Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #comedie dramatique tag

La Chimère (La Chimera)

Publié le par Rosalie210

Alice Rohrwacher (2023)

La Chimère (La Chimera)

J'ai beaucoup aimé ce film qui est le premier que je regarde de Alice ROHRWACHER. Le personnage principal, Arthur (Josh O'CONNOR) avec son air désemparé et ses incongrus vêtements blancs (alors qu'il passe beaucoup de temps sous terre) semble ne pas appartenir à ce monde. De fait il y a un décalage énorme entre ses dons surnaturels lui permettant de mettre au jour des trésors archéologiques dans son village situé au bord de la mer Tyrrhénienne et son statut de paria condamné à la marginalité et à l'exclusion. Son désarroi face à la cupidité de ses semblables qui n'hésitent pas à vandaliser les oeuvres pour mieux les voler alors que lui aime juste les admirer en fait une figure sacrificielle qui arrive au bout d'une chaîne d'exploitation. Mais le film de Alice ROHRWACHER s'il contient une part de critique sociale est en même temps poétique, joyeux, coloré, rempli de personnages pittoresques. Il est impossible de ne pas penser à l'univers de Federico FELLINI, plus précisément celui des oisifs de province de "Les Vitelloni" (1953) et celui des arnaqueurs de "Il Bidone" (1955) creusant de fausses tombes avec des trésors de pacotille pour abuser les villageois. On peut aussi y voir l'influence de Pier Paolo PASOLINI, Arthur (qui est joué par un anglais et défini comme tel) faisant penser à l'ange joué par Terence STAMP dans "Theoreme" (1968). De même que l'ouverture des tombes fait ressurgir le passé étrusque de l'Italie, l'âge d'or du cinéma italien s'invite aussi au travers de la présence de Isabella ROSSELLINI dans le rôle d'une matriarche mystérieuse. Tout aussi mystérieuse, sa fille disparue apparaît dans les rêves de Arthur qui parvient à la rejoindre. Dans quel monde? La est toute la question.

Voir les commentaires

Anora

Publié le par Rosalie210

Sean Baker (2024)

Anora

J'ai eu du mal à entrer dans le film avec son début bling-bling oscillant entre boîte de strip-tease, maison de fils de milliardaire et casinos de Las Vegas, le tout au service d'un rêve en toc. Sans doute l'héroïne voit-elle ce qui lui arrive comme un conte de fées, celui du prince qui épouse la bergère mais quand on connaît un peu Sean BAKER, il est impossible de prendre ces images pour argent comptant. Car il prolonge d'une certaine manière avec "Anora" "The Florida Project" (2017) avec son hôtel "Magic Castle" destiné initialement aux touristes de Disney World et finalement investi par des déshérités. Anora (Mikey MADISON) qui en fait partie comme le montre la première séquence réaliste où on la voit dans sa vie quotidienne rêve justement de passer sa lune de miel dans le célèbre parc d'attraction. Et elle peut d'autant mieux rêver qu'elle a tiré le gros lot. Avec sa connaissance du russe (elle-même étant d'origine ouzbèque), elle a été mise en relation par sa boîte avec l'héritier pourri gâté d'un oligarque russe qui l'inonde de fric pour s'assurer ses services et finit sur un coup de tête par lui proposer le mariage. Evidemment, c'est le début des ennuis. Car Ivan ne s'avère être que la marionnette immature et lâche de ses parents qui envoient aussitôt la nouvelle connue leurs sbires aux trousses du couple. C'est seulement à ce moment que le film prend sa véritable dimension. On bascule dans une sorte de folie burlesque dans laquelle Anora, déchaînée met en pièce le décor et les sbires qui s'avèrent totalement dépassés par la situation. Mention spéciale au montage qui n'est pas pour rien dans l'impression de chaos indescriptible qui s'empare de la mise en scène. L'effet tornade se poursuit ensuite dans la recherche du mari évanoui dans la nature pendant la mêlée, les petites bombes semées auparavant par Sean BAKER (par exemple la rivalité entre Anora et une autre stripteaseuse de la même boîte) explosant au moment opportun. Mais au fur et à mesure que le rêve vire au cauchemar, une mélancolie sourde perce à l'écran tandis qu'une nouvelle trame scénaristique se révèle. C'est toute la force du film d'avoir ainsi mis en avant une intrigue tapageuse pour mieux dérouler une autre histoire dans son ombre. Cette construction savante et parfaitement huilée souligne le degré de maîtrise du film. J'avais adoré Yuriy BORISOV dans "Compartiment No6" (2021) et son rôle d'Igor semble en être le prolongement. Tout aussi peu loquace, il est le témoin silencieux mais pas indifférent de la déconfiture que subit Anora et tente discrètement de lui venir en aide. Face à cette présence qui ne parle quasiment qu'avec le regard (on l'a comparé à Buster KEATON mais je lui trouve des caractéristiques plus chaplinesques que keatoniennes), on voit celle-ci multiplier les mécanismes de défense envers lui jusqu'à la toute dernière scène qui va chercher bien plus loin dans sa vie (on le devine) que les péripéties auxquelles nous avons assisté dans le film. Car comme dans "Compartiment No6" (2021), début et fin se répondent sauf qu'au lieu de voir un visage triste s'illuminer, on voit un sourire plaqué s'évanouir dans un déluge de larmes "rien de plus fermé qu'un sourire forcé. La vraie tristesse est bien plus avenante que la fausse gaité" (René Bellaïche).

