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Articles avec #attenborough (richard) tag

Chorus line (A Chorus line)

Publié le par Rosalie210

Richard Attenborough (1985)

Chorus line (A Chorus line)

Mais que c'est daté "Chorus line" ai-je pensé en le revoyant! Les années 80 étaient en effet friandes de films d'auditions, adaptées ou pas de spectacles de Broadway: "Fame" (1980), "Flashdance" (1983), "Que le spectacle commence" (1979) etc. "Chorus line" est le plus basique de tous puisqu'il se contente de filmer en quasi huis-clos le face à face entre le metteur en scène (Michael DOUGLAS) et la sélection de jeunes artistes, alignés en rang d'oignon sur la scène entre lesquels il doit faire son ultime choix (et à la fin, il n'en restera que huit!) Pour trancher, il tente de sonder chacun, obtenant en échange des confessions qui deviennent la plupart du temps des numéros chantés et dansés dont certains, très réussis. L'ennui c'est que le dispositif est long et répétitif, hormis au début et à la fin. La sous-intrigue censée apporter un peu de piment à l'histoire est complètement anémique et ne fait que renforcer un schéma alors non seulement prédominant mais absolument pas questionné. Celui du pouvoir sexuel d'un mâle dominant sur un cheptel interchangeable, lequel reproduit une hiérarchie patron/secrétaire ou réalisateur/actrice dont on connaît désormais tous les ressorts. Les danseurs de "Chorus line" ont été sélectionnés parce qu'ils sont bons mais aussi parce qu'ils répondent à des standards de mannequin ou de poupée blonde avec une touche ethnique pour le politiquement correct. On peut deviner dès le départ qui gagnera et qui sera recalé parce que trop vieille, trop poilu, trop petite, ayant une voix de crécelle ou refusant tout simplement de donner ce que le metteur en scène en position de dieu tout puissant attend de lui.

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Un Pont Trop Loin (A Bridge Too Far)

Publié le par Rosalie210

Richard Attenborough (1977)

Un Pont Trop Loin (A Bridge Too Far)

"Un pont trop loin" est le miroir inversé de "Le Jour le plus long" (1962). Les deux films sont l'adaptation d'un livre du même auteur, le journaliste Cornelius Ryan racontant chronologiquement une opération de grande envergure menée par les alliés en 1944. Mais là où "Le Jour le plus long" chronique un moment glorieux de la guerre, l'opération Overlord c'est à dire le débarquement anglo-américain en Normandie du 6 juin 1944, "Un pont trop loin" raconte l'opération aéroportée "Market Garden" de septembre 1944 qui se solda par un fiasco et de terribles pertes humaines. Le plan était celui du général britannique Montgomery: parachuter des dizaines de milliers d'hommes aux Pays-Bas, derrière les lignes ennemies pour qu'ils sécurisent les ponts permettant d'acheminer les blindés jusqu'au Rhin et permettent ainsi aux alliés d'entrer plus vite en Allemagne. L'opération fut avalisée par Eisenhower parce qu'elle permettait en cas de réussite d'écourter la guerre alors que les problèmes logistiques des alliés se faisaient de plus en plus aigus. Sauf qu'elle reposait sur une erreur d'appréciation fondamentale: celle des capacités de résistance de l'armée allemande, certes en repli mais pas encore en déroute. De plus, l'aspect démesuré de l'opération ne laisse guère de doutes sur l'hubris de son concepteur et sa volonté de tirer la couverture à lui pour laisser sa trace dans l'histoire au détriment des autres généraux (Patton par exemple qui était en désaccord avec lui). A propos d'hubris, on peut également évoquer le match des producteurs, celui de "Un pont trop loin", Joseph E. LEVINE désirant faire au moins aussi bien que Darryl F. ZANUCK qui avait produit son "concurrent", "Le Jour le plus long".

