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Articles avec #comedie dramatique tag

Annie Hall

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1977)

Annie Hall

Annie Hall marque en 1977 un premier tournant dans la carrière de Woody Allen. Jusque là réalisateur de comédies burlesques assez légères, le voilà qui bascule dans ce que l'on peut appeler une autofiction ou une autoanalyse où il se livre avec beaucoup de sincérité et un sens de l'autodérision absolument irrésistible.

Alvy Singer et Woody Allen ne font qu'un (mais Woody Allen est-il capable de jouer autre chose que lui-même?) Juif, new-yorkais et humoriste à succès, il se penche sur les raisons de ses échecs amoureux et tout particulièrement, de sa relation avec Annie Hall. Laquelle est interprétée par Diane Keaton dont le vrai nom est Hall, le surnom "Annie" et qui fut la muse et la compagne de Woody Allen pendant 10 ans. On voit ainsi comment réalité et fiction s'entremêlent. Car à partir de leur histoire, Allen réalise une comédie romantique qui n'est pas sans rappeler les screwball comédies des années 30. C'est madame qui porte la cravate et le pantalon, c'est madame qui conduit comme un chauffard pendant que monsieur a peur de tenir un volant et passe son temps à se plaindre. Tout les oppose (caractère, milieu social, culture, religion) comme le montrent différentes scènes en split-screen ou bien avec les dialogues contredits par les pensées. Mais contrairement aux screwball, ils ne découvrent pas qu'ils sont fait l'un pour l'autre à la fin, bien au contraire, ils s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre.

En effet à ce canevas de comédie classique, Allen ajoute ses propres obsessions personnelles. Comme beaucoup de gens qui font rire, Woody Allen et ses doubles sont d'indécrottables névrosés. Toujours insatisfaits, perpétuellement angoissés, doutant de tout, remplis de pensées morbides, ils ont l'art de s'auto saboter. Allen multiplie les références à ses maîtres et aux œuvres qu'il admire et le moins que l'on puisse dire c'est que cela n'est pas très joyeux: Bergman, "Le chagrin et la pitié" et l'humour noir et cynique de Groucho Marx (ou de Freud c'est selon) "Je ne voudrais pas appartenir à un club qui aurait un membre dans mon genre."

Enfin Annie Hall est la première (mais pas la dernière) déclaration d'amour à New-York du cinéaste qui en revanche exècre Los Angeles et le fait savoir. La Californie est filmée comme un lieu bling-bling, irréel et sans âme alors que New-York très influencée par l'Europe garde un caractère de ville vivante avec une vie de quartier et des échanges intellectuels riches. 

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Un air de famille

Publié le par Rosalie210

Cédric Klapisch (1997)

Un air de famille

Une comédie culte qui bénéficie de trois atouts majeurs:

-La réalisation inspirée de Cédric Klapisch qui réussit à donner du relief et du rythme à une adaptation théâtrale et à faire oublier la grisaille des décors: bistrot décrépi, terrain vague, cité. A l'image de certains cuisiniers qui parviennent à concocter des recettes savoureuses avec trois fois rien, Klapisch réussit une leçon de mise en scène avec un comptoir de bar, un juke-box, une table et quatre chaises.

-La finesse d'observation et d'écriture du duo Jaoui/Bacri qui fait mouche et a donné lieu à des répliques cultes à la fois cruelles et tendres qui écornent les relations familiales. Loin d'être un refuge, la famille est montrée comme un milieu d'incommunicabilité ou tout le monde parle mais personne ne s'écoute tant chacun est enfermé dans les projections-préjugés des autres autant que dans ses propres préoccupations.

-L'interprétation si remarquable qu'on a du mal à imaginer d'autres comédiens dans la peau de ces personnages. Catherine Frot joue génialement Yoyo l'épouse soumise et pas très maligne du suffisant et égocentrique Philippe (Vladimir Yordanoff), le fils préféré de la famille qui la méprise et la houspille. De même, Jean-Pierre Bacri compose un inénarrable Henri dont le "petit gilet du vendredi" est passé à la postérité. Henri est le mal-aimé de la famille, un homme bourru et irascible enfermé en lui-même mais non dénué de bonté. Ma préférence va toutefois au duo moins connu et assez anticonformiste Betty-Denis. Betty (Agnès Jaoui) la sœur cadette est une éternelle adolescente rebelle un peu garçon manqué qui forme un couple touchant avec Denis (Jean-Pierre Darroussin) le garçon de café rêveur délicat et lettré qui apporte une grande humanité au film.