Voir les commentaires

Les Emotifs anonymes

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Améris (2010)

Les Emotifs anonymes

"Les émotifs anonymes" joue sur l'hypertimidité de son duo de personnages pour créer des situations comiques à même de faire rire. Et ça marche plutôt bien. Isabelle CARRE et Benoit POELVOORDE sont à la fois touchants et désopilants. La scène dans laquelle ils se retrouvent pour la première fois en tête à tête au restaurant est particulièrement tordante, au sens propre d'ailleurs puisque Jean-René doit s'interrompre toutes les dix secondes pour aller aux toilettes changer de chemise jusqu'à l'absurde. Evanouissement, mains moites, sueurs, tremblements, rougissements, toutes ces manifestations corporelles indésirables sont du carburant comique, au même titre que la non-maîtrise de son environnement dans le cinéma burlesque (tomber, se cogner, glisser, casser, s'emmêler...) qui est au coeur de la scène de la chambre d'hôtel. Dans "Les émotifs anonymes", on sourit également devant le contraste entre les mantras assertifs que prononcent Jean-René et Angélique ("j'ai confiance en moi", "je suis un volcan") et leur incapacité à s'affirmer (pour l'une) et à sortir de sa carapace (pour l'autre) avec pour conséquence la solitude et l'échec. Si on ajoute que la passion pour le chocolat les réunit, on obtient tout de même pas mal de traits autistiques chez ces personnages allant de la phobie sociale à l'intérêt restreint dans lequel ils sont experts. Si j'ai trouvé qu'il y avait des facilités scénaristiques et que les personnages secondaires étaient insignifiants, j'ai bien aimé l'univers acidulé très "Charlie et la chocolaterie" dans lequel ils évoluent. Parce que cela fait écho à leur difficulté à sortir de leur coquille pour affronter le vrai monde, comme Willy Wonka. Vivre sous cloche dans un Disneyland de pacotille est un bon moyen de conjurer ses angoisses. Et Angélique de rappeler une évidence trop souvent oubliée: le chocolat se mesure avant d'être une sucrerie à son degré d'amertume.

Voir les commentaires

Les petites victoires

Publié le par Rosalie210

Mélanie Auffret (2021)

