"Joue-la comme Beckham" est une petite comédie britannique alerte et pleine d'énergie positive. Si l'histoire est cousue de fil blanc et ressemble à un conte de fées où tous les rêves se réalisent comme par magie, les personnages sont attachants car ils n'entrent pas dans les normes, formant une équipe informelle que l'on a envie de suivre. Jess (Parminder NAGRA) l'héroïne doit sans cesse trouver des subterfuges pour pratiquer son sport favori à l'insu de sa famille indienne attachée aux traditions qui désapprouve son activité. Sa coéquipière "Jules" (Keira KNIGHTLEY alors débutante) est traquée par sa mère, persuadée que son amour du foot dissimule des penchants homosexuels. Leur coach Joe (Jonathan RHYS MEYERS qui n'avait pas encore révélé la face obscure de son jeu avec "Match point") (2005) entraîne des filles et est rejeté par son père. Enfin Tony, le meilleur ami de Jess, indien comme elle fait croire à une idylle entre eux pour mieux dissimuler son homosexualité. Les quiproquos ne cessent ainsi de s'enchaîner autour des différences culturelles et des stéréotypes de genre. La réalisatrice, Gurinder CHADHA est elle-même anglo-indienne et cette double culture nourrit ses films, comme le savoureux "Bride And Prejudice" (2004) (en français "Coup de foudre à Bollywood"). C'est moins le foot que les couleurs, la musique, l'énergie des interprètes et la vivacité de la mise en scène qui nous entraîne et nous fait passer un moment très agréable.
"Orgueil et Préjugés" à la sauce bollywoodienne revue et corrigée par Hollywood et la réalisatrice de "Joue-la comme Beckham" (2002) cela donne un film chatoyant et entraînant dans lequel on ne s'ennuie pas une seconde. Le livre de Jane Austen renommé en VO "Bride and Prejudice" est astucieusement transposé de nos jours entre personnes de la très bonne société certes mais issues de deux cultures différentes ce qui épice pas mal la sauce. Outre les chassés croisés dans les différents pays des protagonistes (l'Inde, le Royaume-Uni et les USA) on retrouve l'esprit melting-pot dans des chorégraphies qui évoquent autant Bollywood que Broadway. Les acteurs indiens sont globalement très bons avec une mention spéciale pour l'héroïne, Lalita. Aishwarya RAI est d'une beauté à couper le souffle (elle a été miss monde dix ans avant de jouer dans le film) et a beaucoup d'esprit et de caractère, bref elle est parfaite en Elizabeth indienne. L'autre acteur épatant, c'est Nitin Chandra Ganatra qui joue un M. Kohli (Mr. Collins) beaucoup plus sympathique que dans le roman, ridicule certes mais tendre. Il est clair que le film n'est pas une satire sociale comme peut l'être le roman d'origine, tout est fait pour faire rêver et divertir le spectateur à la manière des soap opera donc on ne parle pas des choses qui fâchent et on reste léger. Il n'empêche que le charme opère et que le film opte pour une direction clairement féministe. Les personnages masculins sont en effet pâlots à côté des filles de la famille Bakshi, y compris le pauvre Darcy joué par un bellâtre quelconque. C'est dommage mais le personnage est souvent sacrifié dans les adaptations au profit d'Elizabeth.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.