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Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre)

Publié le par Rosalie210

Pedro Almodovar (1999)

Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre)

L'art d'Almodovar est celui de la transfusion sanguine. C'est exactement ce que montre le générique de "Tout sur ma mère". C'est l'art d'effacer toutes les dichotomies, toutes les frontières au profit d'un continuum. Un seul et même flux lie masculin et féminin, homosexualité et hétérosexualité, vie et mort, maman et putain, Madrid et Barcelone, sacré et profane, spirituel et charnel, planches et coulisses, théâtre et rue. C'est ce flux qui unit des personnages à priori disparates. Manuela la mater dolorosa (Cecilia Roth), sœur Rosa (Penelope Cruz), le père de leurs fils Estéban-Lola (Toni Canto) et Agrado le travesti (Antonia San Juan) ont en commun un altruisme poussé à l'extrême. Chacun s'élève en sacrifiant (sanctifiant?) quelque chose de lui-même (transformations corporelles, dons d'organe, maladie mortelle...) Par ailleurs, chacun de ces personnages entretient un lien fort avec le monde de l'art et de la fiction ce qui les lie à une actrice, Huma Rojo (Marisa Paredes). Actrice de théâtre mais aussi actrice du drame qui les frappe. Le travail de l'actrice est aussi un don de soi ce qui explique les hommages d'Almodovar à celles qui étaient capables de s'abandonner corps et âme à la caméra comme Romy SCHNEIDER et Gena Rowlands (la séquence dramatique qui lance véritablement l'intrigue est une citation directe d'Opening night.) D'autre part le titre fait référence à celui du film de Mankiewicz "All about Eve", en montre un extrait et rend hommage à Bette Davis qui jouait le rôle principal. "Tout sur ma mère" est en effet le reflet inversé de "All about Eve" car Manuela (assistante un temps d'Huma Rojo puis doublure de Stella dans la pièce de Tennessee Williams) n'est que générosité là où Eve n'était qu'arrivisme. 

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Le Havre

Publié le par Rosalie210

Aki Kaurismäki (2011)

Le Havre

Le regard décalé et distancié du réalisateur finlandais Kaurismäki peut déconcerter car il est anti-réaliste au possible. Jeu blanc/inexpressif des acteurs à la Bresson, décors minimalistes datés, atmosphère (atmosphère!) tout droit sortie d'un film de Marcel Carné (qui avait tourné "Quai des brumes" au Havre et à qui Kaurismäki rend un hommage appuyé au travers du personnage d'Arletty), objets et costumes rétros (toujours en hommage à un certain cinéma français: Becker, Melville...), personnages de fable se réduisant à quelques traits archétypaux (le délateur, le clandestin, le policier, l'artiste-bohème), humour pince-sans-rire, il y a de quoi se sentir dépaysé dans son univers.

Il serait dommage cependant d'être arrêté par ces conventions. La réalisation de Kaurismäki est avant tout pudique et respectueuse de l'humain. Par exemple s'il a refusé le réalisme lors de la scène où l'on découvre les migrants dans le conteneur c'est pour leur redonner une dignité. Ce simple choix de mise en scène est en soi un engagement (contre le voyeurisme et le misérabilisme). Il en est de même avec l'esthétique dépouillée et datée. Elle permet de mettre la relation humaine au centre tout en ayant valeur d'engagement contre le matérialisme (ce n'est pas pour rien que le personnage principal s'appelle Marcel Marx.) Enfin le "masque" des acteurs ainsi que la brièveté de leurs dialogues poursuit le même objectif de concision, de dépouillement, de réduction à l'essentiel. Il ne faut pas en déduire pour autant que le film est dépouillé de chaleur humaine. C'est même tout le contraire: il magnifie le lien, la chaîne de solidarité, le partage. Et l'art. Le bienveillant commissaire s'appelle Monet en hommage au peintre impressionniste qui a souvent installé son chevalet au Havre. Et une authentique star locale "Little Bob" fait un concert de rock qui attire la foule pour réunir les fonds nécessaires au départ du jeune clandestin pour l'Angleterre.

Le magazine Première a très bien résumé "Le Havre": "Symbole de ce cinéma qui n’obéit à aucun canon, Marcel Marx (André Wilms, génial) est, pour paraphraser un slogan de Mai 68, 'marxiste tendance Groucho' : à côté de la plaque sur bien des points mais raccord sur l’essentiel".