Les petites victoires

Lorsque Michel BLANC est décédé, c'est l'un de ses films récents qui a été le plus cité par les internautes. Preuve que contrairement à ce qu'avait dit une partie de la critique à sa sortie, "Les petites victoires" n'était pas destiné à être oublié une fois consommé. Sous-entendu, le cinéma populaire serait dénué de qualités cinématographiques. Alors certes "Les petites victoires" est un film sans prétention mais est une réussite dans son genre. D'abord son sujet: la lutte contre la désertification rurale, traitée sur le mode de la comédie, ça fonctionne tellement bien que cela donne les scènes les plus drôles du film. Celle de la boulangerie reconvertie en bistrot clandestin montre que le besoin de lien social est plus fort que le pain! Et celle dans laquelle les villageois se liguent pour faire croire à l'inspecteur du rectorat que la classe unique du village compte assez d'élèves pour ne pas être fermée va dans le même sens. L'increvable Marie-Pierre CASEY en guetteuse avec talkie-walkie, lunettes noires et bob Ricard, il fallait y penser quand même! Car les seconds rôles sont bien mis en valeur et sont portés pa des acteurs de talent, de India HAIR à Lionel ABELANSKI. Ensuite, le tandem-vedette fonctionne particulièrement bien, tant par le talent des acteurs que par l'écriture de leurs personnages en quête d'émancipation. Julia PIATON est très convaincante dans le rôle d'Alice, une jeune femme débordée qui se démultiplie pour sauver son village (elle est à la fois maire, institutrice, assistante sociale, psy, docteur...) au point de s'oublier elle-même. Ce qui n'échappe pas à Emile Menoux (Michel BLANC), ancien ouvrier du genre ours mal léché qui en réalité ne peut plus cacher son illettrisme, son frère avec qui il vivait venant de décéder. Lorsqu'il décide de retourner à l'école pour surmonter son handicap, on découvre que son frère le tenait sous sa coupe en lui cachant les lettres d'amour qu'il recevait. C'est pourquoi Emile comprend que Alice saborde sa vie affective par devoir filial vis à vis d'un père décédé et l'aide à "élargir son périmètre" et vice-versa. Enfin, le côté "éternel enfant" de Michel BLANC ressort particulièrement bien au travers de sa relation pleine de spontanéité avec les enfants de la classe unique du village. Tout semble tellement naturel que l'on oublie que l'un des élèves a plus de 65 ans et que l'on s'amuse beaucoup devant les réactions des uns et des autres.

Voir les commentaires

Indian Palace - Suite royale (The Second Best Exotic Marigold Hotel)

Publié le par Rosalie210

John Madden (2014)

Indian Palace - Suite royale (The Second Best Exotic Marigold Hotel)

On prend les mêmes et on continue: si vous avez aimé le premier volet, vous aimerez le second, "Indian Palace: suite royale". L'atout principal reste le même: le fabuleux casting qui réunit la crème des acteurs anglais que l'on a un évident plaisir à retrouver, une touche hollywoodienne en plus. Mais pour faire quoi au juste? Je me le demande encore tant le scénario de cette suite manque d'enjeux. La plupart des intrigues sont menées si mollement qu'elles s'essoufflent presque immédiatement. Il en va ainsi de la concurrence professionnelle et amoureuse entre Sonny Kapoor (Dev PATEL qui cabotine toujours aussi outrageusement) le gérant du Best Exotic Marigold Hotel et Kushal Kadania, beau gosse indien qui semble échappé de Bollywood. Ou encore d'un inspecteur mystère (Richard GERE) bien peu convaincu par sa mission mais qui dès son arrivée se met à draguer la mère de Sonny. A moins que ce ne soit Lavinia Beech (Tamsin GREIG vue dans "Tamara Drewe") (2009) qui a l'air de se demander ce qu'elle fait là. Car ce qui domine dans le film, ce sont les intrigues amoureuses entre des seniors qui pètent la forme, au point de reprendre pour certains une activité professionnelle et de se déhancher comme des diables lors d'une scène de mariage suivie d'une chorégraphie très bollywoodienne. Seule exception à cette débauche d'énergie, le personnage de Maggie SMITH qui jette un regard particulièrement mélancolique sur une fête d'où elle reste à l'écart. Alors pour conclure, il y a deux façons de voir le film. Côté pile, il s'agit d'un divertissement parfaitement superflu. Côté face, tout film qui fait jouer (a fortiori ensemble) des acteurs brillants et intègres tels que Maggie SMITH, Judi DENCH ou Bill NIGHY qui ont dû se battre pour ne pas disparaître derrière l'obsolescence programmée du monde du cinéma est digne d'intérêt.