Richard ATTENBOROUGH, le réalisateur britannique de "Un pont trop loin" a signé par la suite d'autres superproductions mais à caractère biographique telles que "Gandhi" (1982) et "Chaplin" (1992). Outre l'aspect spectaculaire de la reconstitution et un casting de stars long comme le bras (mais qui a pour inconvénient de réduire la part de chacun à la portion congrue, certains s'en sortant mieux que d'autres), le film a une qualité que je n'ai vu soulignée nulle part mais qui m'a frappée: sa capacité à donner un caractère humaniste aux morceaux de bravoure, à ne pas perdre de vue l'intime au coeur de son récit de guerre. C'est la scène dans laquelle le sergent Dohun (James CAAN) brave le danger pour sauver son capitaine gravement blessé qu'il a juré de protéger au début du film; celle dans laquelle Robert REDFORD récite le "je vous salue Marie" alors qu'il est canardé avec ses hommes pendant la traversée d'un fleuve. Ou encore toutes celles qui dépeignent la guerre de position désespérée menée au nord du pont d'Arnhem par le lieutenant-colonel Frost et ses hommes trop peu nombreux qui investissent une maison dont on voit les étapes de la destruction ainsi que celle de leurs propriétaires. Anthony HOPKINS, acteur fétiche de Richard ATTENBOROUGH (il jouera ensuite pour lui dans "Magic" (1978) et "Les Ombres du coeur") (1993) y est déjà intense et bouleversant dans les derniers moments, éclipsant le reste du prestigieux casting à l'exception de Sean CONNERY, lui aussi remarquable.

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Chaplin

Publié le par Rosalie210

Richard Attenborough (1992)

Chaplin

Librement inspiré de l'autobiographie de Charles CHAPLIN, le biopic de Richard ATTENBOROUGH, réalisateur habitué aux grands sujets est inégal. Du côté négatif, il y a un fil directeur assez lourd avec les interventions intempestives d'un personnage fictif, l'éditeur du livre autobiographique de Chaplin (joué par un Antony HOPKINS mal employé) qui lui demande régulièrement des précisions, rectifications sur ses souvenirs. Il y a aussi une vraie difficulté dans le dosage des différents éléments du scénario. Fallait-il accorder par exemple la même importance à toutes les femmes de la vie de Chaplin? A mon avis non car elles défilent comme des figures de cire et on n'en retient rien alors que Edna PURVIANCE (dont la relation intime avec Chaplin est passée sous silence) et Paulette GODDARD ont eu un rôle très important en tant qu'actrices dans ses films (la première au temps du muet et la second, au temps du parlant). Ce reproche peut d'ailleurs être étendu à la plupart des personnages secondaires car la reconstitution de l'industrie hollywoodienne du début du XX° siècle est soignée mais hélas, trop survolée. Si bien qu'on passe directement des débuts de Chaplin chez Mack SENNETT avec une allusion dépréciative à une certaine Mabel amputée de son nom de famille et présentée comme n'ayant pas les moyens de son ambition créatrice (alors qu'aujourd'hui Mabel NORMAND a été réhabilitée comme réalisatrice auprès de Chaplin mais une femme qui dirige un homme, ça fait tache peut-être ^^) à la fondation de son propre studio en 1917 en sautant toutes les étapes intermédiaires. Et les célébrités quand elles apparaissent font là encore de la figuration (le couple Douglas FAIRBANKS et Mary PICKFORD par exemple). Enfin de façon générale, la vie privée de Chaplin (les problèmes psychiatriques de sa mère jouée par… Geraldine CHAPLIN, ses conquêtes, ses démêlés avec Hoover) prend trop de place et est abordée de manière répétitive (fallait-il montrer Hoover toutes les demi-heure à la façon des pubs MAAF et de leur slogan "un jour je l'aurai"?)

Mais il y a du bon aussi dans "Chaplin". D'abord le rôle-titre, cela a été assez souligné est magnifiquement interprété par Robert DOWNEY Jr. qui réussit à nous faire croire qu'il est Chaplin aux différents âges de sa vie. Et ce n'est pas un mince exploit car il est aussi bon dans les acrobaties du slapstick de sa jeunesse que dans la dernière scène où en tant que vieillard mélancolique, il jette une dernière fois l'œil dans le rétro pour regarder les scènes emblématiques de ses films (une très belle idée ce bouquet final qui permet de revoir des extraits entrés dans la mémoire collective des films "Le Kid / Le Gosse" (1921), "La Ruée vers l'or" (1925), "Le Cirque" (1927) etc.) Ensuite, bien que trop courte, la reconstitution du tournage d'un de ses premiers courts-métrages muets est parfaitement jubilatoire (là aussi le talent de l'interprète principal joue à plein). Procédé étendu dans une autre scène qui reprend les codes des films comiques muets dans un épisode de la vie de Chaplin (celui où il a dû se planquer avec ses bobines pour éviter qu'elles ne soient saisies par les avocats de sa première femme). Rien que pour le pur bonheur que dégagent ces scènes, le film vaut d'être vu!

