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Articles avec #animation tag

Steamboy (Suchīmubōi)

Publié le par Rosalie210

Katsuhiro Otomo (2004)

Steamboy (Suchīmubōi)
Visuellement c'est bluffant, scénaristiquement beaucoup moins. Beaucoup de bruit pour rien en quelque sorte. 10 ans d'élaboration qui font ainsi pschitt c'est dommage.

Pourtant l'idée de transposer "Akira", œuvre post apocalyptique culte dans un univers steampunk à la Jules Verne avait de quoi susciter de grands espoirs. De fait le résultat technique est grandiose. La société victorienne est reconstituée avec beaucoup de minutie, les machines sont plus fascinantes les unes que les autres et il y a de grands morceaux de bravoure où on en prend plein les mirettes, notamment à la fin lors de (l'auto)destruction de la tour steam qui entraîne la glaciation d'une partie de Londres.

Le problème, c'est que toute cette débauche visuelle a été réalisée au détriment de l'histoire et des personnages. Le conflit intra-familial autour de l'utilisation des innovations technologiques était pourtant une excellente idée, une sorte de réactualisation de la tragédie des Atrides à l'ère de la vapeur. Hélas, les personnages ne sont pas cohérents, leurs motivations sont floues ce qui introduit la confusion. Le grand-père semble s'opposer à la récupération de ses inventions pour des intérêts politiques ou économiques mais sa quête de puissance est tout aussi démente que celle de son fils. Quant au petit-fils, il apparaît surtout comme un pion que s'échangent les deux patriarches et leurs camps respectifs (bonnet blanc et blanc bonnet tellement les inventeurs artisanaux semblent aussi cupides et mesquins que les riches industriels). Les autres personnages, trop nombreux, sont tout aussi mal ficelés. Scarlett par exemple nous est présentée comme une insupportable fille à (très riche) papa avant de se transformer sans transition en courageuse héroïne. Les questions éthiques sont traitées de façon tout aussi superficielles. Bref le travail de fond est bâclé ce qui fait de cet animé une énorme usine à gaz sans âme.
 

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Cars 3

Publié le par Rosalie210

Brian Fee (2017)

Cars 3

"Le retour de Flash McQueen témoigne de l'épuisement de la série du studio d'animation de John Lasseter" écrit le Monde. Ce n'est pas vrai. Tout d'abord, rappelons que les suites de "valeurs sûres" permettent de financer des projets originaux comme récemment "Là Haut", "Vice Versa" et bientôt "Coco". A l'heure où Hollywood recycle ses vieilles recettes à l'infini, cette prise de risque mérite d'être soulignée et saluée. Ensuite parce que Pixar sait faire de bonnes suites. Celles de "Toy Story" sont même supérieures au premier volet qui était déjà un chef d'œuvre du genre. Et si "Cars 3" n'a pas tout à fait la même puissance d'évocation que le premier, il se situe dans la même lignée, faisant oublier le lamentable raté (technique excepté) du deuxième film qui était complètement hors-sujet.

"Cars 3" se situe dans la filiation du premier "Cars". Il est un peu l'équivalent du "Vingt ans après" d'Alexandre Dumas. Flash Mc Queen est confronté au même destin que jadis son mentor, Doc Hudson: il est has been et les petits jeunes n'ont qu'une hâte, l'envoyer à la retraite. Mais par fierté, Flash s'accroche car il veut être maître de sa sortie.

