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Articles avec #becker (jacques) tag

Les Aventures d'Arsène Lupin

Publié le par Rosalie210

Jacques Becker (1957)

Les Aventures d'Arsène Lupin

Oeuvre de commande réalisé par un Jacques BECKER en fin de carrière, "Les aventures d'Arsène Lupin" est un divertissement estampillé "années 50" élégant mais bien léger. Elégant car bien que regroupant trois de ses "aventures", on n'a pas l'impression d'être dans un film à sketches. Il est bien construit avec une longue séquence d'introduction qui nous plonge tout de suite dans le vif du sujet, avant que le deuxième de ses méfaits nous permette d'en savoir plus sur ses méthodes et que le troisième (un peu longuet par contre) ne parachève son "oeuvre". Robert LAMOUREUX est gouailleur et classieux dans le rôle principal, un as du déguisement et de la prestidigitation qui maîtrise sur le bout des doigts les codes d'un monde dont il fait partie tout en se jouant de lui. A condition de ne pas se poser de questions et de ne rechercher aucun réalisme, on passe un moment agréable en sa compagnie. On peut quand même souligner que le film déroule un programme parfaitement huilé sans enjeu ni surprise. L'Arsène Lupin du film apparaît comme un personnage obscur dont on ne comprend pas les motivations car en fait il n'y en a pas d'autre que nous divertir. De ce point de vue, c'est réussi.

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Falbalas

Publié le par Rosalie210

Jacques Becker (1945)

Falbalas

"Phantom Thread" (2017), "Saint Laurent" (2014), "Yves Saint Laurent" (2013) (comme ça pas de jaloux) et maintenant "Falbalas": c'est au moins le quatrième film que je regarde sur le monde de la haute-couture et le moins que l'on puisse dire, c'est que tous ces grands couturiers n'étaient pas très équilibrés (euphémisme). S'ils fascinent, c'est sans doute par leur côté mi-diva, mi-rock star entre don-juanisme effréné et pulsions suicidaires assumées avec une bonne couche de sado-masochisme entre les deux. Philippe Clarence (Raymond ROULEAU) est un grand collectionneur de femmes-portemanteau dont le talent de créateur n'a d'égale que la goujaterie. Dans une scène éclairante, il nous ouvre les portes de sa collection: de chacune de ses conquêtes, il a conservé une robe avec une étiquette mentionnant la durée de leur liaison. Le fétichisme dans toute sa dimension, y compris le vampirisme puisque par ce geste, il vide ses modèles de leur substance. Mais la plus belle pièce, la robe de mariée qui termine le défilé, il ne l'a pas encore trouvé. Jusqu'à ce qu'il tombe sur Micheline Lafaurie jouée par une splendide Micheline PRESLE de 22 ans. Il ne va avoir de cesse que de l'habiller et de la posséder, devinant le potentiel romantique qui se cache sous les airs de la provinciale de bonne famille sur le point de faire un mariage de raison. Dans une admirable scène de ping-pong sonorisée de façon à rendre le bruit insupportable, Micheline se retrouve prise entre le marteau et l'enclume: céder à un homme désirable mais mortifère ou se soumettre au patriarcat traditionnel. Finalement, comprenant dans quels pièges elle risque de tomber, elle se dérobe ce qui sous l'Occupation (le film a été tourné au printemps 1944) était particulièrement audacieux. Le fiancé devenu ami est déçu mais fait bonne figure alors que le couturier, voyant sa création-créature lui échapper devient fou. Il est intéressant de voir combien cet homme hyperactif, capricieux, infantile, égoïste, s'étourdissant dans un tourbillon permanent de mots et de mouvements finit par perdre la parole et se figer comme les mannequins silencieux qui meublent son atelier.

Mais ce n'est pas le seul instantané saisissant du film. Jacques BECKER dont c'était le troisième film achevé dépeint avec grande richesse documentaire un milieu qu'il connaissait bien, sa mère y ayant travaillé, celui des maisons parisiennes de haute-couture. Un milieu ultra-hiérarchisé, des petites mains à la contremaître peu commode, très féminisé et cependant patriarcal. Un milieu dans lequel on s'épie, on se jalouse et on ne se fait pas de cadeaux. Pour l'anecdote, c'est le couturier Marcel Rochas qui conçut les robes que l'on voit dans le film. Une mode qui peut laisser perplexe (les chapeaux surtout sont hideux).

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