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Articles avec #dercourt (denis) tag

La tourneuse de page

Publié le par Rosalie210

Denis Dercourt (2006)

La tourneuse de page

"La Tourneuse de pages" est un thriller à demi-réussi. Denis Dercourt dont j'ai vu récemment le très bon "Vanishing" parvient dès les premières minutes à instaurer un climat de tension et le maintenir tout au long du film, tenant ainsi les spectateurs en haleine. Celui-ci sait en effet grâce à la scène d'humiliation sociale initiale quand Mélanie était enfant qu'en l'accueillant adulte dans sa luxueuse et immense demeure, M. Fouchécourt (Pascal Greggory) fait entrer le loup dans la bergerie. Derrière son rôle de petite main soumise, Mélanie (Déborah François) ne semble en effet vivre que pour sa vengeance et utilise de façon subreptice les failles de la famille pour parvenir à ses fins sans jamais découvrir son jeu. Mais c'est aussi la limite d'un personnage opaque qui à force d'afficher le même masque imperturbable, la même détermination sans faille, la même invulnérabilité, finit par paraître dénué d'humanité, rendant le film sec et froid. Bien qu'on ait beaucoup comparé Mélanie aux blondes hitchcockiennes et sa vengeance sociale à "La Cérémonie" de Claude Chabrol, c'est du côté du thriller asiatique qu'il faut aller chercher ce genre de hiératisme glacé ponctué de gestes ultra-violents qui contraste avec le trouble de plus en plus palpable d'Ariane (Catherine Frot), l'épouse de M. Fouchécourt, pianiste qui perd littéralement les pédales au contact de la jeune femme. On peut d'ailleurs se demander si le début de sa fragilisation suite à un accident de voiture provoqué par un chauffard n'est pas déjà dû à Mélanie qui n'a plus qu'à lui donner l'estocade ou plutôt le baiser de la mort pour l'achever. 

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Vanishing

Publié le par Rosalie210

Denis Dercourt (2021)

Vanishing

Vanishing est un film franco-coréen que j'ai eu la chance de pouvoir regarder en avant-première au cinéma alors que sa sortie est prévue en France directement sur Canal + en avril 2022. Autrement dit comme pour les productions Netflix, il n'est pas prévu qu'il sorte en salle en France sauf lors de projections exceptionnelles.

L'histoire est le reflet du cosmopolitisme de l'équipe du film, elle se déroule en Corée du sud avec une majorité d'acteurs coréens mais a pour principale protagoniste une médecin-légiste française, Alice Launey jouée par une actrice d'origine russe à la carrière internationale, Olga Kurylenko. Trois langues sont principalement utilisées: le français, le coréen et l'anglais pour les relations entre les policiers coréens et Alice Launey même si celle-ci dispose d'une interprète qui joue un rôle essentiel dans l'intrigue. Il s'agit d'un thriller extrêmement bien ficelé autour d'un trafic d'organes se déroulant sur le sol coréen mais dont les victimes sont des immigrées d'origine chinoise venues travailler comme femme de ménage en Corée. Le début du film nous fait remonter toute la filière criminelle avec une grande fluidité et uniquement grâce aux images, depuis celui qui utilise sa vieille mère sénile pour piéger et livrer aux trafiquants d'organes les jeunes chinoises envoyées par une société vraisemblablement complice ironiquement nommée "dream" (le profil recherché est en effet celui du groupe sanguin B- qui est très fréquent au sud de la Chine alors qu'il ne représente que 2% des cas dans le monde) jusqu'à une clinique de chirurgie esthétique utilisée comme couverture pour les opérations du chirurgien véreux qui y officie, chirurgien marié par ailleurs à l'interprète de Alice Launey. Celle-ci qui est à Séoul pour un colloque est invitée à participer à l'enquête grâce à sa technique de prise d'empreintes sur les cadavres en décomposition avancée retrouvés par la police locale, technique inconnue en Corée du sud. La police à la ramasse est un clin d'oeil notamment à "Memories of murder" de Bong joon-ho, même si heureusement, elle n'en est plus à l'âge de pierre dépeint par l'illustre réalisateur de "Parasite". Elle se retrouve à faire équipe avec un jeune commissaire, Jin-Ho Park (Yeon-seok Yoo) qui à ses heures perdues tord les cuillères pour épater sa jeune nièce (un tour de magie que j'avais déjà vu dans le manga "20th Century Boys", j'en conclue qu'il doit être populaire en Asie). Les deux membres de ce duo peu conventionnel qui s'expriment en trois langues différentes (une femme de tête forte et fragile à la fois car hantée par une expérience traumatique et un homme plus jeune et plus maladroit, du moins en apparence) ne sont d'ailleurs pas insensibles l'un à l'autre ce qui ajoute une touche de romantisme, lequel est contrebalancé par l'histoire tragique de l'interprète d'Alice, amenée à commettre le pire pour tenter de sauver son mari, pris au piège de son pacte avec la mafia.

Seul bémol de ce film sans temps mort, fluide et nerveux à la fois qui met en relation plusieurs genres et plusieurs cultures: quelques personnages qui apparaissent fugitivement (un couple avec un enfant en attente de greffe, un indonésien faisant partie de la filière des trafiquants) ne sont pas développés, laissant ainsi quelques trous dans la raquette.

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