Comme dans le premier film, l'histoire est centrée sur l'hubris du héros et sa découverte des valeurs altruistes. Flash doit accepter le temps qui passe. Une notion qui fait l'ADN des studios Pixar et qui implique la nostalgie et le deuil. Peu à peu, Flash voit ses amis concurrents raccrocher les gants ce qui le renvoie à son propre déclin. Il doit admettre qu'il est devenu vieux et lent et qu'il ne peut donc pas rivaliser avec la rapidité des rookies high tech. D'autant qu'en dépit de ses efforts, il ne peut s'adapter aux nouvelles méthodes d'entraînement. Mais celles-ci sont suffisamment tournées en dérision pour que l'on comprenne que l'expérience "humaine" acquise par le bolide est également indispensable à l'étoffe d'un vrai champion. C'est ainsi que bien malgré lui, il entraîne à sa suite sa coach sportive, Cruz Ramirez, qui s'avère être une ancienne fan mais aussi une voiture de course inhibée à qui on a jamais donné sa chance (et le sexisme/racisme ambiant n'y est certainement pas étranger, il suffit de voir comment elle est traitée par son patron milliardaire Sterling ou par le leader de la course Jackson Storm). Il l'entraîne tant et si bien sur les traces de Doc Hudson qu'il finit par devenir son entraîneur. Et c'est une belle histoire de transmission qui s'esquisse par petites touches comme le fut dans le premier film celle de Doc et de lui-même. La transmission entre générations, un thème cher aux studios Pixar puisqu'on le retrouve dans "Toy Story 3" ou encore dans "Là-Haut."

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Moi, moche et méchant 3 (Despicable me 3)

Publié le par Rosalie210

Kyle Balda et Pierre Coffin (2017)

Moi, moche et méchant 3 (Despicable me 3)

"Cherche scénario désespérément" voilà le vrai titre de "Moi moche et méchant 3". En manque visible d'inspiration, le studio Illumination nous a pondu un film composé de petites histoires sans véritable lien entre elles. Gru retrouve un frère jumeau parachuté gratuitement dans l'histoire ce qui a pour effet de remiser la pauvre Lucy au placard. Ce qui est injuste car ce frère a l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette et n'est qu'un prétexte à quelques scènes d'action spectaculaires. Pauvre Lucy dont on se demande s'il n'aurait pas mieux valu qu'elle reste célibataire, au moins elle n'aurait pas perdu son travail. Quant à sa relation avec les filles, elle est d'autant plus convenue et bâclée qu'elle est redondante avec le premier film. Les filles ont été mises de côté dès le deuxième film mais le troisième bat leur record d'inutilité. Margo se fait de nouveau draguer, Edith a deux secondes d'antenne et trois phrases et la recherche d'une vraie licorne par Agnès sert surtout à surexposer sa bouille craquante. Enfin les mignons continuent à faire bande à part pour des séquences gag à l'humour particulièrement réchauffé. Le méchant est certes plus fun et décalé que celui du 2 mais il accentue le côté clipesque de ce film qui manque sérieusement de rythme. Cependant le studio n'est pas près de lâcher le filon. Le film se termine de façon ouverte ce qui annonce une suite.

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Le grand méchant renard et autres contes

Publié le par Rosalie210

Benjamin Renner et Patrick Imbert (2017)

Le grand méchant renard et autres contes

Comment faire pour élever trois poussins quand on est un renard? Comment un canard, un lapin et un cochon peuvent-ils livrer un bébé/des cadeaux alors qu'aucun d'eux ne vole comme une cigogne/ le père Noël dont c'est normalement le boulot?

C'est cet art du décalage et du brouillage des identités que cultive la petite ferme de Benjamin Renner dont les animaux-acteurs nous présentent 3 contes de 26 minutes chacun: "Un bébé à livrer"; "Le grand méchant renard" et "Il faut sauver Noël". Les influences sont nombreuses des fables de La Fontaine à la comédie américaine de Billy Wilder en passant par Les contes du chat perché de Marcel Aymé et Tex Avery.

Les plus jeunes se tordront de rire devant les nombreux gags burlesques déclenchés par le duo pas fûte-fûte du canard et du lapin qui ne comprennent pas que le loup prépare la soupe pour les mettre dedans, se portent au secours d'un père Noël en plastique qu'ils croient vrai, démarrent une camionnette en marche arrière, intervertissent les paquets, s'apprêtent à catapulter le bébé etc. Les adultes eux seront plus sensibles aux messages cachés dans les contes, particulièrement dans le deuxième, "Le grand méchant renard" qui donne son titre au film et qui est le plus audacieux. Il pose en effet la problématique des nouvelles familles: monoparentalité (un renard élève seul 3 poussins), adoption (2 espèces à priori incompatibles s'apprivoisent), question de genre (les poussins considèrent le renard comme leur maman), établissement d'une garde alternée entre le parent biologique (la poule qui a retrouvé sa progéniture) et le parent adoptif... Ce qui facilite les choses c'est que ces animaux transgressent les caractères qui leur sont assignés: le renard est un gros froussard qui rêve de pantoufler à la ferme, les poussins se prennent pour des renardeaux et agressent leurs congénères, les poules pratiquent le self-défense et terrassent le loup, le chien et la cigogne sont de gros paresseux qui se dérobent à leurs missions.

