Pour une fois, cette petite merveille d'animation ne vient pas de la Triade (USA, Europe ou Japon) mais d'un pays émergent, le Brésil. C'est suffisamment rare pour être souligné.
On pourrait facilement qualifier ce film d'"altermondialiste" et "d'anticapitaliste" ce qui en soi n'est guère original. En effet son cheminement nous mène par le chemin de fer de la campagne reculée jusqu'aux plantations de coton puis en ville où les tissus de coton sont fabriqués avant d'être expédiés par conteneur à l'étranger (vraisemblablement en Chine) où ils sont transformés en vêtements. Le processus s'accompagnant inévitablement de déforestations, de pollutions, de contestations sociales impitoyablement réprimées.
Oui mais voilà, à l'exception de quelques plans en prises de vue réelles (qui brisent le charme et sont donc en trop), ce n'est pas à une réalité économique et sociale objective que l'on assiste mais à sa recréation par les yeux d'un enfant. Et c'est ce qui fait toute sa beauté et tout son intérêt. L'écran devient une simple feuille de papier sur lequel le réalisateur pose une palette graphique particulièrement bariolée. Adoptant un trait simple et enfantin et des techniques variées (pastels à l'huile, crayons de couleurs, feutres hydrographiques, stylos à bille, peintures, collages) il compose des tableaux géométriques ou kaléidoscopiques éblouissants. Citons par exemple celui du générique où l'on navigue de l'infiniment petit à l'infiniment grand, de la cellule à l'univers, celui de la cueillette du coton, celui de la montée des escaliers sous les étoiles ou encore celui du chantier naval. Les travailleurs soumis et épuisés peuvent se transmuer en oiseaux de carnavals multicolores alors que les engins de chantier et militaires deviennent d'étranges animaux mécaniques. Cette palette graphique se double d'une belle palette musicale. Quant aux dialogues, ils sont absents hormis le langage incompréhensible des parents du garçon (du portugais à l'envers).
Alain Chabat a réussi à réaliser un film de noël féérique grâce à des effets visuels splendides tout en lui injectant son humour décalé, de la tendresse et une bonne dose de satire.
Son père noël vit au pôle nord dans une cabane en rondins avec la mère noël (Audrey Tautou). Il reçoit des lettres d'enfants qui lui commandent des jouets, il a une armée de lutins sous ses ordres qui les fabriquent dans une immense usine qui fait penser à la chocolaterie de Charlie et il se déplace en traîneau avec des rennes. Il n'est pas totalement coupé de la modernité (avec de multiples petits anachronismes comme le casque de réalité virtuelle testé par les lutins au milieu des jouets en bois, le bip et les phares de traîneau, la planche de surf également rétro éclairée etc.) Mais son "Santa Claus" porte un habit vert car dans la tradition païenne antique, la période de noël donnait lieu à des réjouissances célébrant le rallongement des jours et donc la venue prochaine du printemps. D'autre part il a une allure de patriarche ou de roi mage, allusion à la christianisation de la fête avec l'évêque Saint Nicolas de Myre protecteur des enfants et l'identification progressive de la fête de Saint Nicolas avec la naissance de Jésus. Ce père noël là ne connaît pas son dernier avatar civilisationnel mais il va avoir l'occasion de le rencontrer à la suite de son parachutage au cœur de Paris. Ce qui est l'occasion d'un échange drôlissime avec le père noël rouge popularisé par Coca-Cola et les grands magasins incarné par Jean-Pierre Bacri. Une vision désenchantée de noël corroborée par la coercition que subit Santa, coffré à plusieurs reprises et accusés d'être un alcoolique, un drogué et un pédophile.
L'humour ne procède pas seulement de l'inadaptation du père noël au monde qui l'entoure, il est également lié au décalage entre ce qu'il est et l'image que l'on a de lui. Ainsi il ne comprend rien aux échanges monétaires, au commerce en ligne et aux enfants ce qui ne manque pas de saveur. Mais cela ne l'empêche pas de prendre soin des enfants d'Amélie et de Thomas qui en échange s'engagent à l'aider à récolter 92 mille cachets de vitamine C pour ses lutins malades. Quant au frère de Thomas, s'il ne s'agit pas d'un personnage bien construit, il est à l'origine d'une course-poursuite aussi belle que loufoque sur un bateau-mouche.
