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Articles avec #depardon (raymond) tag

Dixième chambre, instants d'audience

Publié le par Rosalie210

Raymond Depardon (2004)

Dixième chambre, instants d'audience


Suite de "Délits flagrants" (1994), "Dixième chambre, instants d'audience" réalisé 10 ans plus tard se situe dans un décor unique, celui d'un tribunal de correctionnelle où comparaissent 12 prévenus, soit libres, soit détenus (ils n'occupent pas le même espace dans la salle). Michèle BERNARD-REQUIN qui était substitut du procureur dans "Délits flagrants" (1994) est devenue juge et préside la dixième chambre du tribunal de Paris où
sont jugés les affaires relevant de la correctionnelle (d'où le titre du film). Raymond DEPARDON a placé deux caméras filmant en plans fixe à tour de rôle la présidente, les avocats, les accusés et parfois les parties civiles. En dépit de l'aspect répétitif de ce dispositif, émerge de ce petit théâtre de la justice ordinaire des éclats de vérité comme le témoignage glaçant d'une victime du harcèlement de son ex qui minimise les faits et semble bien sous tous rapports. Ce passage qui tranche avec nombre d'affaires tragi-comiques abordées dans le film (autour de la conduite en état d'ivresse ou de la taille d'une lame d'Opinel par exemple) souligne la minimisation des violences conjugales par la société française. D'autre part on observe également l'impuissance de cette justice vis à vis des personnes en situation irrégulière. Elle cherche à faire appliquer le droit mais se retrouve face à des illettrés sans état civil ni nationalité identifiable, interdits du territoire français mais qui y sont toujours ne sachant où aller.

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Délits Flagrants

Publié le par Rosalie210

Raymond Depardon (1994)

Délits Flagrants
Délits Flagrants
Délits Flagrants

En hommage à Michèle BERNARD-REQUIN décédée le 14 décembre 2019, j'ai revu le premier film où elle est apparue, "Délits flagrants" de Raymond DEPARDON. Il s'agit du premier documentaire réalisé dans l'enceinte du Palais de Justice de Paris en 1994. 14 prévenus (sur 86 filmés) venus de la Préfecture de police située juste en face (les deux bâtiments communiquent via de longs couloirs souterrains filmés par le réalisateur) se succèdent devant 3 substituts du procureur (Michèle BERNARD-REQUIN est la seule femme parmi les 3) qui leur exposent les motifs de leur arrestation en flagrant délit (de vol avec ou sans violence, d'escroquerie, d'outrage à agent, de coups et blessures, de dégradation de biens ou encore de séjour illégal sur le sol français). Après consultation du dossier du prévenu (notamment pour savoir s'il est récidiviste ou non) et écoute de ses explications, le substitut décide soit d'une comparution immédiate devant un tribunal correctionnel soit d'une remise en liberté avec suivi judiciaire et convocation pour une comparution ultérieure. On voit également brièvement deux autres maillons de la procédure judiciaire, l'un avant le passage chez le substitut auprès d'une conseillère à la personne et l'autre après chez un avocat commis d'office. Tous deux servent à compléter le portrait de l'une des prévenues, "Muriel Lefèvre" (les noms ont été changés) qui donne des versions différentes de ses actes selon son interlocuteur en se contredisant ainsi qu'à étoffer la documentation sur le fonctionnement de la justice.

Le documentaire de Raymond DEPARDON qui privilégie la caméra fixe et le plan séquence trouve le ton juste, à la fois à bonne distance et à hauteur d'homme. A travers la procédure judiciaire il dresse un portrait de l'envers de la société française où règnent le chômage, l'exclusion, la précarité, la drogue, l'alcool, le SIDA, la prostitution, l'émigration clandestine. Il montre aussi que les quelques fils de bonne famille venus s'égarer dans cette cour des miracles bénéficient de plus d'indulgence que les étrangers pauvres.

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