C'est drôle, fin, délicat, sensible, original, c'est une animation intelligente qui fait du bien. Et qui n'a pas de frontières, le clin d'œil à Totoro le montre.

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Les enfants-loups, Ame et Yuki (Ōkami kodomo no Ame to Yuki)

Publié le par Rosalie210

Mamoru Hosoda (2012)

Les enfants-loups, Ame et Yuki (Ōkami kodomo no Ame to Yuki)

"Les Enfants Loups" est le film de la maturité pour Mamoru Hosoda et celui qui a permis à un plus large public de le découvrir en France. Il s'agit d'une superbe fable qui reprend les thèmes de ses précédents longs-métrages: le temps qui passe et la nécessité de faire des choix pour se construire (comme dans son premier film, "La Traversée du temps"); l'opposition entre ville et campagne, tradition et modernité (comme dans "Summer Wars" son deuxième film). On le compare avec justesse aux "Souvenirs goutte à goutte" d'Isao Takahata à cause de son réalisme et de son caractère intimiste en forme de tranches de vie. Mais des similitudes avec l'œuvre animiste de Miyazaki existent également, notamment avec "Mon voisin Totoro".

Toutefois "Les Enfants Loups" n'a rien d'une redite. Le film développe une histoire originale traitée avec beaucoup de sensibilité et de finesse. Son sujet central n'est pas la maternité ou l'éducation comme on peut le lire ici et là mais la complexité de l'identité humaine. L'hybridité d'Ame et de Yuki, mi-humains, mi-loups est métaphorique et peut s'interpréter de plusieurs façons. Comme une double identité/culture, une mixité, un métissage lié au fait qu'ils sont issus d'un couple humain/loup-garou (lequel est lui-même hybride comme le centaure ou la sirène) qu'il faut cacher pour ne pas être rejeté de la société. Mais également comme une mise en lumière de la double nature de l'homme mi animale, mi spirituelle mise en péril par la civilisation moderne. Selon John Knight, l’un des meilleurs experts des loups japonais, l’attitude de la population japonaise envers le loup reflète son attitude à l’égard de la nature. Longtemps sacralisés, les loups ont été éradiqués à la fin du XIX° parallèlement à l'expansion urbaine du premier miracle japonais et à son occidentalisation. Le bétonnage de la nature va de pair avec celui des émotions. Les grandes villes surpeuplées comme Tokyo ont coupé le contact avec la nature et se montrent particulièrement inadaptées et intolérantes vis à vis de tout ce qui peut s'apparenter à l'animalité de l'homme. Pour survivre, la mère doit se retrancher dans son appartement avec ses enfants, menacés par les voisins et les services sociaux. Elle n'a aucun recours comme on peut le voir dans la scène ou partie pour faire soigner Ame, elle ne peut choisir entre un service pédiatrique et une clinique vétérinaire. La campagne apparaît certes comme un milieu rude et délaissé mais dans lequel il est possible de s'intégrer et de s'épanouir pleinement. Au delà des enfants loups, chacun peut composer avec sa double nature: Hana le prénom de la mère signifie "fleur", elle est aidée par un vieux paysan revêche qui ressemble à un loup solitaire etc. C'est donc là que les enfants peuvent choisir ce qu'ils veulent devenir. De caractères opposés, on les voit grandir et se tourner vers des destins complètement différents. Yuki, jeune fille bouillonnante doit apprendre à canaliser ses émotions animales pour s'intégrer au monde des humains. Ame au contraire doit larguer les amarres humaines et se séparer de sa mère pour intégrer le monde animal.