Voir les commentaires

Marche à l'ombre

Publié le par Rosalie210

Michel Blanc (1984)

Marche à l'ombre

"Marche à l'ombre", premier film réalisé par Michel BLANC, c'est "Viens chez moi, j'habite chez une copine" (1980) avec un supplément d'âme. Un titre de RENAUD mais avec un "Téléphone"* à la main prêt à partir pour "New-York avec toi". "Marche à l'ombre" est un film en mouvement, un road movie dans lequel Paris n'est qu'une escale dans l'errance de François et Denis entre Athènes et New-York. Et encore, le Paris du film de Michel BLANC a de très forts accents africains et m'a toujours fait penser au clip de la chanson de Maxime LE FORESTIER, "Né quelque part" qui s'en est peut-être inspiré. Le déracinement est donc un puissant thème de "Marche à l'ombre" tout comme la fraternité qui réunit un temps clandestinement une communauté de migrants sous le même toit. Outre le déracinement et la fraternité, le troisième élément qui distingue "Marche à l'ombre" du film de Patrice LECONTE c'est la recherche de la beauté. Le personnage de François est sans doute l'un des plus beaux rôles (si ce n'est le plus beau) incarné par Gerard LANVIN (qui n'avait pas encore les tics de jeu qui me l'ont rendu par la suite si antipathique). En effet François a beau galérer dans un monde sordide, ce qui ressort de lui n'est qu'élévation vers les cimes du grand amour, indissociable de l'art comme le souligne la rencontre avec Mathilde (Sophie DUEZ) qui est danseuse, juste devant un cinéma. Et François est lui-même un musicien hors-pair (et sans doute trop idéaliste pour s'intégrer dans la société, comme autre loser magnifique, "Inside Llewyn Davis") (2013) qui avec ses companeros africains improvise des concerts si merveilleux qu'ils font oublier le minable squat dans lequel ils se sont réfugiés. C'est d'ailleurs par eux et aussi pour retrouver Mathilde qu'il part à New-York tenter sa chance. L'art, l'amour, la fraternité mais aussi l'amitié indéfectible qui unit François et Denis (Michel BLANC), poissard hypocondriaque ultra-"attachiant" qu'il protège comme un grand frère et qui nous fait rire avec des répliques rentrées dans les annales du cinéma, notamment la scène hallucinogène où il mélange loubards, renards et loup-garou ("les dents qui poussent").

* Jean-Louis AUBERT, ex-leader du groupe lui a rendu hommage le 4 octobre, révélant qu'ils avaient fréquentés le même lycée mais pas dans le même club.

Voir les commentaires

Viens chez moi, j'habite chez une copine

Publié le par Rosalie210

Patrice Leconte (1980)

Viens chez moi, j'habite chez une copine

"Viens chez moi, j'habite chez une copine" est un film de transition entre les précédentes réalisations de Patrice LECONTE avec les membres du Splendid et le premier film réalisé par Michel BLANC, "Marche a l'ombre" (1984). Celui-ci en co-signe le scénario et écrit les dialogues en plus d'offrir une variante de son personnage de Jean-Claude Dusse aux côtés d'un beau gosse "malabar" au coeur tendre joué par l'un des deux futurs "Les Specialistes" (1985) (du même Patrice LECONTE), ici Bernard GIRAUDEAU. On peut aussi souligner que le titre et une partie de la bande-son des deux films sont tirés d'une chanson de RENAUD et qu'ils ont le même producteur, Christian FECHNER. Bien qu'inscrite dans le registre de la comédie franchouillarde sans prétention, "Viens chez moi, j'habite chez une copine" s'en distingue néanmoins déjà par sa finesse d'écriture. En effet on peut se demander pourquoi Daniel qui a "tout ce qu'il faut pour être heureux" c'est à dire une vie bien rangée s'encombre d'un casse-pieds tel que Guy qui en très peu de temps va y mettre une pagaille monstre. Et bien peut-être parce que sa vie était trop rangée justement et qu'il s'ennuyait. Au moins avec Guy, on ne s'ennuie pas une seconde, c'est le remède à la routine! Héritier d'une longue lignée de personnages burlesques, le Guy de Michel BLANC est un agent du chaos à qui on pardonne tout à cause de son sourire candide et de sa fragilité intrinsèque. Ainsi Therese LIOTARD qui doit supporter ses frasques agit-elle avec lui avec beaucoup d'indulgence et une certaine dose d'ironie, le considérant comme un grand enfant. Un peu comme le faisait Margaret DUMONT avec les frères Marx. C'est pourquoi en dépit d'une liste de défauts longue comme le bras, ne garde-t-on en mémoire que son côté attachant et bien entendu la cascade de situations comiques qu'il créé par son comportement irresponsable, notamment en invitant de jolies filles (dont une ANEMONE pas piquée des vers en nymphomane) sous le nez d'un Daniel rapidement émoustillé par leurs charmes ou bien par ses combines foireuses et ses multiples maladresses.

