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20th Century Boys- chapitre 3 : Reprenons notre symbole (Nijisseiki shônen: Saishû-shô - Bokura no hata)

Publié le par Rosalie210

Yukihiko Tsutsumi (2009)

20th Century Boys- chapitre 3 : Reprenons notre symbole (Nijisseiki shônen: Saishû-shô - Bokura no hata)

Ce troisième et dernier volet n'efface pas d'un coup de baguette magique les défauts inhérents à cette trilogie qui lui confèrent un style de série Z. Néanmoins la noirceur du manga d'origine est retranscrite de manière plus convaincante que dans les deux premiers films. Et l'intrigue est plus facile à suivre car plus fidèle que celle du chapitre précédent (même s'il y a des incohérences ça et là). 

Ce troisième volet laisse entrevoir à quel point le scénario du manga est exceptionnel. Il décortique avec brio les mécanismes du totalitarisme, en montre notamment les coulisses grotesques (Ami a fait alliance avec un escroc pour faire des shows truqués où il se dote de super pouvoirs). Le personnage du sauveur-messie est montré par ailleurs comme un mirage. Kenji, enfin de retour après 18 ans d'absence refuse ainsi la starisation dont il fait l'objet. Son aura d'apôtre de la non-violence hippie (il en a tous les signes: le chopper d'Easy Rider, la guitare, un hymne planétaire qu'il a composé intitulé "Bob Lennon" allusion à deux idoles d'Urasawa: Bob DYLAN et John LENNON) est mis à mal par son âge avancé: il a des rhumatismes, a du mal à se hisser sur la scène, se casse la figure etc. De plus il est hanté par la culpabilité d'avoir créé Ami dans son enfance (en dessinant le scénario apocalyptique repris à son compte par Ami et en s'y donnant le beau rôle mais aussi en le faisant accuser et molester à sa place lors d'un vol à l'étalage) ainsi que d'avoir fui ses responsabilités la plus grande partie de sa vie (il ne s'est jamais engagé auprès de Yukiji et a abandonné Kanna en bas âge). Sa sœur aînée Kiriko est tout aussi coupable: elle a eu Kanna avec celui qui allait devenir Ami, l'a abandonnée à la naissance (les Endo ont décidément un problème aigu avec la parentalité !) et a développé le virus ayant tué 150 mille personnes lors du nouvel an 2000. Même si la fin sonne comme une rédemption, le temps perdu ne se rattrape pas. Ni les milliards d'êtres humains tués par la folie des attaques bactériologiques d'Ami dont l'identité est enfin révélée.

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Fight Club

Publié le par Rosalie210

David Fincher (1999)

Fight Club

Le style David FINCHER dans "Fight Club" est beaucoup trop clinquant et démonstratif à mon goût. Il assène plutôt que de faire réfléchir. Et le fait de n'avoir qu'un seul point de vue, celui d'un type qui adore s'écouter parler n'aide pas. Il faut dire qu'il épouse bien les codes de la société décadente qu'il dénonce: vitesse de l'élocution et de la narration, zapping permanent, comportement consommateur jusque dans les aspects les moins quantifiables de l'existence, hyperstimulation sensorielle, compétition virile etc. Tellement bien qu'il s'avère au final bien inoffensif. Près de 20 ans ont passé et on ne peut pas dire qu'il ait fait trembler le système sur ses bases. Reste que la mise en scène est virtuose et le personnage principal intéressant malgré son terrifiant narcissisme (grand rôle pour le duo Brad PITT/Edward NORTON). La crise identitaire et existentielle qui le pousse à se dédoubler met en lumière le caractère autodestructeur des sociétés occidentales contemporaines et leur vacuité profonde.

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Mission impossible: Fallout

Publié le par Rosalie210

Christopher McQuarrie (2018)

Mission impossible: Fallout

Avec la saga "Mission impossible" qui en est à son sixième opus, Tom CRUISE s'est lancé un défi surhumain qui nous tient en haleine, épisode après épisode: défier le temps et la mort.Tom CRUISE n'est autre que le Buster KEATON du XXI° siècle, celui qui à l'ère numérique paye de sa personne en effectuant lui-même des cascades toujours plus dangereuses alors que la limite d'âge le rattrape (il a maintenant 56 ans et s'est fracturé la cheville sur "Fallout"). C'est la mise en scène de la condition humaine à une époque où l'on tend à la déréaliser qui fascine. Comme le dit Chris MARKER à propos du jeu "Pac-Man" (mais cela vaut aussi pour le "Cops" de Keaton): "Même s'il y a quelque honneur à livrer le plus grand nombre d'assauts victorieux, au bout du compte, ça finit toujours mal."