On le voit la réflexion est riche, subtile et les graphismes sont magnifiques. Un film majeur de l'animation japonaise des dix dernières années.

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Moi, moche et méchant 2 (Despicable Me 2)

Publié le par Rosalie210

Chris Renaud et Pierre Coffin (2013)

Moi, moche et méchant 2 (Despicable Me 2)

Moi moche et méchant 2 est aussi plaisant à regarder que le 1. On y retrouve le rythme enlevé, les couleurs chatoyantes, les gags des irrésistibles minions accro à leurs "bananas" ainsi que la musique de Pharrell Williams avec notamment son méga hit "Happy".

En revanche pour l'originalité du scénario, on repassera. Il n'offre aucune surprise et pioche dans la même gamelle que "Cars 2" à savoir une intrigue d'espionnage pleine de gadgets à la James Bond (qui n'en demandait pas tant). Les nouveaux personnages déçoivent, en particulier le méchant, très fade en dépit de la sauce mexicaine à laquelle on veut nous le faire manger (de ce point de vue le 3 qui renoue avec le personnage décalé sera meilleur). Quant aux anciens personnages, s'ils sont toujours aussi attachants, ils sont exploités de façon très conventionnelle. Gru en particulier s'est tellement rangé des voitures qu'il a perdu presque tout son mordant. Il y a quand même quelques moments drôles où on retrouve son caractère mal embouché, notamment lorsqu'il est en proie à une déception sentimentale ou lorsqu'il doit se déclarer au téléphone. La satire des sites de rencontre, rendez vous arrangés, jeunes play-boy à mèche et autres entremetteuses est assez réjouissante. Mais la fin en forme d'autopromotion pour le spin-off des "Minions" n'est pas du meilleur goût (à l'image des gelées que fabrique l'usine de Gru). 

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Moi, moche et méchant (Despicable Me)

Publié le par Rosalie210

Chris Renaud et Pierre Coffin (2010)

Moi, moche et méchant (Despicable Me)

Pour se démarquer de ses concurrents (Disney-Pixar, la Fox, Dreamworks), Illumination entertainment, filiale d'Universal a décidé de choisir un "Détestable moi" ("Despicable me" en VO) pour héros. Gru est un méchant de la vieille école, socialement et écologiquement incorrect. Il pollue avec son véhicule mastodonte, chasse la faune protégée pour peupler sa maison de trophées, pistogèle les clients pour ne pas faire la queue, emboutit leurs voitures pour se garer, menace de tuer le chien de son voisin qui a fait ses besoins sur ses plate-bandes et fait tourner en bourrique un petit garçon innocent. Il doit cependant lutter pour ne pas se faire complètement ringardiser par le jeune Vector, un méchant 2.0 qui est en quelque sorte la caricature du geek. Un surdoué en informatique entouré de gadgets high-tech qui passe son temps vautré sur le canapé en train de grignoter d'où une bedaine peu glorieuse qui accompagne une coupe au bol et de grosses lunettes du meilleur effet!

Cette caractérisation originale des méchants est le meilleur aspect du film avec les gags potaches des inénarrables minions qu'on ne présente plus. Avec leur 2 ans d'âge mental et leur sabir incompréhensible, on ne peut que s'attendrir lorsqu'ils offrent une "papuche" alors que les plus jeunes s'esclafferont à les voir se photocopier les fesses. Les plus rationnels pourront s'interroger sur le sens à donner à leur présence. Minion signifie en VO larbin (et non adorable) et en effet ils occupent tour à tour le rôle de domestique, soldat, cobaye, ouvrier le tout dans la joie et la bonne humeur puisqu'ils ne peuvent vivre sans maître comme le dévoilera le spin-off. On est pas loin des slogans racistes et paternalistes du genre "battu et content" avec le hit de Pharrell Williams en prime dans le 2.

