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Les Trois Mousquetaires- Milady

Publié le par Rosalie210

Martin Bourboulon (2023)

Les Trois Mousquetaires- Milady

J'ai pris tout mon temps pour voir la suite des aventures de d'Artagnan par Martin BOURBOULON, anticipant le fait que la suite n'allait pas confirmer les promesses du premier volet. Je ne me suis pas trompée. Faire une suite qui fonctionne, ça ne s'improvise pas. Or c'est exactement l'impression que m'a donnée cette brouillonne et anémique deuxième partie. Exit la mise en scène combinant plusieurs arcs narratifs qui donnait du relief à la première partie. Exit également la qualité d'écriture. On se retrouve avec une intrigue pauvre et décousue qui finit par se résumer à une enfilade de scènes de bravoure: le siège de la Rochelle (transposé à Saint-Malo), le combat d'Artagnan/Milady dans les flammes etc. Tout cela est mené avec une facilité si déconcertante qu'elle enlève tout suspens: on s'infiltre dans la citadelle comme dans du beurre, d'Artagnan braque Richelieu puis s'en va comme si de rien n'était (ils sont passés où les gardes du cardinal?), il suffit à Milady de changer de vêtements pour quitter sa prison sans être inquiétée et à l'inverse, D'Artagnan et ses amis y entrent armés jusqu'aux dents comme dans un moulin (les gardes de Buckingham ne sont pas plus réactifs que ceux de Richelieu). Ce n'est pas le fait d'être invraisemblable qui est problématique mais la désinvolture avec laquelle toutes ces séquences, visiblement bâclées tant au niveau de la dramaturgie que de la chorégraphie sont traitées. Cela va de pair avec l'autre gros problème du film, la dénaturation des personnages créés par Alexandre Dumas. D'Artagnan qui court après Constance durant tout le film et s'offusque presque des avances de Milady (un comble par rapport au roman où c'est lui qui abuse d'elle par la ruse) est inintéressant, Portos et Aramis font de la figuration. Mais les deux personnages les plus transformés sont Athos et Milady. Contrairement à ce qui est annoncé dans le titre, l'intrigue ne repose pas sur Milady et pour cause. Celle-ci s'est tellement ramollie que le scénario revu et corrigé lui épargne de faire couler le sang. Au lieu de trucider Constance, elle la prend dans ses bras. Et comme si cela ne suffisait pas, elle devient même une mère. Mais où est donc passé le monstre assoiffé de vengeance de Dumas? Quant à Athos, il semble regretter ses agissements envers Milady ce qui est impensable chez un grand seigneur dont la ligne de conduite est dictée par le code d'honneur propre à son rang qui lui sert à rendre une justice expéditive. Le fait de leur inventer un fils n'explique pas à lui seul le ramollissement de Milady, après tout, l'enfant n'arrêtait nullement la vengeance de "La Mariée" dans "Kill Bill : Volume 2" (2004). On ne sait pas trop où ce scénario revu et corrigé pour le pire veut nous emmener, sinon vers une nouvelle suite totalement déconnectée des romans de Dumas. Pas sûre d'avoir envie de suivre cette voie-là. Je n'aime guère quand il y a tromperie sur la marchandise, encore moins quand après avoir soigné la première partie, on torche à ce point le travail. Ni Alexandre Dumas, ni les spectateurs ne méritent cela.

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Les Trois Mousquetaires- D'Artagnan

Publié le par Rosalie210

Martin Bourboulon (2023)

Les Trois Mousquetaires- D'Artagnan

Alexandre Dumas est sans doute l'auteur dont les oeuvres ont été les plus adaptées pour le cinéma et la télévision et "Les Trois mousquetaires", la plus populaire d'entre elles est celle qui a connu le plus grand nombre d'adaptations, tous formats confondus. Plusieurs articles essayent d'ailleurs d'en dresser une rétrospective qui n'est absolument pas exhaustive (la version décalée de Max LINDER au temps du muet passe souvent à la trappe, en animation, le version canine a fait oublier la libre mais heureuse adaptation nippone en 52 épisodes "Sous le signe des mousquetaires" etc.) Chaque époque a sa version et sa vision du roman de Alexandre Dumas, flamboyante et "capoeriste" comme chez George SIDNEY ou libertaire et burlesque comme chez Richard LESTER pour celles que j'ai vu récemment. La version de Martin BOURBOULON que j'ai trouvée très réussie (en tout cas cette première partie, j'attends de voir la suite pour juger de l'ensemble) tire quant à elle davantage du côté du western (comme les affiches le laisse deviner) et du film politique. Avec trois qualités principales:

- Une mise en scène tendue à l'extrême, combinant plusieurs arcs narratifs tournant autour de la lutte de pouvoir entre catholiques et protestants et pas seulement l'intrigue des ferrets de la reine que tout le monde connaît par coeur étant donné qu'elle est centrale dans le roman de Dumas.

- Des qualités d'écriture avec des dialogues incisifs, par exemple "il essaye de noyer ses démons dans l'alcool mais ceux-ci ont finir par apprendre à nager" (pour Athos) ou "Le matin il pense à l'armée, le soir à l'évêché mais dans les deux cas les femmes mariées restent possibles" (pour Aramis). Normal, les scénaristes sont Mathieu DELAPORTE et Alexandre de la PATELLIÈRE co-auteurs de "Le Prénom" (2011) et qui préparent une nouvelle adaptation de "Le Comte de Monte-Cristo", l'autre oeuvre-phare de Alexandre Dumas (on verra si elle sera à la hauteur, je n'ai jamais été pleinement satisfaite jusque-là).

- Une interprétation plutôt vivifiante des personnages par des acteurs dont je ne suis pourtant pas fan à la base. La relation entre d'Artagnan (François CIVIL) et Constance (Lyna KHOUDRI) est par exemple joyeuse et spontanée et plus largement, le courant passe assez bien entre les acteurs principaux. Athos (Vincent CASSEL) est beaucoup plus mis en valeur que ses comparses en ayant droit à un arc narratif à lui tout seul mais il est aussi le mousquetaire qui offre le personnage le plus profond. En revanche le cardinal de Richelieu (Éric RUF) est trop en retrait et se fait voler la vedette par le roi Louis XIII (Louis GARREL) qui semble pourtant gouverner sous l'emprise de ses émotions plus que de sa raison.

Tout cela compense des aspects plus faibles comme la photographie, le découpage, les chorégraphies ou la musique. Prometteur en attendant la suite qui on s'en doute va raconter la vengeance de Milady (Eva GREEN fidèle à elle-même).

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