"Peter Pan", sorti en 1953 durant le premier âge d'or des studios Disney nous raconte un moment de crise dans la famille Darling. Wendy a en effet atteint l'âge limite où elle devra quitter la nursery (le monde de l'enfance) où elle vivait en symbiose avec ses frères et sa nounou, le Saint-Bernard Nana pour intégrer sa chambre personnelle (le monde des adultes). Un passage délicat où la guettent deux périls bien réels que le film met fort bien en scène:
-Celui qui consiste à oublier son enfance et à devenir un vieux schnock aigri comme le père de Wendy, le banquier George Darling qui 11 ans plus tard aura un double en prise de vues réelles, George Banks dans Mary Poppins. Il n'est d'ailleurs pas innocent que le "schnock" du pays imaginaire, le capitaine Crochet et George Darling possèdent la même voix (en VO. En VF il faudra attendre le doublage de 1988 pour que cette particularité soit respectée). Ce sont tous deux en effet des hommes à la fois castrateurs et amputés d'une part d'eux même. George est en quelque sorte la version civilisée de Crochet, mi-bouffon, mi-assassin.
-Celui qui consiste à refuser de grandir en se réfugiant dans un monde imaginaire où il est tout-puissant. Peter, l'antagoniste de Crochet est en réalité son double. Le premier plan sur son visage est proprement luciférien (l'enfer et ses démons étant un thème récurrent chez Disney). Ensuite on découvre qu'il éprouve un plaisir sadique à pousser Crochet dans la gueule du crocodile après lui avoir offert sa main en pâture. Le symbole de la main coupée est d'ailleurs très révélateur: Peter est également un personnage castrateur. De plus, en refusant de grandir, il ne respecte pas l'ordre des générations. D'ordinaire ce sont les pères qui "coupent" leurs fils (comme dans "Star Wars"). Enfin c'est un macho mégalomane. Il possède un véritable harem: Wendy, Clochette, Lily la Tigresse, les sirènes. Il se pose en idole de la gente féminine tout en se refusant à elles et en excitant leurs rivalités. Il en fait de même avec les garçons: les enfants perdus et les frères de Wendy sont tous plus petits que lui et lui servent de faire-valoir.
Peter Pan est au final pire que Crochet. Comme ce dernier c'est un monstre mais en plus, il avance masqué dans la peau d'un héros et il n'est même pas drôle. Mais on comprend pourquoi ce personnage et son pays imaginaire (je préfère 10 000 fois son nom en VO "Neverland" à cause de sa négation même) a pu fasciner un certain Michael Jackson (on parle d'ailleurs à juste titre à son propos du "syndrome de Peter Pan")
Au final le personnage le plus touchant du film, le plus humain n'est même pas un humain: c'est Nana, le Saint-Bernard qui est exploité, maltraité et jamais remercié pour son dévouement.
"I do" ("Ayez donc des gosses" ou "Un heureux mari" en VF) était prévu à l'origine pour être un 3 bobines. Mais après avoir montré le film en projection test, il fut décidé de le réduire à 2 bobines. La première partie qui traitait du mariage et de l’installation du jeune couple fut jugée trop lente. Elle fut remplacée par un petit dessin animé au tout début du film qui montre rapidement la cérémonie de mariage. Une cérémonie prémonitoire: Mildred Davis qui interprète ici la jeune épouse d’Harold Lloyd allait l’être dans la vraie vie peu après.
"I do" est un court-métrage amusant mais un peu répétitif (des plans, des idées de mise en scène reviennent plusieurs fois). D'autre part il utilise des ficelles (la peur du noir et de l'intrusion au cœur de la nuit) qui seront infiniment mieux traitées dans "Le manoir hanté" par exemple. Il y a cependant une séquence à ne pas manquer, celle où Lloyd traverse à l'aveugle une route très fréquentée avec un landau, manquant à chaque instant de se faire renverser. Cette séquence est impressionnante, dangereuse et nécessite un réglage au cordeau. Elle témoigne du caractère casse-cou de Lloyd, nombre de ses comédies burlesques ayant un aspect thriller assez affirmé.