Enfin je ne suis pas du tout fan de l'histoire des orphelines, trop convenue. Même si la petite Agnès est très attachante ("J'aime les licornes, beaucoup, beaucoup") et qu'il y a de belles scènes de tendresse avec Gru il est dommage que l'aspect sentimental prenne autant de place, spectacle familial oblige. On sent déjà dans ce premier volet la contradiction entre la volonté de se démarquer avec un aspect grinçant et satirique et celle de plaire à tous en rentrant dans le rang. Le deuxième film accentuera encore plus l'aspect papa-gâteau de Gru et se chargera de parachever sa métamorphose en lui trouvant une épouse, anéantissant partiellement ce que le premier film pouvait encore avoir de réjouissant et d'original.

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Les contes de la nuit 3D

Publié le par Rosalie210

Michel Ocelot (2011)

Les contes de la nuit 3D

C'est en quelque sorte la deuxième partie d'un diptyque dont le premier volet était "Princes et princesses", la nouveauté résidant dans l'usage de la 3D pour essentiellement accentuer la profondeur de champ. Si j'ai une petite réserve sur la fragmentation induite par le film à sketchs qui empêche de développer le récit et de nous attacher aux personnages, cela est largement compensé par la beauté envoûtante des images. Les fonds colorés sont de véritables œuvres d'arts (à l'exception de ceux du "garçon qui ne mentait jamais" que je trouve moins ciselés) sur lesquels se détachent d'autant mieux les personnages en ombres chinoises dont l'esthétique est tout aussi finement travaillée. L'intérêt de ces ombres est au moins double:

- L'animation en papier découpé a été la première employée par Michel Ocelot et son caractère artisanal la rend largement accessible. Le film rend hommage à la créativité et à l'imagination de deux jeunes gens et d'un vieux technicien qui réenchantent un cinéma à l'abandon.

-L'ombre chinoise est un espéranto visuel. Les contes d'Ocelot se déroulant aux 4 coins du monde et mettant en scène des personnages d'origine très variée, l'ombre permet une identification et une incarnation universelle.

On remarque également que si les contes varient temporellement et géographiquement (civilisation Aztèque du XV° siècle, Moyen-Age et Renaissance en occident, Afrique, Antilles et Tibet à une époque indéterminée), le message est toujours le même. Il s'adresse à la jeunesse et à ses capacités émancipatrices vis à vis des préjugés, abus de pouvoir et traditions obscurantistes incarnées par les anciens. C'est particulièrement évident dans "L'élue de la ville d'or" qui s'insurge contre les sacrifices humains et la soif de l'or, "Ti Jean et la Belle-sans-connaître" où le héros rejette les conseils malavisés d'un vieil homme ce qui lui sauvera la vie ou encore "La fille-biche et le fils de l'architecte" où la métamorphose permet d'échapper à un mariage forcé.

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Summer Wars (Samā wōzu)

Publié le par Rosalie210

Mamoru Hosoda (2010)

Summer Wars (Samā wōzu)

Lorsque l'artiste plasticien Takashi Murakami a exposé ses œuvres dans les grands appartements et la galerie des glaces à Versailles en 2010, les dents ont grincé. D'un côté le classicisme, la tradition, de l'autre l'art contemporain inspiré de l'esthétique manga avec ses personnages acidulés et kawai, le choc des cultures était assuré.

Or c'est à cette même période que "Summer Wars", le deuxième long-métrage d'auteur de Mamoru Hosoda arrive chez nous, suscitant sur le moment des avis plutôt mitigés voire négatifs, notamment sur le graphisme d'Oz, l'univers virtuel, proche de celui de Takashi Murakami. Hosoda a été depuis reconnu en France comme un auteur majeur de l'animation japonaise avec "Ame et Yuki, les enfants-loups" et par conséquent "Summer wars" a été réévalué.

L'un des thèmes centraux de "Summer Wars" est la confrontation entre la tradition et la modernité. Le titre fait allusion aussi bien aux guerres féodales entre samouraï et shogun qu'à la cybercriminalité contemporaine. Il contient en plus un paradoxe qui annonce son caractère fondamentalement divertissant, l'été étant plus propice à la farniente qu'au combat.

