Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un parfait inconnu (A Complete Unknown)

Publié le par Rosalie210

James Mangold (2025)

Un parfait inconnu (A Complete Unknown)

Nouveau portrait en creux de Bob DYLAN après le film expérimental de Todd HAYNES, "I'm Not There" (2007) dans lequel chacune de ses facettes devenait un personnage à part entière incarné par un acteur ou une actrice dans des styles variés (noir et blanc, couleur, musical, récitation de poèmes face caméra etc.) et celui des frères Coen "Inside Llewyn Davis" (2013), qui s'attachait aux pas d'un avatar loser. James MANGOLD fait un autre choix: tout en prenant des libertés avec la réalité historique, il retrace les cinq années fondatrices de la vie de l'auteur-compositeur-interprète entre 1961 (son arrivée à New-York) et 1965 (le concert de Newport où il électrisa le folk au grand dam du public). Le film ne cherche pas du moins en apparence à éclaircir le "mystère Dylan", il fait même de l'opacité de l'artiste qui brouillait les pistes sur son passé comme sur son identité une sorte de bouclier sur lequel viennent s'échouer toutes les tentatives d'approche. L'interprétation introvertie de Timothee CHALAMET dont on ne peut que saluer le travail puisqu'il joue et chante lui-même tous les titres avec brio au point qu'on a du mal à distinguer sa prestation de l'original est parfaitement en accord avec cette vision. Le flux musical presque continu dans lequel baigne le film est une grande réussite. Les chansons sont non seulement interprétées en live mais immergées dans leur contexte d'époque, que ce soit l'hymne repris par toute une génération "The Times There Are a-Changin'" ou l'ambiance électrique du concert de Newport de 1965. Car la reconstitution historique est l'autre point fort du film. L'hystérie collective provoquée par la crise des missiles de Cuba ou la lutte pour les droits civiques ne sont pas seulement une toile de fond mais la matière même sur laquelle s'appuie Bob Dylan pour composer ses chansons contestataires. Une contestation qui s'étend aux querelles de chapelles dont il brouille les frontières. Jamais là où on l'on croit, Dylan semble se dérober en permanence et être toujours en mouvement. Le seul point de fixation qu'il semble se donner, c'est sa filiation avec Woody GUTHRIE à qui il rend régulièrement visite à l'hôpital où celui-ci est soigné. Les autres membres de son entourage expriment à un moment ou à un autre leur frustration ou leur incompréhension face à cet artiste insaisissable, de Pete Seeger (Edward NORTON) à Joan Baez (Monica BARBARO) en passant par sa petite amie "officielle" (Elle FANNING) dont on se demande ce qu'elle trouve à ce garçon très talentueux certes mais fermé comme une huître. Autre bémol les effets spéciaux d'incrustation dans les images d'archives sont assez grossiers, surtout quand on les compare aux prouesses d'un Robert ZEMECKIS.

Commenter cet article