Le combat de Tom CRUISE n'étant pas encore achevé (mais pour combien de temps encore?) c'est entre les lignes qu'il faut lire le drame sous le divertissement: dans la surenchère des cascades où la mort guette à chaque pas (il y en a d'époustouflantes dans "Fallout" comme le saut en parachute sans oxygène au-dessus du Grand Palais, la traversée à moto du rond-point de l'arc de Triomphe à contresens ou la course-poursuite en hélicoptère dans les montagnes du Cachemire), dans l'allusion à l'Odyssée d'Homère (Ethan Hunt comme Tom CRUISE sont lancés dans une véritable fuite en avant), dans le fait qu'Ethan Hunt privilégie toujours la question humaine sur les aspects techniques des opérations ce qui entraîne forcément des erreurs et des imperfections, comme chez l'acteur qui l'interprète.

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20th Century Boys chapitre 2 : Le dernier espoir (20-seiki shônen: Dai 2 shô - Saigo no kibô)

Publié le par Rosalie210

Yukihiko Tsutsumi (2009)

20th Century Boys chapitre 2 : Le dernier espoir (20-seiki shônen: Dai 2 shô - Saigo no kibô)

Ce deuxième volet peine à rendre compte de la richesse du matériau d'origine (les tomes 6 à 15 du manga éponyme de Naoki Urasawa). Il se contente d'un copié-collé des meilleures scènes, sacrifiant la cohérence d'ensemble qui cependant est essentielle dans une histoire contenant autant de personnages et faisant des allers-retours incessants dans le temps. Autre point faible, l'interprétation, tellement outrancière qu'elle tire le film vers la farce alors que l'histoire est dramatique en dépit de passages humoristiques.

Volet de transition, le chapitre 2 se concentre sur les héritiers du premier film: Kanna, la nièce de Kenji et le petit-fils de l'inspecteur Chôno. La première combat pour réhabiliter la mémoire de son oncle disparu, le second garde une touchante probité au milieu d'une police gangrenée comme le reste du pays par le pouvoir d'Ami et de sa secte. Ceux-ci sont passés maître dans l'art de manipuler la population, provoquant des catastrophes sanitaires pour mieux la contrôler tout en les mettant sur le dos de Kenji et ses amis. Les techniques d'asservissement de la population sont explorées dans ce deuxième volet, des livres d'histoire falsifiés aux camps de rééducation pour la jeunesse avec lavage de cerveau intégré. L'aspect millénariste de l'histoire atteint son apogée avec la résurrection d'Ami, sorte de Jésus inversé qui revient parmi les hommes non pour les sauver mais pour les anéantir. Derrière la manifestation surnaturelle se cache un homme sans visage susceptible d'être incarné par plusieurs personnes qui ont des problèmes d'identité et des comptes à régler avec leur enfance.

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Madame

Publié le par Rosalie210

Amanda Sthers (2017)

Madame

S'il n'y avait les acteurs, tous très bons, cette relecture superficielle de "Cendrillon" tomberait dans l'oubli sitôt vue tant ses défauts sont criants. Un scénario mal fagoté qui sombre rapidement dans l'invraisemblable et la facilité, des personnages caricaturaux et une accumulation de clichés, le tout saupoudré d'un vernis snobinard qui rend l'ensemble encore plus ridicule. On dirait par moment du Woody Allen mal digéré. Anne (Toni COLLETTE) est une bourgeoise américaine parvenue forcément coincée et frustrée, sa bonne Maria (Rossy DE PALMA) est une espagnole forcément "caliente", les personnages masculins s'avérant quant à eux parfaitement inexistants.

Si l'on creuse un peu sous le vernis de comédie et de satire sociale, le fond de l'affaire est carrément sordide. Maria sert de monnaie d'échange dans une négociation visant à convaincre David, un marchand d'art américain (Michael SMILEY) d'acheter à Anne et son mari Bob (Harvey KEITEL) une toile du Caravage dont l'authenticité n'est pas absolument vérifiée. Maria est également le support des fantasmes de ce marchand imbu de lui-même (il la prend pour une aristocrate), de la maîtresse de maison (qui se déguise en soubrette pour exciter son mari tenté par l'adultère puis cherche à le tromper) et du beau-fils (Tom HUGHES) qui écrit une histoire sur elle. Une fois la transaction effectuée, il n'y a plus qu'à sacrifier la bonne avec l'assentiment général. La scène de fin où Maria quitte ses maîtres avec une Rossy de Palma magnifiée par la caméra laisse perplexe: s'agit-il de filmer une martyre ou la libération d'une femme exploitée et humiliée tout au long du film? Vu que le scénario ne creuse pas la question (ni celle-là, ni aucune autre d'ailleurs, il s'agit seulement de se divertir), on en restera aux suppositions.

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The Bookshop

Publié le par Rosalie210

Isabel Coixet (2017)

The Bookshop

Ne pas se fier aux apparences: en dépit de son titre, de son casting, de sa géographie, de son style, il ne s'agit pas d'un film d'origine britannique. Le trouble n'en est que plus grand. Comme l'américain James Ivory, l'espagnole Isabelle Coixet a fait sien l'ADN du film historique british: tempo contemplatif, grande part laissée aux silences, non-dits et sous-entendus, cruauté feutrée, extrême pudeur dans l'expression des sentiments.