La tradition est incarnée par le clan Jinnouchi, une très vieille famille vivant près de Nagano dans une immense demeure et s'étant réunie pour fêter le 90eme anniversaire de leur bisaïeule. Leur histoire reflète celle du Japon: guerriers samouraï au Moyen-Age, ils se sont reconvertis en marchands de soie sous l'ère Meiji avant d'être ruinés par leur de leurs membres. Lorsque le héros, Kenji débarque dans cette immense famille, il découvre que ses membres exercent des métiers variés: pêcheur, policier, joueur de baseball, informaticien etc.

Face à la tradition, la modernité est incarnée par Kenji mais aussi par le monde virtuel d'Oz. Kenji est un jeune lycéen japonais surdoué en mathématiques. Il vit dans un petit appartement, sa famille, vraisemblablement réduite brille par son absence et il passe l'essentiel de son temps à geeker. C'est par lui que l'on découvre que le web est devenu un véritable monde parallèle dans lequel chaque personne possède un avatar, peut travailler, acheter, jouer comme dans le monde réel. Mais une nuit, il craque sans le savoir le code d'Oz, permettant à une I.A malveillante, "Love machine" de s'emparer de façon exponentielle des comptes utilisateurs de particuliers mais aussi d'entreprises et d'administrations. La société réelle est totalement désorganisée ce qui révèle sa dépendance vis à vis des hautes technologies (la réalité a depuis rejoint la fiction avec le logiciel wannacry qui a touché une grande partie du monde et désorganisé des pans entiers de l'économie et de la société). Love machine n'a plus qu'à programmer la fin du monde en faisant tomber un satellite artificiel sur une centrale nucléaire.

Tradition et modernité s'entremêlent lorsqu'on découvre que le créateur de la Love machine est Wabisuke, le vilain petit canard du clan Jinnouchi, marginalisé par son origine illégitime et que la maison du clan est dans le périmètre de chute du satellite. Cette opposition entre une menace planétaire et un point de vue domanial fait penser à "Mélancholia" de Lars Von Trier. On pense aussi un peu à "Matrix" (même si Oz à l'image de sa référence magique est autrement plus coloré et joyeux que l'alignement austère de chiffres sur fond vert de la matrice.) et à "Docteur Folamour". Les spécialistes des mangas et jeux vidéos penseront eux plutôt aux "War games."

Les thèmes sont graves mais le ton reste léger car l'humour est omniprésent et le rythme, très enlevé sans parler du graphisme. C'est frais et pétillant comme une boisson estivale!

 

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Cars 2

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Brad Lewis (2011)

Cars 2

La question que je me pose toujours devant ce film est la suivante: "Où sont passés les studios Pixar?" Si ce n'était la qualité technique visuellement bluffante et le retour de personnages que nous savons appartenir à leur univers, le film pourrait aussi bien être un Disney (ceux-ci ayant racheté Pixar ont d'ailleurs produit leurs propre dérivé de Cars, la saga spin-off Planes, affligeante), un Dreamworks ou un Illumination. La faute à un scénario premier degré favorisant le remplissage, la morale convenue, les clichés éculés et les blagues à la consistance de pudding au détriment d'un vrai travail de fond. Résultat: un gros jouet coloré qui n'apporte rien. Les enfants s'en détachent très vite et les adultes s'ennuient ferme. Cette absence d'identité propre, de personnalité est d'autant plus incompréhensible que les studios abordent habituellement dans leurs films d'animation les sujets graves (avec maestria qui plus est): l'oubli, l'abandon, la mort, le désespoir. C'est ce qui leur donne leur profondeur et par conséquent leur immortalité. Il y avait pourtant de quoi faire avec la mort des doubleurs de Doc Hudson en VO et VF. Mais non, le sujet est escamoté. Aucune explication ne nous est fournie sur la disparition de Doc Hudson comme au "bon vieux temps" où pour ne pas "traumatiser" ces chères "têtes blondes" (comme si tous les enfants étaient blonds!!), on censurait la mort du petit prince des collines dans "Candy."

Heureusement, la suite a montré notamment avec "Vice-Versa" que "Cars 2" n'avait été qu'un incident de parcours et que si Pixar avait bel et bien un pied englué dans le business bas de gamme, l'autre restait connecté aux étoiles. Pour le moment.

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