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Articles avec #cinema thailandais tag

Memoria

Publié le par Rosalie210

Apichatpong Weerasethakul (2021)

Memoria

J'ai préféré "Memoria" à "Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)" (2010) même s'il possède le même ADN à savoir celui d'une oeuvre ésotérique, contemplative, abstraite, expérimentale et remplie de plans fixes d'une durée interminable qui m'ont rappelé ma désagréable expérience du visionnage du bien nommé "L'Eternité et un jour" (1998) de Theo ANGELOPOULOS, Palme d'or à Cannes au détriment du film tellement plus accessible de Pedro ALMODÓVAR, "Tout sur ma mère" (1999). C'est un choix et la radicalité des uns nourrit la (relative) "démocratisation" des autres, cette dialectique est sans doute nécessaire. En tout cas, si "Memoria" n'est pas un film que j'ai apprécié dans son architecture d'ensemble que j'ai trouvé vraiment trop décousue, j'en ai aimé certains moments, plus précisément ceux reliant les Hernan qui sans doute forment une boucle temporelle. Pour tenter de percer le mystère de l'étrange bruit qui surgit de façon imprévisible dans sa tête, Jessica (Tilda SWINTON qui est idéale pour le rôle avec son apparence extra-terrestre et son allure somnambulique) entreprend une sorte de voyage dont on ne sait pas vraiment s'il appartient au domaine du réel ou à celui du songe. Au cours de son périple, elle rencontre Hernan, un ingénieur du son qui tente de recréer celui qui assaille son cerveau et l'empêche de trouver le repos. Il lui fait don de sa trouvaille avant de disparaître d'un monde auquel il n'appartient visiblement pas. Plus tardivement dans le film, Jessica quitte Bogota (l'histoire se déroule en Colombie) c'est à dire le monde civilisé pour s'enfoncer dans la jungle amazonienne. La métaphore est limpide d'autant qu'elle est appuyée (trop selon moi) par une amie à elle jouée par Jeanne BALIBAR qui est archéologue et lui montre les ossements d'une jeune fille dont le crâne a été percé d'un trou et qui a été retrouvé lors de fouilles au coeur d'un chantier creusant un tunnel sous la cordillère des Andes. C'est dans la jungle qu'elle rencontre (retrouve?) Hernan sous une apparence plus âgée qui est "le disque dur" dont elle est "l'antenne" ce qui permet au spectateur non de voir mais d'écouter leurs esprits qui fonctionnent en vases communicants: lui se souvient et elle relaie ces échos sortis de différents lieux et de différentes époques. Lui dort mais ne rêve pas, elle rêve mais ne dort pas. Au vu de la façon dont il fait le mort en dormant, on comprend pourquoi elle ne peut pas s'abandonner au sommeil, de peur de ne pas revenir? Le seul plan de science-fiction du film semble le suggérer avec ce qui ressemble à un trou de ver et un bruit qui pourrait être finalement le franchissement du mur du son. Tout cela dessine un arc spatio-temporel reliant le visible au surnaturel intéressant voire même une sorte de cosmologie mais de façon si languissante et éthérée, si froide et peu incarnée (oui il y a de la sensorialité mais l'humanité y occupe la place du monolithe de Stanley KUBRICK) qu'il ne peut que perdre la majeure partie du public en chemin, dommage.

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Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (LOONG BOONMEE RALEUK CHAAT)

Publié le par Rosalie210

Apichatpong WEERASETHAKUL (2010)

Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (LOONG BOONMEE RALEUK CHAAT)

"Oncle Bonmee" fait partie des palmes d'or cannoises controversées. En 2010, le festival ne couronnait pas comme aujourd'hui des films outranciers ou bien comme dans les années 2000 des films politiques ou sociaux. Il choisissait une oeuvre radicale, ésotérique, contemplative, expérimentale et au final, hermétique. Aucun des thèmes traités par le film n'est inaccessible en soi et le fait d'être imprégné de culture asiatique ne l'est pas non plus, sinon comment expliquer l'immense succès chez nous des mangas et anime japonais, peuplés de croyances animistes, d'esprits, de fantômes et de créatures hybrides? Le fantôme au cinéma n'est d'ailleurs pas une spécialité asiatique, y compris sous sa forme poétique, romantique et mélancolique, de "L'aventure de Madame Muir" à "Sixième sens" en passant par de nombreux films de Tim Burton qui était justement cette année-là président du jury. Mais la ressemblance s'arrête là. "Oncle Bonmee" est fait de séquences juxtaposées montrant un homme qui au moment de mourir se connecte à son passé (proche et lointain puisque comme le titre l'indique, il peut remonter à ses vies antérieures) et aux esprits de ses proches défunts qui prennent une forme humaine ou semi-animale, le tout de façon très naturelle. Les barrières entre espèces, entre vie et mort ou encore entre passé, présent et futur s'effacent afin de l'aider à effectuer son passage de vie à trépas. Le problème est que cette expérience, très esthétique au demeurant confine à l'abstraction. Elle manque cruellement d'incarnation charnelle. Si le réalisateur avait créé un vrai lien entre l'oncle Bonmee et le spectateur, celui-ci aurait pu le suivre partout où il allait alors qu'il est laissé à bonne distance, regardant de façon extérieure, détachée ses différentes pérégrinations quand il n'est pas tout simplement largué devant ces changements incessants de paramètres qui ne semblent avoir ni queue ni tête sans le liant du corps, du coeur et des tripes (là où se situent également les émotions...) Il y a selon moi un problème fondamental dans ce film qui se prétend spirituel mais qui au lieu de créer de la mémoire collective et d'élever l'âme (ce qui est quand même le sens de l'art) divise et rabaisse les spectateurs qui se retrouvent dans la peau d'un snob ou d'un crétin.

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