Mais qu'est-ce qui m'a pris de regarder ce film? Sans doute l'affiche et les images bucoliques de la vallée de Chevreuse, un lieu que j'aime beaucoup et la présence de Nora HAMZAWI au générique que j'ai vu il y a tout juste une semaine à l'Olympia. Et puis il y a un film de Olivier ASSAYAS que j'ai beaucoup aimé, "Clean" (2004). Mais celui-là qui aurait été parfait pour un film de famille aurait dû rester dans leur cercle privé. Il ne présente strictement aucun intérêt cinématographique. Il n'y a ni recherche formelle, ni travail d'écriture, ni volonté de créer des personnages. Il s'agit juste d'une chronique fictionnalisée paresseuse de la vie du réalisateur, de son frère et de leurs compagnes durant le confinement dans leur maison de famille au milieu d'un vaste parc avec cours de tennis. Les entendre s'apitoyer sur leurs petits problèmes de logistique et de couple ou bien se gargariser de références culturelles érudites auxquelles le commun des mortels n'a pas accès finit par rendre ces gens déconnectés du réel pénibles et le film en lui-même ennuyeux. Ca m'a rappelé des situations vécues dans lequel des intellectuels imbus d'eux-mêmes monopolisaient la conversation pour s'écouter parler et écraser les autres de leur snobisme. De toutes manière, les signaux "film de classe fait par et pour les bobos" clignotent à chaque instant. Chaque phrase, chaque situation est une caricature que ce soit Etienne (Vincent MACAIGNE, double du réalisateur) qui a rendez-vous en visio avec son psy ou Morgane (Nine D'URSO) qui mange bio et sans gluten entre deux séances de yoga sur zoom ou un podcast sur les derniers jours de la vie de Auguste Renoir. Tout cela sans le moindre humour, le moindre recul. Les seuls moments que j'ai trouvé intéressants, c'est quand la voix (hélas poussive) du vrai Olivier ASSAYAS se souvient avec nostalgie de son enfance dans cette maison. Cela aurait pu donner un tout autre film. Tel quel, il apparaît ainsi que les gens qui le peuplent sont non seulement "hors du temps" mais "hors sol", ne parlant qu'à eux-mêmes. Je tremble pour eux à la perspective de la prochaine crise, celle qui nous privera de carburant, d'accès internet, d'électricité (et accessoirement de caméra-miroir): mais comment feront-ils? ^^.
"Clean" est l'un de mes films préférés, un film que j'ai vu plusieurs fois au cinéma et que je me suis par la suite acheté en DVD. C'est lié sans doute au fait qu'il atteint une certaine perfection dans le dosage des divers éléments qui le composent. Car si le réalisateur, Olivier ASSAYAS aborde l'un de ses thèmes fétiches qui est d'analyser la manière dont des personnages rebelles au système dominant et épris d'idéaux font pour reprendre pied dans la réalité, il le fait avec beaucoup de sensibilité. La présence de Maggie CHEUNG dans le rôle principal n'y est sans doute pas étrangère. Son personnage, vraisemblablement inspiré de Yoko Ono est une revenante des années "sex, drugs and rock and roll". Son compagnon, Lee, chanteur de rock adulé y a laissé la peau mais c'est elle que l'on accuse et qui doit en assumer les conséquences puisqu'elle doit se reconstruire dans un monde hostile. Enfin, presque. Car l'autre beau personnage du film, c'est Albrecht (Nick NOLTE, magnifique), le père de Lee qui porte un poids de culpabilité sur les épaules aussi lourd que celui d'Emily. Certes, il n'est pas montré du doigt mais on devine qu'il souffre d'avoir perdu son fils (ou plutôt de ne jamais avoir réussi à le rencontrer). Il tente donc de se racheter en prenant soin de son petit-fils, Jay et en aidant sa mère mise au ban de la société. L'une des plus belles scènes du film est la course éperdue d'Emily à la gare, d'abord pour fuir Albrecht qui l'a blessée en lui racontant que Jay n'était pas prêt à la revoir puis sa volte face lorsqu'elle comprend qu'il lui a en fait tendu la main. Et c'est à la suite de cette prise de conscience en mouvement qu'ils se parlent à nouveau et qu'Albrecht lui confie qu'il croit au pardon et à la capacité des gens à changer.
Parallèlement à cette éprouvante rédemption dans laquelle Emily cherche un équilibre (revoir son fils tout en trouvant un travail qui lui convienne), le film est émaillé de passages plus légers dans lesquels elle fait face aux fantômes de son sulfureux passé incarnés par une galerie de personnages féminins pittoresques: une admiratrice de ses années de présentatrice sur le câble quelque peu étouffante (Laetitia SPIGARELLI), son ex devenue une femme d'affaires froide et cynique (Jeanne BALIBAR) et enfin une amie un peu borderline, Elena (Béatrice DALLE dans son propre rôle ^^?).
Irma Vep d’Olivier Assayas illustre la rencontre entre la Nouvelle vague et le cinéma de Hong-Kong. Maggie Cheung est engagée par un cinéaste (Jean-Pierre Léaud) pour tourner un remake des Vampires de Louis Feuillade, un film muet de 1915. Elle reprend le rôle d'Irma Vep (anagramme de Vampire) tenu par Musidora, une voleuse dans la lignée d’Arsène Lupin. Ce qui intéresse Léaud dans le cinéma de Hong-Kong, c’est le mouvement des corps des actrices et acteurs (qui tous ont au moins des bases en arts martiaux). Peu d’acteurs/d’actrices français sont véritablement corporels à l'exception de Denis Lavant ou d'Isabelle ADJANI. C'est pourquoi devant l'incapacité du réalisateur à tourner le film, Maggie Cheung décide de se mettre en scène elle-même en dérobant pendant la nuit un collier dans une chambre d'hôtel.
Le film bien qu'intéressant manque d'enjeu dramatique, est assez théorique et ennuyeux mais Maggie Cheung a une présence phénoménale à l'écran et marque les esprits dans son costume de vamp en latex.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.