Ce film prétend revisiter une saga culte avec "fraîcheur et modernisme", il accouche d'un remake inutile et convenu où les "revenants" des films passés sont mal exploités et où le politiquement correct triomphe. Sous prétexte de coller à notre époque, le voilà qui coche toutes les cases de la diversité (femme, noire, obèse mises au premier plan). Sauf qu'il s'agit d'un leurre, exactement comme dans la nouvelle saga "Star Wars". Il ne faut jamais se fier aux apparences. Les habits neufs cachent en fait une recette rance dont voici le mode d'emploi:
- Retirer toute substance aux personnages principaux au point que les véritables ectoplasmes du film, ce sont eux. Seule Kristen Wiig tire à peu près son épingle du jeu avec un rôle assez nuancé. Les autres sont pénibles à regarder, particulièrement Kate McKinnon dont l'attitude perpétuellement poseuse est proprement insupportable.
- Conserver tous les détestables traits de "l'alpha mâle" en lui collant un visage féminin. Paradoxalement, les trois acteurs originaux étaient bien plus "féministes". S'ils s'encombraient de tout l'attirail du super-héros viril (véhicule méga ronflant, QG mégalo, canons à protons phalliques et éjaculatoires), c'était pour mieux en détourner tous les codes avec jubilation. A commencer par investir le domaine de l'occulte, de l'irrationnel d'ordinaire réservé aux femmes. C'est d'ailleurs parce qu'ils ne correspondent pas aux standards qu'ils sont chassés de l'université où officient les figures des "vrais savants".
- Les acteurs comiques sont en effet ceux qui peuvent le mieux s'éloigner des injonctions virilistes car le vrai comique est toujours subversif. Ce n'est évidemment pas le cas ici. Cette nouvelle version nage dans la parodie systématique et la caricature tellement grossière qu'elle en devient inopérante. L'idée du renversement des rôles avec un homme-objet décérébré comme secrétaire (qui plus est Chris Hemsworth un minet musclé connu pour ses rôles de super-héros) était séduisante sur le papier. Hélas, sur le papier seulement...
Un court-métrage typique de Lloyd. Typique en ce qu'il utilise la modernité comme source de gags. La modernité c'est le parc d'attractions symbolisant la société de loisirs dont les USA sont les précurseurs. Mention spéciale au manège qui sert à se débarrasser des importuns (quoique le roller coaster qui fait voler chapeaux et moumoutes n'est pas mal non plus). C'est surtout le téléphone qui donne son titre au film. Cette invention encore considérée comme nouvelle est au cœur d'un brillant morceau de bravoure situé au centre du film. Pour court-circuiter son rival parti demander à la mère de Mildred Davis l'autorisation de l'emmener en ballon, Lloyd a l'idée de lui téléphoner. Mais l'adversité se met de la partie: cabines toujours pleines, opératrices peu concentrées, oubli du numéro et du jeton, bébé braillard qui empêche d'entendre l'interlocuteur. On assiste à un véritable ballet millimétré au cordeau avec un feu d'artifices de gags. On retrouve la même virtuosité à la fin avec le sac volé de Mildred Davis, sorte de patate chaude que se passent et repassent le voleur, Lloyd et son rival pour tenter d'échapper à la police.
