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Mansfield Park (Lettres de Mansfield Park)

Publié le par Rosalie210

Patricia Rozema (1999)

Mansfield Park (Lettres de Mansfield Park)

Contrairement à "Orgueil et Préjugés", "Raisons et Sentiments" ou "Emma", je n'ai pas lu "Mansfield Park" donc je ne peux comparer le film avec le roman d'origine. Mais il est important de rappeler le contexte dans lequel a été réalisé le film de Patricia ROZEMA: celui de "l'Austenmania" de la seconde moitié des années 1990. Pour s'en convaincre, il suffit de souligner que le film est co-produit par la BBC après le succès de sa mini-série "Orgueil et Prejuges" (1995) avec Colin FIRTH dans le rôle de Darcy et par la Miramax, la société de Harvey WEINSTEIN alors en pleine exploitation du filon "films littéraires en costume" et qui était derrière le catastrophique "Emma, l'entremetteuse" (1996) avec Gwyneth PALTROW.

Le résultat de ce mariage de la carpe et du lapin bien que pas désagréable est donc un peu bancal. On reconnaît certes l'univers de Jane Austen, sa peinture satirique de la gentry de province à travers les yeux d'une héroïne suffisamment déclassée pour porter un regard critique sur elle mais pas suffisamment pour ne pas y avoir ses entrées et ne pas y appliquer ses codes. Cependant, Fanny Price provient d'une famille vraiment misérable, on se croirait presque dans "The Quiet Girl" (2022) avec sa crasse, sa vermine et ses trop nombreux enfants. Le fossé social avec les Bertram chez qui elle est accueillie par charité apparaît énorme ce qui pose la question de sa place dans la famille qui dans sa majorité la méprise ouvertement. Or, si Fanny apparaît au début timide et effacée, elle prend par la suite une assurance et une importance qui n'est pas amenée de manière très habile ni très naturelle. J'ai lu que pour lui donner plus de caractère, la réalisatrice, Patricia ROZEMA lui avait prêté les traits de Jane Austen mais j'ai trouvé que cela ne fonctionnait pas très bien. Autre problème, toujours dans une volonté de modernisation, plusieurs aspects du roman relatifs à la sexualité déviante ou taboue sont traités avec une frontalité peu compatible avec les mentalités de ce temps et de ce milieu au point que par moments, on a l'impression que le film s'égare dans une autre dimension spatio-temporelle. Enfin, il y a tant de personnages qu'on a du mal à saisir qui ils sont, certains étant d'ailleurs réduits à faire de la figuration. Une fois de plus, à l'exception du film de Ang LEE, je trouve que les romans de Jane Austen se prêtent davantage au format de la mini-série qu'à celui du long-métrage de cinéma.

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