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L'Aventure, c'est l'aventure

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1972)

L'Aventure, c'est l'aventure

Tout d'abord, une remarque: j'ignorais que Claude LELOUCH avait réalisé une multitude de scopitones dans les années 60. Cela explique la présence de Johnny HALLYDAY dans "L'aventure, c'est l'aventure" (assez méconnaissable pour moi qui ne l'ai connu que vieux) comme celle de Gilbert BECAUD dans "Toute une vie" (1974) avec des passages chantés un peu ringards. Par ailleurs, "L'aventure, c'est l'aventure" est un étrange film qui aurait pu s'appeler pour citer le personnage de Charles DENNER "la clarté dans la confusion". Le scénario est complètement foutraque, ça part dans tous les sens, la deuxième partie du film est laborieuse malgré le rebondissement final. Film de gangsters décalé, parodique, "l'aventure, c'est l'aventure" est un buddy movie humoristique façon "Tintin chez les Picaros", "frères Dalton" ou "pieds nickelés" avec un fort accent burlesque voire cartoon. D'ailleurs le film, devenu culte a été lui-même adapté en BD. Une scène qui l'illustre parfaitement est celle où les flics interrogent le personnage de Lino VENTURA à l'entrée d'un aéroport. On pense à l'expression de Henri Bergson à propos du rire quand on le voit répéter les mêmes gestes (reprendre sa serviette, claquer la porte de la voiture) avec une précision toute mécanique. Et ce jusqu'à ce que la une d'un journal vienne lui clouer le bec. Mais évidemment la scène la plus célèbre du film est celle de la plage, quand les cinq hommes se pavanent devant de jolies filles avec des attitudes ridicules calquées sur la démarche de dragueur de Aldo MACCIONE (à qui j'ai trouvé des airs de Robert De NIRO). Bref c'est un film d'acteurs un peu trop léger et désinvolte en dépit de moments vraiment amusants et réussis.

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Jane by Charlotte

Publié le par Rosalie210

Charlotte Gainsbourg (2021)

Jane by Charlotte

Charlotte GAINSBOURG s'est souvenue que sa mère, Jane BIRKIN avait fait l'objet d'un documentaire de Agnes VARDA en forme de portrait-miroir, "Jane B. par Agnes V." (1985). De toutes façons, comment aurait-elle pu l'oublier puisqu'elle y apparaissait, alors adolescente, tout comme dans le film suivant de la réalisatrice scénarisé par sa mère "Kung-Fu Master" (1987). Pourtant lorsque Jane BIRKIN évoque le souvenir de la réalisatrice disparue en 2019 devant la caméra de sa fille, c'est pour souligner ce qui était un pilier du cinéma de Agnes VARDA: "Capturer l'instant". C'est pourquoi le film de la réalisatrice auquel on pense le plus en regardant "Jane by Charlotte" est "Jacquot de Nantes" (1991). Car faut-il le rappeler, celui-ci contient une partie documentaire dédiée aux derniers mois de vie de Jacques DEMY, mort en 1990 avant la sortie du film. Les derniers plans tout particulièrement y font penser avec le bord de mer et l'enlacement final de la mère et de la fille "avant que la mort nous sépare". Dans "Jacquot de Nantes" (1991), c'était une peinture de Jacques DEMY que Agnes VARDA filmait longuement: celle d'un couple nu, entrelacé et étendu sur la plage, un couple sur le point d'être séparé à jamais. "Jane by Charlotte" est donc un film testamentaire et quelque peu crépusculaire réalisé deux ans avant le décès de la chanteuse et actrice britannique. Les fantômes y rôdent du début à la fin: celui de Serge GAINSBOURG à travers la visite de la maison de la rue de Verneuil sur le point d'ouvrir au public mais aussi celui de Kate BARRY, la fille aînée de Jane défenestrée en 2013 et dont l'image réapparaît sous les traits d'une petite fille pleine de vie "capturée" en super-8. Et la fragilité de Jane BIRKIN est pudiquement abordée à travers l'évocation d'une maladie que l'on devine être la rechute d'une leucémie qui l'a rendue vulnérable au covid (qu'elle a attrapé six fois!). Peu après le tournage du film, elle était victime de son premier AVC. La vieillesse mais aussi les addictions (aux somnifères, à l'alcool) surgissent au tournant d'une conversation entre mère et fille, la deuxième voulant faire le portrait de sa mère tout en se préparant à l'inéluctable. Un trait de caractère commun à Jane et à Charlotte apparaît d'ailleurs en filigrane, la difficulté à accepter le passage du temps. Dans le documentaire de Agnes VARDA, on repérait une obsession morbide de Jane BIRKIN pour la taxidermie (comme dans "Psychose") (1960) et pour les vases remplis de fleurs en décomposition avancée. Dans "Jane by Charlotte", ce sont les boîtes de conserve laissées rue de Verneuil après la mort de Serge GAINSBOURG qui ont été laissé en l'état. Et Charlotte de s'étonner qu'au bout d'un certain nombre d'années, celles-ci explosent. Faut-il alors s'étonner que la maison de la rue de Verneuil soit devenue un musée?

