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Les Compères

Publié le par Rosalie210

Francis Veber (1983)

Les Compères

Deuxième film de la trilogie Depardieu/Richard, "Les Com-pères" a comme son titre l'indique pour thème principal la paternité. Lucas et Pignon qui ont des personnalités opposées représentent en fait deux moitiés de père. Lucas en est le versant viril, macho, celui dont les injonctions type se résument à "sois un homme" et "je veux pas que mon fils soit PD". Pignon représente le versant féminin, doux, hypersensible, maladroit et dépressif (vu la considération que la société porte au féminin ce n'est guère étonnant). Comme son alter ego de "l'Emmerdeur" il a accumulé les déboires et les suicides ratés. La façon dont chacun s'imagine et se projette dans son fils supposé puis évoque sa difficulté à communiquer ou à comprendre son propre père dégage une vraie mélancolie à l'intérieur de la comédie (renforcée par la musique de Vladimir Cosma). La manière dont Tristan le fils (Stéphane Bierry) s'extrait du conflit en réconciliant les contraires (qui vont jusqu'à inverser les rôles) lui permet de renouer avec son vrai père, Paul (joué par Michel Aumont). La fugue de Tristan fait prendre conscience à ce dernier qu'il a été transparent. C'est d'ailleurs cette inexistence qui a poussé la mère, Christine (jouée par Annie Duperey) à faire appel à ses deux anciens amants pour retrouver son fils.

Cette réflexion assez fine sur la paternité (prolongée de façon tout aussi pertinente dans les "Fugitifs") n'empêche pas les "Compères" d'être aussi un divertissement très amusant. L'univers eighties fait sourire par son côté exotique (les jeunes rebelles en blouson de cuir noir ou en jean et leurs pères en costard 24h sur 24, les patinoires pour patins à roulettes, les salles de jeux etc.) et les scènes comiques ne manquent pas comme celle où Pignon tente de "parler djeun's" ou celle dans laquelle Lucas lui apprend la technique du coup de boule.

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Un Tueur dans la foule (Two-Minute Warning)

Publié le par Rosalie210

Larry Peerce (1976)

Un Tueur dans la foule (Two-Minute Warning)

"Un tueur dans la foule" est un film catastrophe paranoïaque qui reflète la crise de la société américaine des années 70. Une société qui doute d'elle-même, fragilisée par un double traumatisme: l'assassinat du président Kennedy et la défaite du Vietnam. Ces deux événements ne sont pas mentionnés explicitement mais ils sont omniprésents dans le film. Le tueur dont on ne connaîtra ni le visage, ni les motivations attend visiblement l'arrivée du président pour passer à l'action. Et les forces de police tout en déployant des moyens impressionnants et dernier cri s'avèrent non seulement impuissantes à empêcher le drame mais elles le précipitent voire le provoquent.


La maîtrise de l'espace et du temps est une des caractéristique du film. Il s'agit d'un huis-clos à ciel ouvert, l'action se déroulant presque uniquement dans un seul lieu, le stade du Los Angeles Memorial Coliseum, quasiment en temps réel pendant le match de football (américain) opposant Los Angeles à Baltimore. Le film commence et se termine d'ailleurs par un plan aérien du stade dont on se rapproche au début et que l'on quitte à la fin. Ce dispositif scénique des 3 unités (lieu, temps, action), dramatise fortement les enjeux. Le seul passage qui fait exception se situe juste après le générique et montre les différents protagonistes du drame qui se préparent à "entrer en scène". Les plans en caméra subjective du tueur tout d'abord qui de ce fait se réduit à l'oeil de la lunette de son fusil et à des mains gantées. Ce morcellement et cette deshumanisation produisent un effet de malaise réel. On le voit d'ailleurs abattre froidement un passant pour "se faire la main" puis embarquer son matériel à bord de son véhicule pour se rendre sur les lieux. La facilité avec laquelle il gagne son poste de tir donne un assez bon aperçu des failles sécuritaires de la première puissance mondiale. Parallèlement au tueur, le film nous présente une dizaine de personnages secondaires qui se rendent au stade et dont le point commun est de donner une vision malade de la société américaine: un parieur compulsif, un pickpocket, une famille apparemment modèle mais en réalité conflictuelle, des couples fragiles voire sur le point d'exploser etc.

