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Articles avec #attal (yvan) tag

Le Brio

Publié le par Rosalie210

Yvan Attal (2017)

Le Brio

Un film qui montre sans le dire une forme de discrimination positive (Neïla is "the one") non dénuée de calculs (donner à l'université Panthéon-Assas une image plus inclusive, blanchir un professeur accusé de propos racistes sur les réseaux et en passe d'être exclu par un conseil de discipline) sans parler du schéma convenu remettant au goût du jour l'histoire de Pygmalion et de Galatée à la sauce assimilationniste (je n'ai jamais été fan de "My Fair Lady" (1964) et de ses avatars). Bref "Le Brio" est de ces films pavés de bonnes intentions autant que de clichés qui se laisse néanmoins regarder. Principalement parce que le duo d'acteurs (Daniel AUTEUIL/Camelia JORDANA) fonctionne mais aussi parce que bien que cela ne soit qu'effleuré, l'apprentissage de la rhétorique est intéressant, notamment l'utilisation du livre de Schopenhauer, "L'Art d'avoir toujours raison" qui a dû être l'un des livres de chevet de Roy Cohn, l'avocat qui a "formé" le jeune Donald Trump, sujet du film "The Apprentice" (2024). On mesure néanmoins le fossé qui sépare le film de Ali ABBASI de celui de Yvan ATTAL, lequel ne décrit finalement qu'un parcours programmé vers la réussite individuelle selon les codes et les normes de la société occidentale. Le conflit de loyauté de Neïla entre ses deux cultures n'est pas réellement interrogé alors que la langue comme la culture française sont en constante évolution sous l'effet des multiples apports de la diversité ce qu'il aurait été intéressant de montrer également.

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Romuald et Juliette

Publié le par Rosalie210

Coline Serreau (1988)

Romuald et Juliette

"On a souvent besoin d'un plus petit que soi". Ce vers de Jean de la Fontaine correspond parfaitement à la fable sociale qu'est "Romuald et Juliette". Revoir les longs-métrages de Coline SERREAU qui n'ont cessé de se bonifier avec le temps, c'est réaliser à quel point elle était avant-gardiste. Car on pense aujourd'hui à un film comme "Intouchables" (2011) en regardant "Romuald et Juliette". Et effectivement, Romuald (Daniel AUTEUIL) souffre lui aussi d'un handicap. Il est aveugle. Pas au sens littéral bien sûr. Mais il s'agit d'un homme naïf qui ne comprend rien à ce qui se trame dans son dos, que ce soit au bureau où une machination se forme pour le compromettre et le chasser de son poste de PDG ou chez lui. Juliette en revanche n'a pas les yeux dans sa poche et observe le ballet des comploteurs alors que personne ne fait attention à elle. Car le poste qu'elle occupe, femme de ménage nettoyant les bureaux la nuit, fait d'elle une invisible. D'ailleurs, lorsqu'elle sort de sa réserve pour ouvrir les yeux de Romuald, celui-ci ne la croit évidemment pas. Mais c'est pourtant chez elle qu'il vient se réfugier lorsque les emmerdes déferlent sur lui. Il devient à son tour un invisible, préparant sa revanche avec l'aide de celle qui lui a ouvert les yeux. C'est gai, vif, enlevé, spirituel et outre le plaisir de retrouver Daniel AUTEUIL dans une comédie, c'est le film qui a révélé Firmine RICHARD qui est d'un naturel épatant*. De façon tout à fait malicieuse, Coline SERREAU réactualise le vers de La Fontaine en montrant une femme noire et pauvre qui non seulement mène sa barque seule mais vient en aide à un homme blanc et riche. C'est donc lui qui va devoir ramer pour la mériter.

* Et on découvre aussi de jeunes acteurs appelés à faire par la suite une belle carrière comme Isabelle CARRE, Jose GARCIA ou Guillaume de TONQUEDEC.

