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Un simple accident (Yek tasadef sadeh)

Publié le par Rosalie210

Jafar Panahi (2025)

Un simple accident (Yek tasadef sadeh)

Il s'agit seulement de la deuxième palme d'or iranienne depuis la création du festival de Cannes. La première, c'était en 1997 pour "Le Gout de la cerise" (1997) partagée avec "L'Anguille" (1997). Cette fois, Jafar PANAHI trône seul au sommet de l'Olympe, lui qui a commencé comme assistant-réalisateur de Abbas KIAROSTAMI, le réalisateur de "Le Gout de la cerise" (1997). A mon goût, c'est trop peu: Mohammad RASOULOF (pour "Les Graines du figuier sauvage") (2023) et Saeed ROUSTAYI (pour "Leila et ses freres") (2022) la méritaient tout autant. Passons.

"Un simple accident" en dépit de son titre (ou justement à cause de lui?) n'a rien de simple. Il soulève en effet plus d'interrogations qu'il n'apporte de réponses, à l'image de sa fin que l'on peut interpréter de plusieurs manières. Le film se présente comme une petite odyssée dans le huis-clos de l'habitacle d'un véhicule, un dispositif récurrent chez Jafar PANAHI, sans doute pour des raisons de discrétion, le tournage s'étant déroulé dans la clandestinité. Le simple fait que les femmes aient les cheveux découverts le prouve et on mesure le courage de ces équipes qui continuent à tourner dans leur pays en dépit de la répression. A l'intérieur de ce huis-clos, quatre victimes, le futur mari de l'une d'entre elles et leur supposé bourreau. Sauf que le rapport de forces s'est inversé: c'est le bourreau qui se retrouve à la merci de ses anciennes victimes après avoir été reconnu par l'une d'entre elles, assommé, kidnappé, ligoté et séquestré. Mais justement, rien n'est simple. D'abord, aucune ne l'a vu: toutes avaient les yeux bandés lorsqu'elles étaient entre ses mains. Seuls leurs autres sens (l'ouïe chez l'un, l'odeur chez l'autre, le toucher pour un troisième) leur indique qu'il s'agit de leur homme. Or, elles veulent des certitudes, c'est à dire des aveux. Ensuite, ces victimes n'ont rien de monolithique. Hommes comme femmes, issues de tous les milieux sociaux, célibataires ou en couple avec un panel de réactions face à la situation allant du refus de s'y confronter (du moins au départ) à la pulsion de meurtre sans autre forme de procès. Un bon moyen sans doute de démontrer que le régime opprime la société dans toute sa diversité et pas seulement les cinéastes (même si on se doute que Jafar PANAHI s'inspire de son propre vécu). Enfin, ces personnes confrontées à la tentation de la vengeance et à la réactivation de leurs traumatismes doivent également assumer la part d'humanité du bourreau à travers le sort de sa femme enceinte et de sa petite fille qui sans le chef de famille se retrouvent dans une situation de vulnérabilité totale. On le voit, le film est d'une extrême richesse, parfois très drôle lorsqu'il tourne à la satire (les flics corrompus qui ont trouvé la parade à la disparition du liquide en ayant leur propre machine à carte bleue!) et pousse le spectateur à se poser la question suivante: si j'avais été à leur place, qu'aurais-je fait?

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