"Le jeu de la mort" est à l'origine un film que Bruce Lee ne put achever en raison de sa mort prématurée en 1973. Qu'à cela ne tienne, six ans plus tard, Robert Clouse décida de réaliser sa propre version. Il faut dire que la popularité de Bruce Lee était telle que les "opérations filon" se multipliaient pour se faire de l'argent à titre posthume sur le dos de la star (ce que l'on a appelé la "bruceploitation"). Sur les 40 minutes tournées par l'acteur, Clouse n'en garda que 15 qui sont situées à la fin du film. Ce passage là est grandiose et laisse entrevoir ce qu'aurait dû être "Le jeu de la mort": l'histoire d'un champion de kung-fu qui doit affronter à chaque étage d'une pagode un adversaire maîtrisant une technique différente, un peu comme dans un jeu vidéo où il faut passer des niveaux. C'est peu mais cela suffit pour faire entrer l'image de Bruce Lee en combinaison jaune à bandes noires dans la légende. Une légende que saura reprendre et féminiser Tarantino dans "Kill Bill" 30 ans plus tard.
Pour le reste, on est face à une sorte de film-collage fait de pièces et de morceaux mal raccordés entre eux. Les extraits de précédents films de Bruce Lee (parfois un simple plan) se superposent à des scènes tournées par des doublures au visage plus ou moins dissimulé par des bandages ou de grosses lunettes noires (quand ce n'est pas par une photo de Bruce Lee, un "trucage grossier" à hurler de rire). Comme si tout cela se sentait déjà pas la mascarade à plein nez, Clouse bricole une intrigue de série B où un acteur et son épouse occidentale sont harcelés par la pègre. Une allusion à la vie de Bruce Lee qui est cependant surpassée dans le mauvais goût par l'insertion d'images authentiques de ses funérailles.
"Edward aux mains d'argent" est le chef d'oeuvre incontesté de Tim Burton. Alors que tant de ses films récents m'ont déçue, celui-ci atteint la perfection. Il est en effet touché par la grâce et en plus d'une richesse inépuisable.
"Edward aux mains d'argent" est du propre aveu de Burton son film le plus personnel. Il puise sa source dans un dessin que celui-ci avait réalisé à l'adolescence pour exprimer son sentiment d'isolement et d'incommunicabilité avec l'univers de banlieue qui l'entourait. Edward, cet artiste lunaire gothique un peu freak jurant dans un paysage uniformisé, c'est évidemment lui.
"Edward aux mains d'argent" est structuré comme un conte de fées mais il se rapproche plutôt du mythe et de la parabole religieuse. Edward est le fils d'un inventeur qui à l'image du docteur Frankenstein s'est pris pour Dieu en façonnant un homme à son image à qui il a même donné plus de cœur et de cervelle qu'à la plupart des humains (comme la suite le démontrera). Mais comme le lointain ancêtre de Frankenstein, alias Prométhée, il a été puni par les Dieux en étant frappé par la foudre juste au moment où il allait parachever son œuvre. Edward est donc condamné à rester inachevé et reclus dans sa tour d'ivoire jusqu'à ce qu'une rencontre avec une bonne fée ne le conduise à descendre du monde divin jusqu'au beau milieu de la pétaudière humaine pour lui insuffler la beauté et la grâce du créateur. Le film se teinte alors d'une touche satirique aussi drôle qu'angoissante contre les banlieues standardisées et puritaines de "l'american way of life", ses femmes au foyer hystériques et névrosées, sa vacuité foncière et son conformisme oppressant. Sous cet angle, il est extrêmement proche de "Mon Oncle" de Jacques Tati. Edward comme Hulot est un personnage quasi muet hérité de Chaplin dont l'expressivité passe par le corps et surtout pour Edward, par le regard forcément pur et innocent. Mais à la différence de Hulot, Edward est vite rattrapé par sa dimension christique en devenant l'esclave puis le bouc-émissaire de la communauté "suburbinoise" avant de "remonter au ciel". A quoi tout cela aura t-il servi peut-on se demander? Et bien à sauver une âme, celle de Kim. Winona Ryder a été enlaidie pour l'occasion afin de ressembler à une pom-pom girl dont le rôle principal est de jouer la potiche au bras du Donald Trump junior local dont la beauferie n'a d'égale que la brutalité. Mais lorsque Edward sculpte la glace pour elle c'est une ballerine qui s'élève aussi légère et gracieuse que son enveloppe corporelle était épaisse et vulgaire. Et cet amour-là (car l'amour est la manifestation la plus éclatante du divin) restera gravé en elle pour le reste de sa vie.
