Overblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio)

Publié le par Rosalie210

Mauro Bolognini (1960)

Le Bel Antonio (Il Bell'Antonio)

Revu "Le Bel Antonio" que j'avais acheté en DVD à l'époque où je regardais de nombreux films avec Marcello MASTROIANNI. Cette fois, la disponibilité du film sur les plateformes est liée au récent décès de Claudia CARDINALE. Bien que le rôle de Barbara Puglisi soit fort ingrat à porter, il permet déjà alors qu'elle débutait au cinéma d'admirer son extraordinaire beauté. Mauro BOLOGNINI qui fait partie de l'âge d'or du cinéma italien est assez méconnu chez nous. Pourtant, ce film très noir est assez remarquable. On y ressent par tous les pores de la peau une insupportable pression sociale de tous les instants qui accable le personnage d'Antonio, présenté par ses parents comme un Don Juan alors que nous savons depuis la première scène qu'il est fragile, dépressif et impuissant. Il fallait oser traiter d'un tel sujet à l'époque mais quand on sait que le scénario est de Pier Paolo PASOLINI et que Marcello MASTROIANNI qui ne supportait pas l'étiquette de "Latin Lover" qu'on lui avait collée à la suite de la "La Dolce vita" (1960) faisait tout pour casser son image, on comprend mieux l'existence d'un tel film. Un conte cruel, impitoyable vis à vis d'une société sicilienne hypocrite voire schizophrène alliant pudibonderie et patriarcat et vénérant par dessus tout les comportements sexuels "virils", c'est à dire fondés sur la conquête et la possession d'un maximum de corps de femmes, divisées en deux catégories bien marquées, les "saintes" et les "putains". Le scénario tord particulièrement le cou aux premières, incarnées par le personnage de Barbara qui passe en un éclair d'oie blanche à femme vénale à vendre au plus offrant. L'Eglise est particulièrement montrée du doigt, elle qui condamne le "péché de chair", proclame le mariage indissoluble mais n'hésite pas à l'annuler s'il n'a pas été "consommé" pour permettre une union plus "lucrative" (à tous les sens du terme). De toutes manière, du mariage jusqu'aux enterrements, tout est montré comme un spectacle où chacun exhibe ses signes de réussite (sexuelle et matérielle, l'argent ayant également une grande importance dans les stratégies matrimoniales) ou bien médit sur les autres. Dans ce cirque d'apparences, seul Antonio paraît authentique, c'est pourquoi il souffre et semble condamné à souffrir, même une fois les sacro-saintes apparences sauvées car il est prisonnier du rôle social qu'il doit jouer, sa dépression lui ôtant l'énergie qui lui aurait été nécessaire pour se révolter.

Commenter cet article