24 heures de la vie d'une femme
Laurent Bouhnik (2003)
Film inégal en raison de sa construction bancale. Sans doute que Laurent BOUHNIK a pensé que la nouvelle de Stefan Zweig ne suffirait pas à remplir un long-métrage et que son aspect daté allait donner au film un cachet suranné. Il en a conclu qu'il fallait donc ajouter une strate contemporaine à celles qui existaient déjà dans la nouvelle de Stefan Zweig. Seulement, ça ne marche pas aussi bien que dans "The Grand Budapest Hotel" (2014), hommage revendiqué de Wes ANDERSON à l'auteur de "Le Monde d'hier". Certes, le réalisateur-scénariste tente de tisser un système d'échos entre les différentes époques, à commencer par le lieu unique de l'histoire, Monte-Carlo, sa plage, son hôtel et son casino, la pluie qui s'abat sur les personnages et les trempe, un motif décoratif que l'on revoit etc. Le problème, c'est qu'il échoue sur l'essentiel: donner du sens à ce qu'il a rajouté. Le contraste est donc saisissant entre les scènes où jouent Michel SERRAULT et Berenice BEJO qui apparaissent artificielles, laborieuses et confuses et celles qui proviennent directement du texte de Zweig qui semblent couler de source et tiennent en haleine. A ce jeu des comparaisons, c'est Agnes JAOUI qui se taille la part du lion dans le rôle de Marie Collins Brown. "24 heures de la vie d'une femme" est l'histoire d'une double passion destructrice, l'une pour le jeu et l'autre pour le joueur. La description des symptômes de l'addiction à la roulette relève de la haute-couture et il en va de même des effets délétères de la folle passion que Marie se met à éprouver pour Anton qu'elle veut sauver à tout prix et malgré lui. Elle y perdra tout, comme au jeu. Entre les deux récits, celui de la Belle Epoque et celui du début des années 2000 vient se glisser celui de l'adultère et de sa condamnation morale et sociale qui provoque la confession de Marie en 1935 et dont Laurent BOUHNIK ne sait visiblement pas quoi faire. C'est ce segment-là qu'il aurait fallu étoffer en conservant l'idée des injonctions qui pèsent sur les femmes tout en les réactualisant peut-être quitte à déplacer temporellement toute l'histoire plutôt que de vouloir surcharger inutilement la barque avec une prose très mal inspirée.
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