Voir les commentaires

Marie-Line et son juge

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Améris (2022)

Marie-Line et son juge

Il y a des schémas récurrents dans l'emploi des acteurs. Comment ne pas penser à un "remix" entre "Je vous trouve tres beau" (2005) et "La Famille Belier" (2013) en regardant "Marie-Line et son juge"? Et ce en dépit du fait qu'il s'agit de l'adaptation d'un roman de Muriel Magellan, "Changer le sens des rivières" (un beau titre). En effet le thème du rapprochement des contraires et du choc des cultures m'a fait penser au film de Isabelle MERGAULT alors que celui de l'émancipation d'une jeune fille soutenant sa famille handicapée m'a paru proche du film de Eric LARTIGAU. L'histoire, assez invraisemblable ne tient que grâce à l'alchimie entre Michel BLANC et Louane EMERA. Ceux-ci parviennent à nous faire oublier les clichés autour des classes sociales qu'ils sont censés incarner ainsi que ceux liés à leur "complémentarité" (la jeunesse et la joie de vivre de Marie-Line en échange de la culture et des ambitions de son juge-employeur occasionnel-mentor-père de substitution). Il est difficile dans un film de cinéma d'évoquer la rencontre de deux êtres que tout oppose sans être schématique. Cependant on peut trouver la barque de Marie-Line particulièrement chargée entre son père invalide, sa mère suicidée, sa soeur délinquante (dont le surgissement dans le film est très maladroit d'ailleurs), ses goûts vulgaires, son inculture. En bref il ne manque que les spaghettis au dîner (ah non, ça c'est Abdellatif KECHICHE dans "La Vie d'Adele - chapitre 1 et 2" - (2013) lui aussi bourré de clichés mais que les critiques ont encensé contrairement au film de Jean-Pierre AMERIS). Si la trajectoire de Marie-Line est particulièrement appuyée, celle du juge n'est pas non plus particulièrement subtile et comme c'est un être solitaire, le réalisateur évacue la description de son milieu. Quand on pense ce que Claude SAUTET avait pu faire d'un tel argument dans "Quelques jours avec moi" (1988) on ne peut que regretter l'aspect convenu du film de Jean-Pierre AMERIS.

Voir les commentaires

Je vous trouve très beau

Publié le par Rosalie210

Isabelle Mergault (2005)

Je vous trouve très beau

"Je vous trouve très beau" est une sorte "d'amour est dans le pré" avant la lettre. Enfin presque car dans un premier temps, ni Aymé Pigrenet (Michel BLANC), ni Elena (Medeea MARINESCU) ne cherchent l'amour. Leurs considérations sont bien plus terre à terre: le premier a besoin d'une femme pour faire marcher sa ferme et remplacer la sienne, décédée accidentellement. La seconde qui est roumaine a besoin d'argent pour offrir une meilleure vie à sa famille. La transaction est donc claire (hormis le fait que Elena cache à Aymé l'existence de sa petite fille). A partir de ce postulat, Isabelle MERGAULT dont c'était le premier film raconte la naissance d'une romance entre ces deux personnages si dissemblables. Ce n'est ni crédible ni original mais ça fonctionne: la magie opère à l'écran. Isabelle MERGAULT cueille de fragiles instants de grâce avec sensibilité, comme quand Elena met un tablier à Aymé presque en l'enlaçant ou bien quand Aymé caresse le lapin qu'elle tient dans ses bras et que l'on comprend que c'est elle qu'il aimerait caresser bien qu'il n'ose pas. Et les acteurs sont excellents. Medeea MARINESCU est pétillante et Michel BLANC dans un rôle à contre-emploi exprime toute sa sensibilité. On en oublie la lourdeur du monde rural dépeint dans le film à l'image de la choucroute en conserve ramenée soi-disant d'Allemagne par Aymé avec une troupe d'acteurs que l'on croirait sortie d'un film de Cedric KLAPISCH.

