lukas Dhont en 2012. Il annonce à un double titre ses deux premiers longs-métrages. Le milieu de la danse classique est celui dans lequel évolue Lara, l'héroïne de "Girl" alors que le titre souligne l'importance de l'enjeu de la mutation du corps adolescent dans ses films non en fonction de la nature mais du choix de la personne qui l'habite (qu'il souhaite le féminiser comme dans "Girl" ou le viriliser comme dans "Close"). Dans "Corps perdu", Lukas Dhont confronte Miller, un danseur de ballet âgé de 16 ans très incertain sur tous les plans à un séduisant voyou qui s'incruste dans sa chambre pour échapper à la police. On peut se demander dans quelle mesure l'inconnu n'est pas la matérialisation de l'homme que rêve d'être Miller. Le fugitif passe en effet une partie de la nuit dans son lit avant d'échanger sa place avec lui et de même, il échange ses habits avec ceux de Miller, passant du rouge au bleu (comme dans "Matthias et Maxime" de Xavier Dolan, onirisme et passion sont au programme) Miller revêt par ailleurs la veste que l'homme a laissé dans la chambre, telle une seconde peau avant de se contempler dans le miroir de la salle de bains. Un leitmotiv du film puisque qu'avant la rencontre (la mue?) Lukas Dhont a filmé sa peau de près au même endroit et dans la même situation. L'acharnement de Miller à coller aux basques de l'homme de ses rêves ("Ce rêve bleu/Je n'y crois pas, c'est merveilleux
/Pour moi, c'est fabuleux/Quand dans les cieux/Nous partageons ce rêve bleu à deux/Nous faisons ce rêve bleu à deux") est lié au fait que celui-ci pourrait lui indiquer le chemin pour atteindre son but, lui qui ne "connaît pas la route" pour devenir un adulte accompli.

Voir les commentaires

Close

Publié le par Rosalie210

Lukas Dhont (2022)

Close

"Close" commence au seuil de l'adolescence dans une sorte de paradis édénique. Une bulle à l'écart du monde où règne une innocence permettant le développement d'une amitié fusionnelle entre deux garçons, Léo et Rémi grâce au regard bienveillant de parents compréhensifs, en particulier les mères (Léa DRUCKER et Emilie DEQUENNE). Arrive une rentrée délicate, celle des 13 ans et patatras, tout s'effondre tant la relation tendre entre Rémi et Léo paraît tendancieuse aux yeux des autres. Ce sont des questions insidieuses, des remarques insultantes, une exclusion du groupe des garçons dominants qui comme dans toute cour d'école classique s'adonnent aux sports collectifs en occupant l'essentiel du territoire. Le film se focalise alors sur Léo qui éprouve de la honte vis à vis de son ami et commence à se détacher de lui pour s'intégrer au groupe dominant. Comme dans "Girl" (2018)", le premier film de Lukas DHONT où une adolescente transgenre pratiquait la danse pour façonner son corps à l'image de ses rêves, Léo se met à pratiquer le hockey sur glace pour se protéger, paraître plus viril et faire ainsi disparaître les stigmates de la "tapette". Rémi de son côté est touché en plein coeur par le rejet de celui qui était comme un frère jumeau. Quant à Léo, il va se retrouver avec un fardeau de culpabilité beaucoup trop lourd pour lui. On a beaucoup ironisé sur les images des deux garçons courant dans les champs de fleurs sauf que d'une part ces champs font partie de leur quotidien (les parents sont floriculteurs) et de l'autre une scène se situant au tournant du film montre celles-ci piétinées par la machine qui les cueille, ne laissant que la terre nue. Lukas DHONT montre avec la sensibilité de celui qui a vécu cette expérience la difficulté de grandir hors des sentiers battus à une période de la vie où il ne semble exister que deux choix possibles: se conformer ou disparaître. "Close" a ainsi un double sens qui reflète l'histoire du film. Il signifie à la fois "proche" et "fermé".

Voir les commentaires

Girl

Publié le par Rosalie210

Lukas Dhont (2018)

Girl

"Girl" est un film qui en abordant un sujet sensible a déchaîné les passions. D'un côté ceux qui l'ont encensé (notamment les critiques qui lui ont décerné de nombreux prix (Caméra d'or, queer palm, meilleur premier film au festival de Londres, plusieurs Magritte etc.), de l'autre, ceux qui l'ont rejeté à commencer par les principaux intéressés, les transgenres, du moins ceux qui ont eu assez d'influence pour faire entendre leur voix. "Girl" ne prétend toutefois pas représenter la communauté dans son ensemble mais un parcours individuel inspiré d'une danseuse transgenre d'origine flamande bien réelle, Nora Monsecour qui a conseillé le réalisateur. Autre aspect important qui a mon avis invalide une partie des critiques et qui est occulté par la problématique transgenre, le film raconte l'histoire d'une trans de 15 ans qui par son entraînement acharné et le traitement qu'elle suit espère infléchir sa transformation dans le sens qu'elle souhaite. Le fait de beaucoup se regarder dans le miroir et de se focaliser sur les manifestations génitales de la puberté n'est donc pas déplacé dans un film qui traite autant de l'adolescence que de la transidentité. Et le fait que ce soit un acteur et danseur androgyne qui interprète le rôle n'est peut être pas réaliste mais sa composition n'en est pas moins remarquable.

Néanmoins le film n'est pas exempt de maladresses. Personnellement, j'en vois au moins deux. La première, c'est le fait que la mue de l'héroïne s'apparente à un chemin de croix dépourvu de joie. Lukas Dhont me semble avoir trop lu "La petite sirène" pour s'acharner à ce point sur la souffrance physique que s'inflige Lara par la danse. Une souffrance qui est montrée par ailleurs de façon aussi complaisante que dans "Whiplash" qui pourtant n'a rien à voir avec la transidentité mais qui illustre cette façon navrante d'associer art, compétition acharnée (avec les autres et/ou avec soi) et masochisme. On peut se demander d'ailleurs si Lara aime la danse ou si elle n'instrumentalise pas cet art pour modeler (ou plutôt torturer) son corps selon la conception qu'elle se fait de la féminité. Quoiqu'il en soit le réalisateur n'a aucun recul critique sur ce qu'il filme. La deuxième maladresse, c'est la manière dont le monde extérieur est dépeint. L'entourage de Lara est dépeint comme "compréhensif", "tolérant" etc. mais je l'ai ressenti comme intrusif, cherchant à connaître voire diriger de façon intolérable sa vie privée (je ne parle pas de ses soi-disant copines qui l'air de rien la mettent à l'écart et l'humilient mais du père qui entre dans la chambre quand elle est nue, lui pose des questions sur son orientation sexuelle et de son docteur qui la pousse à avoir une vie amoureuse, mais de quoi je me mêle?) Il est d'ailleurs étonnant que Lara qui vit de nos jours dans un pays développé avec de nombreux moyens pour rencontrer des personnes vivant la même expérience reste totalement coupée d'elles comme si elle était seule sur terre.

Voir les commentaires