Le film se divise ensuite en deux parties d'inégale longueur: environ une heure d'attente où le malaise monte progressivement, chaque personnage étant tour à tour pris pour cible à son insu par le tueur. Le contraste entre la liesse collective et la mort qui rôde et peut frapper à tout moment est saisissant. C'est aussi durant cette période que le dispositif policier se met en place avec une exaspérante lenteur. Puis, quand la pression devient trop forte, le réalisateur fait exploser toutes les digues, déversant les flots incontrôlables de la foule lors de 20 dernières minutes terriblement impressionnantes (on pense au Heysel, à Furiani et à d'autres mouvements de panique du même genre ayant eu lieu dans un stade de football). L'interpréation est de tout premier ordre: Charlton Heston, John Cassavetes et Martin Balsam du côté des forces de l'ordre, Gena Rowlands et Walter Pidgeon côté spectateurs.

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L'Emmerdeur

Publié le par Rosalie210

Edouard Molinaro (1973)

L'Emmerdeur

Chaque personne trimballe son univers avec elle et quand deux visions du monde diamétralement opposées se rencontrent cela peut donner des associations incongrues comme celle d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection.

"L'Emmerdeur" repose sur deux caractères que tout oppose: un tueur à gages flegmatique joué par l'imposant Lino Ventura et un imbécile malheureux et gaffeur joué par Jacques Brel qui colle aux basques du premier et lui porte la poisse. Le comique jaillit du décalage entre les genres cinématographiques d'où leurs personnages sont issus (le polar pour le premier, le mélodrame pour le second) et celui dans lequel ils se retrouvent plongés à leur insu: un énorme vaudeville! Outre l'excellence de l'interprétation, le film bénéficie d'un savoir-faire dû à une autre association fructueuse: celle d'Edouard Molinaro et de Raoul Coutard, le chef opérateur de Jean-Luc Godard qui réussit à faire oublier les origines théâtrales du film. Enfin "L'Emmerdeur" marque la naissance de François Pignon, le personnage emblématique de Francis Veber (l'auteur de la pièce originale et du scénario). Mais contrairement à beaucoup, je ne considère pas "L'Emmerdeur" comme le meilleur cru de la série Pignon. La mécanique comique est ultra efficace mais elle repose sur un grand vide à l'image du passage où les deux personnages sont suspendus au balcon. La trilogie Depardieu/Richard ou "Le Dîner de cons" ont plus de substance et peuvent être comparés aux meilleures comédies populaires de Gérard Oury. Francis Veber n'était d'ailleurs pas satisfait du film et c'est pourquoi il prit la décision de réaliser à l'avenir ses scénarios. Il finit par faire un remake de "l'Emmerdeur" en 2008 sans parvenir cependant à retrouver la recette magique du film de Molinaro.

"L'Emmerdeur" fit également l'objet d'un remake américain (lié au succès du film de Molinaro outre-Atlantique): "Buddy Buddy", le dernier film de Billy Wilder, malheureusement ce fut un ratage.

À noter la présence dans le rôle du maître d'hôtel de Nino Castelnuovo, 10 ans après "Les Parapluies de Cherbourg" où il interprétait le rôle de Guy.

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La Grosse magouille (Used Cars)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (1980)

La Grosse magouille (Used Cars)

Il y a deux façons de considérer "La Grosse magouille", le deuxième long-métrage de Robert Zemeckis, co-scénarisé par Bob Gale et produit par Spielberg.

Soit de façon indépendante et on se retrouve devant une petite comédie potache qui reste encore très agréable à voir près de 40 ans après sa réalisation. Les costumes et l'image font un peu kitsch, les gags ne volent pas toujours très haut (tout comme les techniques de vente des autos qui s'appuient sur les clichés sexistes et vulgaires en vigueur à l'époque) et l'histoire est très basique mais il n'y a pas de temps morts et l'enthousiasme qui s'en dégage fait que le film a conservé une certaine fraîcheur (par exemple le petit chien qui fait semblant d'être mort pour forcer la main d'un acheteur est trop irrésistible!). C'est d'ailleurs le cas de la plupart des films de Zemeckis, leur énergie les protège d'un vieillissement prématuré.