J'ai toujours autant de plaisir à revoir ce film qui n'est pas quoiqu'on en dise qu'une "simple bluette" en dépit de son titre de collection Harlequin pour seniors.
Tout d'abord c'est le film de deux acteurs d'une trempe peu commune derrière lesquels la caméra s'efface mais qu'elle prend le temps de magnifier. Deux acteurs au physique peu conventionnel ce qui de leur propre aveu les a écartés des rôles de jeunes premiers romantiques. A 50 et 70 ans (on en est plus à ça près), ils vont pouvoir prendre leur revanche, saisir leur "dernière chance" de tomber amoureux à l'écran et de briller.
D'autre part, le film met en scène deux personnages qui pour des raisons différentes ne se sentent pas à leur place. Ni dans leur famille, ni dans la société. Kate est une célibataire qui est passé à côté de sa vie et s'est résignée à vivre avec ses déceptions. Son existence est insatisfaisante avec d'un côté des amis qui arrangent des rencontres qui tombent à plat et de l'autre sa mère asociale et phobique qui l'envahit (spectre de son futur?). Harvey est quant à lui un père divorcé qui n'a pas vu sa fille grandir. Lorsqu'elle se marie, il réalise à quel point il (s')est exclu de sa propre famille. De plus il est sur le point de perdre son travail.
Ces deux personnages solitaires, désaffiliés, en manque d'estime d'eux-même, à côté de la plaque se rencontrent dans un aéroport, lieu de passage qui souligne leur âme en peine. Cette errance se poursuit dans leurs déambulations le long des quais de la Tamise, chacun finissant par livrer à l'autre ses blessures secrètes et chacun aidant l'autre à les surmonter. La complicité entre Emma Thompson et Dustin Hoffman rend le film chaleureux en dépit de sa mélancolie foncière.
Rien de plus erroné que l'image mièvre et sucrée qui colle à la peau de Disney. Les courts-métrages des Silly Symphonies "La Danse macabre" (1929) et "Les Cloches de l'Enfer" (1929) mettaient déjà en évidence le côté sombre et macabre de Disney. Il en est de même de ses premiers longs-métrages: "Blanche-Neige et les 7 nains", "Fantasia" ou "Bambi" comportent tous des scènes cauchemardesques. Mais "Pinocchio", le deuxième long-métrage du studio les bat à plates coutures. Jerry Beck disait à propos du film qu'il s'agissait d'un "cauchemar noir ponctué de moments de véritable horreur". Que l'on en juge: Pinocchio manque de peu finir esclave, métamorphosé en âne, en petit bois pour le feu ou encore dans l'estomac d'une baleine nommée "Monstro". Alors certes, il n'est pas seul: il y a sa conscience, Jiminy Criquet, son père Gepetto et sa "mère", la bonne fée bleue que d'aucuns identifient comme étant la vierge Marie. Il faut dire que l'aspect évangélique est renforcé par la chanson "Quand on prie la bonne étoile", devenue par la suite l'hymne du studio.
Mais Pinocchio apparaît bien naïf, fragile et manipulable pour affronter les pièges qui se dressent en travers de sa quête d'humanité. Il faut voir avec quelle rapidité il dévie du droit chemin quand il rencontre Grand Coquin et Gédéon. Deux escrocs qui l'appâtent avec des promesses de plaisir facile pour mieux s'enrichir sur son dos. Lesquels plaisirs se retournent en pièges mortels. Car c'est moins la morale du nez qui s'allonge à chaque nouveau mensonge que celle du "on ne naît pas être humain, on le devient" qui interpelle. "Pinocchio" est sorti en 1940 au cours de la guerre la plus inhumaine de l'histoire, une guerre faite par des millions de pantins de bois privés de cœur et de cervelle, manipulés par des monstres totalitaires. On peut d'ailleurs remarquer que les décors et costumes de "Pinocchio" sont d'inspiration bien plus germanique qu'italienne.
Enfin sur le plan technique, "Pinocchio" est d'une perfection qui n'a jamais été égalée depuis.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.