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La Vie devant moi

Publié le par Rosalie210

Nils Tavernier (2025)

La Vie devant moi

Le sujet est fort, l'interprétation excellente, le point de vue original mais il manque quelque chose au film de Nils TAVERNIER pour véritablement convaincre et sortir du lot. Le parti-pris, tiré d'une histoire vraie était pourtant intéressant: filmer le huis-clos d'une famille juive obligée de se cacher dans une minuscule chambre de bonne pendant deux ans, entre la rafle du Vel d'Hiv et la libération de Paris. A défaut de pouvoir se déployer dans l'espace (et encore: on a vu la manière géniale dont Jonathan GLAZER parvenait à suggérer le hors-champ rien qu'avec la bande-son), Nils TAVERNIER aurait pu travailler le passage du temps. Car vivre deux ans enfermé dans un espace minuscule, dans la promiscuité, avec tantôt la peur, tantôt la faim au ventre, sous les combles, dans le froid ou sous la chaleur accablante, ça laisse des traces. Particulièrement pour une adolescente qui passe deux années cruciales de sa vie entre quatorze et seize ans sans pouvoir la vivre. Si tous ces aspects sont abordés, ils ne sont pas incarnés. Les acteurs ne changent pas d'un iota et n'ont pas grand-chose à faire: le père (Guillaume GALLIENNE) reste assis en regardant par la fenêtre, la mère (Adeline d'HERMY) frotte une assiette les yeux dans le vague. Seule la fille (Violette GUILLON) semble exprimer ce que son personnage vit, tant dans ses cauchemars, ses questionnements que par sa soif de liberté qu'elle ne peut étancher qu'en se promenant sur les toits. Néanmoins, la mise en scène reste trop timide pour donner de l'ampleur à ses élans. Le pire réside dans les rares sorties que la famille s'accorde lorsqu'elle n'a pas le choix (autrement dit, quand c'est une question de vie ou de mort). Jamais on ne ressent la chape de plomb du Paris en guerre ou la terreur que devrait inspirer le fait de se mettre ainsi à découvert et de devoir interagir avec des étrangers dont chacun peut être potentiellement mortel. Les témoignages au début et à la fin du film ainsi que les images d'archives achèvent d'illustrer platement ce qui aurait pu être une expérience sensorielle marquante.

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