L'intrigue du film est très simple à résumer. A la fin des années 50, Florence Green, une veuve passionnée de littérature (Emily MORTIMER) décide de s'installer dans la Old House de la petite ville de Harborough pour y ouvrir une librairie. Mais elle se heurte immédiatement à l'hostilité des notables locaux et en particulier de Violet Gamart (Patricia CLARKSON) qui la considère comme un inacceptable corps étranger qu'elle ne peut contrôler. Elle lui fait donc une guerre d'usure dans laquelle les forces sont déséquilibrées. Violet est une femme de pouvoir, au cœur d'un réseau d'influences alors que Florence est une solitaire dont la puissance est intérieure et non pas sociale ou politique. Pas étonnant qu'en dehors de la petite fille qui l'aide à la boutique son seul allié soit l'ermite misanthrope du village, Edmund Brundish (Bill NIGHY absolument magnifique) qui vit reclus et passe ses journées à lire. Un écorché vif qui par le biais de la lecture trouve en Florence une âme sœur. Mais ces âmes sensibles n'ont pas leur place à Harborough (en ont-elles une quelque part d'ailleurs?). La bourgade fonctionne de façon communautariste et l'emprise des bourgeois sur le reste des habitants y est très forte. La différence y est bannie.

"Là ou l'on brûle des livres, on brûle aussi des hommes" disait Heinrich Heine en 1823. Cette maxime se vérifie dans le film, l'allusion à "Farenheit 451" de Ray Bradbury n'y est certainement pas fortuite, pas plus que celle à "Lolita" de Nabokov. La répression de l'esprit va de pair avec celle du corps. Tous les personnages sont de grands frustrés qui pallient leur souffrance soit en s'échappant hors du monde réel, soit en écrasant les autres. La rencontre d'Edmund et de Florence sur la plage ou le premier fait comprendre à la seconde qu'il va sortir de son silence pour la défendre est d'une grande intensité. Il en va de même du long moment silencieux ou Violet Gamart savoure de le tenir entre ses griffes et d'avoir le pouvoir de le broyer. 

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Le crime de l'Orient-Express (Murder on the Orient Express)

Publié le par Rosalie210

Kenneth Branagh (2017)

Le crime de l'Orient-Express (Murder on the Orient Express)

Kenneth Branagh étant peu apprécié en règle générale des critiques français, il n'est guère étonnant que son dernier film ait été fraîchement accueilli. Pourtant cette adaptation contemporaine du roman policier d'Agatha Christie ne m'a pas ennuyée une seconde. Tout simplement parce que Branagh qui a le sens de l'image et du rythme a eu la bonne idée de retourner la veste du roman en rendant intérieur ce qui était extérieur et vice-versa. L'intrigue policière centrale dans le roman étant éventée depuis longtemps, elle est un peu sacrifiée en dépit de son prestigieux casting faisant écho au film de Sidney LUMET (Judi DENCH, Michelle PFEIFFER, Penélope CRUZ, Daisy RIDLEY,Willem DAFOE, Johnny DEPP etc.)

Le principal intérêt du film repose donc sur les épaules du personnage de Hercule Poirot, revu et corrigé par Kenneth BRANAGH. Simple rouage de l'intrigue sans consistance dans le roman, il devient ici un héros à la fois surdoué et tourmenté, en inadéquation avec son environnement. Le prologue à Jérusalem dans la lignée des James Bond, Ethan Hunt ou Indiana Jones campe fort bien sa personnalité. Une perception manichéenne du monde, l'obsession de la perfection, la hantise du déséquilibre et de la faille qui est à l'origine de ses dons exceptionnels pour débusquer les coupables mais aussi de son « splendide isolement ». Son voyage à bord de l'Orient Express symbolise son cheminement vers l'acceptation en lui des zones grises de l'âme humaine, celles qui fracturent l'âme et brouillent les frontières entre le bien et le mal. L'avalanche qui bloque le train et fissure le verre du cadre contenant la photo du grand amour perdu constitue de ce point de vue un tournant irrémédiable. Poirot se retrouve pris au piège d’un dilemme moral sans autre issue que l’acceptation d’un déséquilibre dans le balancier de la justice. Ou il dénonce les coupables et cautionne une institution défaillante qui non seulement n’a pas joué son rôle mais a aggravé l’étendue du mal en faisant de nouvelles victimes. Ou il les couvre et doit mentir à l’institution judiciaire. Dans les deux cas, il y perd son intégrité. On comprend qu’il soit tenté un moment par le suicide. C’est cette dimension tragique, ce déchirement tout shakespearien « to be or not to be » qui m’a scotché au film. Branagh a réussi à faire sienne une œuvre qui a priori était très éloignée de lui. Il lui a insufflé une nouvelle vie en faisant de l’humanisation du détective un enjeu central.

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