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Maria

Publié le par Rosalie210

Jessica Palud (2024)

Maria

"Maria" qui est l'adaptation de la biographie de Maria SCHNEIDER par sa cousine, Vanessa Schneider raconte des faits survenus il y a plus de cinquante ans mais qui résonnent avec l'époque actuelle, celui des abus sexuels commis sur de jeunes actrices au cours des tournages de films dans une ambiance d'omerta généralisée. Pour commencer, le film nous dépeint la situation familiale de Maria dans laquelle on reconnaît un schéma dysfonctionnel marqué par l'absence du père (l'acteur Daniel GELIN qui était marié par ailleurs et ne l'a jamais reconnue) et une mère mannequin jalouse et narcissique qui la rejette. Bien qu'elle puisse trouver un refuge chez son oncle et sa tante (les parents de Vanessa Schneider), Maria se lance à l'adolescence dans la quête de la reconnaissance paternelle en le suivant sur les plateaux et dans les fêtes nocturnes. C'est ainsi qu'elle devient "tout naturellement" une proie de choix pour des réalisateurs peu scrupuleux comme Bernardo BERTOLUCCI qui l'engage pour "Le Dernier tango a Paris" (1972). Une jeune actrice novice et mineure face à un réalisateur déjà célèbre et une star de presque trente ans plus âgée, Marlon BRANDO: une configuration hélas familière reflétant la domination masculine sur le cinéma, un art fait par des hommes pour des hommes comme le rappellera le "Sois belle et tais-toi" (1976) de Delphine SEYRIG dans lequel intervient Maria SCHNEIDER. Il est dommage que la mise en scène de Jessica PALUD ne soit pas plus lisible à ce sujet, comme si la scène du beurre était une transgression au sein d'un tournage jusque là idyllique alors que les inégalités de traitement entre Maria SCHNEIDER et Marlon BRANDO (sur la nudité par exemple) étaient présentes dès le début. Le fait de coller à la vision de l'actrice n'a jamais empêché le recul critique. La réalisatrice n'exploite d'ailleurs que trop peu l'aspect également très contemporain des images à caractère sexuel prises sans consentement de l'intéressé et ensuite largement diffusées, salissant son image et l'humiliant profondément. Si les rares cinéastes à avoir su proposer à Maria SCHNEIDER des rôles plus valorisants comme Michelangelo ANTONIONI ou Jacques RIVETTE sont salués, si sa franchise est soulignée celle-ci refusant de faire semblant pour assurer la promo du film de Bernardo BERTOLUCCI, c'est surtout sa descente aux enfers qui est mise en avant, l'émergence du mouvement féministe auquel elle a contribué étant réduit au personnage de son amante, Noor (Celeste BRUNNQUELL). Heureusement, Anamaria VARTOLOMEI porte le film sur ses épaules avec une belle présence.

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Bon voyage

Publié le par Rosalie210

Jean-Paul Rappeneau (2003)

Bon voyage

J'ai trouvé le film absolument virtuose sur le plan de la mise en scène. Tel un chef d'orchestre, Jean-Paul RAPPENEAU mène tout son petit monde sur un rythme allegro-presto et pourtant, tout s'y écoule de façon parfaitement limpide, jusqu'au plus petit rôle. Parce qu'il ne faut pas sous-estimer la difficulté que représente le fait de maintenir ce rythme trépidant tout au long du film tout en restant lisible. Si on regarde plus en détail, on s'aperçoit que le scénario est bien structuré avec plusieurs sous-intrigues impliquant un ou plusieurs personnages qui reviennent en leitmotiv tout au long du film: les gangsters, les espions, les scientifiques, les politiciens etc. Car oui, "Bon voyage" ressemble à une partition de musique avec sa soliste star (Isabelle ADJANI qui n'a pas l'âge du rôle certes mais qui en a l'aura et qui joue la fausse ingénue manipulatrice avec brio), ses duettistes (Gregori DERANGERE et Yvan ATTAL, Virginie LEDOYEN et Jean-Marc STEHLE), ses triangles amoureux (Gregori DERANGERE, Isabelle ADJANI et Gerard DEPARDIEU, Gregori DERANGERE, Yvan ATTAL et Virginie LEDOYEN ) sans parler de la petite musique distillée par le moindre petit rôle incarné par des acteurs de caractère (Michel VUILLERMOZ, Edith SCOB) avec en arrière-plan, le choeur d'une reconstitution historique sachant rendre à merveille le chaos de l'exode de l'élite française à Bordeaux en mai-juin 1940. Chapeau!