Soit comme un jalon dans l'œuvre de ce réalisateur ce qui en augmente d'autant l'intérêt. On y trouve nombre de thèmes et de motifs qui deviendront récurrents. Ainsi l'intrigue du film se base sur une guerre commerciale entre deux frères jumeaux (joués par le même acteur Jack Warden) dont les concessions d'automobiles d'occasion se font face de part et d'autre d'une route. Le dédoublement est une des obsessions de Zemeckis, l'exemple le plus célèbre étant sans doute "Retour vers le futur II" où Marty, Doc et Jennifer se croisent à différents âges. D'autre part Zemeckis a recours à des personnages ayant réellement existé au travers d'images d'archives qui interagissent avec la fiction. Le réalisateur inaugure sa longue collaboration avec les présidents américains par un discours de Jimmy Carter interrompu par une publicité pirate pour les voitures d'occasion vendues par "New Deal" et son employé un peu escroc Rudy Russo (joué par Kurt Russel). Zemeckis s'amuse alors à faire "réagir" Carter par un habile montage. Un peu plus tard dans le film il se livre même à une amusante mise en abyme de ses techniques de trucages de séquences filmées en faisant modifier un élément de la bande-son d'une des publicités du concessionnaire par son frère ennemi. 

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Le trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1948)

Le trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre)

Immense film que ce "Trésor de la Sierra Madre" qui voit trois hommes en marge de la société s'improviser chercheurs d'or dans l'espoir de faire fortune... mais inconsciemment dans l'espoir de trouver un sens à leur vie et une place dans le monde. Face à cet or qui s'avère être un mirage, chacun va trouver sa vérité, douce pour certains, cruelle pour d'autres dans cette "Sierra Madre" qui est un sas entre la vie et la mort. C'est toute la noblesse, toute la profondeur, tout l'humanisme du cinéma de John Huston qui s'exprime dans cette œuvre admirable.

Les personnages sont si criants de vérité que l'on ne parvient pas à les détester, même quand ils commettent des actes haïssables. C'est le cas de Fred C. Dobbs (campé par un géant du cinéma, Humphrey Bogart qui plus est dans un de ses meilleurs rôles) que la soif maladive de l'or plonge dans une terrible paranoïa autodestructrice. L'ombre qui le recouvre, la barbe qui mange son visage et les ruines qui l'environnent expriment son effondrement intérieur et annoncent son destin tragique.

Le vieux briscard qui l'accompagne, Howard (campé par le propre père de John Huston, Walter qui n'a pas volé son Oscar) pose un regard plein de compréhension sur lui, exprimant sans détour qu'il est une version déchue de lui-même. Extraordinaire personnage que cet Howard, plein d'expérience, de sagesse et de ressources cachées. Il est l'âme du film, celui qui sait justement le mal que l'or peut faire à l'âme. Il sait également que l'activité de prospecteur est maudite. Et pourtant, la tentation est trop forte, il ne peut s'empêcher de recommencer à chercher cet or, sans doute parce qu'il n'a jamais réussi à s'accomplir et qu'il saisit ce qu'il considère comme une dernière chance de le faire. Y renoncer sera par conséquent une vraie épreuve pour lui mais il y gagnera ce qu'il a en réalité toujours cherché: sa place au soleil. La scène où il ranime un enfant symbolise sa renaissance. Sa guérison est complète quand il lâche prise en riant aux éclats de la perte de son "or".

Il y a enfin Curtin (Tim Holt) qui au début de l'histoire partage la misère et le désoeuvrement de Dobbs. Leur rencontre le sort de son marasme, ils font équipe ce qui les rend plus forts (c'est le sens de la scène où ils obligent leur employeur à les payer). Mais plus le film avance, plus Curtin s'avère être l'antithèse de Dobbs et le fils d'élection de Howard avec lequel il partage ce fantastique éclat de rire libérateur qui clôt le film. Contrairement à Dobbs que son vide intérieur rend progressivement fou, Curtin rêve d'utiliser son or pour se construire un foyer où il pourrait s'enraciner. De plus il se comporte de façon loyale et honnête. Son vœu sera exaucé mais pas tout à fait de la façon dont il l'imaginait.

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Allemagne année zéro (Germania anno zero)

Publié le par Rosalie210

Roberto Rossellini (1948)

Allemagne année zéro  (Germania anno zero)

"Allemagne année zéro" réalisé en 1947 est un grand film historique et un chef d'oeuvre du néoréalisme. Il clôture la "trilogie de la guerre" de Rossellini dont les deux premiers volets sont "Rome ville ouverte" et "Païsa".