Pour contrebalancer l'atmosphère parfois lourde de son film, Charlotte GAINSBOURG filme le plus souvent possible sa plus jeune fille, Joe, alors âgée d'une dizaine d'années qui apporte évidemment de la joie et de la lumière ainsi que Dolly, le bouledogue "so british" de Jane BIRKIN et ses bébés.

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Au pan coupé

Publié le par Rosalie210

Guy Gilles (1967)

Au pan coupé

J'ignorais encore tout récemment l'existence de ce réalisateur français apparenté à la nouvelle vague mais profondément singulier. "Au Pan Coupé" se compose de deux temporalités qui s'entrecroisent. Celle du passé qui apparaît en couleur et celle du présent qui est en noir et blanc. Jeanne (Macha MERIL) pense aux moments heureux passés avec Jean (Patrick JOUANE). Mais malgré tous ses efforts le jeune homme lui échappe et finit par s'enfuir. On apprend dès le début du film qu'il a été retrouvé mort mais Jeanne l'ignore et feuillette l'album de sa mémoire, vivant avec le fantôme de son amour disparu. Le film marque surtout par sa forme. Guy GILLES utilise la couleur de la même façon qu'un Jean-Luc GODARD ou qu'un Jacques DEMY. Son obsession pour les visages fait penser aux photos de Chris MARKER dans "La Jetee" (1963) mais en bien moins expressif. C'est d'ailleurs en partie le caractère lisse et impassible de ces visages (en dépit de la petite égratignure sur le nez de Patrick JOUANE) qui aplatit le film. L'autre aspect qui m'a un peu fatigué réside dans le bavardage incessant de Jean qui se dépeint en écorché vif rejetant toute forme de vie sociale. C'est très théorique et aussi très caricatural. Le personnage de Jeanne, bien que confit dans sa douleur est tout de même plus sobre. Reste tout de même deux belles rencontres. Une au début avec Orane DEMAZIS, près de quarante ans après la trilogie marseillaise. Et l'autre à la fin avec Elina LABOURDETTE, l'inoubliable Agnès de "Les Dames du bois de Boulogne". (1944)

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Le Grand amour

Publié le par Rosalie210

Pierre Etaix (1968)

Le Grand amour

Bien que "Le Grand Amour" soit un bon film, je l'ai moins aimé que "Le Soupirant" (1962) et "Yoyo" (1964). Le thème du film y est sans doute pour quelque chose. Pierre ETAIX change en effet de registre en passant de la comédie burlesque quasi muette en noir et blanc à la comédie dramatique dialoguée et en couleur sur les conventions bourgeoises, le délitement du couple et le démon de midi façon "7 ans de reflexion" (1955). Cela ne m'a jamais passionnée. De plus, la bande-son est moins riche qu'à l'ordinaire, le parlant devenant envahissant. Néanmoins les moeurs étriquées de la petite bourgeoise provinciale sont finement observées, la poésie surréaliste du cinéaste (et de son scénariste, Jean-Claude CARRIERE) fait merveille dans une narration non linéaire, brouillant les frontières entre le rêve et le réel, entre le passé et le présent, entre les images et le récit. On oscille entre un ton gentiment satirique et une certaine mélancolie. Car si le film est drôle, c'est la désillusion qui l'emporte. Les grands élans romantiques et romanesques de Pierre, symbolisés par la superbe scène du lit voyageur se heurtent à une réalité prosaïque qui repose sur une impossible intimité. Ce que symbolisent notamment les lits jumeaux mais bien séparés du couple bourgeois dont chaque membre joue la comédie à l'autre. Une comédie jouée d'avance d'ailleurs, chaque pièce du jeu étant présentée comme interchangeable.

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