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Ernest et Célestine

Publié le par Rosalie210

Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner (2012)

Ernest et Célestine

La France est un grand pays d'animation, le troisième du monde derrière les USA et le Japon. Ce film, César 2013 du meilleur film d'animation en est une énième preuve. Il s'agit d'une adaptation des histoires d'Ernest et Célestine écrites par Gabrielle Vincent. Le producteur Didier Brunner, qui lisait les livres à sa fille, a eu l’idée de rassembler une équipe de réalisateurs ainsi que l'auteur de renom Daniel Pennac en tant que scénariste, afin d’en faire un film. Pour ma part, c'est après avoir vu et beaucoup aimé "Le grand méchant renard et autres contes" de Benjamin Renner que j'ai eu envie de découvrir sa précédente réalisation (en collaboration avec Vincent Patar et Stéphane Aubier).

Ernest et Célestine est une belle fable sur la différence et la tolérance réalisée avec beaucoup de poésie et sans une once de mièvrerie. Les deux héros sont des marginaux dans leur propre communauté. Ernest vit seul dans une masure délabrée à l'écart des autres. Il est musicien de rue ce qui ne rapporte guère, il est donc affamé. Quant aux attentes des souris, elles passent visiblement au-dessus de la tête de Célestine qui dessine à longueur de journée (au lieu de collecter des dents de lait, indispensables à ces rongeurs) en rêvant d'être amie avec un ours (alors qu'on leur bourre le crâne sur leur supposée dangerosité). Conséquence: Ernest et Célestine se découvrent tant de points communs qu'ils deviennent inséparables en dépit de leur soi-disant "incompatibilité". Mais les autorités ne l'entendent pas de cette oreille et se lancent à leur poursuite, utilisant comme prétexte les petits délits qu'ils ont commis.

D'un côté la pression sociale, la ségrégation, les traditions, les préjugés et la coercition incarnée par les représentants de la loi et de l'ordre (juges et policiers ours et souris), de l'autre la singularité de quelques individus qui luttent pour faire respecter leurs choix dont dépend au final le progrès humain dans son ensemble. Une liberté précieuse et fragile comme un trait de peinture à l'aquarelle. 

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Le Bruit des glaçons

Publié le par Rosalie210

Bertrand Blier (2010)

Le Bruit des glaçons

Ce que j'aime chez Bertrand Blier, c'est moins son humour noir et son goût pour les situations surréalistes que son romantisme fulgurant. Dans "Le bruit des glaçons" c'est encore plus évident que dans ses autres films.

Le combat d'Eros contre Thanatos en est le sujet principal. L'ouverture, abrupte comme souvent chez Blier donne le ton "Je suis votre cancer, je me suis dit que ce serait bien si on faisait un peu connaissance". D'un bout à l'autre du film Albert Dupontel et son pendant féminin Myriam Boyer jouent un rôle des plus originaux, celui du démon intérieur chargé de tourmenter sa proie sans répit avant de l'achever. La proie de Dupontel c'est Charles Faulque (Jean Dujardin), un écrivain qui a fichu sa vie en l'air et semble en panne de tout sauf de vin blanc. Dupontel pense qu'achever Faulque n'est qu'une formalité mais il se heurte à un os: Faulque a encore des désirs qui le tiennent en vie. Un surtout: il éprouve une puissante attirance pour Louisa sa bonne entre deux âges ("Laissez-moi aimer cette femme avant de mourir") mais il ne parvient pas à le lui avouer. Pire encore, l'intensité et l'objet hors-norme de ses désirs et sentiments (comme dans "Tenue de soirée" et "Trop belle pour toi") le panique et le fait fuir (dans l'alcool, la maladie, les liaisons sans âme etc.) Louisa c'est l'ombre de Charles, la servante dévouée, discrète mais dont les yeux perçoivent tout. Louisa c'est Anne Alvaro et quand on a dit ça on a tout dit. Anne Alvaro interprète la passion qui consume, qui dévore comme personne. Elle est bouleversante dans son rôle de madone sacrificielle prête à déverser des torrents d'amour pour vaincre ce cancer qui la dévore et dévore l'homme qu'elle aime. Pas étonnant que l'étouffant huis-clos finisse par prendre de la hauteur et au final, le large. 

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Bagdad café (Out of Rosenheim)

Publié le par Rosalie210

Percy Aldon (1987)

Bagdad café  (Out of Rosenheim)

"A desert road from Vegas to nowhere
some place better than where you're been
A coffee machine that needs some fixing
In a little cafe just around the bend
I am calling you
Can't you hear me
I am calling you
A hot dry wind blows right through me
The baby's crying and I can't sleep
But we both know a change is coming
coming closer, sweet release."