Mais au fait c'est quoi le néoréalisme? C'est rien de moins qu'une révolution cinématographique dans l'esthétique comme dans l'approche thématique conférant à l'ensemble un caractère de "cinéma-vérité". L'aspect documentaire "d'Allemagne année zéro" en fait un témoignage historique de premier ordre. Le film a été tourné en décors réels dans les ruines de Berlin avec des acteurs non-professionnels, un budget minimaliste, un aspect brut dans l'image et les dialogues. Il montre de façon très précise comment la population allemande tente de survivre dans les conditions d'extrême précarité de l'après-guerre.

Cependant si l'on en restait à cette définition du néoréalisme, on passerait à côté de l'essentiel, l'état des lieux d'une faillite morale, filmé sans aucun pathos et avec beaucoup de pertinence. Rossellini avait sa propre définition du néoréalisme: "Le néo-réalisme consiste à suive un être, avec amour, dans toutes ses découvertes, toutes ses impressions. Il est un être tout petit au-dessous de quelque chose qui le frappera effroyablement au moment précis où il se trouve librement dans le monde, sans s'attendre à quoi que ce soit. Ce qui importe avant tout pour moi, c'est cette attente ; c'est elle qu'il faut développer, la chute devant rester intacte (Cahiers du Cinéma août-septembre 1955, repris dans le volume Rossellini le cinéma révélé)." Cette définition est très pertinente pour définir "Allemagne année zéro" où la caméra s'attache aux pas d'un enfant, être vulnérable et innocent ,déambulant, livré à lui-même, dans un paysage de fin du monde ce qui explique la longueur des plans.

Comme l'annonce Rossellini, cet enfant finira broyé. L'Allemagne en ruines symbolise la vraie nature du nazisme: une idéologie d'anéantissement criminelle mais in fine autodestructrice. Et bien que l'histoire se situe deux ans après la guerre, cette idéologie continue à exercer ses effets néfastes. Le discours nazi sur les faibles et les improductifs que l'instituteur délivre à Edmund conduit celui-ci au parricide puis au suicide. Moralité: tant que ce monstrueux passé ne sera pas exorcisé, il n'y aura pas d'avenir pour l'Allemagne.

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Parade

Publié le par Rosalie210

Jacques Tati (1974)

Parade

C'est pour honorer une dette envers la télévision suédoise qui l'avait aidé à terminer "Trafic" que Jacques Tati a conçu "Parade", tourné au Stockholm Cirkus en 1973. Le spectacle alterne numéros de cirque comiques, acrobatiques ou musicaux et pantomimes assurées par M. Loyal, alias Tati himself. Il s'agit pour l'essentiel d'extraits de son numéro de music-hall des années 30 "Impressions sportives", littéralement ressuscité, revivifié d'autant qu'à 67 ans, Tati jouissait encore d'une forme olympique et rayonnait de bonheur. Même s'il savait qu'il s'agissait de son dernier tour de piste et qu'il émane du film une certaine nostalgie, il nous offre un vrai bouquet final plein de joie et de couleurs.

Produit par et pour la télévision, "Parade" est un drôle d'objet filmique, tourné en vidéo mobile comme une émission de télévision mais conçu pour le cinéma. C'est aussi un superbe hommage au spectacle vivant. Pour une fois, la mode seventies s'accorde parfaitement avec le propos et on est émerveillé devant cette débauche de motifs et de couleurs d'autant qu'une partie du public est déguisée. En effet Tati a fait en sorte d'abolir les frontières entre la salle, la scène et les coulisses, leur permettant d'interagir. Les dons d'observation de Tati font merveille et permettent de saisir de vraies petites pépites. Parmi les meilleurs moments, celui du dressage comique de mule, version poétique de la vachette d'"Interville" où deux spectateurs inattendus font partie des plus motivés pour se mesurer à la "bête": un monsieur rondouillard d'un certain âge sans cesse bridé par sa femme et un petit garçon déguisé en cow-boy. Ou encore celui du tennis, l'un des numéros de Tati où le public tourne la tête d'un côté puis de l'autre comme si l'échange de balles avait lieu pour de vrai...jusqu'à ce gros plan où un jeune homme tourne la tête alternativement en direction de deux jeunes et jolies jeunes femmes.