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Munich

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2005)

Munich

Et si le 11 septembre avait commencé par la sanglante prise d’otages aux jeux olympiques de Munich le 5 septembre 1972 ? Choix d’un événement hautement symbolique et mondialement médiatisé, agissements d’une cellule terroriste de l'organisation Septembre noir, grosses failles dans le dispositif de sécurité permettant la facile infiltration du village olympique par le commando et surtout, mise en œuvre par l’Etat agressé (Israël) de la traque et de l’assassinat des commanditaires de la prise d’otages et de leurs complices sur plusieurs années voire décennies. Car c’est cela qui forme l’essentiel de la réflexion de Steven SPIELBERG : l’engrenage infernal de la violence. Renvoyant dos à dos israéliens et palestiniens en entremêlant les noms des athlètes assassinés et ceux du commando et en les faisant dialoguer à leur insu, il s’attache à raconter le parcours meurtrier d’un petit groupe d’agents de l’opération de représailles israélienne « Colère de Dieu » au caractère international affirmé : leur chef, Avner, un sabra israélien (Eric BANA), Steve un ancien soldat australien (Daniel CRAIG), Hans, un antiquaire (Hans ZISCHLER), Robert un fabricant belge de jouets et de bombes (Mathieu KASSOVITZ) et Carl, un irlandais (Ciarán HINDS). A chaque nouveau meurtre, les membres du groupe perdent un peu plus leur intégrité physique, morale et psychologique comme s’il s’agissait d’une autodestruction programmée. Tout d'abord parce qu'ils sont confrontés à des ennemis dont Steven SPIELBERG restitue la dimension humaine et vulnérable. Ensuite parce qu'il montre également l’importance des dommages collatéraux de cette violence aveugle. Ainsi le deuxième meurtre est construit sur un suspens autour de la petite fille de l’homme à abattre qui décroche le téléphone piégé à la place de son père. Le troisième meurtre dévaste un hôtel entier, mutile des innocents et manque tuer Avner lui-même. Ils s’interrogent d’autant plus sur la légitimité de leurs actions que l’Etat pour lequel ils travaillent joue un double jeu. Il interdit la peine de mort tout en commanditant des exécutions à des groupes qu’il ne reconnaît pas officiellement. Avner a ainsi dû démissionner du Mossad et doit prétendre agir pour son seul compte. Il n’est guère étonnant dans ces conditions que celui-ci développe une paranoïa aigue contre ses propres commanditaires et qu’il refuse de leur livrer les noms des mystérieux indicateurs français, Louis et Papa (joués par Mathieu AMALRIC et Michael LONSDALE que l’on retrouvera deux ans plus tard dans « La Question humaine") (2007) qui lui ont permis de localiser les cachettes des hommes à abattre et les moyens de les neutraliser. Ce clan mafieux tout droit sorti du film « Le Parrain (1972) » en dépit de ses ambiguïtés est le seul re(père) d’Avner en raison de son caractère familial souligné par le caractère sacré de la cuisine et du repas pris en commun. Un partage fraternel et réitéré par l'envoi de produits du terroir qu'Avner ne parviendra pas à obtenir d'Ephraim (Geoffrey RUSH) l'agent "non incarné" du Mossad.

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