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Le Monde perdu: Jurassic Park (The Lost World: Jurassic Park)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1997)

Le Monde perdu: Jurassic Park (The Lost World: Jurassic Park)

La suite de "Jurassic Park" (1993), réalisée également par Steven SPIELBERG ne bénéficie pas de la même aura que son prédécesseur. Il faut dire que celui-ci avait bénéficié d'un effet de surprise qui ne peut plus opérer. Le scénario du "Monde perdu" a donc un petit côté réchauffé et les personnages sont globalement moins travaillés. Mais il n'en reste pas moins un très bon film tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, il se distingue par des scènes d'action spectaculaires toujours aussi remarquablement mises en scène. Celle de la caravane est un morceau d'anthologie. Quant aux effets spéciaux ils sont évidemment toujours aussi intelligemment utilisés de façon à servir le récit et à nourrir l'émotion. Sur le fond, on retrouve une critique acerbe des actions inconsidérées de l'homme sur la nature pour des motifs aussi peu avouables que la cupidité et la vanité avec des références à plusieurs films des années 20 et 30. Tout d'abord "King Kong" (1932) est ouvertement cité sauf que le gorille géant est remplacé par un T.Rex qui est arraché à son île par des chasseurs à la solde du neveu de John Hammond (devenu écologiste entre temps et donc écarté des affaires ^^) théoriquement pour servir de tête de gondole à un projet de parc d'attraction à San Diego en réalité pour venir semer le bazar en pleine ville. Ensuite l'arrivée du bateau fantôme en pleine ville avec son chargement funeste a quelque chose de "Nosferatu le vampire" (1922), la touche d'ironie en plus (j'adore quand le T.Rex défonce la barrière du port indiquant que les animaux et végétaux importés sont interdits à partir de "ce point", comme si l'homme espérait ainsi empêcher la propagation d'une épidémie, une peur qui est loin d'avoir disparu comme le montre l'exemple actuel du coronavirus). Enfin le titre choisi par Steven SPIELBERG est un hommage au film éponyme de Harry O. HOYT de 1925 dans lequel évoluaient les dinosaures animés en stop motion de Willis O'Brien, également créateur de King Kong. Le plateau à l'écosystème du jurassien coupé du reste du monde imaginé par Conan Doyle est devenue une île menacée. Le fait d'avoir choisi des films de cette époque, dont un allemand n'est pas innocent. Beaucoup de critiques ont souligné à quel point Steven SPIELBERG était hanté par "La Liste de Schindler" (1993) tourné quatre ans plus tôt. De fait "Le Monde perdu" est plus sombre, plus violent et plus désenchanté que "Jurassic Park" (1993). Il illustre la tendance profondément autodestructrice de l'homme qui a le don de désirer ce qui est susceptible de lui faire le plus de mal. Le neveu de John Hammond (Arliss HOWARD) et sa quête insensée du profit, le chasseur Roland Tembo (Peter POSTLETHWAITE) obsédé par l'idée de compléter sa collection de trophées de chasse ou encore l'un de ses acolytes qui s'amuse avec un plaisir sadique à lancer des décharges électriques sur des espèces qui n'ont pourtant manifesté aucune intention agressive à son égard sont trois exemples édifiants du mal humain. Face à eux, c'est moins Ian Malcom (Jeff GOLDBLUM) qui s'impose (pour les besoins du film il est plus homme d'action que de réflexion ce que je trouve dommage) que sa petite amie, le Dr Sarah Harding (Julianne MOORE) qui est comparée à juste titre à Dian Fossey, la célèbre primatologue américaine immortalisée par Sigourney WEAVER dans "Gorilles dans la brume" (1988). Dian Fossey qui paya de sa vie son engagement en faveur des gorilles en raison des intérêts puissants qu'elle contrariait que ce soit ceux des braconniers, ceux des éleveurs ou ceux des trafiquants de bébés gorilles dont certains étaient hauts placés. On en comprend d'autant mieux le parallèle avec King Kong.