Il y a une si belle énergie dans "Parade", tant de fraîcheur, de passion, de simplicité et de moments de grâce qu'on lui pardonne ses petits moments de faiblesse, surtout dans les 20 dernières minutes. D'autant que la dernière scène où deux enfants s'emparent de la scène pour recréer le spectacle à leur manière est la plus belle façon de tirer sa révérence: en passant le relai aux jeunes générations.

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Victor la Gaffe (Buddy Buddy)

Publié le par Rosalie210

Billy Wilder (1981)

Victor la Gaffe (Buddy Buddy)

"Buddy Buddy" sorti en France directement en VHS sans passer par la case cinéma sous le titre "Victor la Gaffe" est un nanar théâtral à grosses ficelles joué par des acteurs vieillissants qui ont du mal à placer une jambe devant l'autre. Il est dommage que Billy Wilder ait terminé sa carrière sur un film aussi médiocre mais en même temps celui-ci confirme à quel point il n'était plus en phase avec l'époque.

Paradoxalement ce n'est pas la censure ou l'oppression qui est la plus nuisible à la création mais le vide des valeurs. Wilder avait besoin de l'hypocrisie des moeurs bourgeoises conservatrices pour exprimer son talent. Celles-ci ayant été pulvérisées par la révolution sexuelle des années 70, Wilder s'est retrouvé privé de son punching-ball préféré et incapable d'envisager le sujet autrement. Son incapacité à changer de logiciel fait sombrer "Buddy Buddy" dans le ridicule et la lourdeur, notamment vis à vis de tout ce qui concerne la clinique de sexologie dirigée par le docteur Zuckerbrot (Klaus Kinski, grand-guignolesque). L'éveil à la sexualité est considéré comme quelque chose d'exotique, relevant de bonnes femmes hystériques, de pervers ou d'illuminés.

"Buddy Buddy" sent donc un peu la naphtaline ou le beurre rance (voire le sapin) et ce ne sont pas les acteurs qui vont relever le niveau. Pour la troisième et dernière fois, Wilder réunit Walter Matthau et Jack Lemmon qui ont du savoir-faire mais ne sont plus de la première jeunesse eux non plus. Ils font donc du Walter Matthau et du Jack Lemmon, le premier ronchonnant à qui mieux mieux et le second multipliant les gaffes. Quant à Paula Prentiss qui joue la femme de Lemmon elle était mieux employée chez Howard Hawks dans la screwball comedie "Le sport favori de l'homme".

Remake de "L'emmerdeur" d'Edouard Molinaro qui avait eu un certain succès aux Etats-Unis (on reconnaît d'ailleurs la patte de Francis Veber qui est l'auteur de la pièce d'origine et du scénario), "Buddy Buddy" est un film de commande tout à fait dispensable. Billy Wilder était d'ailleurs le premier à le renier. La plupart des critiques préfèrent à juste titre considérer que la carrière de Billy Wilder s'achève sur "Fedora", son testament cinématographique.

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Cours du soir

Publié le par Rosalie210

Nicolas Ribowski (1967)

Cours du soir

Court-métrage tourné dans les décors de "Playtime" par Nicolas Rybowski sur un scénario de Tati, "Cours du soir" servit d'échappatoire aux graves difficultés financières rencontrées par le long-métrage dont le tournage fut interrompu à plusieurs reprises.

Il s'agit d'une sorte de master class où Tati tente d'enseigner les rudiments de son art de mime à des adultes enthousiastes mais un peu gauches. L'estrade fait figure de scène et la classe, de public. Tati arrive et repart en costume de M. Hulot mais il délivre son cours en étant lui-même, il parle d'ailleurs beaucoup et distinctement.

Le travail de Tati est basé sur l'observation. On le voit mimer différentes sortes de fumeurs, un pêcheur à la ligne, rater une marche, se cogner contre une colonne puis demander à ses élèves de faire la même chose. Tati reprend par ailleurs certains des numéros de l'époque où il faisait du music-hall comme l'équitation et le tennis et les montrer à ses élèves comme s'il s'agissait de scènes d'extérieur observables par la fenêtre. En réalité il s'agit de films dans le film tout comme une autre séquence reprenant à l'identique (et compris le noir et blanc) l'entraînement de "l'Ecole des facteurs".

Le résultat annonce "Parade", le dernier film de Tati. Il s'agit d'un retour aux sources mais aussi d'un refuge. La dernière scène de "Cours du soir" est éloquente. On y voit Tati sortir de l'immeuble où il a donné son cours pour se rendre dans une cabane de fortune qui apparaît lorsque les machinistes déplacent les décors des façades d'immeubles modernes hors du cadre.