Comment oublier cette sublime chanson, véritable cri dans le désert interprétée par Jevetta Steele et qui se marie à la perfection aux images d'un film unique en son genre. Encore que l'unité de lieu dans un no man's land et la galerie de personnages excentriques fasse penser à un Délicatessen dans l'univers de Paris, Texas (ou du premier Cars qui développe des thèmes semblables). Si le style du film peut faire débat aujourd'hui (les cadrages penchés années 80, les filtres colorés...) l'humanité vibrante et le mysticisme qui s'en dégage toujours emporte largement le morceau.

C'est un concentré de l'Amérique des laissés pour compte (ou plutôt, au bord de la route) que dépeint le film. Ceux-ci forment un microcosme qui vivote tant bien que mal et plutôt mal que bien. Leur centre de gravité est le "Bagdad café", un motel/bar/station-service miteux perdu au bord de la route 66, véritable repaire de marginaux de tous poils qui viennent y prendre pension pour soigner leurs âmes blessées (soit exactement l'histoire de Cars sauf que "Bagdad café" s'appelle "Radiator springs"). Mais à l'intérieur, c'est le chaos, plus rien ne tourne rond à l'image de la machine à café en attente de réparation. Brenda, la tenancière irascible et dépressive compense son sentiment d'impuissance en criant sur son mari et ses enfants qui finissent tous par prendre le large sans pouvoir vraiment partir (l'un dans la musique, l'autre dans sa voiture, la troisième avec des routiers de passage). Chacun attend un "miracle" fait de petits signes: un thermos de café allemand ramassé sur la route, une photo de Bach et une peinture "Lumières dans le ciel" qui annonce la venue d'un messie. Ou plutôt d'une messie, la plus improbable qui soit: une grosse bavaroise en loden et chapeau à plumes, larguée sur la route après une dispute avec son mari et qui, guidée par les fameuses "lumières" atterrit au "Bagdad café". Jasmine est le miracle de l'histoire, la fleur du désert, peinte par Rudi Cox en icône matricielle à la manière de Botero. Mi magicienne, mi fée du logis, elle insuffle la vie, la paix, l'harmonie et la joie dans un lieu qui n'était qu'hurlements et désolation. Le boomerang qui tourne autour du réservoir (l'eau, la vie) pendant que Jasmine et Phyllis (la fille de Brenda) enlacées dos à dos tournent sur elles-mêmes symbolisent remarquablement bien cette unité cosmique retrouvée, de même que l'étreinte entre Jasmine et Brenda et la parhélie, la vision du halo solaire commune à Jasmine et à Rudi Cox, le décorateur hippie campé par Jack Palance.    

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Ponyo sur la falaise (Gake no ue no Ponyo)

Publié le par Rosalie210

Hayao Miyazaki (2008)

Ponyo sur la falaise (Gake no ue no Ponyo)

Comme Kubrick, Miyazaki n'a réalisé que des chefs-d'oeuvre au prix d'une certaine parcimonie (13 long-métrages pour Kubrick, 11 pour Miyazaki à ce jour). Aucun de ses films ne peut être qualifié de "mineur", même ceux qui comme Ponyo semblent simples et "enfantins".

Comme la plupart de ses autres films, Ponyo dépeint un univers profondément animiste où les forces de la nature malmenées par l'homme se rappellent brutalement à son souvenir avec le déclenchement d'un cataclysme. Mais Miyazaki n'est pas belliciste. C'est bien pour cela d'ailleurs que le seul personnage qui éprouve du ressentiment, Fujimoto le sorcier est désavoué. Sa "Brünnhilde", un poisson rouge quelque peu hybride tombe amoureuse d'un petit humain Sosûké qui l'a renommée "Ponyo". Après avoir léché son sang et mangé du jambon, deux actes à forte symbolique autour du thème de la pureté et de la contamination, elle choisit de se métamorphoser en petite fille pour aller vivre avec lui en s'appropriant les pouvoirs magiques de son père. Par conséquent sa chevauchée des Walkyries sur le dos des vagues-poissons relève de la joie et non de la colère. Même si l'énergie phénoménale qu'elle utilise met l'humanité et son propre avenir en jeu, sa confiance est récompensée contrairement au conte d'Andersen dont le réalisateur s'inspire, une autre marque d'hybridité typiquement miyazakienne. Il y a également la réconciliation des générations, le film mettant en scène des enfants, des parents et des vieillardes dans une maison de retraite que le tsunami (c'est à dire le contact avec les pouvoirs magiques de Fujimoto) vont régénérer. Il est enfin intéressant de souligner la manière dont Miyazaki dépeint les relations entre les sexes. Si l'on retrouve le schéma traditionnel de l'homme en mer et de la femme s'occupant du foyer en plus de son travail, Lisa casse l'image que l'on se fait d'une femme traditionnelle notamment de par sa façon de conduire très casse-cou.