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Jurassic Park

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1993)

Jurassic Park

Jurassic Park qui à sa sortie a fait sensation notamment en raison de ses effets spéciaux révolutionnaires (et qui conservent toute leur puissance de frappe près de trois décennies plus tard) est aussi l'œuvre d'un grand réalisateur. Soit ce qui manque aux blockbusters actuels, pilotés par des producteurs qui pour maximiser leurs profits recyclent à l'infini les recettes scénaristiques du passé (et Jurassic park qui n'en finit plus d'avoir des avatars sans intérêt ne fait pas exception à la règle) relookés par de la surenchère technologique indigeste.

Jurassic Park se démarque de ceux-ci sur de nombreux points:

- Un art de la mise en scène qui intègre intelligemment les effets spéciaux à des scènes d'action et de suspense qui de ce fait sont passées à la postérité. Deux exemples: la découverte progressive du T.Rex depuis l'intérieur de la voiture et la scène de la cuisine à la fin où l'utilisation de l'espace et des éléments du décor est tout simplement magistrale! De plus, soucieux de conférer le plus grand réalisme possible à ses dinosaures, Steven SPIELBERG a choisi d'intégrer les images de synthèse à des scènes de nuit ou de pluie et a fait étroitement collaborer (et pas seulement cohabiter) les techniques animatroniques et numériques. De ce point de vue "Jurassic park" est un film se situant dans une transition technologique tout à fait passionnante. Car le résultat est bluffant alors que pourtant les dinosaures ne sont présents qu'un quart d'heure à l'écran (9 minutes pour les animatroniques et 6 pour les effets numériques).

- Des acteurs avec une vraie présence campant des personnages bien construits à partir d'une intrigue bien ficelée adaptée du roman de Michael CRICHTON. Sam NEILL et Laura DERN incarnent Alan et Ellie, un couple de paléontologues de renom brusquement confrontés à des dinosaures vivants recréés par la science. Ils sont tous deux fascinés par le fait de pouvoir regarder et toucher les créatures qu'ils n'appréhendaient jusque là qu'à l'état de squelettes. Le mathématicien Ian Malcom (Jeff GOLDBLUM), spécialiste de la théorie du chaos est quant à lui conscient des dangers que l'expérience fait courir à l'humanité et au monde et fait preuve d'esprit critique ce qui énerve le milliardaire inconscient John Hammond (Richard ATTENBOROUGH) qui est à l'origine du projet et passe son temps à répéter qu'il a "dépensé sans compter". Même les enfants ne sont pas là pour faire joli mais ont un vrai rôle à jouer, en particulier le petit Tim (Joseph MAZZELLO) dont les pulsions voyeuristes sont souvent soulignées. Les péripéties que vivent les personnages révèlent soit leur médiocrité (informaticien véreux, avocat d'affaires veule, garde-chasse trop sûr de lui) , soit au contraire leurs qualités (Allan et Ellie se révèlent être des héros qui sauvent la situation et protègent les enfants).

- Les thématiques qui traversent le film sont particulièrement riches et pertinentes. On y trouve d'une part une énième critique de l'homme démiurge/apprenti-sorcier/prométhéen (que l'on peut renommer "hommo occidentalus" ^^) qui croit pouvoir jouer impunément avec les règles de la nature en cherchant à la reconfigurer pour son bon plaisir et à la contrôler alors que bien entendu, elle lui échappe comme l'avait prévu Ian Malcom. A cela s'ajoute une critique de la société du spectacle fondée sur la consommation et le voyeurisme et de la technologie censée remédier aux failles humaines. Le "Jurassic Park" de John Hammond est conçu comme une sorte de zoo géant disneylandisé sauf que la visite (trop) guidée fait un flop retentissant car le vivant ne se plie pas aux désirs mercantiles alimentés par la "pulsion scopique". Lorsque les portes s'ouvrent et que la promenade en voiture (téléguidée) commence il n'y a littéralement rien à voir et les grillages électrifiés s'avèreront très vite dérisoires pour endiguer une sauvagerie moins animale qu'humaine. Le personnage de Dennis Nedry (Wayne KNIGHT), le programmeur du système de gestion automatisé du parc et responsable de la catastrophe est très intéressant à étudier comme un exemple éloquent de l'irrationnalité humaine. Son corps déborde de partout, son bureau en vrac est une poubelle à ciel ouvert, il est accablé par les problèmes financiers (s'il les gère comme son bureau ou son régime alimentaire, on comprend pourquoi) et déborde d'anxiété. Bref c'est l'homme idéal pour commettre une grosse bêtise. Car en coupant l'alimentation électrique pour voler des embryons, il ouvre en même temps la cage des dinosaures et signe son arrêt de mort. D'ailleurs Steven SPIELBERG punit d'une façon ou d'autre autre tous ceux qui cherchent à tirer profit du parc, même le petit Tim se prend un bon coup de jus pour son plaisir un peu trop manifeste devant le spectacle du "gore en live".