Voir les commentaires

Papy fait de la résistance

Publié le par Rosalie210

Jean-Marie Poiré (1983)

Papy fait de la résistance

Encore un film culte que je n'avais jamais vu, sinon par extraits. Cette mise en pièce de la France sous l'occupation, je l'ai trouvée un peu inégale. Les coutures du patchwork se voient un peu trop. Alors du côté du meilleur, il y a la composition inénarrable de Gerard JUGNOT dans la peau d'Adolfo (!) Ramirez, un gestapiste français avide de revanche. Je soupçonne d'ailleurs très fortement Jean-Paul ROUVE de s'en être inspiré pour le personnage collaborationniste odieux qu'il interprète dans "Monsieur Batignole" (2001) réalisé par ce même Gerard JUGNOT. De façon plus générale, comme dans les années 80, la France n'assumait pas encore son passé vichyste (c'est l'époque où Mitterrand apportait encore des fleurs à Pétain), le film est très en verve pour épingler les collabos. Il faut voir la façon dont Jean YANNE dans la peau d'un milicien susurre à ses interlocuteurs venus se plaindre des dégâts causés par l'occupation allemande dans leur château "et au fait, dans votre famille, il n'y a pas de juifs?" Sans parler du retour de Ramirez "junior" en parfait petit facho bolivien dans le pastiche de "Les Dossiers de l'écran" à la fin. Nul n'ignore qu'un certain nombre de nazis se sont réfugiés en Amérique latine après la guerre où ils ont fait souche. Et puis bien sûr, il y a la dernière demi-heure et le numéro hilarant de Jacques VILLERET dans la peau du demi-frère d'Hitler interprétant à l'heure allemande le "Je n'ai pas changé" du latin lover Julio IGLESIAS. Mais en fait ce qui m'a posé problème provient de l'hommage assumé qu'est "Papy fait de la Résistance" à Louis de FUNES (qui venait juste de mourir et qui aurait dû jouer le rôle du Papy finalement interprété par son complice, Michel GALABRU). En effet Jean-Marie POIRE veut coller ensemble deux morceaux qui s'ajustent mal: "La Grande vadrouille" (1966) bien sûr mais aussi la série des "Fantomas" (1964). C'est de cette source, celle des romans feuilletons et des films de Louis FEUILLADE (bien avant Andre HUNEBELLE) que provient "Super-Résistant", le personnage joué par Martin LAMOTTE, un justicier masqué qui ressemble à Arsène Lupin mais qui comme Zorro ou Batman a une double identité puisque le jour, il joue le rôle d'un coiffeur efféminé, une couverture insoupçonnable. Mais aussi une caricature assez gênante. Par ailleurs, le personnage de "Super-Résistant" vient percuter une page d'histoire tragique en la déréalisant complètement ce que ne faisait pas "La Grande vadrouille" (1966). La scène de la rafle de résistants qui commençait ainsi très bien avec notamment le personnage joué par Jacques FRANCOIS ou "le plus petit rôle du film" confié à Bernard GIRAUDEAU (complice de Michel BLANC qui comme d'autres membres du Splendid, Josiane BALASKO et Thierry LHERMITTE vient faire son petit cameo) se termine ainsi dans la facilité alors qu'elle aurait pu donner lieu à une brillante parodie comique de "L'Armee des ombres). (1969)

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 > >>