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L'Etrangleur de Rillington Place (10 Rillington Place)

Publié le par Rosalie210

Richard Fleisher (1970)

L'Etrangleur de Rillington Place (10 Rillington Place)

J'ai beaucoup pensé à "Frenzy" (1972) de Alfred HITCHCOCK en regardant "L'Etrangleur de Rillington Place". Les deux films ont été réalisés à un an d'écart, se déroulent à Londres, évoquent un violeur et tueur de femmes utilisant un mode opératoire en partie similaire et qui pratique si bien l'art de la dissimulation que c'est un autre qui est accusé à sa place. Mais si les deux films se plongent dans un univers glauque, celui de Richard FLEISCHER dépasse en noirceur celui de Alfred HITCHCOCK. Peut-être parce que ce dernier conserve dans "Frenzy" un humour noir qu'on percevait déjà dans un autre de ses films macabres, "La Corde" (1948) inspiré d'un fait divers qui avait également été adapté par Richard FLEISCHER dans "Le Genie du mal" (1959). "L'Etrangleur de Rillington Place" qui s'inscrit dans une série de films que Richard FLEISCHER a consacré à la criminalité donne comme son titre l'indique une importance centrale au décor. Et celui-ci est particulièrement sordide: un immeuble aux appartements minuscules et insalubres dans un quartier misérable de Londres durant la guerre et quelques années après. On se croirait presque dans une étude naturaliste de Zola avec sa galerie de personnages atteints de tares diverses: ignorance, pauvreté, naïveté, bêtise, lâcheté, alcoolisme. Tous sont des victimes désignées pour le tueur qui a fait de cet univers sordide rongé par la pourriture et la vermine son repaire et dont la déchéance va l'amener à se confondre avec lui, non s'en s'être d'abord distingué. Malgré un parcours que l'on découvre jalonné de délits et de crimes, l'homme a travaillé dans la police et utilise une méthode pour neutraliser ses victimes qui s'apparente à celle des nazis. Et pour enfoncer le clou, il se fait passer pour médecin ce qui passe crème auprès des analphabètes qu'il côtoie et dont il n'a aucun mal à abuser de la crédulité grâce à sa voix douce et ses propos remplis d'autorité. Cette même apparence "respectable" qui lui vaut d'échapper durant des années à la justice alors qu'un innocent incapable de se défendre est exécuté à sa place. Réquisitoire implacable contre les injustices sociales et la peine de mort, le film de Richard FLEISCHER instille un profond malaise et glace le sang par la précision clinique avec laquelle il brosse le portrait de ses personnages, permettant aux acteurs de fournir des prestations mémorables. John HURT dont c'était le premier grand rôle est impressionnant dans son rôle de prolo abruti manipulé et détruit par un psychopathe maitrisant parfaitement les rouages du système. Quant à Richard ATTENBOROUGH, il est brillant, composant un redoutable personnage de criminel sexuel à l'allure de petit bonhomme inoffensif aussi doucereux que terrifiant.

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