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Le dîner de cons

Publié le par Rosalie210

Francis Veber (1998)

Le dîner de cons

"Le dîner de cons" est une comédie à l'efficacité imparable. En effet elle repose sur le principe originel de "l'arroseur arrosé" puisque tel est pris qui croyait prendre. Quant à sa mécanique réglée au millimètre, elle rappelle la fameuse phrase de Bergson "le rire est du mécanique plaqué sur du vivant." Comme en plus l'arroseur, Brochant (Thierry Lhermitte) est un parfait salaud qui méprise, trahit et manipule les autres (son soi-disant meilleur ami, ses complices, sa femme, sa maîtresse sans parler des "cons" qu'il recrute pour le plaisir sadique de se payer leur tête), on est enchanté de voir les ennuis s'accumuler au dessus de sa tête. Et ce d'autant plus que c'est le dindon de la farce qui déclenche sans le vouloir toutes les catastrophes qui s'abattent sur Brochant du tour de rein au contrôle fiscal, séquence absolument jubilatoire où celui-ci se révèle encore plus pathétique que nous le pensions.

A ce travail d'orfèvre sur la forme s'ajoute la critique sociologique acérée du réalisateur, servi par la composition géniale de Jacques Villeret. Celui-ci joue à la perfection son personnage candide débarquant dans un monde nanti et cynique dont il ignore tous les codes et qui pour compenser est envahi par le besoin irrépressible d'aider, déclenchant une sorte de "revanche sociale" inconsciente. Revanche sociale, oui car l'attitude de Brochant et de ses pairs (de grands bourgeois snobinards et fraudeurs) s'apparente à du mépris de classe vis à vis "des petits gris", employés modestes dont les hobbies cheap font l'objet de toutes les moqueries. Et Veber s'appuie sur des témoignages pas du tout comiques (ceux du "Tout Paris" où des dîners de cons étaient réellement organisés) pour tourner en dérision la bêtise humaine, celle du cœur encore plus que celle du cerveau.

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Le monde de Nemo (Finding Nemo)

Publié le par Rosalie210

Andrew Stanton et Lee Unkrich (2003)

Le monde de Nemo (Finding Nemo)

C'est un film d'une grande richesse qui s'adresse aussi bien aux parents qu'aux enfants. Il brasse nombre de thèmes délicats (deuil, handicap, traumatismes psychologiques, résilience, éducation) avec subtilité. La séquence introductive évoque le massacre d'une famille tout entière de poissons-clowns dont ne subsistent que deux membres: Marin le père et Nemo le fils. Comme tous les rescapés, ceux-ci ont gardé des séquelles de ce traumatisme. Nemo a une nageoire atrophiée et Marin est devenu un papa hyper anxieux et possessif qui empêche son fils de grandir. Pour s'émanciper, Nemo doit se rebeller et prendre des risques. C'est ainsi qu'il est capturé par des humains ce qui s'avère au final être bénéfique pour le père et le fils. En effet, en étant séparés, ils vont faire des rencontres qui vont leur permettre de sortir de leur névrose en croisant des modèles éducatifs alternatifs. Nemo, prisonnier dans un aquarium fait la connaissance de Gill, un poisson estropié comme lui mais qui refuse de l'assister. Marin, parti à la recherche de son fils rencontre plusieurs modèles de coolitude dont Crush, la tortue de mer qui laisse ses enfants se dépatouiller seuls lorsqu'ils rencontrent des problèmes car il a confiance en eux. Si l'on rajoute l'inoxydable bonne humeur de Dory et le passage hilarant où un banc de poissons se paye la tête de Marin ("Lâche-toi man!") on comprend que le salut provient de l'ouverture d'esprit et de la remise en question personnelle. Il est frappant également de constater à quel point les auteurs insistent sur l'imperfection des personnages qui doivent tous vivre avec un ou plusieurs handicaps ou névroses; Nemo, Gill, Marin, Bruce et ses potes requins qui veulent se débarrasser de leur addiction à la chair fraîche (excellente parodie des alcooliques anonymes et de Shining de Kubrick) et Dory dont les problèmes de perte de mémoire donnent lieu à des passages très drôles.

Si l'on ajoute l'incroyable réalisme technique du milieu aquatique dépeint et la mine d'informations cachées qui se trouve à l'intérieur et qui instruisent sans avoir l'air d'y toucher (l'interaction entre le poisson-clown et l'anémone de mer, les troubles de mémoire du poisson-chirurgien, le CEA, l'anatomie des méduses etc.) on peut dire que ce film est un véritable trésor pour qui sait le voir et l'apprécier à sa juste valeur. 

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