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Les Ombres du coeur (Shadowlands)

Publié le par Rosalie210

Richard Attenborough (1993)

Les Ombres du coeur  (Shadowlands)

Les Ombres du coeur est un film qui m'a fascinée dès le premier visionnage et continue depuis à me fasciner. Il est en effet traversé de mouvements contradictoires. D'un côté Attenborough s'attache d'une façon parfois un peu pesante et académique (mais pourquoi pas après tout au vu du sujet?) à retranscrire les rites, les fêtes et les moeurs du microcosme oxfordien des années 50 où d'austères professeurs célibataires endurcis cultivaient à la fois l'art des Belles Lettres et celui de la misogynie. D'autre part, tel un chien fou dans un jeu de quilles, il y jette avec une certaine délectation une jeune écrivaine moderne, juive, américaine, communiste et qui n'a pas la langue dans sa poche. Choc des cultures garanti qui donne lieu à des scènes savoureuses comme celle où elle remet à sa place un professeur particulièrement goujat.

Néanmoins l'essentiel du film -inspiré de la véritable histoire de C.S Lewis et Joy Gresham- se situe sur un plan beaucoup plus intimiste. Joy ne fréquente pas Oxford pour le plaisir des joutes oratoires mais parce qu'elle veut rencontrer en personne l'écrivain avec lequel elle entretient une correspondance depuis deux ans et qu'elle admire. Vieux garçon puritain et fervent croyant, vivant avec son frère dans une relation vaguement incestueuse, C.S Lewis est à priori aux antipodes de Joy mais leur confrontation, parfois houleuse finit par porter ses fruits.

Lewis s'avère bloqué dans son développement par le traumatisme de la mort de sa mère lorsqu'il était enfant et dont il ne s'est jamais remis. C'est pourquoi bien qu'il ne connaisse rien aux enfants il est capable d'écrire des récits pour la jeunesse (Les chroniques de Narnia) car il est resté lui-même un enfant. D'autre part il s'est construit une bulle et une carapace qui le mettent à l'abri de tout risque émotionnel "vous vous êtes construit une vie où vous êtes intouchable." Le comble du mensonge étant ses nombreuses conférences où il évoque le pouvoir rédempteur de la souffrance alors qu'il s'est blindé contre elle. Sa rencontre avec Joy ("Joie") provoque un tsunami dans sa vie. Il va longtemps lui résister et nier ses sentiments mais la maladie de Joy finit par lui ouvrir les yeux et lui faire comprendre qu'il doit se déclarer avant qu'il ne soit trop tard. C'est ainsi qu'en quelques mois, il va traverser toutes les émotions qu'il avait refusé de vivre, de la joie la plus intense à la douleur la plus cruelle "la peine qui nous attend fait partie de notre bonheur d'aujourd'hui. C'est la règle du jeu". Grâce à Joy, Lewis parvient au terme de son cheminement à continuer à aimer, même par delà la mort de sa femme.

Antony Hopkins était alors au sommet de sa carrière cinématographique. En effet son rôle de C.S Lewis est contemporain des deux autres grands rôles romantiques qui ont fait sa gloire: Hannibal Lecter (Le silence des agneaux) et le majordome Stevens (Les vestiges du jour). Quant à Debra Winger, elle est parfaite en maîtresse femme la fois incisive et douce.

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