Un Monsieur de compagnie
Philippe de Broca (1964)
Quatrième et dernier film du tandem Philippe de BROCA/Jean-Pierre CASSEL, "Un monsieur de compagnie" bien qu'adoptant certaines de recettes de "L'Homme de Rio" (1964) (le technicolor, les lieux de tournage internationaux, l'aspect BD) s'est fait complètement éclipser par le succès du film avec Jean-Paul BELMONDO. C'est peut-être la raison de la rupture avec celui qui était jusque là son alter ego. Mais de toutes façons, il aurait fallu y mettre un terme, la recette commençait sérieusement à sentir le réchauffé. D'autant que contrairement aux premiers films, les aspects les plus charmants du personnage joué par Jean-Pierre CASSEL à savoir ses qualités d'acrobate et de danseur sont mises en sourdine ou presque (lorsqu'il pose nu, c'est un spectacle plutôt agréable à regarder) au profit de facettes beaucoup plus discutables. On comprend dès les premières images que Philippe de BROCA rejette le modèle social dominant de son époque, le "métro-boulot-dodo", le travail à l'usine et la vie de famille encasernée dans de grands ensembles. Mais pour lui substituer quoi? L'existence d'un oisif qui utilise ses charmes et une bonne dose de culot (avec des recettes éprouvées déjà testées dans les films précédents) pour s'immiscer dans la vie de gens naïfs ou frivoles, hommes nantis et femmes légères pour profiter d'eux (essentiellement pécuniairement et sexuellement) et se défiler dès qu'il est question d'engagement. Avec parfois un humour franchement douteux. Aujourd'hui, la blague consistant à faire croire à l'homme qui l'héberge qu'il a possédé toutes ses filles y compris celles qui ont moins de 12 ans ne fait plus rire du tout, elle créé le malaise. Et la fin, franchement nihiliste rend explicite ce que "Les Jeux de l'amour" (1959) ou "Le Farceur" (1960) ne faisaient que suggérer: l'homme est coincé dans un ruban de Moebius, autrement dit dans une impasse qu'incarne parfaitement le personnage de Catherine DENEUVE alors à son prime: hyper désirable tant qu'elle reste à l'état d'apparition inaccessible puis rebutante une fois le désir accompli. Il était grand temps d'injecter du sang neuf dans le système, venu de la nouvelle vague avec laquelle Philippe de BROCA entretenait un certain cousinage (Jean-Paul BELMONDO mais aussi Raoul COUTARD qui est le chef opérateur du "Monsieur de compagnie").
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