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Piège de cristal (Die Hard)

Publié le par Rosalie210

John McTiernan (1988)

Piège de cristal  (Die Hard)

"Piège de cristal" n'est pas qu'un film d'action culte, c'est un must du genre, un film qui en 30 ans n'a pas pris une ride et dont les secrets n'ont jamais été percés par tous les copieurs qui ont tenté de reproduire la "recette". Mais ils ne sont pas allé plus loin que la surface de verre. Car comme le dit si bien Gilles Rolland dans sa critique du film sur le site "On Rembobine", "Si on regarde toujours le film aujourd'hui presque 30 ans après sa sortie, ce n'est pas uniquement pour entendre McClane balancer ses punchlines ("Now I have a machine gun ho-ho-ho", "Yippee-ki-yay, pauvre con !" etc.) les pieds en sang tandis qu'il dézingue les terroristes dans cette gigantesque tour de verre. C'est aussi parce qu'il reste à ce jour l'un des rares métrages du genre à proposer un vrai discours à étages."

Explorons quelques uns de ces étages qui ont fait la réussite du film:

- En premier lieu, il y a la maîtrise parfaite de l'espace-temps. L'utilisation brillante de l'unité de lieu et de temps, un rythme qui ne faiblit jamais et un suspense savamment entretenu. L'exploitation des différentes parties du bâtiment reflète l'intelligence d'un scénario dont les différents éléments s'imbriquent parfaitement et une efficacité visuelle qui permet au spectateur de capter l'essentiel.

- En deuxième lieu, il y a le héros ou plutôt l'anti-héros, un personnage vulnérable mais plein de ressources en rupture avec les montagnes de muscles invincibles qui étaient à la mode à l'époque. John McClane doit autant utiliser ses méninges que ses poings ou ses armes pour l'emporter seul contre tous tandis que son corps sans défense (il est en marcel et pieds nus) subit un vrai martyre. Il incarne le mâle américain en crise, celui dont la virilité est remise en cause par l'ambition professionnelle de sa femme Holly (Bonnie Bedelia) qui le dépasse en pouvoir et en prestige au point d'oser se faire un nom à elle. Bruce Willis est parfait dans un rôle à multiple facettes et d'autres réalisateurs sauront mettre en valeur également cette complexité que l'acteur porte en lui (comme Terry Gilliam, Robert Zemeckis, Wes Anderson...).

-John McClane est par ailleurs une sorte de Robin des bois qui défie les institutions et leurs huiles dont le film souligne à la fois l'incompétence, la brutalité de classe dominante et le cynisme. Le représentant de la police Dwayne Robinson veut écraser McClane comme une punaise et ordonne de "foncer dans le tas", le journaliste menace d'expulsion la gouvernante latino des McClane si elle ne le laisse pas entrer chez eux pour interviewer les enfants (ce qui donne des informations précieuses aux terroristes) et le représentant du FBI, Johnson menace un employé de licenciement s'il ne coupe pas le courant de l'immeuble (ce qui facilite l'accès des terroristes au coffre-fort). D'autre part en préparant l'assaut sur le toit, il se croit revenu en pleine guerre du Vietnam et ajoute "on descend les terroristes et on perd 25% des otages maximum". Mc Clane les résume tous parfaitement lorsqu'il les traite de "machos imbéciles". Quant aux terroristes, ils sont également brocardés pour leur appât du gain et leur stupide arrogance et particulièrement leur leader, Hans Gruber, campé de façon impériale par Alan Rickman. "Je suis un voleur exceptionnel et un kidnappeur à qui on parle poliment" dit-il à Holly qui a osé égratigner son orgueil en le traitant de "petit voleur" (quant au journaliste, elle lui mettra le poing dans la figure!)

- Le seul allié de McClane est un sergent noir (Reginald Veljohnson) qui le soutient psychologiquement de l'extérieur. Logiquement il se fait malmener par les représentants de la police et du FBI.

Et oui, un film d'action, ça peut aussi penser sans en avoir l'air. Et même sacrément bien! A l'image de son anti-héros va-nu-pieds que tout le monde méprise. A tort. Il y avait bien un Ghost dans la machine ho-ho-ho

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